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Les communautés : des lieux de vie et d’appel
Fondateur de l’Arche
A l’Arche, nous vivons en communauté : des hommes et des femmes qui souffrent d’un handicap mental et qui, de ce fait, ont souvent été comptés pour rien, méprisés, rejetés, et d’autres qui font le choix de partager leur vie.
Parmi eux, beaucoup de jeunes qui viennent passer un temps (quelques mois, quelques années) avant de faire un choix de vie.
Leurs motivations pour venir sont très diverses : s’ouvrir à une autre culture, mieux connaître le monde des personnes avec un handicap avant d’entreprendre des études dans le domaine social, faire l’expérience de la vie communautaire.
Derrière cette diversité de motivations explicites, il y a souvent le désir de se donner un espace de réflexion qui leur permette de mieux se connaître, de se déterminer et de poser des choix.
La vie dans nos communautés est très simple : c’est partager le travail, les repas, les temps de repos et de fêtes, la prière, tout ce qui fait le quotidien. A travers cette vie quotidienne, beaucoup font tout un chemin, chemin humain et spirituel.
Un espace
" Venir à l’Arche, c’est un peu comme entrer au désert " . Cette réflexion d’un jésuite qui accompagne beaucoup de jeunes dans l’Arche traduit bien l’expérience que fait celui qui arrive dans la communauté. Il quitte ses repères, son monde "connu", sa famille, son histoire, sa culture parfois, tout ce qui faisait sa vie jusque-là, ses études, ses divers engagements, ses amis, son personnage "social". Il est "mis à nu". Seul compte qui il est ici et maintenant.
Il se retrouve plongé dans la vie communautaire, avec tout ce qu’elle comporte de richesses mais aussi de contraintes. Il découvre les personnes avec un handicap, leur exigence de vérité décapante et libérante.
Le jeune vient d’un monde où les pressions sont fortes, où les attentes sur lui sont grandes, où la compétition est implacable : il faut être le meilleur. Il s’est construit à partir de ces attentes ou au contraire, elles l’ont écrasé. Il ne se sentait pas "à la hauteur". Il n’a plus confiance en lui.
La vie communautaire lui permet de prendre une distance par rapport à ce qu’il a vécu jusque là : distance géographique, mais surtout distance intérieure. Les repères sont autres.
Le jeune qui arrive vient d’un monde très verbal, monde de paroles, de discussions souvent intellectuelles. Il découvre un monde où la communication passe peu par la parole, souvent inexistante ou inadaptée, mais beaucoup plus par un regard, une expression, un sourire, un geste, un cri. Et, paradoxalement, il découvre une richesse nouvelle de relations.
Cet espace est dépaysant. Le quotidien n’a rien d’exaltant ! Mais à travers cette vie simple, ces relations qui se tissent au fil des jours autour de la table, dans le travail, à travers les conflits et les pardons, le jeune fait un chemin. Il se découvre, il découvre son humanité, il découvre la source de vie qui est en lui. " La beauté du désert, c’est qu’il cache un puits quelque part ".
Un lieu d’appartenance
Le but premier de l’Arche est de donner un lieu de vie à ceux qui, du fait d’un handicap, ont été mis de côté, rejetés ; leur donner un "chez soi".
Mais ce besoin d’appartenir est profondément inscrit en chacun de nous : besoin d’un lieu où je sois accepté tel que je suis, dans mes bons jours et mes moins bons, un lieu où j’ai ma place, même lorsque je suis absent, un lieu où je puisse toujours revenir, sûr d’être accueilli.
Cette expérience de la communauté comme lieu d’appartenance est une expérience que font beaucoup de jeunes qui viennent à l’Arche.
Dominique est arrivée dans la communauté à un moment où tout ce qui avait fait sa vie jusque là venait de s’écrouler. Ses parents s’étaient séparés, la maison de son enfance avait été vendue, la famille était éclatée. Dominique avait commencé des études universitaires qu’elle avait lâchées en route, n’y trouvant plus de sens.
