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Comment accueillir les jeunes ?
Auxiliaire du Sacerdoce
Des jeunes frappent à la porte des SDV. Ils n’ont pas ou peu les mots pour exprimer leur projet. Ils nous interrogent. Quels chemins leur proposer ? Comment les accueillir ?
Marie-Jo Martel a accueilli des novices dans sa congrégation, les Auxiliaires du Sacerdoce, et des jeunes au SDV.
Il est important d’être au clair sur le rôle d’un SDV : c’est un lieu de discernement d’une vocation. Le SDV n’est pas un service social, une communauté de vie, un catéchuménat mais le lieu de discernement d’une vocation.
On ne peut pas répondre à toutes les demandes. Que faire de ces jeunes qui n’entrent pas en discernement ? Il faut avoir d’autres propositions :
• pour les recommençants,
• mise en place d’une vie d’Eglise, un service caritatif, une vie associative,
où un enracinement humain puisse se vivre.
Voici quelques convictions personnelles dans notre attitude.
Les accueillir vraiment
Plus qu’un préjugé favorable, c’est un regard de foi. Il ne s’agit pas de naïveté, de pitié, d’aveuglement, il faut se garder de juger trop vite. Etre plutôt bienveillant, quoiqu’il en soit du parcours… Entendre leur question.
Essayer de comprendre d’où vient cette idée
Depuis quand ? Comment ?
J’invite à voir, entendre cet appel dans son histoire…
• Est-ce subit ? brutal ? lié à un événement précis : une conversion soudaine, un décès, une déception amoureuse ? un échec ? une réussite ?
• Ou s’agit-il d’un désir ancré dans tout un passé, une éducation, un cheminement ?…
• Les deux chemins sont respectables mais à ne pas accueillir de la même façon :
– dans le 1er cas, être attentif à l’exaltation : la vocation n’est pas un refuge.
– dans le 2e cas, vérifier la liberté intérieure, les conditionnements liés à l’environnement, les représentations…
Il s’agit de découvrir ce qui répond à la nature profonde. Dieu passe par des médiations, des hommes, des femmes, des expériences, une histoire, des désirs, des aptitudes : tout cela est le terrain de notre vocation personnelle.
Ecouter, prendre le temps d’écouter en respectant le cheminement de l’autre
• Etre attentif à la façon et en quels termes il parle de son projet : « Je veux » ; « Je veux être consacré, j’ai des signes » ; « Je sais que je suis appelé » ou s’il parle d’appel parce qu’il a une relation au Christ.
Le Christ, est-ce une idée ou quelqu’un ?
Vie de prière ? Engagement dans l’Eglise ?
• Une vocation, c’est une histoire d’amour.
A-t-il des lieux où, avec d’autres, il peut aimer, vivre la charité avec d’autres qui sont moins aimables ? Comment aime-t-il le monde ? Quelle idée a-t-il (elle) du mariage ? Y a-t-il déjà pensé ?
• Clarifier que tout homme est appelé à la sainteté parce qu’aimé de Dieu. La sainteté n’est pas réservée aux états de vie du sacerdoce, de la vie consacrée… Il n’y a pas qu’une manière de suivre le Christ.
Etre attentif à trois aspects importants
• La dimension humaine : prend-il sa vie en mains ? travail, études, relations.
• La dimension spirituelle : prière, sacrements, attraits, recherche de Dieu.
• La dimension ecclésiale : appartenir à une communauté de vie : paroisse, mouvements, etc…
Parce que les questions ont des racines : dans le monde, dans la vie en Eglise, dans l’expérience spirituelle.
S’enraciner, c’est prendre au sérieux ma vie de tous les jours, ma manière d’être avec le prochain proche.
Etre attentif à déceler sa capacité à écouter, à parler, à oser rencontrer
Ceux qui parlent le plus ne sont pas nécessairement ceux qui se disent le plus en vérité. Mais quand je perçois le désir de se laisser découvrir par l’autre, quand les mots se cherchent sans avoir peur du silence, sans chercher à le combler… c’est comme l’espace qui indique une parole qui vient d’un Autre… (on ne se donne pas la vocation, on la reçoit).
L’appel de Dieu s’inscrit dans une histoire de chair et de sang :
• regarder, s’interroger dans son enracinement, dans la réalité,
• rencontrer le réel dans le quotidien,
• rencontrer l’autre différent, travailler avec d’autres.
Etre attentif aux petits choix quotidiens, dans la durée
Va-t-il jusqu’au bout d’une réalisation ? d’un diplôme ? d’un apprentissage ?…
L’aider à découvrir que le grand projet dont il rêve commence à se réaliser dans les petits choix de chaque jour.
La situation réelle est le terreau où déjà on fait place à Dieu.
L’accompagnement peut aider à inscrire déjà une réelle fidélité, un réel engagement.
Toute réponse engage mon existence.
Prendre le temps…
Pas de précipitation : facteur important.
Si le Seigneur appelle, cela se vérifie dans la durée. C’est là que la liberté se creuse. Sollicité par mille choses à travers cette vie, comment le jeune continue-t-il d’entendre l’appel et son désir d’y répondre ?
Il y a des passages à vide.
Le temps est nécessaire pour permettre à une liberté humaine de s’éclairer, de se purifier, pour que Dieu fasse grandir…
La prévision d’échéances est également importante dans un discernement pour ne pas rester dans l’indécision, toujours reporter à plus tard.
La liberté
Est-il dépendant ou pas de l’entourage ? d’une personne ?
• Est-il soucieux de ce que l’on dit ? pense de lui ?
• Le projet est-il une obsession ou sait-il se laisser questionner ? …par la Parole de Dieu ? …par les conseild des autres ?
Voir le rapport de la personne à son désir
• Qui est à la fois déterminé et à la fois libre : je veux…
• Ou j’ai un grand désir, mais surtout envie de répondre à la volonté de Dieu.
• Une vocation prend corps dans une réalité psychologique, affective. L’affectivité touche tout l’homme :
– quelle est sa capacité d’être affecté par une réalité qui entraîne une réaction ?
– quelle est sa capacité à être touché dans tout son être ?
Quatre points d’attention :
• A-t-il conscience que c’est un appel qui le dépasse, qui vient d’ailleurs ? Qui suis-je pour y répondre ? Cela provoque un certain dynamisme.
• A-t-il une relation personnelle au Christ ? à Dieu ?
• A-t-il un certain sens de l’Eglise ? C’est avec d’autres que l’on vit de la mission du Christ.
• Est-il sensible au service des autres ?
L’appel n’est pas réservé à des élites ; il est pour ceux qui ont soif de Dieu. Dieu nous appelle avec nos fragilités mais il y a des exigences.