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Des laïcs au service de toutes les vocations
diocèse de Carcassonne
En 1987, après deux années comme membre du Service des vocations, notre évêque m’en confie la responsabilité. Une nécessité m’apparaît, celle de constituer une équipe, un bureau diocésain des vocations. Je propose à l’évêque en 1989 de nommer officiellement cinq personnes, pour qu’à tous les six, nous puissions représenter non seulement les six zones géographiques du diocèse mais aussi divers services d’Eglise (catéchèse, aumônerie catholique et de l’enseignement public, paroisse rurale et urbaine, action catholique...) et, surtout ,diverses vocations : deux prêtres diocésains, dont un membre du Conseil Episcopal, un religieux, une religieuse, une laïque consacrée, une épouse de diacre.
A chacune de nos rencontres du Bureau (pendant les premières années au moins), le temps le plus riche de nos rencontres sera celui consacré au partage sur nos différentes vocations, chacun planchant à tour de rôle. C’est là que nous découvrirons davantage combien chacun, à partir de son histoire, de sa vocation spécifique, peut appeler à toutes les vocations. C’est sûrement là, bien plus qu’au séminaire, que j’ai compris le sens et la place de la vie consacrée et combien nous pouvions nous apporter et nous enrichir les uns les autres. Dans une Eglise diocésaine où chaque vocation a sa coloration propre et donne un reflet nouveau aux autres, où l’ensemble des vocations s’articulent entre elles, comme les doigts d’une main...
La diversité de la mission propre de chaque membre de l’équipe et la présence de laïcs nous permettra d’être toujours mieux à l’écoute de ce qui se vit dans le diocèse, des attentes spécifiques de tel ou tel groupe. Pour rester force de proposition discrète mais tenace !..
Le Congrès de Lourdes en 1987 nous avait mis sur la pistes des Antennes locales des vocations. Progressivement, elles vont démarrer dans quatre lieux. Occasion pour de nombreuses personnes, laïcs notamment, de s’approprier la question des vocations et d’en faire moins une question de spécialistes ou "de curés" : animation de la messe du dimanche, prière pour les vocations, temps d’adoration, enquête auprès des enfants catéchisés, rencontres de réflexion entre adultes... Des laïcs plus attentifs nous ouvriront à des questions nouvelles, notamment celle de l’accompagnement des vocations pour les jeunes marqués par différentes formes de pauvreté, mais désirant suivre le Christ.
Ce qui nous mènera à lancer l’Année de l’Appel en 1992-93. Chance pour toutes les communautés accueillant à tour de rôle une réplique du crucifix de St François, de devenir davantage communauté de prière et d’éveil des vocations. Temps de mise en route, de pèlerinage pour de nombreux chrétiens.
Un des fruits qui demeure encore reste le week-end Inter-Mouvements, rassemblant des jeunes (lycéens et étudiants) de divers services et mouvements pour un temps de partage, de formation et de prière ensemble, autour de notre évêque, sur leur responsabilité d’animateurs et d’éveilleur de vocations.
Comment ne pas mentionner le rôle des catéchistes, notamment pour la préparation et l’animation des journées des enfants de Cours Moyen ? Chaque année, autour du visage d’un saint et de la rencontre de témoins du cru, les enfants sont invités à une journée de réflexion et de célébration, dans leur zone pastorale. Ces journées qui ont réuni jusqu’à sept cents enfants dans le diocèse, sont devenues maintenant une institution.
Pendant plusieurs années, une équipe diocésaine va vivre la permanence de Lourdes au Point Vocations (de 1993 à 1996). Ce sera un temps d’ouverture à l’universalité de l’Eglise, avec des possibilités d’accueil riches à côté du temps ordinaire... Les gens accueillis vont être interrogés par le fait de voir des laïcs préoccupés des vocations. Les responsables des autres pavillons vont "se convertir", après avoir dit dans un premier temps : " Comment, vous, des laïcs, pouvez-vous parler des vocations spécifiques ? "
Pour chaque participant, la permanence permettra de creuser sa vocation propre, à partir de la vocation commune au baptême, en cernant mieux l’articulation des vocations entre elles. Elle sera vraiment, pour l’équipe, un temps fort de la pastorale des vocations, intégrée pleinement dans la pastorale et la mission plus large de l’Eglise, en même temps qu’une expérience du temps de Dieu, qui n’a pas nos vues humaines et surtout n’est pas pressé...
L’apport de laïcs le plus riche sera peut-être celui des jeunes animateurs des week-ends Diaspora, du Mini-Camp de Pâques et des Camps Inter Jeunes de l’Ouest pendant l’été. Je suis toujours étonné de voir le sens du service des plus jeunes (11-15 ans, de la sixième à la troisième), leur disponibilité, leur découverte et leur amour de l’Eglise. Cela nous remet en cause dans notre façon de fonctionner. Ils ne prennent pas des gants comme les adultes, et cette vérité de parole nous invite à être chacun davantage nous-mêmes. Pour moi, je suis prêtre au service de leurs projets au lieu de les faire entrer dans un moule...
Leur participation, pour un bon nombre, au second Congrès de Lourdes en 1991 sera le moyen de mieux travailler ensemble, de créer du liant entre cette équipe de jeunes et les adultes, membres des Antennes locales.
