L’école catholique


Père Daniel BOICHOT
Secrétaire général adjoint de l’Enseignement Catholique

Les établissements catholiques d’enseignement forment en France un réseau de huit mille sept cents unités pédagogiques (écoles, collèges et lycées), qui accueillent deux cent mille élèves ; cent vingt-cinq mille enseignants et quarante cinq mille personnels d’éducation et de service y travaillent. Sous la responsabilité de l’évêque, l’établissement est conduit soit par la tutelle diocésaine, soit par une tutelle congréganiste. Dans chaque diocèse, le CODIEC (Comité Diocésain de l’Enseignement Catholique) détermine la politique générale de l’Enseignement Catholique qui est mise en oeuvre par le Directeur diocésain. C’est la loi Debré du 31 décembre 1959 modifiée qui régit les rapports des établissements privés sous contrat avec l’Etat.
Les établissements catholiques d’enseignement fondent leur travail dans la mission éducative de l’Eglise. L’Eglise prend soin de l’éducation parce que c’est un lieu éminent de liberté pour les enfants et les jeunes, chemin indispensable pour la rencontre de Dieu.

La communauté éducative de l’établissement rédige un projet éducatif, sorte de charte à laquelle chacun se réfère et qui est source de l’action des éducateurs. Ce projet rappelle que l’éducation a pour but de donner à une personne les moyens de son développement personnel, par l’instruction enracinée dans l’histoire de cette personne et de son clan, par l’apprentissage de la vie en société et l’insertion sociale. Le projet éducatif propose aux éducateurs des attitudes qui se réfèrent au Christ et à sa vision de l’homme et du monde que nous trouvons dans l’Evangile.

Grandir en humanité, en chrétien, est un volet fort du souci éducatif, un passage obligé de l’attention des éducateurs à ceux qui leur sont confiés. En quelque sorte, les éducateurs déploient une dimension vocationnelle intrinsèque de l’éducation délivrée dans l’Enseignement Catholique.
Au coeur de ce souci quotidien et dans l’esprit du projet éducatif, des opérations plus identifiables peuvent être décrites, qui se font jour dans les établissements :

Le Projet personnel de l’élève (le P.P.E.)

L’Education Nationale demande aux enseignants d’aider l’élève à construire un projet scolaire par lequel il prendra en mains ses études et les conduira en fonction de l’avenir qu’il souhaite. Avançant dans la conscience de lui-même, jaugeant ses capacités et mesurant ses handicaps, l’élève utilise ses atouts pour apporter des solutions à ses questions et mesurer les effets des efforts produits.

Dans l’Enseignement Catholique, nous préférons parler de Projet personnel de l’enfant ou du jeune pour ne pas réduire sa prise de responsabilité sur les études uniquement. Il s’agit bien d’envisager la conduite de sa vie pour aujourd’hui même et pour demain. Des dialogues avec les différents éducateurs, son professeur principal, les animateurs en pastorale scolaire, lui permettent de prendre conseil. Les parents sont naturellement les mieux placés pour exercer ce rôle de conseil, chaque fois que cela est possible.

On voit bien ici, comment une attention vocationnelle est possible et ce, particulièrement au sujet des vocations spécifiques.

La journée des métiers

La plupart des établissements organisent, au moins une fois par an, des "journées des métiers", "forums avenir", "journées des carrières"... où des professionnels présentent leurs métiers et répondent aux questions des élèves. Il est de plus en plus fréquent d’y trouver des "stands vocations" où des prêtres, des religieux, des missionnaires, disent la joie de leur vie.

Parfois, il s’agit de "métiers de l’âme" où pasteurs, imams, rabbins et prêtres se succèdent. Indépendamment du caractère anecdotique que peuvent prendre ces initiatives, il est juste que l’avenir ne soit pas envisagé exclusivement sur le plan d’un métier rémunérateur mais, autant que possible, passionnant à exercer.

La question de savoir comment une vie est mise au service des autres, comment elle porte du fruit, et ce que Dieu en espère, est présentée comme centrale dans la formation initiale des futurs enseignants.

La Journée Mondiale de prière pour les Vocations

Autant que possible, le JMV est annoncée et les documents nationaux et diocésains sont distribués aux animateurs en pastorale scolaire en établissement catholique d’enseignement. Force est de constater que cette journée n’a que peu d’impact sur la vie scolaire et sur les élèves, sans doute parce qu’elle se déroule un dimanche et que l’école n’étant pas en marche ce jour-là, on estime que c’est l’affaire des prédications dominicales. Nous avons là un chantier à ouvrir, particulièrement dans le sens d’une JMV se déroulant sur une semaine.

La venue de témoins

Les "activités pastorales" requièrent fréquemment des interventions extérieures à l’établissement. Dans le cadre de la catéchèse, de la préparation aux sacrements (en particulier, retraites de première Communion et de Confirmation, et aussi de Profession de Foi), de la culture religieuse, des engagements proposés, des personnes sont sollicitées pour présenter leurs actions et apporter leurs témoignages : des laïcs engagés, et aussi des prêtres et religieux. Il reste aussi une grande habitude de passage de missionnaires, de classe en classe, armés de diapositives et de propositions d’actions de développement.

La communauté chrétienne elle-même

Cependant, il faut rechercher les témoins parmi les acteurs habituels de la communauté éducative. Dans des centaines d’établissements, une communauté de religieux/religieuses - et, de façon bien moindre, de prêtres diocésains - est au service des jeunes de la maison. Cette communauté constitue une présence questionnante et suscite beaucoup de rencontres.

Depuis quelques années, on tente de favoriser, au sein de la communauté éducative de l’établissement, une communauté chrétienne, constituée autour du prêtre réfèrent de l’école, avec le chef d’établissement, quelques adultes et élèves plus engagés au plan pastoral. Quand elle peut se mettre en place, cette communauté chrétienne provoque et apporte comme tel un témoignage dynamique pour un engagement dans l’Eglise.

Les établissements catholiques d’enseignement ne reçoivent pas des élèves différents des autres établissements scolaires, ni plus motivés, ni moins motivés. Mais ils offrent la possibilité d’une parole publique de l’Eglise à l’endroit des enfants et des jeunes qui y sont élèves, ainsi qu’auprès des adultes qui y interviennent. Il nous faut nous réapproprier le vécu scolaire comme un lieu fort pour l’appel, sachant que, comme Bernadette, qui était "chargée de dire mais pas de faire croire ", nous sommes chargés d’appeler et pas de contraindre.