Un des vecteurs les plus intéressants de la pastorale des jeunes


La confirmation est un don de l’Esprit. Elle est aussi un acte ecclésial. Mgr Emile Marcus, archevêque de Toulouse, insiste sur ce point en expliquant comment la pratique de ce sacrement permet à un large éventail de personnes de jouer un rôle.

Mgr Emile Marcus
archevêque de Toulouse

Quelles sont les principales caractéristiques de la pratique du sacrement de la confirmation ?

1. D’abord l’Église entière s’y engage. L’Évêque et les prêtres, bien sûr ; mais aussi les adultes chrétiens qui accompagnent les confirmands dans leur préparation ; les enfants qui observent avec intérêt ce que fait leur soeur ou leur frère plus âgé et à qui la célébration du sacrement dira, le jour venu, quelque chose de très fort ; les confirmés récents qui, souvent, sont invités, dans la célébration elle-même, à donner leur propre témoignage.

2. De plus, cette préparation est longue. Ainsi peut s’inscrire dans les faits ce que nous tenons de la Bible et de l’expérience séculaire de l’Église : la grâce de Dieu travaille dans le temps. Quels changements chez ces jeunes entre leur première démarche en vue du sacrement et le jour de sa célébration à laquelle certains renoncent mais que la plupart finissent par attendre avec impatience !

3. Autre caractéristique de cette préparation : les personnes, désormais nombreuses, qui aident les adolescents à préparer le sacrement se reconnaissent largement bénéficiaires de l’opération. La remise en cause que provoquent ces jeunes chrétiens qu’aucune question ne gêne, passé un moment de panique, est reconnue comme rien moins que salutaire. " Ils nous ont remis sur les rails " disent les couples qui se sont lancés dans l’aventure.

Il n’est pas jusqu’aux ministres ordonnés, évêque et prêtres, qui ne soient sensibles aux avantages de cette pratique. La pastorale sacramentelle, si délicate aujourd’hui à cause du décalage fréquent entre ce qu’attentent les parents qui demandent le baptême de leur petit enfant ou les fiancés et ce que les prêtres voudraient leur offrir, trouve au niveau de la Confirmation une sorte de zone de bonheur.

Des jeunes sont appelés. Ils disposent de moyens de réflexion généralement bien adaptés. Ils disent oui ou non. Le refus est généralement du genre : " Je ne suis pas prêt encore, je désire prendre du recul, réfléchir ". Tout cela se passe en Église, tout le monde pouvant jouer son rôle : la famille, les camarades, les accompagnateurs, le prêtre, les ministres de la Confirmation ; sans oublier les parrains et marraines.

La Confirmation est une joie pour la communauté chrétienne parce que les jeunes qui la reçoivent en font une fête, qu’ils sont heureux et qu’ils le disent.

Parmi les avantages de cette pratique ecclésiale, je retiens les deux que voici :

1. Elle permet de connaître au moins sous certains aspects, la planète des jeunes. Et si la découverte n’est que partielle, elle est fort suggestive en raison des possibilités d’expression qui leur sont offertes pour la circonstance.

Les adolescents qui accueillent cet appel positivement constituent une population évidemment typée : elle est faite de jeunes chrétiens qui ont gardé un lien au moins épisodique avec l’Église, qui sont dans un créneau d’âge assez précis, qui s’apprêtent à faire ensemble une démarche religieuse importante.

Cette population n’en est pas moins variée. Ces jeunes sont très divers, par leur situation familiale, leur origine sociale, leur niveau culturel, leurs goûts, leurs projets. A travers un groupe dont les caractéristiques nous sont fournies avec précision, s’ouvre ainsi pour nous une fenêtre intéressante sur le monde des adolescents.

Et surtout, ils s’expriment, à certains moments, avec une extrême gravité sur eux-mêmes, sur leur famille et leur milieu scolaire, sur leurs loisirs, sur la société, sur " les choses de la foi " et sur l’Église. Le fait qu’ils soient sous le coup d’un appel venu de l’Église et auquel ils ont accepté de répondre les provoque... et, semble-t-il, à leur grande satisfaction, même si, au début, " ils demandent à voir "...

2. Cette pratique leur permet de faire une expérience de la participation active à la vie de la communauté chrétienne. En effet, ils questionnent et on leur répond ; ils partagent leurs idées, leurs sentiments et leurs projets et leurs expression est reçue (" C’est la première fois que je peux parler de ce qui me tient à coeur sans que l’on se moque de moi "). Dans la célébration même du sacrement, ils interviennent, ils bougent et ils s’expriment, ils prennent leur place de jeunes, dans un univers où, jusque-là, ils avaient le sentiment, à tort ou à raison, de ne pas avoir été vraiment accueillis...