Bonnes nouvelles de jeunes


C’est enfin à Paul Agneray, prêtre et responsable des vocations d’Arras, que nous laissons le dernier mot à propos de ces témoignages de jeunes.

J’ai lu ces témoignages en me demandant : "Qu’est-ce qui, dans la vie de ces jeunes, a été, est Bonne Nouvelle ?" Car, après tout, l’Evangile est Bonne Nouvelle, n’est-ce pas ? Et le malheur vient de ce que les gens ne le savent pas... Alors, en recherchant les bonnes nouvelles présentes dans la vie de ces jeunes, peut-être comprendrons-nous mieux leur rapport à la Bonne Nouvelle, ce qui est essentiel pour la pastorale des jeunes en général et la pastorale des vocations en particulier.

D’abord, je suis tombé sur deux réalités qui ne sont pas exactement des bonnes "nouvelles", car ce ne sont pas des événements situables, ponctuels, mais qui y ressemblent, car elles rendent ces jeunes profondément heureux :

Le fait d’être là, tout simplement, jeune, en bonne santé, en forme. De "me réveiller le matin et de voir que le Seigneur m’offre une nouvelle journée". Voilà qui me rappelle que la jeunesse est par définition dynamique, que Dieu se réjouit de ce dynamisme et qu’il veut le voir réussir !

La famille, aussi. Plusieurs de ces jeunes parlent de leurs parents, voire de leurs grands-parents, chrétiens. Des gens "pratiquants" au sens "essayer de vivre quotidiennement selon le message d’amour, de partage, de paix et d’écoute de Jésus-Christ..." Petit à petit, ou d’un seul coup, ils réalisent à quel point cet héritage est précieux !

Ce qui ressemble le plus à la Bonne Nouvelle dont parle l’Ecriture est peut-être ce cri de joie : "Je viens de décrocher un petit boulot... Ce qui me réjouit le plus aujourd’hui, c’est ce petit boulot, cette bouffée d’oxygène que je reçois chaque jour de la part des enfants, des autres animateurs... Ce petit boulot est un trésor, une chance que je savoure chaque fois avec davantage de plaisir. Ce n’est pas rien d’avoir une identité sociale, d’être reconnue par d’autres !"

Est-il besoin de commentaire ? Voilà ce qu’est une bonne nouvelle ! Jésus en aurait sûrement fait une parabole. Dans le cas de cette jeune fille, et dans la plupart des autres témoignages, la bonne nouvelle est de pouvoir trouver sa place par un travail professionnel (qu’il s’agisse d’un petit boulot, du TGV ou de la météorologie...) et aussi, à un autre niveau, dans l’Eglise. A lire certains témoignages, cela ne semble pas si évident ! En tout cas, seront porteurs de bonnes nouvelles ceux qui leur feront de la place ou les aideront à trouver leur place. Ils seront à leur manière des reflets de Dieu qui suscite cet autre cri de joie : "Dieu semble m’appeler, me faire confiance !"

Dans le même ordre d’idées, la plupart des bonnes nouvelles sont des rencontres de gens qui ont su accueillir, écouter. La nécessité de l’écoute est peut-être le trait qui revient le plus fréquemment dans ces témoignages. L’un d’entre eux dresse la longue liste de ceux qui ne l’ont pas écouté, puis la liste (non négligeable, heureusement) de ceux qui l’ont écouté, pour aboutir à la conclusion que l’écoute permet la résurrection. D’autres signalent qu’on n’a pas fait attention quand ils ont parlé de vocation ou, au contraire, rendent grâce qu’on les ait "pris au sérieux", qu’on les ait accompagnés dans un dialogue approfondi qui leur a permis d’être eux-mêmes, de grandir, d’avancer sur leur chemin. Une autre encore décrit le cheminement de sa vocation comme une histoire d’amour, jalonnée par les rencontres de ceux qui ont su lui manifester cet amour gratuit et attentif de Dieu.

