L’Ecole Internationale de Formation et d’Evangélisation de Paray-le-Monial


Comment accueillir des vocations ?
par le Père Francis Manoukian

L’Ecole Internationale de Formation et d’Evangélisation (E.I.F.E.) n’est pas un service de vocation. C’est une école de vie chrétienne, fondée par la communauté de l’Emmanuel (en 1984), ouverte à des jeunes de 18 à 30 ans, garçons et filles. Ceux-ci y viennent pour acquérir des bases solides afin de vivre leur foi dans le monde d’aujourd’hui.
L’accent n’est pas mis sur la vocation, mais sur la vie de baptisé - ou si l’on veut parler de vocation au sens large - sur la vocation à la sainteté. Cependant, quelques jeunes y découvrent leur vocation personnelle, et prennent les moyens pour y répondre concrètement.

Une école de vie chrétienne

L’intuition première est, qu’au niveau des jeunes, il y a moins un "problème de vocation" qu’un "problème de conversion". La vocation peut encore être un retour sur soi, une recherche de soi-même ; la conversion tourne radicalement le regard sur le Christ. Or la vie chrétienne, au-delà de l’appel particulier, est fondamentalement une vie avec le Christ, centrée sur lui.

Pour orienter et fonder toute une vie sur la personne de Jésus (Fils de Dieu Sauveur), tout chrétien a reçu l’Esprit Saint lors de son baptême. La vie spirituelle est la vie de l’Esprit Saint qui agit en nos cœurs, en vue de la sanctification personnelle (la vie de la grâce), et de l’édification du corps qu’est l’Eglise (la vie charismatique).

L’école d’évangélisation de Paray-le-Monial veut aider le jeune baptisé à comprendre et à vivre du dynamisme de la conversion et de la sanctification, en ayant toujours un regard sur le monde qui l’entoure et dans lequel il est envoyé. "Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20). Appelés par le Christ à être ses amis (ceux qui sont toujours avec lui), les jeunes de l’école se mettent au service de l’évangélisation. Ainsi, non seulement ils répondent à un commandement du Christ ressuscité, mais ils affermissent leur foi, et permettent à celle-ci de se déployer dans ses œuvres.

La vie chrétienne ne s’apprend pas sans une réelle éducation, et sans le secours fraternel d’une communauté. L’école de Paray-le-Monial s’appuie donc sur le charisme, l’expérience et le soutien d’une communauté vivante.

Le charisme propre de la communauté de l’Emmanuel

A cet appel à la sainteté (lié au baptême), dont nous venons de parler, et que le concile Vatican II a rappelé avec force, la communauté de l’Emmanuel veut répondre en étant témoin de l’amour miséricordieux du cœur de Jésus. Emmanuel, "Dieu avec nous", ce Dieu qui a pris chair pour être présent et accessible au monde, appelle aujourd’hui, des hommes et des femmes de toute vocation (mariés / consacrés dans le célibat et prêtres), de toute nationalité, à vivre ensemble (en communauté), au rythme du cœur de Jésus, et à être des signes de sa miséricorde.

C’est cette radicalité de l’amour du Christ pour les pécheurs, que la communauté de l’Emmanuel veut vivre dans le monde (chacun dans son travail, sa famille et ses activités), sans pour autant en atténuer les exigences. Ce défi de l’évangélisation, elle veut le faire partager aux jeunes qui font l’école d’évangélisation, qu’ils soient membres de la communauté ou non.

Les quatre piliers de I’Ecole

La pédagogie active de la formation repose sur quatre axes principaux que nous développons maintenant Précisons que l’encadrement L’encadrement est assuré par une équipe composée de membres de la communauté de l’Emmanuel, d’états de vie différents (laïcs, consacrés, prêtres).

La prière

C’est l’âme de la vie chrétienne, sa respiration. Quelque soit l’itinéraire des jeunes avant l’école, il leur est proposé un temps conséquent devant le Saint Sacrement exposé (une heure un quart). Chacun prendra le temps qu’il a choisi, pour s’entretenir avec Jésus-eucharistie. Au cours de l’année, le jeune pourra, selon son rythme, demeurer plus longtemps dans la prière.

L’apprentissage de la vie sacramentelle se fait au cours de l’année, avec la célébration quotidienne de la messe et la confession régulière. Les temps forts liturgiques sont marqués par une préparation conséquente.

