Evolutions en matière de discernement


Constant Bouchaud
prêtre de Saint-Sulpice, fondateur de l’IFEC

Il m’a été demandé de présenter "un panorama des évolutions en matière de discernement des vocations presbytérales depuis quelques dizaines d’années". Nous pouvons retenir à ce propos la deuxième moitié du vingtième siècle, de la fin de la dernière guerre mondiale à aujourd’hui. Ce fut une période très riche d’événements - par-dessus tout, le concile Vatican II - de transformations dans les conditions et les modalités du ministère presbytéral, des séminaires et de la formation, mais aussi d’interrogations concernant la vocation et le discernement.

Il ne s’agira pas ici de critères de discernement, que présentera le Père Bernard Pitaud, actuel responsable de l’IFEC, mais de l’acte de discernement, de ses modalités, de la manière de le comprendre et de le vivre : quelles manières de faire, quelles interrogations et quelles recherches avons-nous vécues durant cette période ?

J’en parlerai de manière personnelle, pour une large part en fonction de ce que j’ai vécu durant ce demi-siècle, comme directeur spirituel et membre d’une équipe de formateurs, et comme responsable de la formation d’éducateurs.

Formateur au séminaire Saint-Sulpice d’Issy de 1948 à 1969, comme directeur spirituel et supérieur, j’ai été co-directeur de l’Institut de Formation d’Educateurs du Clergé, avec le Père Pierre Fichelle, de 1969 à 1972.

Supérieur général de la Compagnie de Saint-Sulpice, j’ai été en contact avec de nombreux séminaires hors de France, jusqu’en 1984.

Les années suivantes, au titre de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, j’ai visité de nombreux séminaires, particulièrement en Afrique, organisé et dirigé des sessions de recteurs et directeurs spirituels des grands séminaires d’Afrique et d’Asie.

Entre temps, j’ai participé à la préparation et la tenue du Synode des Evêques sur la formation des prêtres de 1990 qui a ouvert une nouvelle étape, et dont les conclusions, avec l’exhortation Pastores dabo vobis, ont été présentes à la réflexion commune au cours de ces dix dernières années.

Avant d’évoquer cette histoire, je voudrais présenter trois brèves remarques. Il s’agira surtout de la France, ou du moins du monde occidental marqué par la "crise des vocations". Les jeunes Eglises, surtout en Afrique, connaissent une situation toute différente, avec un nombre croissant - on a dit "une explosion" - des vocations ; la question du "discernement" y est prise en considération : la création de nombreuses "propédeutiques" spirituelles y contribue, par un examen approfondi des motivations, dès avant l’admission au grand séminaire.

Mais qu’est-ce que le discernement dont nous parlons ? On en connaît la notion paulinienne : reconnaître, dans une situation complexe, ce qui est bien, ce qui est "agréable à Dieu". Ce n’est pas le simple résultat d’une recherche méthodique, mais le fruit d’un "amour clairvoyant" qui renouvelle l’intelligence et l’adapte à la volonté aimante de Dieu (cf. Rm 12,2 ; Ph 1, 10).

On sait comment cette notion a été élaborée dans la tradition spirituelle, avec saint Ignace et le "discernement des esprits" ou le courant bérullien. Il ne s’agit pas de simple "sélection" des candidats, qui peut être tout extérieure et pragmatique, mais de "lecture" des "signes" de l’appel de Dieu, qui est mystère de grâce et se manifeste dans l’humain, à travers des médiations, en Eglise, et demande purification et adaptation du regard de foi, écoute et réflexion priante.

Qui est appelé à discerner lorsqu’il s’agit de vocation au ministère presbytéral ? Il s’agit d’un acte complexe qui engage l’Eglise et le baptisé en recherche de la volonté de Dieu. Le discernement de la vocation est fondamentalement le fait du baptisé animé par l’Esprit, en recherche de la volonté de Dieu concernant son avenir, son existence chrétienne et son engagement au service de ses frères et de l’Eglise. Cette recherche se fait avec l’aide d’un accompagnateur spirituel et aussi d’autres éducateurs. Mais la décision d’ordonner en vue du ministère relève de l’évêque qui choisit ses collaborateurs dans le service apostolique, sur la présentation et le témoignage du supérieur du séminaire et des formateurs, après consultation de la communauté chrétienne : ainsi s’est réalisée une vérification des aptitudes au ministère et, autant qu’il est possible, de la droiture d’intention du baptisé qui s’est offert au discernement de l’Eglise.

Pour retracer l’histoire de ces cinquante dernières années, nous pourrons rappeler les orientations données par les responsables de l’Eglise, les pratiques, mais aussi les interrogations et les recherches. Brièvement, nous pourrons évoquer le problème du discernement des vocations presbytérales dans leur diversité actuelle.

Nous distinguerons trois périodes :

  • l’après-guerre, jusqu’au concile Vatican II : des pratiques bien établies font place à une série de questions ;
  • le concile Vatican II ouvre de nouveaux horizons, les événements font surgir de nouvelles interrogations ;
  • le Synode des Evêques de 1990 et l’exhortation Pastores dabo vobis rénovent notre sens du discernement vocationnel.

