Le Réseau Jeunesse Ignatien

Le Réseau Jeunesse Ignatien (R.J.I.) propose les moyens de la spiritualité ignatienne aux jeunes de 18 à 30 ans, à travers des activités ponctuelles, en vue de développer leurs ressources humaines et spirituelles, pour être libres et forts dans leur foi au service des hommes et de Dieu. Il est constitué en Association 1901 (1), fondée par la Compagnie de Jésus, les Congrégations religieuses féminines ignatiennes, la Communauté de Vie Chrétienne, et de nombreux laïcs, tous actifs à promouvoir les propositions du Réseau.

En 1996, 725 jeunes ont profité d’une des propositions du Réseau. Quelques exemples : le pèlerinage "MANRESA" tous les deux ans au nord de l’Espagne, la session "La Politique, une bonne nouvelle" organisée en collaboration avec d’autres mouvements, les sessions-retraites de Penboc’h, des camps chantier ou bateau, des sessions et retraites autour de la question du "choix de vie", etc.

Spiritualité et Pédagogie ignatienne

Le Réseau Jeunesse Ignatien propose des temps forts de formation, dont la pédagogie est inspirée de la spiritualité ignatienne. Cette spiritualité est une manière de dire Dieu, une manière d’aller à Dieu et une manière de vivre au monde.

Une manière de dire Dieu, c’est-à-dire de comprendre le mystère chrétien, le sens du monde, de la vie, de Dieu, et donc de ma vie en relation avec Dieu : je découvre le chemin de Dieu vers moi.

Une manière d’aller à Dieu  : en réponse à l’engagement de Dieu à mes côtés, je suis invité à me décider, à mettre de l’ordre dans ma vie, à choisir ; et cette manière d’aller à Dieu est engagement, au côté de Dieu dans le monde.

L’engagement pour Dieu est donc une manière de vivre au monde, d’y vivre l’amour et le service des hommes, avec eux, en Eglise, et d’y trouver Dieu en toutes choses.

Celui qui propose une démarche pédagogique " ignatienne " a besoin de fonder son inspiration dans la spiritualité ; par contre, cette dernière n’est pas un préalable pour vivre et tirer profit de la démarche. Essayons de dégager quelques traits de cette pédagogie, en lien avec la question des vocations.

• La pédagogie ignatienne est une pédagogie de l’exercice.
  Une proposition est faite à celui qui se propose de s’exercer, s’entraîner, chercher. Celui-ci essaie de la mettre en oeuvre. Il est ensuite invité à relire ce qui s’est passé, et d’en tirer les conséquences pour la suite. Les exercices proposés peuvent être très variés, en fonction des personnes et des groupes, selon ce qui est cherché et ce qui a déjà été expérimenté. On peut s’exercer dans un service auprès de plus pauvres, d’enfants, ou d’étrangers ; on peut aussi se dépenser physiquement dans une marche, participer à un chantier, réfléchir et partager sur son ambition de service dans la société, prier seul ou à plusieurs, contempler un paysage, etc. Tout exercice a un début et une fin ; il a fait l’objet d’un choix ; il n’est pas subi ; celui qui s’exerce cherche à être présent à lui-même et à ce qui lui est demandé. La relecture permet de tirer profit de ce qui a été expérimenté et éprouvé.
  
  
• La pédagogie ignatienne est donc concrète.
  Elle part du point où en sont les personnes, et n’a d’autre ambition que de les aider sur le chemin qui est le leur. Elle n’a pas pour but de faire entrer tout le monde dans la "famille ignatienne" ! Elle est tout simplement outil, service dans l’Eglise, pour aider celui qui cherche, qui désire.
  
  
• La pédagogie ignatienne est une pédagogie de la liberté.
  Elle accompagne celui qui est en chemin, pour qu’il ose poursuivre son chemin.
  
  
• Elle est une pédagogie du goût.
  Ce n’est pas de "faire un parcours" qui est important, c’est de sentir, goûter, apprécier une parole, une rencontre, une action. Apprendre à découvrir ses goûts, à faire confiance à ses sens autant qu’à son intelligence et son cœur, est un long chemin d’audace, dans la patience et le réalisme. Elle donne donc une place importante au corps, dans toutes ses dimensions : c’est un des moyens privilégiés par lequel Dieu parle et peut être entendu.
  

  Elle est fondée sur une confiance en la parole : ce que dit celui qui s’exerce mérite d’être entendu et compris ; celui qui accompagne exprime ce qu’il croit devoir dire à partir de ce qu’il a entendu (parole de reconnaissance, demande d’élucidation, etc...) ; mais surtout elle est confiance en la Parole de Dieu, qui parle en direct à celui qui s’exerce.