La spiritualité développée à Paray-le-Monial (lieu d’apparition du Christ montrant son cœur), marque aussi la vie de l’école. Des retraites fréquentes, parfois liées à des pèlerinages (Lourdes, Rome, Exercices de St Ignace, sessions de quelques jours sur un thème précis et adapté aux élèves, des journées "silence", "désert", etc.), permettent d’alimenter et d’approfondir la vie de prière.

La formation intellectuelle

Chaque jour, les élèves ont quatre heures de cours répartis en deux fois deux heures. Ces cours sont une étude systématique du Credo, des éléments essentiels de la foi et de leurs implications théologiques. Une base biblique, philosophique, et de l’histoire de l’Eglise, permet aussi d’avoir les outils essentiels pour aborder les documents de l’Eglise (dogmes, encycliques, lettres apostoliques...). Les cours sont essentiellement assurés par des intervenants extérieurs à l’Ecole, spécialistes en leur domaine ou ayant une expérience conséquente à transmettre.
Les professeurs viennent le plus souvent passer deux jours à l’école (séminaires de huit heures de cours) ; ce qui permet un échange assez libre avec les élèves. Un travail personnel est réclamé selon les capacités de chacun.

La vie communautaire

Elle est le lieu d’apprentissage de la liberté où s’exerce la charité au quotidien dans les actes concrets, et où chacun se découvre et accueille l’autre tel qu’il est. La variété des âges, des cultures et des activités donne l’occasion de re-choisir chaque jour les différents aspects de la vie communautaire.
Elle s’ordonne autour d’une maisonnée composée de six, sept ou huit personnes. A tour de rôle, chaque maisonnée prend en charge un des services quotidiens tels que l’animation liturgique, la mise de table, la préparation du petit déjeuner et le service de table, le nettoyage des lieux communs, la vaisselle.

Dans un autre contexte, la maisonnée est un lieu de partage, d’échanges, de prière, d’entraide et aussi de détente et de loisirs.

La mission

L’évangélisation est une dimension essentielle à toute vie chrétienne. C’est pourquoi l’école cherche à former des chrétiens engagés au service de l’Eglise et de la mission. Elle va essayer de répondre à trois types de demandes : dans les écoles, les paroisses et les pèlerinages ou accueil de groupes à Paray-le-Monial.

Les interventions dans les écoles consistent, après concertation avec leurs responsables, à rencontrer les jeunes (de la maternelle à la terminale), dans leur classe, à témoigner de sa rencontre personnelle avec Dieu et à répondre à leurs questions. Une soirée détente-prière est proposée. Ces missions durent deux à trois jours.

L’objectif des missions paroissiales est de proposer un temps de renouvellement pour les paroissiens déjà engagés et, d’autre part, d’annoncer l’Evangile à ceux qui ne fréquentent pas l’Eglise. Dans ce cadre, durant une dizaine de jours, les jeunes de l’EIFE s’associent à la paroisse, celle-ci proposant des rencontres de jeunes, de malades, de personnes âgées, d’enfants, de couples... des temps de prière et de célébrations, des soirées de quartier chez les paroissiens, des veillées-témoignages. Parallèlement, tous les habitants de la paroisse reçoivent la visite des missionnaires.

Tout au long de l’année, l’EIFE est sollicitée pour rencontrer des jeunes qui viennent en retraite ou en week-end spirituels à Paray-le-Monial. Elle encadre aussi plusieurs pèlerinages animés par la communauté de l’Emmanuel.
L’encadrement est assuré par une équipe composée de membres de la communauté de l’Emmanuel, d’états de vie différents (laïcs, consacrés, prêtres).

Après l’E.I.F.E.

Les élèves sont invités à se réinsérer le plus vite possible dans leur activité professionnelle ou dans leurs études. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas eu de problème concernant cette réinsertion.

La formation des jeunes est de plus en plus pressante pour notre époque, tant au point de vue humain que spirituel. L’EIFE essaie de répondre aux problèmes des jeunes tels qu’ils se les posent aujourd’hui, et d’anticiper les éléments pédagogiques à mettre en place. Pour cela, elle a recours à une expérience qui la dépasse : celle de la communauté de l’Emmanuel et celle de l’Eglise tout entière.

En espérant qu’elle remplit sa mission de préparer des ouvriers efficaces pour le troisième millénaire, elle désire mettre toujours plus de jeunes au service du Christ et de l’Eglise.

Francis Manoukian