Fragilités psycho-affectives chez les séminaristes


Par le Père Robert Neau, prêtre et médecin, responsable de la pastorale de la santé pour le diocèse de Poitiers.

Depuis de longues années déjà, j’anime dans plusieurs séminaires des "Sessions-Affectivité" destinées à permettre aux séminaristes de réfléchir au sens de leur corps, de leur sexualité, du célibat, de l’engagement définitif, de la relation aux hommes et à Dieu. Conformément au titre de ce numéro je constate une fragilité psycho-affective réelle qui a, peut-être, tendance à s’accentuer.

Qu’appelle-t-on "fragilité psycho-affective" ?

On dit volontiers que ces jeunes "fonctionnent à l’affectif, qu’ils ont de la peine à tenir leur parole et qu’ils demeurent souvent imprévisibles, redoutant profondément un engagement définitif.

Un certain nombre de psychologues s’accordent pour reconnaître là, une structure "fusionnelle" (ou narcissique) qui n’a pas accédé à la maturité œdipienne par manque de parole de père.

Est-il utile de rappeler que dans un premier stade, l’enfant demeure en fusion "duel-lé" avec sa mère, que dans un deuxième temps son père intervient pour le libérer par l’interdit de l’inceste, ce qui lui permet, dans un troisième stade d’accéder au "symbolique", c’est-à-dire à la possibilité d’être un sujet responsable capable de donner sa parole pour faire "Alliance" et s’engager dans une histoire. Tony Anatrella décrit ce stade de la manière suivante :

"La personnalité de nombreux jeunes actuels se forme davantage autour de tendances psycho-sensorielles qu’autour de tendances rationnelles. Ce sont des adolescents et des post-adolescents qui restent relativement narcissiques. Ils organisent leur vie relationnelle sur le mode de l’effusion, plus que sur celui de la communication. Pour eux ce qui importe le plus, c’est de ressentir, d’éprouver immédiatement. Souvent incapables de vivre des délais et des phases intermédiaires. Ils veulent tout tout de suite. Ils pensent que la communication est dans la proximité alors que la relation n’est possible que dans la mesure où il y a une certaine distance."

Sur le plan religieux...
"On peut faire deux grandes distinctions entre l’expérience religieuse œdipienne et l’expérience religieuse narcissique. Le christianisme, comme le judaïsme, sont des religions du Livre, donc des religions de la Parole et non de la fusion. Ce sont des religions œdipiennes qui se développent : le complexe d’Oedipe étant résolu.

Aussi longtemps que l’enfant ne s’est pas détaché de sa mère, il reste dans le fusionnel et l’imaginaire. C’est la présence paternelle qui lui permet de sortir du fusionnel et de progressivement devenir lui-même. En ce sens, le christianisme qui est la religion du Père, permet à l’homme d’exister et d’avoir son autonomie. Au contraire une religion narcissique est vécue sur le mode de l’effusion et de l’immédiateté : Dieu est partout, on le voit à propos de tout et les réalités humaines sont télescopées. Autant la religion du père libère, autant celle des gourous et des leaders charismatiques peut devenir aliénante pour la liberté." (La Croix - 19 mars 1988).

Comment donc caractériser ce stade fusionnel (ou narcissique) ? Je retiendrai schématiquement trois caractères :

- la primauté de l’affectif

- la dévalorisation du temps

- et la dévalorisation du corps.

La primauté de l’affectif

Le jeune prend souvent ses sentiments comme critères de "vérité", aussi bien dans la relation aux autres que dans l’expérience religieuse.
"J’éprouve un sentiment amoureux" donc il est bien vrai que j’aime, et, à ce moment-là, qu’est-ce qui empêche que j’aie une relation sexuelle ? C’est un raccourci immature, qui aboutit souvent à des erreurs ou à des blessures inutiles.

"J’ai fait une retraite... c’était formidable... j’ai senti le Saint-Esprit couler dans mes veines", donc j’ai la foi et je vais prochainement entrer au séminaire. C’est là encore une précipitation fâcheuse.

