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Dans le Val d’Oise, un cri incessant
frère des Ecoles chrétiennes
Lors d’une session des Frères des Ecoles Chrétiennes sur la prière en octobre 1998, je fus invité à apporter mon témoignage. Dans l’échange qui suivit, l’un des participants me posa la question : "Priez-vous pour les vocations ?" Je répondis que, pendant des années, j’avais prié en communauté pour obtenir des successeurs, des imitateurs… comme moi-même j’avais été attiré dans l’Institut des Frères en vue d’imiter mes maîtres. Mais depuis longtemps, j’avais abandonné cette forme de prière.
Quelques mois plus tard, au cours d’une récollection, la méditation de Mt 9, 36-38 et Lc 6, 12-13 me convertit, non pas brusquement mais progressivement, à tel point que, regardant autour de moi les foules désemparées, ma prière est devenue spontanée et fréquente : "Père, envoie des ouvriers à ta moisson !"
A mon âge, c’est la seule façon de "servir encore les vocations". Et je me suis dit que dans l’Institut, dans le diocèse, je n’étais pas le seul en cette situation. Que de personnes, sensibles aux besoins du monde et à la pénurie de vocations sacerdotales et religieuses, se croient inutiles, alors qu’elles disposent du puissant moyen de la prière ! Si on le leur rappelait, si l’on coordonnait les supplications dispersées, un cri incessant s’élèverait vers Dieu et serait certainement "entendu".
Le prêtre délégué diocésain à la pastorale des vocations, à qui je fis part de mes préoccupations, publia un dépliant à destination des paroisses et des communautés religieuses. En voici la suite.
A ce jour, dans notre diocèse de Pontoise, 96 personnes seules ou en couple prient une heure par semaine pour les vocations. Et 44 groupes, de même, dont 17 communautés, 10 aumôneries d’hôpitaux. Pour entretenir la flamme chez tous ces suppliants, j’envoie un petit bulletin tous les deux mois, comportant une méditation, quelques informations sur la situation des vocations dans le diocèse, les réactions reçues… Voici, par exemple, celle d’un couple qui s’est engagé à prier tous les dimanches soirs :
"Au mois de juin dernier, en essayant de situer sous le regard du Seigneur nos différents engagements ecclésiaux et leurs évolutions possibles pour l’année à venir, il nous est apparu que la prière pour les vocations pouvait en être le centre, l’axe principal, caché mais donnant sens à tout le reste.
Ce moment particulier de notre prière conjugale, nous l’avons souhaité comme un engagement central de notre vie ecclésiale, qui fonde et unifie tous nos autres engagements, et nous voudrions ici dire notre joie de le vivre ainsi. Cela change notre regard sur les missions d’Eglise dans lesquelles nous sommes impliqués, mais aussi sur notre conjoint et nos enfants…
Ce rendez-vous du dimanche soir, au lieu du moment difficile de fin de week-end marqué déjà par la reprise des activités effrénées de la semaine, est devenu le point d’orgue de notre vie en Christ. Une heure ensemble sous le regard du Seigneur pour les vocations au sein de l’Eglise. Une heure ensemble vécue suivant le rythme et les enracinements spirituels de chacun."
Tract de présentation Jésus nous l’a dit dans l’Evangile : les vocations sont des dons de Dieu qu’il faut demander dans la prière. Et si, dans notre diocèse de Pontoise, à chaque instant un ou plusieurs chrétiens priait pour les vocations… Des personnes de tous âges, de tous lieux, unies par ce lien secret de la prière… A une heure fixe chaque semaine Chrétien seul ou en famille, en groupe de prière ou en communauté religieuse, vous avez un jour et une heure où vous êtes sûrs de pouvoir prier chaque semaine. Si vous disposez de ce moment régulier, pourquoi ne pas porter dans votre prière les différentes vocations dont l’Eglise et notre diocèse ont tant besoin : prêtres, diacres, religieux et religieuses, laïcs consacrés ou engagés dans la mission… Etre reliés les uns aux autres En inscrivant son engagement de prière auprès du Service des Vocations,
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Notre prière, un cri vers le Seigneur
Dans la Bible, les exemple de cris ne manquent pas et peuvent nous inspirer dans notre supplication pour obtenir des vocations. Contentons-nous aujourd’hui des cris exprimés dans les psaumes et les évangiles, repris fréquemment dans la prière liturgique de l’Eglise.
Les psaumes, prière du peuple juif et de Jésus lui-même, commencent souvent par un appel au secours et se poursuivent par un acte de confiance.
- "A pleine voix, je crie vers le Seigneur, il me répond" (Ps 3, 5).
- "Seigneur, entends mes paroles et comprends ma plainte, écoute mon cri, ô mon Roi et mon Dieu" (Ps 5, 2-3).
- "Seigneur, vers toi j’ai crié, et toi, mon Dieu, tu m’as guéri" (Ps 29, 3).
- "Je comptais vraiment sur le Seigneur, Il s’est penché vers moi, il a entendu mon cri" (Ps39,2).
- "Des profondeurs, j’ai crié vers Toi, Seigneur, écoute mon appel ! Que ton oreille se fasse accueillante au cri de ma prière. […] Mon âme attend le Seigneur, je suis sûr de sa parole" (Ps129, 1-2.6).
Plusieurs psaumes sont des cris de joie : "Criez pour le Seigneur, vous les justes !" (Ps 32, 64, 80) et d’admiration.
- "O Seigneur ,notre Maître, qu’il est grand ton nom par tout l’univers ! (Ps 8, 2)
- "Tu m’as réjoui, Seigneur, par tes œuvres ; devant l’ouvrage de tes mains je m’écrie : Que tes œuvres sont grandes, Seigneur, et profondes tes pensées ! "(Ps 91, 5)
- "Rendez grâce au Seigneur, criez son Nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits" (Ps 104, 1).
Les évangiles présentent aussi quelques cris, qui sont de vraies prières :
- des appels au secours dans la tempête : "Seigneur, sauve-nous ! Nous allons mourir !" (Mt 8, 25)
- des demandes de guérison : "Aie pitié de nous, Fils de David !" crient des aveugles (Mt 9, 27-30 ; Mc 10, 47). Et la femme cananéenne, qui ne cesse de crier jusqu’à ce qu’elle obtienne la guérison de sa fille (Mt 15, 21-28). "Jésus, Maître, aie pitié de nous !" crient aussi les lépreux (Lc 17, 13).
- Jésus lui-même a parfois crié, par exemple, pour lancer à la foule : "Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive !" (Jn 7, 37).
- Et sur la croix, il s’écrie d’une voix forte : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?" (Mt 27, 46). De nouveau, "Jésus poussa un grand cri : "Père, entre tes mains je remets mon esprit", puis il rendit le dernier soupir"(Lc 23, 46).
Nous, qui avons entendu l’appel à prier sans relâche pour les vocations, n’ayons donc pas peur de crier vers le Père… dans nos tempêtes et nos doutes, nos souffrances physiques ou morales, de clamer nos joies et nos admirations, de chanter les merveilles du Seigneur, avec Marie dans le Magnificat, de supplier inlassablement qu’Il envoie des ouvriers à sa moisson.
(page extraite du bulletin
envoyé tous les deux mois)