Ce ministère est une source de joie


Mgr Gaston Poulain, évêque de Périgueux et Sarlat, poursuit ce tour de France sur la confirmation en nous confiant sa joie de célébrer ce don de l’Esprit et les questions les plus cruciales qui habitent son ministère.

Gaston Poulain
Evêque de Périgueux et Sarlat

Dans le ministère de l’évêque, la préparation et la célébration de la Confirmation tiennent une grande place. Elles sont source de vraie joie et elles provoquent à l’Espérance. A l’Espérance, car les lendemains de la Confirmation sont incertains et l’avenir des confirmés appelle du célébrant de la Confirmation un vigoureux acte de Foi. Ce ministère est d’abord une source de joie.

Une vraie joie : la rencontre des jeunes, le dialogue direct, sympathique et confiant avec eux. C’est une joie de percevoir "à chaud", à travers leurs questions, leur désir de connaître Jésus Christ, de mieux réaliser ce qu’est aujourd’hui la vie chrétienne. Tout cela s’exprime dans leur langage spontané, avec la référence à leur vie de jeunes.

Une vraie joie, celle de rencontrer les prêtres et les animateurs bien engagés dans cette préparation, à l’écoute de ces jeunes, patiemment, témoins de leur recherche, de leurs attentes, et aussi de leurs peurs... car des peurs s’expriment, et les adultes sont confidents de situations douloureuses ; mais les jeunes, là, sont écoutés et accueillis tels qu’ils sont !

Une joie : celle de célébrer le sacrement au cours d’une Eucharistie festive, animée par des jeunes, préparée avec eux.

Joie de pouvoir annoncer que le sacrement est le Don de l’Esprit, et pas d’abord un engagement volontariste.

Joie de pouvoir proposer quelques chemins pour l’avenir de leur vie chrétienne et apostolique, sûr de la présence et de la force de l’Esprit qui leur est donné.

La confirmation provoque à l’Espérance qui surmonte les tentations de découragement. Un curé qui m’accompagnait après une bonne rencontre avec des jeunes me disait : " Vous avez rencontré ces jeunes, la réunion a été vivante et sympathique. Eh bien ! le dimanche qui suivra la Confirmation, aucun de ces jeunes ne participera à l’Eucharistie. Et avec la Confirmation s’arrêtera toute pratique ". C’était, disait-il, le fruit de son expérience ! C’était une expression désabusée et, assurément, une vision trop courte !

Positivement, le célébrant de la Confirmation se pose toujours de nombreuses questions qui tempèrent sa joie :

Comment mieux accorder encore la préparation proposée aux jeunes à leurs besoins, à leurs attentes dans leurs situations familiales, dans leur environnement, en l’absence d’enracinement ecclésial ?

Comment mieux intégrer encore la Confirmation, sa préparation et ses lendemains dans notre pastorale des jeunes en train de se renouveler ? Au-delà, comment est-elle intégrée dans notre action pastorale diocésaine pour y être un puissant stimulant ?

Faut-il, comme le font d’autres diocèses, retarder l’âge de la Confirmation (ici, elle est proposée en 5ème, 4ème, au plus tard en 3ème), ou plutôt continuer de la célébrer un ou deux ans après la Profession de Foi ? Mieux : l’articuler avec elle et inventer une démarche d’engagement à proposer aux jeunes aînés, vivant depuis quelques années comme des baptisés-confirmés ?

Ainsi ce sacrement, source de joie, est source d’un profond questionnement qui interroge toute l’action pastorale, et la vie des Communautés chrétiennes.

Les questions des jeunes eux-mêmes ne sont pas résolues avec la rencontre de l’évêque. Les défis qu’ils ont à relever ne sont pas réglés par l’accueil dans l’Eglise.

Confirmés dans la Fête, ces baptisés sont équipés pour la vie chrétienne et le témoignage apostolique. L’Eglise qui les a confirmés s’est engagée avec eux et pour eux. Elle n’a pas fini d’accueillir leurs questions et d’inventer avec eux les chemins de l’avenir de leur Foi et de leur fidélité à l’Evangile.

Non, rien n’est vraiment acquis. Mais l’Esprit Saint est donné à ces jeunes et à l’Eglise qui les confirme dans la Foi. C’est notre Joie et c’est notre Espérance.

Questions pour aider les jeunes à rédiger leur lettre de demande

Ordinairement les lettres sont individuelles. Un même lot de lettres est en général rédigé suivant un plan fourni aux jeunes. Seulement trois ou quatre lettres par an sont rédigées par un groupe. Voici des éléments que j’ai retenus dans le plan fourni aux jeunes (sans que cela soit exhaustif).