  Le meilleur pédagogue, c’est Dieu. Les moyens mis en oeuvre, dans leurs diversités, cherchent à permettre cette rencontre personnelle : que chacun se laisse enseigner par Dieu, à son rythme.

Au service de la vocation de tout chrétien

Une telle pédagogie peut aider tout chrétien dans son chemin de foi et de recherche du Christ. Elle est chemin privilégié de discernement des vocations, puisqu’en aidant à "trouver Dieu en toutes choses" dans le concret de sa vie, elle permet à chacun de mieux se connaître devant Dieu, pour mieux lui répondre en liberté.

Les activités du R.J.I. s’inscrivent dans cette perspective, par des propositions de durée limitée, en complémentarité avec ce que proposent d’autres mouvements. Ces temps forts sont ainsi une belle expérience de la diversité ecclésiale, car peuvent se retrouver pour quelques jours aussi bien des jeunes convertis, que des membres de communautés charismatiques, des membres de l’Action catholique, des scouts de toutes tendances, des jeunes sans culture religieuse, etc. Ils sont chercheurs de Dieu, tout simplement, et heureux de se reconnaître en marche.

Une conviction nous anime : ce qui est important dans la question de la vocation, c’est d’abord l’appel à la vie chrétienne, l’appel à suivre le Christ, l’appel à servir dans l’Eglise. Les modalités concrètes, les formes que prendront cet appel entendu dans la vie de tel jeune, sont secondes. A vouloir trop coller les deux dimensions l’une sur l’autre - appel à suivre le Christ et choix de vie -, on ne permet pas à la première question d’être entendue. Toute vie chrétienne est réponse à un appel. Le mariage est une des modalités - la plus répandue et non la moindre dans l’Eglise - de vivre sa vocation de chrétien. Ce n’est que dans ce cadre large d’appel à suivre le Christ par une vie chrétienne que la question du choix de la vie religieuse et sacerdotale peut mûrir. "Comment entendre que Dieu m’appelle, puis à quoi il m’appelle ?" est à préférer à la question " Comment savoir si Dieu m’appelle à tel genre de vie ?".

Quelques aspects du R.J.I.

Nous sommes heureux que les équipes d’animation des propositions du R.J.I. présentent un visage ecclésial ouvert à diverses manières de vivre la vocation chrétienne ; elles sont composées d’hommes et de femmes, mariés ou célibataires, avec quelques religieux(ses) et prêtres. Et il est important que la question de la vocation à la vie chrétienne puisse être posée d’abord par des laïcs, qui témoignent de ce qu’ils vivent.

Les activités proposées par le R.J.I. sont variées : la dominante est pour les unes le service, pour d’autres la formation, la prière ou la détente. Les unes sont faites pour des petits groupes d’une dizaine de personnes, d’autres visent des groupes de cent à cinq cents jeunes. Leur durée va de 3 à 20 jours, en France ou à l’étranger.

On trouve parmi les propositions du R.J.I. une dizaine de retraites "d’orientation de vie". Ces retraites conviennent tout particulièrement à ceux qui, grâce à un cheminement de dialogue, de réflexion, de prière, se sentent proches d’une décision à prendre - vie religieuse, entrée au séminaire, mariage, ministère dans l’Eglise, engagement humanitaire -, même si elles ne débouchent pas forcément sur une décision immédiate. Ces retraites, proches de la démarche des Exercices Spirituels de saint Ignace, permettent - à travers l’écoute de la Parole de Dieu et la prière - un discernement pour que chacun vérifie l’appel qu’il porte en lui. Elles comportent un accompagnement individuel.

Encore un mot pour finir : les jeunes qui osent vivre un temps fort ignatien en sortent transformés parce qu’ils ont fait l’expérience, par eux-mêmes, que la Parole de Dieu leur parle en direct, et parce qu’ils ont rencontré d’autres jeunes qui témoignent de la même écoute de la Parole : ils se sont découverts frères et soeurs dans l’expérience spirituelle.

Ils peuvent donc repartir, plus confiants en eux-mêmes et en Dieu, désireux de fonder une communauté ecclésiale sur ce partage de la Parole et de donner sens à leur vie par le service des hommes et des femmes qui les entourent. Pour les accompagnateurs et animateurs, c’est une joie d’être témoin de leur joie, de leur naissance, de leur ouverture ; ils ont grandi en confiance dans leur capacité de création des gestes du service de l’Eglise et du monde, même si les formes que prennent ces gestes ne rejoignent pas toujours celles de leurs aînés. Oui, Dieu parle aujourd’hui, au cœur des jeunes ; nous en sommes témoins.

Notes

(1) Le siège social est 35 bis, rue de Sèvres, 75006 PARIS. Tel : 01 44 39 75 00. [ Retour au Texte ]