Une matinée avec une Antenne-Relais


Denis MARION
Responsable du Service des Vocations de Dijon

A Chatillon-sur-Seine, ce 10 octobre 1997 se réunissait l’antenne locale du Service des vocations du doyenné du Val-de-Seine. J’étais invité et ce que j’ai vécu là était si simple, si fraternel, et en même temps si semblable à ce que je rêve de voir exister un peu partout dans notre diocèse que je ne résiste pas à l’envie de vous raconter ce qui s’est passé ce matin-là... un simple matin d’automne où des chrétiens ordinaires d’un doyenné comme les autres, enrichis de leurs diversités, se sentaient collégialement responsables de l’attention à toutes les vocations dans l’Eglise. Il y avait là deux prêtres, un diacre, l’animatrice du petit groupe, qui est membre de l’équipe diocésaine des vocations, deux dames en responsabilité dans la catéchèse.

Tout a commencé à l’oratoire de la cure par une prière d’une demi-heure, préparée par quelqu’un du groupe : un chant d’entrée, le psaume 24 : " Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme ", l’évangile de Jean 15,14-17 : "Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis ; un temps de méditation et d’homélie ; une prière universelle conclue par une oraison et un chant. Le Maître de la moisson était mis à la place qui lui revient !

Puis nous sommes passés dans une salle de la cure pour la réunion proprement dite. L’échange a porté d’abord sur la composition de l’antenne. Etait-elle représentative ? L’ensemble pastoral de Montigny - un peu éloigné - , n’y avait pas de représentant. Une personne semblait intéressée : à contacter ! A cause d’un départ récent, l’équipe ne comptait plus de religieuse. A qui demander ? Deux noms sont proposés et les démarches programmées. Le partage s’est poursuivi par l’évocation de différents projets à engager ou à poursuivre, projets propres à la pastorale des vocations, ou projets locaux où le Service des vocations peut avoir sa note propre à apporter.

En premier lieu, le Monastère Invisible, la proposition de prière pour les vocations faite par l’Atelier diocésain pour l’appel à la vie consacrée. Les tracts et documents existent, c’est une question de diffusion. Jean, le diacre, qui s’occupe des malades, pourrait les diffuser auprès de ceux qu’il visite. Il en parlerait également au Père curé, à quelques infirmières lors de la prochaine réunion d’aumônerie des malades. Il faudrait peut-être aussi mettre dans le coup le comité paroissial de l’ensemble voisin des Côteaux de Haute Seine.

Au reste, si le Monastère est invisible, il faudrait rendre visible l’Antenne Vocations. Faut-il tout de suite en parler au conseil de doyenné ? N’est-il pas plus judicieux de commencer par la base, là où on se connait, au niveau des comités paroissiaux locaux ?

Parrainage de jeunes par des familles d’accueil. Il s’agit de donner à des jeunes la possibilité d’aller deux ou trois fois dans l’année prendre un repas, passer une soirée dans une famille chrétienne pour discuter. L’idée a germé à l’autre bout du diocèse et on en a déjà parlé ici dans les instances compétentes. Au départ, tout le monde est d’accord, mais dès qu’on demande : Qui accueille ?, c’est plus dur ! " L’idée fait son chemin, dit François, le jeune prêtre, mais c’est dans un cadre plus large de lieux inter-générations. " Par exemple, la messe des jeunes va devenir messe des familles. Ne faut-il pas profiter de l’expérience d’accueil qu’ont faite certaines familles à l’occasion des JMJ ?

François évoque, après cela, le bilan diocésain des JMJ, auquel il a participé autour du Père Evêque. Il en ressort, de la part des jeunes, la demande d’un suivi d’ici à Rome 2000. Une catéchèse style JMJ aura lieu un soir dans chaque zone pendant le Carême. A ceux qui viendraient et voudraient poursuivre, on pourrait aussi offrir en un premier temps une possibilité d’accompagnement personnel. Il y aurait à proposer en un deuxième temps quelque chose de plus structuré, en prolongement du troisième camp-SDV avec les ainés. Des jeunes disent : " On n’a rien, et pourtant on attend un suivi ". François cherche une solution avec Agnès, une jeune religieuse de Dijon, qui a fait ce camp d’été avec lui. Aux membres de ce groupe plus structuré, on pourrait proposer les week-ends de recherche du SDV, organisés au plan diocésain. Il y aurait aussi à faire plus de pub pour les camps-SDV des 13-15 ans et des 15-18 ans.

Roger, prêtre de l’ensemble paroissial du Val-de-la-Laigne, rapporte alors l’expérience d’une école de prière pour jeunes de CM1-CM2 qu’il a faite en juillet à Fain- !es-Moutiers. Il s’agit d’instaurer une vie d’amitié entre enfants pendant 48 heures et de leur apprendre à prier ensemble et personnellement. C’est un âge où ils ont déjà une capacité d’intériorité. Un ou deux lycéens aident à l’encadrement. Roger propose une nouvelle rencontre, toujours pour des CM1-CM2. Cela permet aux enfants de découvrir le prêtre autrement. " Encore faudrait-il que les catéchistes y croient ", constate la responsable de la catéchèse.

Et voilà évoquée la question des catéchistes. Ce n’est pas trop compliqué pour elles de faire passer des connaissances, mais beaucoup plus difficile d’ exprimer ce qu’elles vivent personnellement avec Dieu. Il y aurait à proposer une formation spirituelle pour les catéchistes. Christiane y est très sensible. Comment proposer cela ? Une journée ? regrouper tous les niveaux. Dernière idée : un pèlerinage à Lisieux en 1998 pour les jeunes de la confirmation. N’est-ce pas l’occasion de tenter une expérience inter-générations ?

Il était midi et l’heure était venue de partager le repas à la cure avec le Père curé qui nous rejoignait et un autre prêtre encore.

Fallait-il rapporter si longuement une réunion apparemment si évidente ? Je le crois vraiment, car elle illustre bien que la pastorale des vocations est quelque chose de tout simple qui interfère avec l’ensemble des activités paroissiales auxquelles elle apporte la petite note du souci des vocations spécifiques ou, plus modestement, le souci de promouvoir la dimension spirituelle et intérieure qui fait de toute activité pastorale un terrain fécond où peut être perçu l’appel de Dieu. Chacun des membres de l’antenne-vocations assume une autre responsabilité pastorale, mais ils ont en commun ce souci de prier ensemble, de réfléchir ensemble à la dimension vocationnelle de leurs autres engagements. C’est toute la communauté locale qui en bénéficie.

Alors, qu’adviendra-t-il des projets évoqués dans cette rencontre ? Ce qu’il advient des projets en général : un certain nombre trouveront une suite ; d’autres demeureront en gestation ; quelques uns tomberont. Mais le fait de les avoir évoqués fera évoluer les façons de voir de chacun, ses convictions, et créera sans doute la faculté de mieux saisir les opportunités futures qui se présen teront pour le bien spirituel des jeunes.

Ah ! Si chaque doyenné avait une petite cellule modeste où l’on prie, où l’on partage, où l’on réfléchit aux moyens de servir la liberté des jeunes face à l’appel que Dieu leur adresse, je crois que cela requinquerait peu à peu l’espérance.