Dans un dernier paragraphe, je voudrais préciser quelques-uns de ces aspects du discernement vocationnel.

I - L’après-guerre

Des pratiques bien établies

Les séminaires connaissent une situation nouvelle :

  • un nombre important de séminaristes en Occident et, déjà, la première annonce d’une lente diminution ;
  • des communautés marquées par la présence de séminaristes plus âgés, certains ayant connu la guerre et la captivité ;
  • le retentissement des récentes recherches missionnaires.

Les controverses du début du siècle -Lahitton/ Branchereau - sont déjà loin. Des clarifications sur la vocation et le discernement ont été apportées par Pie XI en 1936, avec l’encyclique Ad catholici sacerdotii fastigium, et par Pie XII, précisément en 1950, dans l’encyclique Menti nostrae.

La responsabilité du discernement des vocations était portée tout à la fois par l’évêque et, pratiquement, par le supérieur et l’équipe des formateurs, au "for externe", et par le directeur spirituel aidant le candidat à discerner cet appel de Dieu, au "for interne" de la conscience. Ce discernement était d’ailleurs préparé par les éducateurs du petit séminaire, au moins pour un bon nombre de séminaristes. J’étais alors membre de l’équipe des formateurs et directeur spirituel.

L’appel décisif de l’évêque qui choisit et ordonne ses collaborateurs dans l’œuvre apostolique était préparé par les responsables de la formation, en relation avec la communauté chrétienne. Pie XI avait déclaré à ce sujet : "Il ne sera pas difficile (?) au supérieur du séminaire de discerner (parmi les séminaristes) ceux qui ont une vraie vocation sacerdotale, qui suppose une "intention droite" jointe aux qualités qui rendent propre à cet état." Tous les formateurs, attentifs aux séminaristes, vivant avec eux, les rencontraient quotidiennement dans la liturgie, les autres formes de prière commune, les récréations et les classes. Le supérieur et les professeurs avaient avec eux des entretiens réguliers. Les "conseils" d’évaluation et plus encore les "conseils d’appel", reprenant les informations et les avis extérieurs, étaient marqués d’un sentiment très vif de la responsabilité de l’orientation d’une vie. La communication de cet avis était faite par le supérieur au candidat et à l’évêque.

Au "for interne" de la conscience, le directeur spirituel aide le candidat qui se confie à lui, aujourd’hui comme hier, à discerner l’appel de Dieu. A son écoute, dans un dialogue régulier, nous étions attentifs à une liberté intérieure conditionnée par une absence de pression, même subtile, de la famille ou d’un milieu de vie ; impliquant aussi la capacité de décider de sa vie et de porter éventuellement les exigences du ministère et de la vie pastorale. Nous étions également soucieux de la qualité des motivations conscientes, et peut-être moins conscientes, de son orientation vers le ministère. Nous l’écoutions parler de ses relations dans le cadre de sa famille, de la paroisse, du mouvement, du séminaire. Nous cherchions à comprendre le développement de sa vie de prière, ses expériences et ses aspirations apostoliques, leur "devenir" à travers des enthousiasmes et des déceptions, des crises et des moments de grâce.

Nous ne pouvions oublier que le directeur spirituel a pour mission non pas tant de discerner lui-même, mais plutôt d’aider à discerner l’appel de Dieu : initiation à une attitude d’écoute, de disponibilité, dans la réponse même à cet appel au cours de la vie quotidienne. Ce discernement était d’ailleurs indissociable d’une formation humaine et spirituelle : initiation à une vie de prière de disciple et de pasteur, au sens de l’Eglise et du ministère pastoral. Le dialogue faisait écho à d’autres interventions éducatives, à la vie même de la communauté, également lieu de discernement, aux influences extérieures, celles des vacances, celles de retraites parfois décisives.

Nous cherchions à "lire" avec notre "dirigé", les signes de l’appel de Dieu dans l’histoire d’une vie, dans le "devenir" humain spirituel et pastoral, dont les ordinations - ordres "mineurs" et "majeurs" - marquaient les grandes étapes. En respectant la liberté de celui qui se confie à lui, le directeur spirituel l’aidait à discerner la volonté de Dieu, à "vérifier" sa vocation, non pas seulement de l’extérieur, comme ferait un observateur critique, mais plutôt comme ferait un père ou un frère aîné. Tout en gardant sa propre liberté intérieure, il porte avec lui la responsabilité de cette découverte et de cet approfondissement. Des questions nous habitaient : ce candidat au ministère, malgré les difficultés, les épreuves, est-il profondément heureux ? Vit-il, à la suite du Christ, une réelle cohérence intérieure ? Où va son cœur ? Son choix de vie est-il essentiellement la sainteté et le service, par amour du Christ et de son Eglise, dans une entière disponibilité ? Ou encore, formons-nous de vrais chrétiens ?

D’autres questions se posaient, pour un meilleur accomplissement de notre mission exigeante de formateurs et pour un meilleur discernement des vocations.