Ces activités en Diaspora permettent aux jeunes de prendre des responsabilités en Eglise. Les animateurs, lycéens ou étudiants, y sont souvent des anciens qui reviennent quand ils sont en âge d’être animateurs, après être allés faire des expériences dans d’autres lieux d’Eglise, comme nous les y invitons. Elles sont le lieu où leur vocation propre peut mûrir : l’un d’entre eux rentre en septembre au séminaire, une autre se marie (avec un animateur du MEJ), deux animateurs se fiancent entre eux.
Ma responsabilité, en équipe, au Service des Vocations (responsabilité qui se termine cet été), aura sûrement été pour moi un temps de découverte de l’Eglise, riche de vocations si diverses, et plurielle grâce aux jeunes et aux adultes qui s’y engagent. Cette mission demeurera un temps d’action de grâce, avec le Seigneur qui ne cesse d’appeler, autrement que là où nous nous y attendons. Dans ma nouvelle charge pastorale, elle restera comme une invitation à entendre toujours davantage les appels de mes frères humains, là où le Seigneur m’envoie.
Le Service des Vocations m’apparaît vraiment comme un service artisan de collégialité au service de la diversité du Corps du Christ qu’est l’Eglise. Il est heureux que, de plus en plus, il devienne l’affaire de tous, de toute l’Eglise, et non de quelques initiés. Si les vocations semblent manquer, il n’en demeure pas moins vrai que nos communautés n’ont jamais été autant été invitées à devenir vocationnelles. Et c’est déjà une source d’espérance, comme le peuple hébreu en marche au désert, pressentant déjà l’arrivée en terre promise...
Je voudrais terminer en citant mon évêque, Mgr Jacques Despierre, lors de l’ordination de sept diacres dominicains à Prouilhe, le 27 juin 1999 : " Nous ne sommes pas en concurrence dans l’Eglise, nous sommes en synergie.
Sans les prêtres diocésains, l’Eglise locale serait anéantie et perdrait les valeurs du terroir de toutes ces communautés chrétiennes enracinées dans les communautés locales.
Sans les religieux, l’Eglise diocésaine perdrait le dynamisme créateur pour entamer le dialogue dans les cultures nouvelles sur des chemins nouveaux. Sans les religieuses contemplatives, l’Eglise diocésaine manquerait de pôles permanents de prière. Sans les religieuses apostoliques, l’Eglise diocésaine manquerait de signes visibles de vie évangélique repérables dans la proximité et dans la communauté.
Sans familles chrétiennes, l’Eglise serait anémiée et manquerait du témoignage humble et fondamental incarnant l’amour de Dieu dans les tâches quotidiennes.
Sans toute cette multitude de laïcs présents dans la diversité des domaines de responsabilités, la sève de la vie évangélique n’arriverait pas jusqu’au bout des réalités humaines. Sans tous ces bénévoles qui prennent des responsabilités dans la vie de l’Eglise, le Corps du Christ ne pourrait pas grandir et se développer. "
Lorsque Jean de Soos, responsable du Service des Vocations de mon diocèse m’invite, en 1991, à devenir membre d’une Antenne locale, j’accepte avec émotion. Cette mission au service de l’Appel répond à un souci qui m’habite depuis ma jeunesse et elle me parait devoir s’inscrire au cœur des préoccupations de tout chrétien engagé. Joie aussi de faire partie d’un groupe de personnes de diverses vocations qui se réunissent, prient et travaillent pour que chacun trouve sa place dans l’Eglise. Au Service des Vocations, j’ai découvert le visage d’une Eglise humble. C’est le Seigneur qui appelle. Les membres du Service des Vocations vivent la prière de confiance et la " vigilance du serviteur inutile " (Cardinal Danneels). J’ai découvert le visage d’une Eglise éprise d’évangélisation. Dans le respect de mystère de la personne, elle veille à l’épanouissement de la grâce de son baptême. J’ai découvert le visage d’une Eglise pétrie de foi et d’espérance. Avec patience et tendresse, elle montre les traces de Dieu dans la vie des hommes. Elle nourrit un dynamisme d’espérance et entraine sur des chemins de conversion. Elle me fait redécouvrir la grâce de ma vocation propre et creuse ma soif de Dieu. Avec gratitude je voudrais souligner l’importance pour ma vie de foi et pour mon action de la formation reçue. Celle du passé : session à Paris pour les nouveaux membres, inoubliable Récosession de Lourdes, en 1996 mais, aussi, les journées de réflexion, les week-ends à Albi organisés par le Service régional. Celle du présent : formation à l’Antenne ou au Bureau des vocations. Indispensable pour tous, elle l’est sans doute encore plus pour le laïc qui vient surtout avec sa bonne volonté. Cette présence des laïcs au Service des vocations interroge parfois. Au Pavillon des vocations de Lourdes, où j’ai eu la grande joie d’assurer des permanences avec mon mari et une équipe de personnes de diverses vocations, les gens accueillis découvrent souvent que le mariage est une vocation à part entière, que plusieurs vocations existent dans l’Eglise et s’articulent entre elles, que toutes les vocations sont un choix d’Amour et chemin de sainteté. Je concluerai par une question : Ne serait-il pas heureux d’appeler davantage de laïcs au Service des Vocations ? En particulier des laïcs investis d’une mission d’aumônerie de collège ou de lycée. Ils partagent un peu la vie des jeunes qu’ils rencontrent et ont une place privilégiée pour être à leur écoute, pour les comprendre et les accompagner. Madame Monique RIGAL, |