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Un séminaire dans la vie
Christophe Decherf
secrétaire national des GFO
secrétaire national des GFO
On sait que les Groupes de Formation en monde Ouvrier existent comme partenaires en mission ouvrière, mais qui sont ces jeunes qui s’y préparent à être prêtres ? Le Père Christophe Decherf, secrétaire national nous décrit cette formation.
Yannick, Alexandre et Laurent ont commencé depuis septembre une formation originale : celle de se préparer à devenir prêtre tout en gardant pour le moment leur boulot professionnel. Ils travaillent dans la chimie, en supermarché ou dans la vente. Avec d’autres, plus avancés qu’eux dans cette formation, ils sont la preuve qu’il est possible de prendre le temps et d’avancer à son rythme, de façon pourtant sérieuse et exigeante, vers ce métier d’Eglise qui les passionnera, prêtre diocésain au service de Dieu et des hommes.
Ils ont tout d’abord pris le temps de réfléchir avec d’autres (pour eux ce fut une copain, un prêtre puis le service des vocations de leur diocèse). Pour d’autres cela a été un autre lieu de recherche (tel celui que propose la JOC pour les jocistes ou les responsables de club d’ACE).
Comme eux, beaucoup d’autres aujourd’hui portent cette question de la vocation. Yannick, Alexandre et Laurent ont 20, 25 et 30 ans ; certains y pensent plus tard (il n’y a pas d’âge pour qu’une telle question vienne). Souvent un tel appel (celui de devenir prêtre ou religieux ou, pour une fille, de désirer la vie religieuse) apparaît très flou à celui ou celle qui y pense, et vient de suite la question : « En serai-je capable ? » Question redoutable. Mais celui qui se la pose doit se rappeler que c’est l’Eglise qui appelle et l’Eglise de Jésus a plus confiance en nous que souvent nous n’en avons en nous-même.
« En serai-je capable ? » On ne peut le savoir qu’en se mettant en route (c’est une expérience si courante en mission ouvrière qu’on n’avance qu’un pas après l’autre). La formation des GFO permet d’avancer tranquillement vers la vocation à partir des activités professionnelles d’aujourd’hui, avec son histoire propre qu’on va relire pour en trouver le sens et les richesses, avec des relations et un milieu humain riches aux yeux de Dieu, avec toutes les capacités diverses qu’on a. Une formation pour grandir d’abord en humanité, pour pouvoir dire : « Je suis heureux de ma vie » et se sentir, à partir de là, appelé par l’Eglise à un ministère de prêtre proche et aimant des autres.
Yannick, Alexandre et Laurent sont arrivés différents et le resteront. S’ils deviennent prêtres, ils le seront aussi différemment. D’autres qui les ont précédés vivent aujourd’hui leur ministère de prêtre comme aumônier d’hôpital, curé en paroisse, accompagnateur des mouvements en mission ouvrière, formateur en séminaire, prêtre ouvrier, diplômé en théologie, etc. La formation reçue au sein des GFO (et des EFMO) les a lancés chacun différemment dans la grande aventure du service presbytéral pour que notre monde et notre Eglise vivent de toutes les couleurs de la vie.
Oui, il n’y a pas que les séminaires diocésains aujourd’hui pour se former à devenir prêtre. En insistant beaucoup sur la relecture, les GFO donnent vie au quotidien. En développant, pour les études, des méthodes pédagogiques adaptées, les GFO donnent envie de chercher plus loin. Enfin, en se sentant porté par le groupe (une vie d’équipe forte) chacun des gars se sent invité à donner le meilleur de lui-même.
Diversité ! Certains ont entrepris le parcours GFO à 35 ans passés, d’autres après un temps de coopération, d’autres parce qu’ils cherchaient un ministère en direction des plus pauvres, d’autres pour donner une autre dimension à leur engagement de jociste, d’autres comme nouveaux dans la foi, d’autres parce que le travail est si important...
Peu importe ! Le Seigneur appelle largement. Mais il a surtout besoin de chacun en mission ouvrière pour relayer et pour dire avec ses mots et sa vie cet appel à des jeunes hommes. Si nous voulons des prêtres en mission ouvrière, appelons aussi au sein de toutes les rencontres.