En vue d’un discernement plus sûr, ne fallait-il pas faire davantage appel aux sciences humaines, à la psychologie en particulier, pour une meilleure évaluation de la maturité nécessaire non seulement à un engagement de la vie dans le célibat, mais aussi à une juste relation pastorale ? Il ne s’agissait pas du discernement de l’appel de Dieu lui-même, mais d’une meilleure connaissance de la personne par les responsables de l’admission au séminaire et, un jour, aux ordinations, par les éducateurs, par le candidat lui-même. Le discernement ne doit-il pas intégrer ces éléments de connaissance humaine ? Des travaux importants étaient publiés à cette époque [ 1 ].

Une question plus générale concernait les éducateurs eux-mêmes : étions-nous en mesure d’écouter et d’entendre notre interlocuteur en vérité, d’accompagner et de communiquer, ou encore d’animer des groupes de partage et de réflexion ? Il ne s’agissait pas de "psychologiser" la formation ni surtout le discernement qui est de l’ordre de la foi, mais d’"affiner" une perception humaine. Le désir d’une formation plus approfondie à l’écoute, à la "lecture" d’une histoire, d’un cheminement ou d’une situation inspirait la tenue de sessions avant de susciter de nouvelles institutions [ 2 ].

Tenait-on assez compte, dans la formation et dans le discernement des vocations, d’une nouvelle situation de l’Eglise et des prêtres, de changements et, sans doute, de bouleversements qui s’annonçaient déjà : incidences d’une crise générale de l’autorité, accentuée par la seconde guerre mondiale et pour certains par la guerre d’Algérie (1959-1962), crise de confiance à l’égard des institutions, contestation de l’Eglise établie. Plus profondément, un nouveau climat de l’Eglise de France s’était établi et développé à la suite de la naissance et de l’expérience complexe, pour une part conflictuelle, des mouvements missionnaires et de la recherche intellectuelle : découverte passionnée d’un monde profondément marqué par l’incroyance, dimension missionnaire du ministère pastoral, désir de présence à ce monde. Le discernement ne devait-il pas tenir compte de cette situation ? Pouvait-il s’en abstraire ?

II - Lumières du Concile et crise post-conciliaire

Le concile Vatican II allait-il répondre à ces questions et ces attentes ?

La première réponse est constituée par le décret Presbyterorum Ordinis dans la lumière de la constitution Lumen Gentium : une compréhension renouvelée de la mission et de l’identité des prêtres, dans le mystère de l’Eglise communion et mission, la présentation de leur fonction d’annoncer l’Evangile, de communiquer la grâce des sacrements, de servir la communion. L’ordination les "prépare à une mission d’ampleur universelle". La charité pastorale est le dynamisme intérieur qui anime tout le ministère et fait l’unité de la vie. Quant à l’appel de Dieu, il faut "le discerner à travers les signes qui chaque jour font connaître la volonté de Dieu aux chrétiens qui savent écouter" (PO 11).

Le décret Optatam totius orientait dans cette perspective la formation des prêtres et le discernement de l’appel de Dieu. Toute la formation doit être ordonnée à cette fin pastorale : "Préparer de vrais pasteurs d’âme à l’exemple du Christ Maître, Prêtre et Pasteur." Le discernement ne peut être séparé de cette formation. Le décret rappelle l’origine divine de la vocation, mais aussi sa dimension ecclésiale et la nécessité d’un discernement prudent : "C’est la Providence qui choisit certains hommes pour participer au sacerdoce hiérarchique du Christ, qui leur accorde les dons nécessaires et les aide de sa grâce ; c’est elle aussi qui confie aux ministres légitimes de l’Eglise la mission, après avoir reconnu leur idonéité, de les appeler et de les consacrer au culte de Dieu et au service de l’Eglise." Pour ce discernement, "on étudiera très sérieusement... la droiture d’intention des candidats et la liberté de leur volonté, leurs aptitudes... leur capacité à porter les charges pastorales et à exercer les devoirs pastoraux." Le décret souligne la gravité de ce discernement : "ceux qui n’ont pas les capacités voulues seront dirigés paternellement, en temps opportun, vers d’autres responsabilités et on les aidera à aborder avec joie, conscients de leur vocation chrétienne, l’apostolat laïc." Il se préoccupe de l’attitude intérieure des candidats au ministère : "Pour qu’ils puissent ratifier leur vocation par une option mûrement délibérée, il appartiendra aux Evêques d’instituer un entraînement plus poussé." (OT 6).

Peu après, en 1970, la Ratio fundamentalis, concernant l’organisation de la formation, demande que les élèves des séminaires soient, tout au long des études, l’objet d’une sérieuse probation, avec le conseil d’experts, pour que la certitude puisse être acquise de la volonté de Dieu concernant leur vocation. Ces "experts" peuvent être des "médecins qualifiés en matière psychologique". Il faut aider les élèves à réfléchir sérieusement et sincèrement devant Dieu pour savoir s’ils peuvent se croire véritablement appelés par Dieu au sacerdoce et (ajoute le texte) "pour qu’ils soient capables de discerner les motifs qui les font aspirer à cet office" (RF 39).

Quelle évolution peut-on observer par la suite, en matière de discernement des vocations ?