Elle a passé deux années dans la communauté. Elle a alors été capable de reprendre ses études pour les mener à bien. Lors de sa fête de départ, elle nous a dit : " Maintenant, je peux partir car je sais que j’appartiens à quelque part. " Cette appartenance qui ouvre à la liberté ! Ses études terminées, elle est revenue quelques mois avant d’entrer dans un monastère contemplatif. La communauté a été pour elle un lieu de renaissance. Comme elle l’a été pour Claude qui, après avoir passé un temps dans la communauté, écrivait aux personnes handicapées : " En arrivant chez vous, je ne croyais plus à grand’chose. Mais vous m’avez trop aimé, et je ne peux plus dire maintenant que l’amour n’existe pas. "
Un lieu d’unité
Notre vie est souvent très morcelée : la famille, les études, le travail, les engagements divers, la foi... autant de morceaux d’un puzzle difficile à assembler.
Et nous vivons dans un monde divisé : divisions dans nos familles marquées par les séparations, les ruptures de fidélité, conflits, tiraillements, compétition dans nos lieux de travail, divisions dans nos églises, divisions entre nos peuples...
Ces divisions sont souvent nées de la méconnaissance et de la peur. L’autre, celui qui est différent, nous apparaît d’abord comme une menace. Alors nous nous protégeons, nous nous défendons, nous le rejetons.
La vie communautaire unifie les différents aspects de la vie : vie de travail, vie affective, vie spirituelle ne font qu’un. Cette cohérence, cette unité construisent notre unité intérieure.
Unité aussi entre nous, dans nos différences. Je suis toujours émerveillé de voir combien la vie communautaire rassemble des personnes que tout extérieurement sépare ! Nous sommes si divers de par notre histoire, notre tempérament, notre sensibilité, nos capacités... Nous ne nous sommes pas choisis. Nous avons été confiés les uns aux autres pour faire ensemble un chemin. Dans cette vie partagée, nous apprenons peu à peu à laisser tomber nos préjugés, nos défenses pour aller à la rencontre de l’autre et découvrir la richesse de notre diversité. La communauté est à l’image de ce corps dont parle St Paul (I Cor 12) où chacun a sa place unique et nécessaire pour le corps tout entier.
Les personnes avec un handicap, maîtres en humanité
A l’Arche, la vie communautaire est façonnée par la présence des personnes ayant un handicap. Beaucoup sont là maintenant depuis de nombreuses années. Si les limites du handicap sont bien réelles et leur dépendance souvent grande, elles n’en ont pas moins toute une maturité humaine, communautaire et spirituelle.
Le chemin que tant de jeunes font dans l’Arche est leur œuvre. Elles les "engendrent", exerçant ainsi une fécondité cachée, mais très réelle.
L’accueil
Les personnes avec un handicap ont, pour la plupart, une incroyable capacité d’accueil. Il m’arrive d’être fatigué d’accueillir à longueur d’années ces jeunes qui passent, qui cherchent, qui découvrent, qui s’interrogent et nous bousculent. Lorsque je regarde les personnes avec un handicap de mon foyer et que je pense aux centaines de personnes qu’elles ont accueilli "chez elles", se laissant déranger dans leur vie quotidienne, je suis émerveillé par leur ouverture et ce don extraordinaire qui est le leur d’habiter pleinement le moment présent. Seule compte la personne qui est là, ici et maintenant. Et leurs questions vont tout de suite à l’essentiel : " Comment tu t’appelles ? C’est quand ton anniversaire ? "
Peu leur importe le parcours de celui qui arrive, les études qu’il a faites, son histoire, ses échecs ou ses réussites : tout ce qui compte, c’est sa capacité à être en relation avec eux maintenant !
