Des religieuses face au réaménagement des paroisses


Comment, comme religieuse, avez-vous apporté votre contribution dans cette recherche et ce nouvel équilibre paroissial ? Dans quoi étiez-vous impliquées ? A quoi êtes-vous plus sensibles ?

propos recueillis par le père Marie-Joseph SEILLER
Service diocésain des Vocations de La Roche sur Yon

Sr Marie Ordreneau : La recherche pour le nouvel équilibre paroissial a été longue et laborieuse. La réflexion s’est poursuivie pendant presque trois ans. Y participaient les prêtres, les religieuses, les membres du Conseil pastoral de secteur. Tous les membres des anciennes paroisses qui se sentaient concernés par cette nouvelle organisation ont eu la possibilité de s’informer et de donner leur avis.

Ayant la responsabilité de la catéchèse et de l’A.C.E dans l’ancien doyenné, j’ai dû intervenir pour dire comment déjà, avant les nouvelles paroisses, une unité s’était faite au niveau des catéchistes, des temps forts de préparation aux sacrements et à la profession de foi, des C.D.R., récos et rassemblements de l’A.C.E. Ces rencontres étaient mêlées à la fois d’espérance et de crainte tant de la part des religieuses que des laïcs.

Quel souffle missionnaire avez-vous espéré, et effectivement vécu au long de cette réorganisation ? A quoi teniez-vous ? Avez-vous été entendues, comprises ?

Sr Marie Ordreneau  : Nous en sommes à la troisième année d’expérience. Un souffle missionnaire passe par des chrétiens qui ont compris qu’ils doivent s’engager pour aider la nouvelle paroisse à se construire (célébrations, liturgie, équipe de préparation aux sacrements de baptême et de mariage, catéchèse, S.E.M…)

Sœur Marie-Paule : A une recherche commune en mettant dans le coup le plus de partenaires possible. A ne pas aller trop vite pour que le maximum de personnes embarquent pour cette nouvelle aventure.

Quelles orientations soutenez-vous maintenant ?

Sœur Marie Ordreneau : Pour moi, religieuse des Sacrés-Cœurs, envoyée en mission au sein d’une paroisse, je me sens " engagée à ouvrir des chemins d’évangélisation ", à " préparer le terrain des cœurs ", comme le dit notre Règle de vie.

Je ne suis pas propriétaire de la mission, je suis envoyée pour mettre en œuvre le service apostolique de la congrégation. J’aide les gens à se mettre en lien, à former une communauté vivante et missionnaire en s’acceptant différents.

Sœur Marie-Paule :

• Continuer à mettre les gens en lien, en relation d’un relais à un autre.

• Travailler à une mise en commun des forces pour économiser les énergies et mieux les orienter.

• Volonté de continuer à informer, à expliquer…

• Ne jamais oublier ceux qui semblent restés sur la touche.

Concrètement, toujours informer, expliquer au plus grand nombre de personnes, en particulier à celles qui sont un peu en marge ou assez loin de l’Eglise. Je pense aux jeunes et aux jeunes parents.

Tout ceci pour que chacun puisse comprendre un peu le sens de ce changement pour, peut-être, trouver et prendre sa place dans ce réaménagement paroissial.

Il nous est difficile, dans l’Eglise, de trouver les moyens de rejoindre ceux qui sont là. Mais c’est bien où la présence de communautés de religieux (ses) de vie apostolique a une place très importante.

Quelles initiatives mettez-vous en œuvre avec d’autres ?

Sœur Marie Ordreneau : C’est en communauté que je vis ma mission et cette communauté se veut signifiante pour les chrétiens de nos différents relais qui avancent parfois péniblement vers la communauté paroissiale. Notre projet communautaire, " être témoins et artisans de communion ", nous invite à nous enraciner dans la communauté humaine dont nous faisons partie en mettant l’accent sur l’accueil :

• accueil dans les différents services : personnes âgées, enfants,

• accueil dans les propositions faites dans la vie paroissiale,

• accueil fait d’ouverture et de disponibilité à l’imprévu,

avec le souci des plus démunis matériellement et spirituellement.

Ce mystère de communion nous devons l’accueillir dans la prière, dans l’offrande, dans la contemplation du cœur de Jésus et dans l’Eucharistie.

Sœur Marie-Paule :Par exemple pour les ados et jeunes. Ils sont si peu nombreux sur la paroisse que je leur propose de plus en plus de vivre des expériences plus larges que la paroisse. C’est toujours une invitation à " sortir " de chez soi. Le lieu de vie, le lieu qui rassemble les ados et les jeunes scolaires ce n’est pas la paroisse, mais leur école qui est chez nous, hors paroisse.

Cette mutation du paysage ecclésial a-t-elle une répercussion sur la manière de voir nos diverses vocations ? La vie religieuse est-elle suffisamment prise en compte ? Certaines vocations vous paraissent-elles mises à l’écart ?

Non, ce n’est pas le cas chez nous mais je pense que la vie religieuse, et plus précisément la vie religieuse apostolique, doit prendre sa place sans attendre qu’on la lui propose.

Sœur Marie-Paule : La congrégation à laquelle j’appartiens est une congrégation diocésaine, née d’une Eglise diocésaine, fondée pour être au cœur de la paroisse. La nouvelle organisation des paroisses nous a amenées à réfléchir à nos implantations sur ce diocèse. En lien avec les autres congrégations présentes dans cette Eglise diocésaine, il a été décidé qu’une communauté serait présente sur chaque paroisse.

La géographie de la paroisse change… notre manière d’y être, aussi, mais pas notre volonté de présence. Cette nouvelle structure nous amène aussi à creuser notre identité. Fidèle à notre origine, nous voulons être présentes au milieu de la population, vivant avec elle une proximité à la manière du Christ et en essayant d’être, chaque jour, artisan de communion.

Comment faire jouer les complémentarités ?

Sœur Marie-Paule :

• En approfondissant nos vocations propres : Plus nous serons au clair avec ce que nous sommes, plus il sera facile de reconnaître la spécificité des autres vocations.

• En nous partageant les uns aux autres ce qui fait notre spécificité.

Et ainsi, vivre la complémentarité.