On observe, tout d’abord, une transformation des conditions et des modalités de la formation et donc du discernement : c’est une intégration plus manifeste dans l’Eglise diocésaine ; de ce fait même, un nouveau rapport au monde se développe. Une des réalisations en a été l’instauration de l’année de pastorale et celle des "insertions pastorales" : cette organisation n’assure pas seulement une meilleure initiation pastorale, elle permet au séminariste de se confronter et de se mesurer à la mission d’annonce de l’Evangile et d’animation des communautés chrétiennes ; celles-ci sont elles-mêmes impliquées dans la formation et dans le discernement des vocations. La collaboration des "délégués diocésains" permet également une implication du diocèse dans la formation et dans le discernement de ses pasteurs.

On souhaitait une meilleure préparation des formateurs au discernement : le décret Optatam totius déclare que la formation des futurs prêtres dépend de la valeur des éducateurs plus que de sages règlements ; aussi doivent-ils être soigneusement préparés à cette mission. Il précise : "Il faut établir des instituts qui permettent d’atteindre cette fin" (OT 5). C’est au lendemain du concile que les Evêques de France décidaient la création d’un institut "pour la formation d’Educateurs du Clergé". Celui-ci devait centrer la formation d’éducateurs sur la personne des formateurs et leurs relations éducatives : formation à l’écoute, à l’accompagnement, à la relecture d’une expérience ou d’un cheminement, pour un meilleur discernement de l’appel de Dieu. On voulait éviter une dominante psychologique, initier au discernement spirituel tout en intégrant les sciences humaines ; la place de la liturgie, de la réflexion théologique, de la lecture commune de maîtres spirituels, une retraite ignatienne maintiennent cette orientation.

Bien d’autres institutions ou organismes se mettaient en place pour intégrer les sciences humaines dans le processus de discernement. En France, une Association médico-psychologique d’aide aux religieux (A.M.A.R.) proposait un examen des candidats à la vie religieuse, et, éventuellement, au ministère diocésain ; il ne s’agissait pas de discernement de la vocation, mais d’une vérification de la maturité et de l’équilibre psychologique, au service des éducateurs et du candidat lui-même. A Rome, une recherche méthodique a été peu connue en France : celle de l’Institut de psychologie de l’Université Grégorienne. Elle portait sur les motivations, à la lumière de l’anthropologie chrétienne : motivations en harmonie avec une vocation, orientées vers d’authentiques valeurs, ou motivations le plus souvent subconscientes commandées par des besoins psychologiques, unité intérieure ou "dissonances", conflits psychologiques non résolus. Aux Etats-Unis et au Canada, de nombreuses recherches semblables ont apporté une aide psychologique qualifiée au discernement des vocations.

Dans le même temps, un ensemble d’événements nous posait de nouvelles questions : les "événements" de 1968-1969 et leurs prolongements, les "départs" de nombreux prêtres et religieux quittant le ministère, le mouvement "Echange et Dialogue" et la triple revendication des engagements professionnels, des responsabilités politiques et du mariage. Des prêtres que nous n’avions pas hésité à présenter en vue de l’ordination, dont la vocation ne paraissait pas faire de doute, sur qui l’Eglise semblait pouvoir compter, ont ainsi "quitté le ministère". Formateurs, nous nous interrogions : faiblesse de la formation intérieure, ambiguïtés sur le ministère, aide fraternelle insuffisante ou entraînement mutuel, discernement trop humain ? D’autres, apparemment plus fragiles, dont l’appel avait été hésitant, se révélaient d’excellents pasteurs. Mystère du choix de Dieu qui "voit le cœur", invitation à rejoindre son regard et son appel.

Par ailleurs, bien d’autres changements ont affecté le monde et l’Eglise occidentale, les prêtres, le ministère et par là même les conditions du discernement des vocations. Dans le monde : le développement de l’indifférence, le relativisme moral, de nouvelles expériences spirituelles. Dans l’Eglise : l’épreuve de la diminution des entrées au séminaire et du nombre des prêtres, la diversité des activités ministérielles. Le ministère devait prendre un visage nouveau : évangélisation d’un monde marqué par l’incroyance ou l’indifférence, collaborations multiples avec les diacres, avec les laïcs, communion parfois difficile entre les générations, surcharge de plus en plus lourde - autant d’exigences d’une nouvelle formation, de nouvelles aptitudes.

Dans les "jeunes Eglises", sous des formes différentes, les changements n’ont pas été moins profonds : engagement des Eglises locales dans l’œuvre d’évangélisation et formation missionnaire des prêtres diocésains, prise en charge de la formation au ministère par le clergé local, multiplication des entrées dans les maisons de formation et nombre insuffisant de prêtres préparés à ce ministère. Un examen très sérieux des vocations est souvent demandé avec insistance : vérification de la liberté intérieure, des motivations et d’une juste compréhension du ministère. Ce souci du discernement ne doit pas susciter une attitude de soupçon : il n’y a pas de vrai discernement sans ouverture confiante ni, il est vrai, recherche sincère de la volonté de Dieu. Cet "examen" doit se réaliser, malgré la difficulté du nombre, dans un profond respect à l’égard de tous, une écoute attentive, en relation avec la formation à la liberté évangélique. Pour l’Afrique, l’Assemblée spéciale du Synode a manifesté cette préoccupation : dans les Lineamenta préparatoires, une demande des recteurs de grands séminaires était reprise.

