"Je suis la porte des brebis"


Monseigneur Jean-Louis PAPIN
évêque de Nancy et Toul

L’Evangile selon saint Jean que l’Eglise nous fait entendre ce jour rejoint sans difficulté notre rassemblement. Il nous invite à fixer notre regard sur le Christ et à comprendre notre vocation chrétienne.

Jésus nous est présenté tout à la fois comme le berger véritable et la porte de la bergerie. Le berger véritable, qui se distingue des bandits en ce qu’il n’entre pas dans la bergerie par une voie détournée ou par effraction, mais par la porte, en toute vérité et clarté, tel celui qui détient la clé. Le berger véritable dont la voix est familière aux brebis du troupeau, parce qu’elles le connaissent et le reconnaissent, parce que sa voix, sa Parole les rejoint au plus profond d’elles-mêmes dans leur désir de vie et de plénitude, parce qu’il connaît chacune par son nom et rappelle sa singularité. En cela, il est aussi la porte, celui qui nous fait sortir et entrer, sortir de ce qui nous entrave et nous enferme pour nous faire entrer dans la vie puisque telle est en définitive le motif de sa venue au milieu de nous, « pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ». Pour cela, il marche à notre tête, nous ouvrant les portes de la Vie en faisant don de la sienne, devenant ainsi le premier-né d’une multitude de frères. Jésus est le vrai berger parce qu’il fut le serviteur.

Mes amis, nous sommes ici parce que nous avons reconnu en Jésus le berger de nos vies, parce que sa voix, au-delà des mots eux-mêmes, nous rejoint en profondeur et nous révèle à nous-mêmes dans notre vocation tout à la fois commune et singulière. En lui, nous sommes introduits dans la vie et notre existence prend sens. En lui, nous connaissons la paix et la joie véritables, celles que l’on éprouve quand on correspond à l’appel qui nous est adressé.

Nous sommes ici pour mieux servir l’appel vivifiant que Dieu adresse à toute personne humaine quelle qu’elle soit, car il n’est pas de vie qui ne soit vocation comme le rappelle Jean-Paul II, et pour permettre à chacun d’y répondre de façon singulière puisque Dieu appelle chacun par son nom. Nous ne faisons alors rien d’autre que servir le salut.

L’Evangile selon saint Jean nous éclaire aussi, de façon indirecte, sur ce qu’est notre vocation chrétienne. En nous présentant Jésus comme le berger qui marche à notre tête, il nous situe comme des disciples appelés à marcher derrière lui. En disant de lui qu’il est le berger dont la voix nous est quelque part familière, tout simplement parce que nous avons été créés par le Verbe, il nous appelle à nous mettre à l’écoute de sa Parole, à la laisser descendre jusqu’aux entrailles. Parce qu’il dit de Jésus qu’il est la porte par laquelle nous entrons dans la Vie, il définit notre existence tout entière comme passage en lui et par lui. Parce qu’il nous situe comme membre d’un troupeau qui n’a rien d’un agglomérat anonyme, il nous institue dans une communion d’appelés au sein de laquelle nous faisons route vers les pâturages du Royaume.

Dans le contexte de notre rencontre et de nos réflexions, la conscience d’être appelés à suivre Jésus notre berger et à grandir dans notre condition de disciple ne peut que servir l’appel. Comme le déclarait le document final du Congrès Européen des Vocations en 1997, « la communauté, qui prend conscience d’être appelée, prend en même temps conscience qu’elle doit continuer à appeler. » Que l’Esprit nous aide donc à grandir dans cette conviction.

« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis.Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s‘enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »

Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais il ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance.

Je suis le bon pasteur, le vrai berger.Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis.Je berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse.Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise.Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »

Jean 10, 1-16