Cet accueil sans complexes et sans conditions est libérateur. Je pense à un prêtre canadien venu visiter la communauté. J’étais allé le chercher à la gare et, durant tout le trajet, il tremblais comme une feuille. " Parce que je suis tellement sensible " , me disait-il, " je ne sais pas comment me comporter face aux personnes avec un handicap " . Arrivés devant le foyer qui l’accueillait pour le repas, Gérard ouvre tout grand la porte et lui tend la main en lui disant : " On ne se connaît pas. Quel dommage pour toi que tu ne me connaisses pas ! "
Ou je pense à cet autre prêtre, jésuite, professeur d’université, qui est un grand ami d’un des foyers. Un matin au petit déjeuner, Evelyne, une des femmes handicapées lui demande à brûle-pourpoint " Pourquoi tu viens chez nous ? " et sans lui laisser le temps de répondre, Cathy, trisomique, réplique :" Moi, je sais ! Il vient chez nous pour réparer son coeur ! "
La confiance
Pour un certain nombre de jeunes qui viennent à l’Arche, cette vie communautaire est leur première expérience de vie adulte. Jusque-là, ils vivaient dans leur famille, faisaient leurs études, et voici qu’ils se retrouvent dans un monde d’adultes où ils ont des responsabilités à assumer vis-à-vis de personnes dépendantes. C’est à la fois exigeant, rude et source de croissance.
Sarah est une jeune irlandaise qui est venue passer une année dans la communauté à la fin de ses études secondaires. Elle avait 18 ans. C’était une fille pleine de vie, très responsable. A la fin de son année, je lui ai demandé ce qui avait été le plus difficile. Elle m’a dit : " Quand j’étais étudiante, je n’avais de comptes à rendre à personne. J’étais libre de mon temps, de mes mouvements. Le soir je pouvais à ma guise sortir, aller boire un verre avec des amis. Ici, ce n’est pas possible, on a besoin de moi. Le soir, il faut aider les personnes à se coucher. "
Je lui ai alors demandé ce qui avait été source de vie, de croissance pour elle : " C’est qu’on avait besoin de moi ! "
Cette exigence, donnée par la vie même, cette confiance que font les personnes avec un handicap, est source de vie.
La liberté d’être ce que je suis
Rencontrer une personne avec un handicap ne laisse pas indemne ! Cela nous bouscule, nous dérange, ébranle nos certitudes, nous renvoie aux questions essentielles : qu’est-ce qu’une personne humaine ? à quoi se mesure la valeur d’une vie ? quel est le sens de la vie ? le sens de ma vie ?
On arrive souvent à l’Arche poussé par un sentiment de générosité, un désir de faire quelque chose, de partager avec d’autres moins favorisés. C’est normal et c’est bon. Mais ce n’est qu’une première étape.
Très vite, la vie partagée avec les personnes qui ont un handicap nous confronte à nos limites, limites de notre patience, de notre écoute... mais limites aussi que nous sommes amenés à toucher en nous. L’agressivité des personnes avec un handicap, leur violence ou leur confusion, leur passivité nous ébranlent et nous révèlent nos propres fragilités, ce qui dans notre histoire a été blessé, et que consciemment ou inconsciemment nous avons cherché à oublier.
Nous nous découvrons vulnérables. Tout le "personnage" que nous avions créé avec tant de soin pour protéger notre vulnérabilité et nous rendre "acceptables" vole en éclats ! Steve, un jeune américain résumait cette expérience : " Je suis arrivé à l’Arche sur mon beau cheval blanc et très vite je me suis retrouvé par terre ! "
Cette expérience est à la fois humiliante et libérante. On se retrouve "mis à nu". C’en est fini de nos illusions, de cet "idéal" auquel nous nous efforcions vainement de correspondre !
Et en même temps, c’est libérant. Car les personnes avec un handicap ont ce don de nous révéler à la fois nos limites et le fait que, tel que nous sommes, avec ces limites, nous sommes accueillis et aimés. Le fait qu’elles sont prêtes à marcher avec nous, nous pardonnant " soixante-dix-sept fois sept fois. "
Cette capacité de pardon des personnes avec un handicap est bouleversante. Si souvent, nous qui sommes venus partager leur vie, abusons de notre autorité, manquons d’écoute, de patience, de perspicacité, d’amour... et pourtant, elles sont toujours prêtes à reprendre le chemin comme le montre cette réflexion d’une femme handicapée qui venait de me faire sortir de mes gonds : " Ce n’est pas grave, je suis là pour t’aider ! "
Un autre regard sur la fragilité
Dans une communauté, les compétences sont nécessaires. Il faut que les ateliers fonctionnent, que les repas soient prêts à l’heure, que les comptes soient bien tenus. Il faut que ça marche ! C’est de l’ordre de l’efficacité.