Je me présente : Nom, âge, établissement scolaire.. Loisirs, sport... Quel métier je désire faire...
Il me semble que ce n’est pas la partie la plus personnelle... et on peut regretter parfois la longueur de la partie consacrée aux animaux préférés...

Ma famille : On y trouve des expressions sincères de bonheur, de souffrance : " Je voudrais que tous les enfants du monde soient aussi heureux que moi. "

<" J’ai un gros problème : Dieu a rappelé mon papa vers lui ; peut-être en avait-il besoin, mais moi il me manque beaucoup. "

" Mon père est au chômage, ma mère va peut-être être licenciée. Tous les jours je prie pour que ça n’arrive pas. J’aimerais que vous fassiez une prière pour nous. "

Mon parcours de chrétien  : Baptême, Communion, Profession de Foi..

Je me suis préparé à recevoir ce sacrement  : rencontres régulières, sorties, pèlerinages, accompagnateurs... Les personnes qui m’ont aidé, soutenu... Les expressions sont assez personnelles, souvent positives. A noter la place donnée aux grands-parents et au témoignage d’adultes.

" Nous avons eu la chance, grâce à M. l’abbé, de vivre une vie de groupe dans les Pyrénées, en partageant randonnées et, le soir, veillée et prière... C’est un très bon souvenir, je souhaite que pour les autres jeunes cela se renouvelle... "

" Quand j’étais petite, j’aimais m’asseoir à côté de ma grand’mère... elle me racontait la vie de Jésus et récitait son chapelet... Quand je fus grande, elle nous avait acheté des livres bibliques que je lisais pour mieux connaître Jésus. "

La Confirmation : On retrouve ici l’expression de la catéchèse... et elle est très diverse !

Je désire être confirmé pour... Chez les plus grands (car il y a une grande différence entre les 6°-5° et 4°-3°), on trouve des expressions de Foi qui sont de véritables "perles" :

" Je voudrais faire ma confirmation car j’ai pris goût à la vie du Christ. "

" Je demande la confirmation pour confirmer mon désir de rester près de Jésus, pour être celui qu’il veut que je sois. "

A coté, il y a aussi celui qui trouve que " c’est bien temps d’arrêter le caté " même s’il dit qu’il ira " à la messe aux grandes fêtes et fera baptiser ses enfants " .

Des expressions imagées : " Il est dit que les Apôtres sont dans une maison et reçoivent l’Esprit Saint. Quand ils sortent, ils parlent toutes les langues, la foule se moque d’eux, on les dit saouls. Moi, je me situe dans la foule, mais je ne moque pas. En faisant ma confirmation j’espère rentrer dans cette maison. "

" Les apôtres ne voulaient pas sortir de leur maison. Mais le jour de la Pentecôte, ils sont sortis sans avoir peur ni honte.... Ils ont raconté l’histoire de Jésus et ils ont dit qu’il était ressuscité. J’espère moi aussi recevoir cette force. "

Quels engagements prends-tu en demandant la Confirmation ? Cette question n’est pas toujours posée, mais elle donne lieu à des réponses personnelles.

" J’ai envie de continuer à vivre en bon chrétien, à aller à la Messe, et quand je serai adulte, si je le peux, je ferai partie du Synode de mon village. "

" Je voudrais être plus curieux de la Foi. "

" J’ai décidé de faire confiance à Dieu. J’ai envie de vivre ma Foi en aidant les autres. "

Quelles difficultés as-tu rencontrées ? Un certain nombre parlent de l’entourage : " Mes amis disent que ce sont des histoires et que cela ne sert à rien. "

" Sommes-nous vraiment acceptés par les adultes ? Certains adultes jugent la messe des enfants comme des messes folkloriques. "

" Je trouve les messes mornes. Elles me semblent plus faites pour les adultes que les jeunes... Il n’y a pas beaucoup de jeunes à y aller. "

D’autres fois la question posée est : " Qu’est-ce qui te peine ? " Avec aussi la question : " Qu’est-ce qui te rend heureux ? "

Souvent les jeunes sont invités à poser leurs questions. Et souvent reviennent des questions touchant au problème du mal, mais il y en a beaucoup d’autres : " Pourquoi n’est-ce pas possible de voir Dieu ? "

et aussi " Quand je prie tous les soirs, j’aimerais rencontrer ou entendre la voix de Dieu... juste une fois ! "

" Nous aimerions savoir ce qui vous a poussé à vous rapprocher de Dieu au point de devenir évêque. "

" Nous aimerions savoir si être évêque est une épreuve ou une joie. "

" N’avez-vous jamais baissé les bras devant toutes les souffrances du monde ? "

" Il m’arrive de douter. Et toi, mon Père, t’est-il déjà arrivé de douter ? "

" La réincarnation existe-t-elle vraiment ? "

et aussi :
" Qu’est-ce que la confirmation ? A quoi ça sert ? "