Le célibat, joyau précieux de l’Eglise catholique


Nasrallah Pierre Sfeir
patriarche d’Antioche des Maronites
président du Synode de l’Eglise maronite



Intervention au synode sur l’Eucharistie
(Rome, 2-23 octobre 2005)


Je me réfère à la relatio ante disceptationem, chapitre A2, intitulée : « Des hommes éprouvés » (viri probati), où il est question du célibat des prêtres catholiques. Le texte dit : « Pour suppléer la pénurie des prêtres, certains guidés par le principe : salus animarum suprema lex, réclament l’ordination de fidèles mariés, de foi et de vertu éprouvées, plutôt que de laisser des paroisses sans service sacerdotal. »

Il y a là un problème que personne n’ignore. Il mérite qu’on y réfléchisse sérieusement. Dans l’Eglise maronite, on admet des prêtres mariés. La moitié de nos prêtres diocésains sont mariés. Mais il faut avouer que le mariage des prêtres, s’il résout un problème, en crée d’autres aussi graves. Un prêtre marié a le devoir de s’occuper de sa femme et de ses enfants, de leur assurer une bonne éducation, de les caser socialement. Aussi la prêtrise a-t-elle été un moyen de promotion sociale au Liban.

Une autre difficulté peut surgir pour un prêtre marié, c’est de ne pas s’entendre avec ses paroissiens. Malgré cela, il arrive que son évêque ne puisse pas le muter, en raison de l’impossibilité pour sa famille de se déplacer avec lui. Malgré tout, ces prêtres mariés ont préservé la foi du peuple dont ils ont partagé la vie dure. Sans eux, cette foi aurait disparu.

D’autre part, le célibat est le joyau le plus précieux du trésor de l’Eglise catholique. Mais comment le garder dans une atmosphère érotisée ? Journaux, internet, affiches, spectacles, tout s’étale sans honte et ne manque pas de blesser la vertu de chasteté. Il va de soi que, une fois ordonné, un prêtre ne peut plus contracter mariage. Envoyer des prêtres d’un pays qui en a beaucoup à un pays qui en manque n’est pas une solution idéale, si l’on tient compte des traditions, des habitudes et des mentalités. Le problème reste posé. Il faut prier pour que le Saint Esprit suggère à son Eglise les moyens de trouver une solution adéquate.