Accomplir sa vocation


Etienne

J’aime Marylène. Aimer, être aimé, cela suffit à mon bonheur. Dès lors, pourquoi vouloir l’épouser, recevoir le sacrement de mariage ? C’est certainement une façon d’éclairer le sens de ces quelques mots : « Je t’aime. »

Si notre amour nous concerne tous deux, en premier lieu, notre décision de fonder un couple a une portée plus large. La naissance d’un enfant montre bien qu’un couple ne concerne pas que les deux personnes qui l’ont fondé. Par notre mariage civil, nous indiquons notre volonté de construire quelque chose en commun dans le cadre de la société dans laquelle nous vivons. La société reconnaît notre projet et, par cette reconnaissance, développée dans la politique familiale, indique l’utilité sociale de notre projet.

Et le sacrement de mariage ?

Il me dit, par son existence même, l’importance de la décision de créer un couple. En effet il est, d’une certaine manière, avec le sacrement de l’ordre, le seul à accompagner un choix de vie. L’analogie n’est pas fortuite. Il s’agit, dans l’un et l’autre cas, d’accomplir sa vocation. « Dieu créa l’homme son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27) : en fondant un couple, l’homme accomplit sa vocation d’être amour à l’image de Dieu, d’être une créature qui ne se suffit pas à elle-même mais s’accomplit dans l’amour.

Sacrement, signe efficace où Dieu est premier

Dans le sacrement de mariage, Dieu nous donne son amour pour que nous puissions nous le donner mutuellement. Par le sacrement, nous devenons signe efficace de l’amour de Dieu pour l’homme. L’Eglise, dans sa grande sagesse, nous présente les quatre piliers du mariage chrétien, qui sont en fait quatre éclairages sur l’amour de Dieu pour l’homme : fidélité, indissolubilité, fécondité, liberté.

Je veux aimer Marylène fidèlement. L’histoire de la révélation m’apprend que l’amour humain n’est pas indistinct : pour se révéler amour, Dieu a choisi un peuple, et il est resté fidèle à son Alliance. « Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde ; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2, 21-22). Pour aimer Marylène en vérité, je veux l’aimer fidèlement.

Je veux aimer Marylène pour toute ma vie. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Pour aimer Marylène en vérité, je veux me donner à elle pour vie.

Je veux que notre amour soit fécond. « Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4, 21). Un amour vrai ne peut être fermé sur lui-même, il s’ouvre aux autres. « Je suis la vigne ; vous les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 5). Un amour vrai est fécond, dans un couple il donne la vie, au sens physiologique et au sens spirituel. Pour que notre amour soit vrai, je veux qu’il soit fécond et qu’il sache donner la vie.

Je me donne librement à Marylène. « Si vous demeurez fidèle à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). On ne peut s’engager et se donner en vérité sans être libre. L’homme n’est jamais aussi pleinement libre que lorsqu’il se donne en vérité. La liberté atteste de la vérité de notre amour qui nous rend libres.