"L’explosion actuelle des vocations en Afrique est une grâce de Dieu et nous devons l’en remercier avec joie et gratitude... Mais il est indispensable d’établir des règles, de prévoir des critères qu’il faudra appliquer sans concession. Ce sera la tâche des directeurs et des professeurs d’être attentifs au discernement de la vocation et d’aider à son approfondissement." (Lineamenta de l’Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques, n°35)

III - Le Synode des Eveques et l’Exhortation Pastores dabo vobis

C’est dans ce contexte que le Synode des Evêques de 1990 a réfléchi à la formation des prêtres, mais aussi à la vocation presbytérale et à son discernement, dans la perspective de l’évangélisation du monde "pour que soient choisis et formés des prêtres qui soient à la hauteur des circonstances actuelles, capables d’évangéliser le monde d’aujourd’hui" (PDV 10 ; cf. Lineamenta 5-6).

La recherche des Pères Synodaux s’est délibérément située dans ce moment de l’histoire. L’exhortation Pastores dabo vobis qui lui a fait suite commence par une analyse et un essai de compréhension de la situation présente, plus il est vrai, dans le monde occidental que dans les pays de mission : transformation générale des mentalités, du sens de la vie, subjectivisme de la foi. L’exhortation s’arrête surtout à une description du monde des jeunes face à la vocation : elle y retrouve le même subjectivisme de la foi sensible à l’attitude intérieure, mais elle note aussi le sens de la dignité de la personne, de la réciprocité, du service de la justice et des exclus, ou la recherche d’expériences spirituelles alors que le nombre des candidats au ministère presbytéral reste dramatiquement faible en France. Chacun est d’ailleurs invité à faire le même effort de compréhension du monde présent.

Un paragraphe, trop peu remarqué, constitue comme un bref "discours de la méthode" et intéresse notre effort de discernement. Il invite à une "interprétation" de la situation : c’est le fruit d’une "lecture évangélique" de l’ensemble des faits relevés. Il en présente les règles : dans la lumière et la force de l’Evangile, elle recueille, dans la totalité de la situation, non pas seulement de simples données dont on prendrait acte, mais "un défi lié à un appel que Dieu fait retentir dans la situation historique elle-même, en elle et par elle". Cette "lecture interprétative de la situation" n’isole pas les facteurs positifs et les facteurs négatifs : les facteurs négatifs ne doivent pas être rejetés en bloc "parce qu’en chacun d’eux peut se cacher une valeur qui attend d’être libérée et rendue à sa vérité totale" (PDV 10).

 

Le discernement dont il s’agit ici concerne l’appel de Dieu adressé à l’ensemble des chrétiens, à travers et dans la situation historique du monde et de l’Eglise, pour l’évangélisation de ce monde et le service de cette Eglise. Cependant, ces règles ne valent-elles pas pour le discernement de la vocation au ministère : invitation à considérer la totalité de la personne, sa propre histoire dans la situation historique, en Eglise, en esprit de foi et d’espérance ?

Avant de présenter ce qui peut être un renouvellement de notre sens du discernement, je voudrais formuler deux remarques.

L’appel s’adresse aujourd’hui à une nouvelle génération : non plus des jeunes pressés d’aller au monde pour lui porter l’Evangile, mais à une génération dont bien des membres, ayant conscience d’avoir reçu une connaissance insuffisante de la foi, désirent une formation solide. Plusieurs ont pu connaître des expériences humaines très diverses, pour un certain nombre une conversion, ils sont prêts à s’engager radicalement dans la préparation au ministère. Ils peuvent avoir besoin d’un temps de vie chrétienne, de découvrir l’Eglise et aussi, d’un examen précis de la vocation, ce que faisait jadis le petit séminaire, avant d’entrer dans un processus de préparation au ministère. Le Pape a recommandé, dans cet esprit, un "temps propédeutique" pour une initiation spirituelle et un discernement méthodique de l’appel de Dieu. La Congrégation pour l’Education Catholique a publié une présentation des expériences poursuivies dans l’ensemble de l’Eglise [ 3 ]. En visitant les séminaires dans les Eglises d’Afrique et en organisant des sessions, j’ai constaté que cette institution est utilement fondée dans beaucoup de pays.

D’une manière plus générale, le discernement doit tenir compte de l’évolution du ministère presbytéral et de son avenir prévisible : le Bureau d’Etudes et de recherches de Saint-Sulpice en a donné une présentation largement connue. Plusieurs lignes de cette évolution paraissent particulièrement significatives : le petit nombre des prêtres mais aussi, et plus encore, le lien déjà affirmé par le Concile, entre le presbyterium et l’évêque dans l’œuvre apostolique et le discernement pastoral, la double mission du service des personnes et de la communion, le service de l’intelligence de la foi et l’attention aux plus pauvres, le ministère du discernement des enjeux, du sens des situations nouvelles et des évolutions de notre monde. On peut ajouter aussi l’attestation du sens de la sexualité et de l’amour humain par la qualité évangélique du célibat. S’il faut choisir et former des prêtres pour notre temps, ne faut-il pas veiller à ce qu’ils soient des hommes de communion et de discernement, des hommes de prière au cœur même du ministère, des éducateurs spirituels, vivant le célibat comme un témoignage d’amour du Seigneur et d’un peuple, et aussi de la vérité profonde de l’amour de l’homme et de la femme. Choisir et former des prêtres pour notre temps:le discernement de telles vocations ne peut se faire que dans l’accomplissement d’un humble et loyal service de formation humaine, spirituelle autant que doctrinale et pastorale. On peut ajouter que cet accompagnement doit, en vue même du discernement de l’appel de Dieu, aider à se connaître soi-même, s’accepter et se comprendre dans la lumière de la foi et la vérité de l’espérance.