Les expériences religieuses ou mystiques les plus authentiques, même les plus merveilleuses, demandent à être discernées dans le temps pour voir si elles peuvent s’inscrire dans une démarche de foi. Et cette foi doit bien être distinguée d’une vocation sacerdotale ou religieuse. Ça n’est pas parce qu’on a découvert Dieu de manière extraordinaire que l’on est appelé à être prêtre. Cela demande un nouveau discernement qui exige du temps.

La dévalorisation du temps

Le fusionnel est le monde du "tout, tout de suite".
Emile Granger, prêtre éducateur de rues, me disait que certains jeunes qu’il accueillait, étaient incapables d’attendre que leur beefsteak soit cuit dans la poêle et qu’ils mangeaient de la viande presque crue, parce qu’ils ne pouvaient pas "prendre le temps".

- C’est le monde du "passage à l’acte" qui bloque "le temps du désir" c’est-à-dire, le temps nécessaire pour que le désir puisse grandir dans le sujet et aboutir à une relation vraie. Multiplier les expériences sexuelles empêche le désir sexuel de mûrir pour s’inscrire dans une véritable relation amoureuse. Ces expériences, devenues "insignifiantes" (sans sens), ne rompent pas la solitude du sujet et l’enferment dans l’angoisse de l’impossibilité d’aimer.

- Dans le fusionnel, il est impossible de s’engager dans le temps, parce que les sentiments sont changeants, et l’adolescent oscille fréquemment entre la fascination transie et le rejet méprisant et oublieux. La sincérité est possible mais pas la fidélité.

La dévalorisation du corps

Le corps est trop souvent utilisé comme lieu d’expérience affective (plaisir, violence, peur, horreur) alors qu’il est avant tout symbole de la rencontre de l’autre. Le corps est "visage d’alliance", "sacrement de communion".

Il est urgent de redonner au corps cette dimension de rencontre et de relation, sans mépriser les sentiments. Les sentiments sont au service de l’alliance. Plaisir et souffrance n’ont de sens que s’ils s’inscrivent dans une relation qui fait vivre. La jouissance sexuelle ne prend sens que si elle dynamise une relation vraie, portée par la parole.

C’est dévaloriser le corps que de le réduire à n’être qu’un lieu d’émotion et d’effusion. Il nous permet d’entrer en relation et de s’engager dans une histoire et il peut même demeurer, si nous croyons à la résurrection, notre compagnon d’éternité.

Redonner au corps sa dimension symbolique me paraît être un élément important et fondamental de l’éducation d’aujourd’hui. La fragilité dont nous parlons pourrait être ainsi caractérisée :

- par la primauté de l’affectif du fait de l’absence de parole d’alliance

- ainsi que par la dévalorisation du temps et du corps.

D’où vient cette fragilité ?

Je retiendrai trois causes :

- L’éclatement de notre société sans père

- L’importance des "non-dits"

- Les expériences vécues avant l’entrée au séminaire.

L’éclatement de notre société sans père

Les familles sont éclatées (monoparentales, reconstituées...) et les enfants ne savent plus qui est leur père : "Est-ce le père biologique... le père nourricier... l’amant de la mère... le père d’un ami dont on se sent aimé ?"

Le père de famille est celui qui donne un nom et parfois un prénom, il confère ainsi son identité à son fils. C’est la parole du père qui permet à l’enfant de devenir un fils, capable de prendre à son tour la parole reçue du père. L’absence du père rend difficile la sortie du fusionnel.

Notre société actuelle est pluraliste et éclatée. On y trouve nombre de races et de religions et une multitude d’individualistes. Qu’est-ce qui va permettre de faire "communauté" ? C’est la parole et le dialogue démocratique, bien sûr, mais où sont les pères qui donnent la parole ? Ce sont peut-être les multiples comités de sages qui induisent et régulent la circulation de la parole.

Cependant dans l’Eglise, nous avons une image de père forte qui fascine les foules (précisément, peut-être, parce qu’il n’y en a pas beaucoup d’autres), mais le problème se pose alors de l’accueil et de la circulation de cette parole, pour qu’elle fasse corps et communion. Sans père, il est difficile de prendre la parole et de s’engager définitivement dans le projet exigeant du sacerdoce. N’y aurait-il pas des instances paternelles à restaurer pour que les séminaristes puissent s’engager plus aisément grâce à une meilleure prise de parole ?