La vie communautaire cependant se situe à un autre niveau, plus profond, celui de la fécondité. Quelle est notre raison d’être ensemble, sinon le désir de recevoir la vie et de la donner, d’être aimé et d’aimer ?
Mystérieusement, c’est à travers la fragilité que la vie se donne.
A une époque où il y avait beaucoup de violence et d’agressivité dans mon foyer, nous avons accueilli Jacqueline, une femme trisomique déjà âgée qui avait toujours vécu avec sa maman qui venait de mourir. Jacqueline était toute douceur, toute tendresse. Elle ne parlait pas, mais chantonnait toutes les vieilles chansons françaises. Elle a passé avec nous une douzaine d’années, devenant de plus en plus faible et dépendante, jusqu’à ce qu’elle s’éteigne avec la douceur qui était la sienne. Jacqueline avait dans le foyer un rôle essentiel. Dès que l’un de nous était fatigué, triste ou découragé, c’est vers Jacqueline qu’il allait pour s’asseoir un moment auprès d’elle et retrouver le courage ou la paix. Par sa seule présence, dans sa petitesse, sa fragilité, elle était source de paix, d’unité. Elle éveillait en chacun le meilleur de lui-même.
Face à une Jacqueline, il ne s’agit plus d’être le plus fort, de lutter, il s’agit simplement d’être là, d’accueillir.
Ce mystère de la fragilité comme source d’unité, n’est-ce pas ce que St Paul évoque lorsqu’il écrit : " Bien plus, les membres du corps qui sont tenus pour plus faibles sont nécessaires " (I Cor 12).
Notre monde rejette tous ceux qui lui rappellent la faiblesse inscrite en chacun de nous. Elle lui fait peur. Nous nous voulons forts, tout-puissants, immortels, et cachons tous ceux qui nous disent par leur être même qu’il n’en est pas ainsi.
A l’Arche nous découvrons que la fragilité, lorsqu’elle est accueillie, partagée, devient lieu de communion, source d’unité. Et nous découvrons que cela est vrai non seulement pour la personne fragile à côté de nous, la personne avec un handicap, mais pour la personne fragile qui est en nous. Si nous osons reconnaître notre propre fragilité, l’accueillir, la partager, elle devient lieu de communion avec nos frères et soeurs et avec Dieu.
Un chemin de foi
Même si la communauté est explicitement chrétienne, beaucoup de jeunes arrivent sans être très situés dans leur foi. " J’ai été élevée dans une famille pratiquante, mais à quoi est-ce que moi je crois ? " me disait l’une d’entre eux. Là encore, la communauté donne à chacun l’espace nécessaire pour se situer. Et la découverte de la foi des personnes avec un handicap leur fait souvent faire tout un chemin. Il ne s’agit pas d’une foi "cérébrale", mais d’une foi toute simple, j’allais dire "évidente", d’une "immédiateté" de la présence de Jésus.
L’année liturgique vécue en communauté est aussi tout une catéchèse. Dans cette proximité des petits, on y découvre une richesse nouvelle. Ne faut-il pas être petit pour accueillir Dieu qui se fait enfant, dans une crèche et y reconnaître une bonne nouvelle ? Ne faut-il pas avoir conscience de tout ce qui nous enferme pour avoir soif de résurrection ?
La présence des personnes avec un handicap nous permet de célébrer ces événements de l’histoire du salut avec simplicité en retrouvant des gestes marquants : le lavement des pieds et le repas pascal que nous célébrons dans les foyers au soir du jeudi saint est un de ces temps forts.
De même, la façon dont en communauté, nous célébrons les grands moments de la vie, et en particulier la mort. Là encore, la simplicité des personnes avec un handicap, leur maturité face à la souffrance, leur foi en la résurrection : " Il est mort, il est avec Jésus " , sont un témoignage.