IV - Quelques aspects actuels du discernement

Dans la lumière de l’exhortation Pastores dabo vobis, nous pouvons retenir quelques aspects du discernement des vocations presbytérales :

  • il envisage toute la personne,
  • il a une dimension d’histoire,
  • il se réalise en Eglise,
  • en conclusion, nous verrons comment il est un acte de foi et d’espérance, mais aussi de prudence évangélique.

Il envisage toute la personne

La vocation engage toute la personne ; le discernement tient compte de toute la personne du candidat dans la recherche de la volonté de Dieu - en pratique, du service et du mode de vie où il sera utile, où il trouvera une unité intérieure et, peut-on dire, sera profondément heureux. Ce discernement se réalise en dialogue avec l’accompagnateur spirituel qui, on l’a noté, aide et apprend à discerner, écarte les illusions, mais aussi évite les "oublis", les zones d’ombre, permet ainsi d’envisager dans la paix la totalité de la personne.

Toute la personne : non pas seulement les éléments favorables, ni même les éléments négatifs dans un simple bilan, mais la personnalité dans son ensemble. Les éléments négatifs prennent leur sens situés dans cet ensemble et son orientation profonde, dans la manière dont ils sont reconnus et compris dans une perspective de foi. Des limites et surtout des défaillances peuvent indiquer que le presbytérat n’est pas souhaitable, que le ministère sera compromis, que cet engagement ne pourrait conduire ni à une "efficacité" pastorale, ni à un équilibre de vie. D’autres limites peuvent s’intégrer dans un service pastoral, peut-être marqué de compassion et de miséricorde.

Nous avons vu comment certains équilibres apparemment assurés peuvent masquer des fragilités. Le prêtre est avant tout rempli de charité pastorale : l’exhortation Pastores dabo vobis présente le ministère pastoral comme un "service d’amour", amoris officium. Accepter ses limites, reconnaître les blessures de la vie peut donner plus d’espoir qu’une personnalité sans faille apparente.

On l’a également remarqué, la psychologie aide à connaître divers aspects de la personne, à comprendre ses réactions, à connaître les motivations d’une démarche, à repérer des contre-indications à un engagement pastoral. Elle ne révèle pas l’orientation profonde de la personne : où va le cœur ? Il faut cette "lecture interprétative" que suggère Jean-Paul II, dans la lumière et la force de l’Evangile et, de la part du sujet, une disponibilité aimante qui dispose à l’écoute de l’appel de Dieu.

Cette écoute peut être partielle, cette orientation peut être ambiguë. L’accompagnateur a mission de guider vers la vérité, dans une recherche sincère de la volonté de Dieu, à travers l’accomplissement des appels entendus, les événements et les décisions de l’Eglise.

Une dimension d’histoire

Cette dimension de la vocation et de son discernement n’a pas été ignorée dans le passé. Elle requiert davantage notre attention aujourd’hui, sous plusieurs aspects.

La vocation elle-même est "histoire". Selon l’expression de Pastores dabo vobis, elle est "l’histoire d’un ineffable dialogue entre Dieu et l’homme, l’amour de Dieu qui appelle et la liberté de l’homme qui, dans l’amour, répond à Dieu" (PDV 36). Elle n’est pas un dessein préétabli dont il faudrait découvrir le secret, mais un "dialogue merveilleux et permanent au long d’une histoire d’écoute et de réponse". Découverte au terme d’une longue recherche après des hésitations, ou apparue soudainement, elle se déroule dans la durée, se vérifie, se précise, se décante. Elle a pu s’effacer et reparaître d’une manière nouvelle.

Le discernement lui-même a une "histoire" : moments de lumière et de doute, de confiance et d’inquiétude, de "consolation" et de "désolation". Entre le premier désir ou la première question d’une vocation et l’engagement réfléchi en vue du service pastoral, bien des questionnements et des vérifications de l’appel se sont succédés ; confidence et réflexion avec un éducateur, examen plus précis avec un accompagnateur spirituel avant l’entrée au séminaire et au cours de la formation, entretiens avec le supérieur, confrontations à l’occasion d’expériences apostoliques, éclairage des études, lumière sur soi-même apportée par une communauté. Dans cette histoire, les actes liturgiques, rite d’admission, institutions et ordinations marquent des étapes importantes. Le "discernement", note Pastores dabo vobis, se poursuit après l’ordination, non pour mettre en doute cet engagement, mais pour reconnaître les appels à un don plus total ou un approfondissement spirituel : vocation dans le sacerdoce (PDV 70).