L’importance des "non-dits "

Au cours de mes sessions, je vois personnellement tous les séminaristes qui le désirent. Souvent ils me confient des choses qu’ils n’ont encore jamais dites : "C’est la première fois que je dis cela. A qui voulez-vous que je le confie ? Mes parents ne comprendraient pas... je ne voudrais pas faire de peine à mon père spirituel et ce serait gênant. En équipe de vie on parle bien, mais pas à ce niveau-là". Il s’agit de problèmes de famille, de sexualité, d’avortement, de drogue... très souvent ils me parlent de masturbation, qu’ils avaient tendance à banaliser ou à dramatiser ; parfois d’homosexualité difficile à vivre. Les "non-dits" entraînent très souvent des "symptômes" difficiles à comprendre (troubles du sommeil, dépression, agressivité, compensations diverses) et ils provoquent fréquemment la "répétition" rapidement vécue comme une "fatalité". "J’ai des problèmes de masturbation c’est comme ça, je n’y peux rien et ce sera toujours comme cela".

Il suffit parfois d’en parler pour que tout change et que s’ouvre une vie nouvelle. "Crever les non-dits" est un des buts de mes sessions et la prise de parole sur le "jamais-dit" est souvent libératrice, surtout si le dialogue se poursuit avec le père spirituel du séminaire, ce qui est le cas le plus fréquent.

Les pères spirituels veulent respecter leur dirigé et ne veulent pas être indiscrets, mais je pense qu’il est important de leur permettre de dire leurs "non-dits" qui perturbent leur vie et leur discernement.

La multiplicité des "expériences" vécues avant l’entrée au séminaire

Certains jeunes entrent au séminaire après une conversion radicale ou une redécouverte de la foi quelque peu oubliée. Avant leur conversion, beaucoup ont été amenés à poser des actes qui s’écartaient de la "bonne morale", et dont souvent ils ont été profondément marqués.

Je me rappelle de ce jeune qui me déclarait "Mon père, j’ai tout essayé : l’homo, l’hétéro, la drogue, l’alcool, la secte... rien ne marche, je rentre au séminaire." Je ne sais pas s’il y est resté !

J’ai aussi rencontré des novices qui avaient vécu un avortement ou des expériences sexuelles diverses, dont certaines avec des prêtres ou des religieux. Certains étaient homosexuels, d’autres avaient "touché à la drogue", d’autres enfin avaient vécu dans une secte... Autant de blessures, souvent inutiles, mais toujours difficiles à gérer. Comment vivre la chasteté et la continence après ces expériences ? Comment cicatriser les plaies ? Comment grandir à travers elles ?

Il y a là tout un "travail de deuil" nécessaire qui exige du temps et un bon accompagnement.

Comment répondre à ces fragilités ?

Selon le schéma que nous avons proposé... Il faudrait trouver un père pour sortir du fusionnel et accéder à la maturité qui permette l’alliance. Pour y parvenir, j’indiquerai deux pistes :

- soigner l’accompagnement

- restaurer le langage symbolique

Soigner l’accompagnement

Autrefois régnait dans l’Eglise, et surtout au séminaire, un fort "consensus" et tout le monde savait ce qu’il convenait de faire : les valeurs étaient reconnues et le règlement précis. L’accompagnement spirituel était obligatoire, important sans doute, mais non vital comme aujourd’hui.

Actuellement les valeurs sont incertaines. On me disait récemment qu’un séminariste avait gardé sa "petite amie" après son entrée au séminaire, qu’un autre continuait à aller en boîte, qu’un autre buvait plus que de raison. Les valeurs ne sont plus évidentes.

Dans ce monde sans références, il faut un référant, et ce référant c’est l’accompagnateur. Le consensus n’est plus efficace, c’est l’accompagnement individuel qui semble le mieux répondre aux problèmes des jeunes. Je répète volontiers, avec le Père Xavier Thévenot, "qu’il faut être en vérité au moins avec une personne."

L’accompagnateur joue alors le rôle de père : il écoute, il permet de prendre la parole, de "crever les non-dits", il pardonne et pose des interdits pour libérer du fusionnel.