Concrètement, la formation GFO se passe à Paris à raison d’un week-end par mois et une session d’été. Le parcours débute par une première année (étape accueil) puis lui succède l’étape formation de trois années. Chacun est soutenu par le groupe, par un accompagnateur spirituel, un accompagnateur pour les études, un travail intellectuel personnel ainsi que par des engagements divers.
Oui, « ton avenir est plein d’espérance » disons-nous. Cet avenir, le Seigneur le construit avec chacun d’entre nous lorsqu’il le risque de façon libre et responsable. Et pourquoi pas comme prêtre, religieux ou religieuse ? Comme Yannick, Alexandre et Laurent. Chiche !
L’Eglise t’appelle…
Parmi toutes les vocations… Prêtre !
Les GFO permettent de commencer la formation en vue d’être prêtre tout en continuant le boulot (ou des études). Les GFO sont une formation qui fait jouer l’alternance entre la vie de baptisé au quotidien et une formation adaptée et de qualité (études, relectures, méthodes pour s’organiser ou pour prier…)Séminaire de 1er cycle au service des Eglises diocésaines et encouragé par les évêques de France, les GFO constituent un parcours de formation au ministère de prêtre « au cœur de la vie quotidienne et des responsabilités dans la société et dans l’Eglise ».
Une formation humaine, spirituelle et à la vie apostolique sur quatre années :
• première année « Accueil »
• trois années « Formation »
Un accompagnement personnel et des temps de récollection pour progresser dans la vie spirituelle et le discernement.
Comment cela se passe-t-il ?
Au cours de week-ends mensuels et d’une session chaque été. Deux retraites sont également organisées chaque année.Déroulement d’un week-end :
• Arrivée le vendredi soir à Paris
• Samedi matin :
- chacun donne des nouvelles,
- révision de vie sur un sujet (famille, travail, argent, vie affective, vie d’Eglise, engagements…).
Un travail de préparation avant la rencontre est réalisé avec un accompagnateur spirituel.
• Samedi après-midi :
- cours de philo, de Bible ou de théologie.
Les cours sont toujours préparés avec l’aide d’un tuteur intellectuel.
• Soirée libre ou culturelle
Les diocèses des séminaristes GFO prennent en charge la totalité des frais de formation.
Comment ceux qui sont en GFO y entrent-ils ?
En accord avec leur diocèse, ils sont envoyés :• par un service diocésain des vocations,
• par un séminaire,
• interpellés dans un événement d’Eglise (JMJ…), à l’intérieur d’un mouvement (JOC ; ACE, ACO…)
- lors de soirées projet de vie ou de temps forts du mouvement,
- par une question posée par quelqu’un :
« De quelle façon veux-tu suivre Jésus-Christ en aimant le monde ? » ;
« Et toi, as-tu pensé que tu pourrais servir l’Eglise comme prêtre ? »
Témoignages
« J’ai choisi les GFO car nous sommes proches de la réalité du monde du travail, de la précarité, du chômage ; nous vivons les même galères… pour être proche de la base comme le Christ. »
Ludovic, ouvrier boucher
« C’est par ces visages (Vincent, Sébastien…) que Dieu m’encourage dans l’appel. C’est pour ces visages que Dieu me fait prier. Amour, miséricorde et don sont des visages du Christ. Ses sacrements me permettent de vivre en communion avec Lui en le recevant. Aujourd’hui l’Esprit Saint me donne la grâce des dons que j’enfante petit à petit pour leur donner naissance et j’entends dire “Rien n’est impossible à Dieu”, comme Marie. »
Hervé, assistant d’éducation
« La mission de prêtre, pour moi, c’est avant tout d’être au service du peuple pour lequel il est envoyé, par les sacrements, la Parole… [c’est l’importance de la personne de Jésus-Christ dans…] sa capacité à rejoindre chacun, particulièrement ceux que notre monde appelle les “petits”, ceux qui souffrent le plus, ceux qui sont exclus. »
Nicolas, ingénieur en agriculture
Pour en savoir plus :
http://seminaire-gfo.cef.fr