Le discernement fait appel à l’histoire du sujet : histoire de l’enfance et de l’adolescence, des relations et de la vie affective, des activités et des engagements, des réussites et des échecs, de la vie spirituelle et des engagements apostoliques. Cette histoire est celle de l’esprit et du cœur, de conversions comme de défaillances. Le discernement de l’appel de Dieu à travers l’orientation d’une vie, la vérification d’une cohérence avec le désir d’un engagement pastoral sont pour une large part le fruit d’une relecture de cette histoire, normalement faite à des moments différents d’une maturation spirituelle. L’orientation du "cœur" apparaît ainsi : orientation durable distinguée des orientations passagères. Les moments d’interrogation, de crise et leur dénouement lui-même sont révélateurs.

Le discernement doit aussi tenir compte du moment de l’histoire. L’ordination, et déjà le choix d’un avenir pastoral, ne situent pas le prêtre dans un monde intemporel, mais dans une Eglise diocésaine qui, en relation avec les autres Eglises particulières, a son histoire, ses orientations pastorales, ses espoirs apostoliques et ses épreuves. Le choix d’une Eglise particulière - celui-même du clergé diocésain - n’est pas toujours arrêté au premier moment ; il le sera avec le "rite d’admission".

Discernement " en Eglise "

Cette dimension ecclésiale de la vocation presbytérale et de son discernement est une des insistances de l’exhortation Pastores dabo vobis. Citant une proposition des Pères Synodaux, le pape Jean-Paul II note que "la vocation de chaque prêtre existe dans l’Eglise et pour l’Eglise" (n°35) ; l’Eglise, "comme telle, est le sujet communautaire qui a la grâce et la responsabilité d’accompagner ceux que le Seigneur appelle à devenir ses ministres dans le sacerdoce" (PDV 65).

Il appartient ainsi à l’évêque, note encore Pastores dabo vobis, de soumettre à examen l’aptitude et la vocation du candidat, mais aussi, ajoute-t-on, de la "reconnaître" : intervention de l’Eglise qui fait partie de la vocation au ministère presbytéral comme tel" (PDV 35). Cette reconnaissance est "confirmation" de l’appel intérieur : "L’appel intérieur de l’Esprit a besoin d’être confirmé par l’appel authentique de l’évêque" (PDV 65).

Cet appel authentique et cette "reconnaissance" sont préparés par le supérieur et l’équipe des formateurs qui accomplissent ainsi une mission éminemment ecclésiale. L’exhortation précise : c’est à cette équipe - en référence à l’évaluation autorisée de l’évêque et du supérieur - qu’appartient "le rôle de promouvoir et de vérifier l’aptitude des candidats" au ministère presbytéral. En pratique c’est, à des titres divers, l’ensemble des formateurs qui participe à cette évaluation confiée plus particulièrement à l’équipe du séminaire.

Cette dimension ecclésiale du discernement se réalise de manière habituelle dans la communauté du séminaire, communauté de formation mais aussi de discernement par le jeu des relations habituelles : chacun de ses membres se connaît à travers cette confrontation dans une vie communautaire fraternelle. La consultation de la communauté en vue des ordinations concrétise cette participation au discernement ; elle est très généralement sérieuse et loyale, capable d’éclairer l’évaluation des formateurs.

La communauté chrétienne est elle-même invitée à communiquer son avis au sujet de l’ordination d’un candidat. Plusieurs interventions récentes des Congrégations romaines ont insisté avec fermeté sur les "scrutins" préparatoires ; une de ces interventions a été publiée par la Congrégation pour le Culte Divin en 1997. Une expression de ces avis est constituée par les témoignages des fidèles au cours de l’ordination, qui s’ajoutent au dialogue de l’évêque et du supérieur du séminaire : "Savez-vous s’il est capable... ?". Au cours de la formation, les témoignages habituels sont aujourd’hui fondés sur la participation au ministère, les stages et les insertions pastorales suivis de près par les formateurs.

Quant au discernement de la vocation par le candidat avec l’aide de son accompagnateur spirituel, ce dialogue individuel, couvert par la confidentialité du "for interne", n’en a pas moins un caractère ecclésial. L’accompagnateur remplit une fonction d’Eglise qui s’inscrit, d’ailleurs, dans l’ensemble de la formation. Il permet également de reprendre les rencontres communautaires et les expériences pastorales pour y discerner l’appel de Dieu.

Le discernement vocationnel : un acte de foi et d’espérance

En terminant cette réflexion, je voudrais revenir sur cette expérience du discernement comme acte de foi et d’espérance.

Un acte de foi : une réflexion méthodique, l’application de critères confirmés sont nécessaires pour le discernement ou la vérification d’une vocation presbytérale ; pourtant il faut davantage : un regard de foi. Il s’agit en effet de discerner, à travers l’histoire d’une vie, un "devenir", une expérience apostolique et d’abord priante, l’action de l’Esprit, l’orientation intime et durable du cœur sous son influence. Une purification du cœur, une disponibilité aimante accommode le regard à l’intention de Dieu : nous l’avons vu, ce discernement est le fruit d’un amour clairvoyant.