Il pourrait être le père dans notre société sans père, mais il ne faut pas qu’il néglige de se faire aider. Qu’il sache envoyer à des spécialistes (médecins, psychothérapeutes...) ou à d’autres personnes. Dans les séminaires que je visite, les supérieurs ont tous constitué une liste de psychothérapeutes auxquels on peut adresser des séminaristes en toute confiance. Actuellement, je pense qu’un bon accompagnement ne peut faire l’économie d’un "réseau", qui viendrait pallier l’absence sociale de pères.

Restaurer le langage symbolique

o Symbolique
C’est un terme qui est mal compris et qui est souvent affadi dans le langage courant. Mais il est habituellement utilisé par les sciences humaines et c’est pour cela que je l’utilise ici.

Voici comment je l’entends : "Le langage symbolique est une parole confiante, pétrie de chair et de temps, qui engage dans une alliance et une histoire avec les humains et avec Dieu."

J’ai parlé un peu plus haut de la dévalorisation de la chair et du temps et j’y vois là l’origine de la dévaluation du langage symbolique. Ce langage est particulièrement important pour les séminaristes car il est celui de la révélation, du sacrement, de l’amour du prochain ; c’est lui qui donne sens au célibat, à l’engagement définitif, à la célébration, à la communion en Eglise, etc. Revaloriser le corps et le temps est une démarche fondamentale pour porter remède à la fragilité des jeunes.

o Société
Nos sociétés modernes sont écartelées entre des idéologies qui risquent de devenir totalitaires et des pratiques individualistes qui menacent la solidarité et la cohérence du tissu social.

Manque entre ces deux pôles, un troisième terme qui pourrait les articuler : le pôle symbolique, qui est lieu de dialogue respectueux des différences et projet commun qui ouvre un avenir.

De nos jours, la technique est souvent une solution de facilité qui écrase le symbolique. Il est plus facile, par exemple, de pratiquer l’euthanasie ou l’acharnement thérapeutique, que d’accompagner un mourant. Les services de soins palliatifs sont une bonne réponse symbolique aux tentations techniques, en mettant la médecine au service de l’accompagnement.

o L’Eglise
Selon la définition du Concile Vatican II l’Eglise est de structure symbolique : "L’Eglise est dans le Christ comme le sacrement ou le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain" (L.G. 1)

Les prêtres participent à ce caractère symbolique et sacramentel. Les évêques de France disent que les prêtres s’inscrivent dans la "logique de cette sacramentalité" : "Ainsi le ministère de l’homme (prêtre) est-il nécessaire à l’Eglise pour s’inscrire dans la logique de cette sacramentalité : en lui, prennent corps l’apostolicité et le caractère hiérarchique de l’Eglise, pour l’œuvre inédite de re-création d’un peuple nouveau, issu du sacrifice rédempteur du Christ" ("Les ministres ordonnés dans une Eglise-Communion" 4 fév. 1993 , p.43 - Ed. Cerf).

Dans Pastores dabo vobis, Jean Paul II nous dit que l’identité du prêtre est essentiellement relationnelle et sacramentelle... nous sommes bien au cœur du symbolique : "La relation fondamentale du prêtre est celle qui l’unit à Jésus-Christ, Tête et Pasteur... Mais à cette relation là, est intimement liée celle qui l’unit à l’Eglise... La référence à l’Eglise est inscrite dans l’unique et même rapport du prêtre au Christ, en ce sens que c’est la représentation sacramentelle (c’est moi qui souligne) du Christ par le prêtre qui fonde et anime son rapport à l’Eglise" (n° 16).

Pour honorer ce caractère sacramentel du prêtre, qui est là pour rappeler à l’Eglise qu’elle ne peut se suffire à elle-même mais qu’elle n’a de sens que dans la dépendance gracieuse de Jésus-Christ, tête de son corps, il convient de faire goûter et assimiler ce langage aux séminaristes.

Ce langage repose sur le corps, "sacrement de la personne" et sur le temps.

Comment aborder ce symbolique ?

