Manifester aux jeunes la confiance de Dieu...


Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers, souligne l’interaction nécessaire entre les jeunes qui reçoivent la confirmation et les communautés qui doivent s’efforcer de les accueillir et de soutenir leur croissance spirituelle. Jusqu’à les appeler à s’engager, à trouver leur place dans l’Eglise.

Albert Rouet
Evêque de Poitiers

La Confirmation est un sacrement en complète rénovation, si j’ose dire ! Il est fréquent que, dans des réunions de parents, je constate que ce sacrement ne leur a laissé aucun souvenir, si ce n’est la "gifle". Ils envient un peu leurs adolescents de préparer en groupe, pendant un ou deux ans, un sacrement librement accepté, ce qui leur permet ainsi de parcourir l’ensemble de la vie chrétienne, de méditer sur la Trinité et de prévoir des engagements.

Il est vrai que le changement est important : passer d’une pastorale de la confirmation généralisée, obligatoire et enfantine à une préparation volontaire, mûrie donc, pour quelques-uns, représente une évolution dont on ne constate que les premiers fruits. Le plus visible est le sérieux avec lequel les jeunes s’avancent vers ce sacrement. Il dépend, soulignent-ils, de leur choix : " Mes parents m’ont fait baptiser tout petit, maintenant c’est moi qui demande la confirmation " . Ils la voient souvent comme une profession de foi plus adulte, ce qui est certes insuffisant. Cependant ils en concluent à une décision d’être chrétien.

Surgit inévitablement l’objection du petit nombre de confirmés. Elle serait recevable si le choix qu’ils font d’être confirmés, n’était accompagné d’une pratique de plus en plus générale de l’appel à recevoir ce sacrement. Le nombre de confirmés adolescents, jeunes adultes, voire personnes mûres (combien de catéchistes ne sont pas confirmées ? ), augmente régulièrement. Un prêtre confiait préparer à ce sacrement pour la première fois après vingt-quatre ans en paroisse. Ce long désert s’explique par une sorte d’insignifiance d’un sacrement conféré à des enfants en dehors de la participation de la communauté chrétienne. L’habitude était en dehors de la réalité de la vie des chrétiens.

La confirmation est aujourd’hui profondément enracinée dans la pastorale des jeunes et, de là, elle a gagné le monde des adultes. Il me paraît très important que la célébration de la confirmation ait lieu au sein de la communauté. Nous proposons aux confirmés une journée festive où ils se rassemblent tous, jeunes et adultes, à la cathédrale.

Les enjeux les plus décisifs me semblent les suivants :

1 - Permettre à des jeunes de rejoindre la communauté des adultes. La tranche d’âge la plus absente de l’Eglise n’est pas celle des jeunes, mais celle des 40-50 ans : ceux-ci sont partis sur la pointe des pieds et on ne les a pas vus nous quitter. Les jeunes se retrouvent donc avec leurs grands-parents de soixante ans. Le pont à établir entre ces deux générations est fondamental pour l’avenir.

2 - La pastorale de la confirmation repose sur l’appel. Notre Eglise avait un peu perdu conscience qu’elle était " appelée et appelante ". Il nous faut donc relancer une pratique de l’appel aux responsabilités dans l’Eglise. Je souhaite que les Mouvements en perçoivent l’enjeu et sachent se greffer sur cet appel. La pastorale des vocations y trouve un cadre où s’inscrire naturellement.

3 - La profession de foi passée, bien des jeunes prennent leur retraite de croyants. Ils ne savent plus que faire de l’Eucharistie reçue. La confirmation trouve alors une grande importance : celle de montrer comment vivre de l’Eucharistie, celle de pouvoir répondre aux doutes et aux questions normales à l’adolescence. Celle enfin de manifester aux jeunes une confiance indispensable à leur croissance spirituelle.

" L’échelle de la responsabilité est bien plus rude à monter que l’escalier de l’inconscience. "

J’ai choisi, parmi toutes les lettres reçues, une demande qui exprime bien les doutes de l’adolescence et le besoin de se voir confirmer dans leur existence de chrétien.
A. Rouet

Monseigneur,

Cette lettre est bel et bien le résultat d’une difficile réflexion, une longue hésitation alimentée par de nombreuses questions. Comment comprendre un sacrement qui, concrètement, m’apporte peu mais se veut spirituellement une des clefs de mes engagements ?

"Responsabilité" c’est un mot qui résonne quand on parle de confirmation. Responsable de qui ? Responsable devant quoi ? Un grand mot qui nous fait paraître si petit. L’échelle de la responsabilité est bien plus rude à monter que l’escalier de l’inconscience. S’il m’arrive de redescendre d’un cran par faiblesse, alors je suis seule fautive mais il faut être fautif pour être responsable.

Responsable de ma propre personne, ce n’est pas encore la tâche la plus difficile à assumer, mais responsable aux yeux de Dieu, c’est là l’objet d’une chose bien plus délicate. Rendre service aux autres rend service à Dieu. Puisque Dieu s’offre à nous par l’autre, se rendre responsable de l’autre est bien, je pense, la demande de Dieu. A moi, maintenant, de satisfaire cette demande par mes propres moyens.

Je n’ai pas l’intention de faire ma confirmation par simple intérêt religieux et je reconnais que ce n’est sans doute pas à moi qu’on aurait confié les clefs de l’église pour l’ouvrir tous les dimanches. Je puise dans cette démarche un sens plus profond. Dans une vie cousue d’initiatives sportives ou culturelles, c’est là que se trouve la véritable raison de ma confirmation : je veux qu’elle devienne un tremplin pour aller à la rencontre de l’autre. L’autre à qui j’apporterai et qui m’enrichira.

Caroline