Découvrir ma fécondité
Une jeune femme me disait il y a quelques jours, " Je veux venir à l’Arche pour découvrir la fécondité de ma vie. J’ai un travail, une vie indépendante, mais ma vie n’a pas de sens. "
Cette interrogation, cette question du sens est profonde chez beaucoup de jeunes. Certains ont vécu des expériences très généreuses, mais ils n’ont pas de racines. Ils sont passés d’une expérience à l’autre. Et vers 30-35 ans, cette question de sens se pose avec acuité.
Les personnes avec un handicap sont confrontées à la même question. Dans leur histoire, on leur a souvent révélé leurs limites, tout ce qu’elles ne pourraient jamais faire : avoir une vie indépendante, se marier, élever des enfants. Mais qui les a aidées à découvrir la vie qui est en elles, cette vie qui ne demande qu’à être appelée ?
Lors des funérailles d’Innocente, une petite fille avec un handicap très lourd qui avait été accueillie dans la communauté de l’Arche en Côte d’Ivoire, le prêtre de la paroisse eut ces paroles : " Innocente était un diamant, l’Arche était son écrin. Lorsqu’il est dans la rivière, le diamant ressemble à tous les autre cailloux. Il doit être taillé et mis en valeur pour briller de tout son éclat. "
C’est là le rôle de la communauté. Chacun, en se frottant aux autres, est taillé et se découvre peu à peu le don unique qui est le sien.
La communauté est le lieu ou chacun de nous découvrons qui nous sommes, quel est notre don, ce don unique que nous avons reçu pour la joie de nos frères et celle de Dieu, cette pierre précieuse, indispensable à la construction du Royaume.
L’accompagnement
Nul ne peut faire ce chemin tout seul. Nous avons besoin que quelqu’un soit à nos côtés, qui nous accueille, nous écoute, et nous aide à relire ce que nous vivons pour en déchiffrer le sens. C’est le rôle de l’accompagnement.
" La vie communautaire, c’est comme des montagnes russes. Je ne suis jamais passé par tant de hauts ni tant de bas en une seule journée. " Nous avons besoin de partager ces émotions qui nous traversent au risque parfois de nous submerger. Nous avons besoin de pouvoir prendre du recul par rapport aux situations vécues et ce qu’elles éveillent en nous de joie et de trésors de tendresse mais aussi de violence, de jalousies, de haine. Apprendre à reconnaître sans nous culpabiliser ces mouvements qui nous habitent, les dire est un chemin de libération.
L’accompagnement nous aide à une certaine cohérence. Comment poser des choix conformes aux valeurs auxquelles nous croyons et en assumer les conséquences ?
L’accompagnement nous aide aussi à découvrir qui nous sommes, quel est notre "nom" au sens biblique, notre don unique et en relisant notre chemin, à découvrir quel est le lieu où nous sommes appelés chacun à donner la vie.
A travers la vie communautaire, la simplicité et la vérité des relations, beaucoup découvrent leur appel.
Certains pressentent peu à peu une invitation de Jésus à demeurer à l’Arche, à vivre une communauté de destin, une alliance avec les personnes ayant un handicap. Les liens qu’ils tissent avec elles sont pour eux le chemin sur lequel Dieu se révèle.
Beaucoup d’autres, après un temps à l’Arche, quelques mois ou quelques années, repartent. Pour certains, ce temps à l’Arche leur a permis de faire un choix de vie : ils s’orientent vers le mariage, la vie monastique ou le sacerdoce. Les autres reprennent leurs études ou leur travail.
Mais tous restent marqués par ce qu’ils ont vécu. Leur regard sur celui qui est "différent", celui qui est mis à l’écart, rejeté, a changé. Ce n’est plus une "erreur", un "accident", ni même quelqu’un dont il faut "s’occuper". Non, c’est une personne à part entière, précieuse, sacrée.
Nous sommes de la même humanité, confiés les uns aux autres pour être les uns pour les autres signes de la tendresse de Dieu.