Il s’agit là de rencontres entre jeunes et adultes, mais les rencontres avec les autres jeunes sont au moins aussi importantes. Pas de vie chrétienne des jeunes - et donc pas de pastorale des vocations - qui ne passent par ce compagnonnage, par cette évangélisation mutuelle des "copains-copines engagés dans l’Eglise et dans le monde."

Rencontres de personnes, mais aussi rencontres de groupes : les témoignages sont assez nombreux et divers pour que l’on constate qu’il n’y a pas un type de communauté ou d’institution qui serait le bon vecteur de l’Evangile pour les jeunes, à préférer aux autres. Depuis la paroisse avec son groupe d’enfants de chœur jusqu’aux groupes charismatiques, depuis le scoutisme jusqu’à la JOC, chacun a son rôle à jouer.

A une condition cependant : que leurs membres soient d’authentiques témoins qui fassent passer l’amour du Christ dans leurs actes. Les jeunes sont catégoriques sur ce point : "Ce sont toutes nos attitudes, nos façons d’agir, de penser et d’être qui doivent questionner, interpeller". Et il est souvent question du combat pour la justice, pour la dignité humaine.

Parmi tous les regroupements possibles, nous ferons une mention spéciale pour les pèlerinages et autres temps forts du même genre, souvent présents dans nos vingt textes. Il peut s’agir d’un pèlerinage diocésain avec les malades ou d’un week-end dans un monastère qui a provoqué "une joie grandiose"... En tout cas, il semble de plus en plus clair que de telles rencontres sont pour les jeunes d’aujourd’hui des moyens privilégiés pour une expérience forte, pour un contact avec l’Evangile qui les marque profondément.

Nous ferons aussi une place à part aux Services des Vocations. Non pas que nous soyons meilleurs que les autres, mais à cause de l’importance de l’écoute et de l’accompagnement évoqués plus haut. Dans la tâche d’accompagnement des jeunes, et, plus encore, dans la tâche de formation d’accompagnateurs, en collaboration avec d’autres mouvements et services, nous avons certainement une mission particulière.

Et puisque nous parlons boutique, n’est-il pas charmant, cet épisode du jeune prêtre qui vient faire un brin de pastorale des vocations dans un collège et qui "par une sorte de bon jeu de comédien, essaie de montrer cette joie qui l’habite, parcourant l’estrade d’un pas dynamique et déployant humour et boutades pour s’acheminer vers la question : Pourquoi pas vous ?" Efforts inefficaces au demeurant. Mais voilà... ensuite il y eut le "Je vous salue Marie" et là, il s’est passé quelque chose ! Je trouve ce récit tout-à-fait symbolique de notre pastorale des vocations, portant du fruit tout de même, mais pas forcément là où on l’attend.

Ces événements, ces rencontres, ces rassemblements ont été pour les jeunes des rencontres de Dieu, c’est bien clair,. Les uns écrivent "Dieu" tout court, d’autres parlent plus précisément du Christ et de son Evangile, l’un d’entre eux parle de l’Esprit "qu’il a appris à écouter et qui change son regard par rapport aux autres et son attitude envers eux."

Rencontre d’un Dieu qui m’aime personnellement, qui est avec les hommes, et qui, en particulier, se soucie des plus petits ; d’un Dieu qui pardonne, d’un Dieu qui "était présent à mes côtés, même quand je ne voulais plus l’accepter"...

Ce Dieu, ils l’ont reconnu à travers les rencontres humaines dont ils font mémoire, mais aussi, plus d’une fois, ils l’ont rencontré dans la prière, d’une manière un peu mystérieuse, qu’ils n’expliquent pas et qu’il ne nous appartient pas d’analyser. Une fois de plus, l’essentiel nous échappe. Mais la lecture de ces témoignages nous fournit assez de pistes, assez de tâches pour nous mettre au service de la rencontre des jeunes avec la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ !

Paul Agneray responsable du Service des Vocations d’Arras