Voici quelques exemples qui me paraissent intéressants, mais qui ne sont probablement pas les plus importants ou les plus significatifs :

- le vêtement

- le repas

- les relations avec les jeunes filles...

o Le vêtement
Le jeans est un bon analyseur social du sens que l’on donne à son corps. Poussés, sans le savoir, par l’imaginaire collectif, beaucoup de jeunes portent le jeans. Ce vêtement souligne la fusion-confusion dans laquelle notre société tient le corps : en effet il nivelle les différences..

- différence de sexes. Garçons et filles sont habillés de la même manière, c’est le régime de "l’unisexe".

- différence de générations. Jeunes et vieux ont le même genre de pantalon. C’est peut-être une manière de rester jeunes pour les plus âgés.

- différence de classe sociale. Patron et employés, pauvres et riches portent le même jeans, en vacances ou à la campagne.

- différence d’idéologies. Russes et Américains se retrouvent avec les mêmes vêtements et les mêmes musiques.

- différence de temps. Il n’y a plus de vêtement de "dimanche" et l’on porte le même jeans en semaine, le dimanche et les jours de fête.

- il faudrait peut-être ajouter différences au sein de l’Eglise. Chanoines, supérieur de séminaire et séminaristes peuvent parfois porter la même tenue.

Certains séminaristes peuvent contester le jeans en prenant la soutane qui confère une autre identité et on m’a dit que certains portaient le jeans pour le bas , avec un col romain pour le haut.

Tout cela est une manière de parler de son corps et de son identité. Il ne s’agit pas bien entendu de changer la manière spontanée de s’habiller au séminaire, mais bien de réfléchir à ce que ces attitudes spontanées, le plus souvent inconscientes, peuvent dire du sens du corps et de la sexualité dans notre monde.

o Le repas
Je pense qu’il y a une harmonie profonde entre la manière de célébrer le repas et celle de célébrer la messe. Si l’on fait du repas une véritable rencontre fraternelle, il est probable que la messe sera elle aussi fraternelle. Si la communauté n’est pas capable de se rencontrer pour manger, le sera-t-elle pour célébrer ?

- Les moines célèbrent leur repas comme ils célèbrent l’eucharistie (place du Père abbé, disposition des moines, lectures...)

- Les messes, avant le dernier Concile, correspondaient aux repas de famille où seul le père avait le droit de parler. Le prêtre était seul, dos au peuple, parlant une langue étrangère, sans donner la parole aux fidèles.

- Depuis le Concile, les messes sont dialogales, dans une langue intelligible. Pendant les repas, les enfants ont la parole au point que ce sont parfois les parents qui doivent demander le droit de dire quelque chose.

- Si l’on mange seul au frigidaire en toute hâte... que va devenir la messe ?

Apprendre à bien partager la parole et le pain, à bien célébrer les fêtes, est une bonne manière d’apprendre à partager la Parole et le pain que le Seigneur nous propose à la messe.

o Les relations avec les filles
Entrer au séminaire c’est acquérir un nouveau type de séduction sur les jeunes filles. Le séminariste est considéré comme sérieux, généreux, intelligent, respectueux et discret au niveau affectif et tout cela est désirable. Et comme les valeurs sont instables, certaines jeunes filles pensent qu’elles pourraient bien prendre un séminariste comme mari. Il est bon de le savoir.

Mais ces relations peuvent être constructives et fructueuses : elles permettent d’expérimenter la joie de travailler ensemble au service de Dieu, dans une activité pastorale commune ; elles peuvent permettre d’expérimenter une amitié vraie, sans relation sexuelle.

Toutefois il y a souvent des erreurs et des maladresses, c’est pourquoi il me paraît nécessaire pour un séminariste, de s’ouvrir à quelqu’un d’une relation affective profonde.
"Etre en vérité au moins avec une personne".

Il serait possible et intéressant d’analyser beaucoup d’autres attitudes : la célébration des fêtes, la manière de prendre des loisirs, les activités artistiques, la manière de tenir sa parole, les relations à la famille...

Conclusion

Pour répondre à la fragilité psycho-affective des séminaristes, je pense qu’on ne peut pas faire l’économie d’une démarche fondamentale : retrouver dans l’accompagnement un père qui écoute, pardonne et permet au jeune de trouver son identité, et restaurer le langage symbolique, pétri par le corps et le temps.

Robert Neau