Un acte d’espérance : il n’y a pas de garantie absolue d’un discernement sûr et le meilleur discernement ne garantit pas l’avenir. On s’est interrogé sur des évolutions imprévues, des "départs" surprenants : peut-on en connaître les causes ? Cette question n’est pas vaine, mais l’avenir d’un libre cheminement n’est pas déterminé par avance. Le discernement ne peut se faire en vérité dans le soupçon. Sans connaître l’avenir, sans illusion, accompagnateurs ou équipe de formateurs, en sachant être clairs et donner un avis honnête, nous faisons confiance, nous comptons sur la grâce et sur la sincérité d’une vie ; nous pensons également au soutien des aînés et des responsables de l’Eglise, à celui d’amitiés. L’avenir est le secret du Père : "Tout est grâce..."

Pourtant cette espérance ne doit pas conduire à une confiance aveugle, à une attitude de complaisance ou de pure écoute : l’espérance ne dispense pas de la prudence, la charité n’exclut pas le service parfois onéreux de la vérité : vérité d’une parole, vérité d’une attitude devant Dieu, vérité de l’humble recherche du bien de l’Eglise, de la volonté aimante du Père.

Et la pluralité des vocations presbytérales ?

On m’a demandé de présenter un panorama des évolutions en matière de discernement des vocations presbytérales. J’ai conscience de n’avoir pas rempli intégralement mon contrat : j’ai parlé des vocations presbytérales diocésaines, mais il y a bien d’autres vocations presbytérales, dans un ordre, une congrégation religieuse, cléricale ou mixte, dans une société de vie apostolique, ou encore dans une "communauté nouvelle" comprenant des prêtres.

Je me suis placé dans le cadre du grand séminaire ; des religieux et des membres de sociétés de vie apostolique y ont pris conscience d’une vocation à la consécration religieuse ou à la mission, un premier discernement s’y est réalisé. La règle et la pratique y ont été la recherche loyale et le respect d’une vocation particulière. Un discernement approfondi s’est réalisé dans la communauté religieuse ou la société de vie apostolique, sous la responsabilité des supérieurs. Le discernement d’une vocation presbytérale y suivra les mêmes règles, en tenant compte de la famille spirituelle et de l’engagement religieux. Faut-il dire "vocation de prêtres-religieux", le presbytérat étant l’élément premier et déterminant, ou de "religieux-prêtres", au bénéfice de la consécration religieuse, le presbytérat pouvant répondre à une invitation des supérieurs ? Le discernement pourra vérifier une harmonie entre la personnalité spirituelle et le charisme, le "climat" spirituel et missionnaire de la famille spirituelle. Une connaissance mutuelle, une expérience de vie communautaire seront nécessaires.

Vocation presbytérale diocésaine, vocation religieuse presbytérale : en deçà des différences -appartenance à une Eglise diocésaine pour le service d’un peuple, appartenance à une communauté religieuse ou apostolique dans une entière disponibilité - une même orientation du cœur révèle un appel de Dieu : le sens et la volonté d’une donation totale de soi-même à Dieu et à l’Eglise, une entière disponibilité du cœur et de la vie : tous les prêtres - diocésains et religieux - participent au même sacerdoce du Christ pour la construction de son corps qui est l’Eglise - fraternité plus forte que les différences de situation, d’appartenance et de mission (cf. PDV 17).

Notes

1 - Travaux d’André Godin, s.j. et Raymond Hostie, s.j. : Le Discernement de la vocation, 1961 ; Mgr Jules Géraud, p.s.s., Itinéraire médico-psychologique de la vocation, 1960. [ Retour au Texte ]

2 - Session de Francheville : "La Direction spirituelle" in Bulletin du Comité des Etudes, n°42-43, Compagnie Saint-Sulpice, 1963. . [ Retour au Texte ]

3 - Document informatif : "La Période propédeutique", 1998. . [ Retour au Texte ]


BIBLIOGRAPHIE

  • David Suzanne, Laissez-vous conduire par l’Esprit - Se former à l’accompagnement spirituel et au discernement vocationnel, Service National des Vocations, Paris, 1998.
  • Hostie Raymond, s.j., Le Discernement des vocations, DDB, Bruges, 1961.
  • Legavre Paul, s.j., "La Lecture spirituelle de la vie", in Christus, Paris, juillet 2000.
  • Louf André, o.c.so, La Grâce peut davantage : l’accompagnement spirituel, DDB, Paris, 1992.
  • Rulla L.-M., s.j., Moda F., s.j. et Ridick J., s.s.c., Structure psychologique et vocation, motivations d’entrée et de sortie, Presses de l’Université Grégorienne, Rome, 1978.
  • Legasse Michel, Sauvage Michel et Godin André, Art. "Vocation", Dictionnaire de Spiritualité, vol. 16, fasc. CIV - CV, col. 1081-1167.
  • "L’accompagnement spirituel" in Christus, n°153 (hors série), Paris, 1992.
  • "Le discernement" in Croissance de l’Eglise, n°106, Service du Catéchuménat, mars 1993