Charte du diaconat en Eure-et-Loir


Le diaconat en Eure-et-Loir

Les diacres font désormais partie du paysage de notre Eglise et de notre monde. Ils rejoignent d’autres acteurs de la pastorale à l’œuvre depuis longtemps : laïcs, prêtres, religieux(ses). Leur présence à la table de l’Eucharistie nous est devenue familière, ainsi que leur service de la communauté.
Ils sont actuellement dix-neuf, répartis dans presque tous les doyennés, leur moyenne d’âge est de 51 ans. Leurs missions sont diverses : pastorale du baptême et du mariage, service de la solidarité, présence auprès des jeunes en difficulté, pastorale familiale, catéchuménat des adultes, pastorale en mission ouvrière. Certains remplissent des missions au niveau du diocèse : formation, communication, pastorale des jeunes, économat... Ils se retrouvent en petites fraternités (diacres et épouses) pour prier et s’encourager dans leur ministère.
Dans la diversité des responsabilités et des ministères, ils apportent une note originale. Leur ministère est un signe qui renvoie toute l’Eglise à la présence de « celui qui se tient au milieu de nous comme celui qui sert » (Lc 22, 27). Ils sont un signe d’Eglise pour le monde. Ils donnent visage à des aspects essentiels de la mission : la préoccupation des plus démunis, le service, la Parole, le souci de ceux qui sont aux frontières de l’Eglise.
Une première étape s’est ouverte à la fin des années 80 sous l’impulsion du Père Lambouley et l’action du Père Le Douy et du Père Legaux : l’étape d’une sensibilisation à ce nouveau ministère et d’une interpellation dans les différents doyennés. Le Père Legaux et le Père Jean-Marie Lioult, qui l’a relayé, ont mis en place une formation solide et programmée avec l’apport de différents intervenants. Les diacres sont là, leur nombre est significatif. Une nouvelle étape s’ouvre aujourd’hui. Les diacres ont à inscrire l’originalité de leur ministère dans la vie des communautés et la trame de notre Eglise. C’est notre responsabilité à tous. D’autres interpellations sont en cours. L’Esprit continue d’équiper notre Eglise de divers ministères « afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le Corps du Christ » (Ep 4, 12).



La théologie du diaconat

L’Eglise est sacrement du Christ Sauveur, elle est la visibilité du Christ vivant et agissant au cœur du monde des hommes. Par elle, le Christ aujourd’hui manifeste et réalise l’alliance d’amour de Dieu avec l’humanité. Elle a donc pour mission de ressembler au Christ et d’agir en son nom, c’est-à-dire comme lui. L’ensemble des baptisés forme l’unique Corps du Christ.
Au sein de l’Eglise, quelques-uns, les ministres ordonnés, évêques, prêtres et diacres révèlent à l’Eglise son identité profonde. Par les ministres ordonnés, l’Eglise manifeste qu’elle se reçoit de Dieu, par le Christ dans l’Esprit Saint. Chacun des trois ministères ordonnés, selon sa spécificité, permet à l’Eglise d’être véritablement Eglise du Christ pour les hommes d’aujourd’hui. Ils y représentent sacramentellement le Christ à la fois pasteur et serviteur qui prend soin de son peuple et le guide. […]
L’évêque et le prêtre signifient plus spécifiquement le Christ pasteur, celui qui conduit, guide et préside à la communauté rassemblée (l’Eglise). Le diacre signifie plus spécifiquement le Christ serviteur. De cette manière, il aide l’Eglise à être visage du Christ qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir, Lui qui est venu d’abord pour les pauvres, les malades et les petits. Dans la célébration de l’Eucharistie, les diacres signifient que la communauté rassemblée trouve son identité dans l’envoi en mission et le service de l’autre par amour, à la manière du Christ.



Quel diaconat pour l’Eglise d’Eure-et-Loir ?

Un regard sur le ministère actuel des diacres révèle un éventail de missions riches et variées. La présence du diaconat ne se développe pas à sens unique. Des interpellations à venir peuvent encore enrichir et diversifier l’image du diaconat dans notre Eglise. Dans quels secteurs serait-il significatif d’appeler des diacres pour l’Eglise qui est en Eure-et-Loir ?
Une première direction à prendre en compte est celle que la Ratio indique : « On sera particulièrement attentif à discerner les hommes vivant en solidarité avec les délaissés, les exclus, les jeunes, les familles ainsi que les hommes vivant dans des lieux où se prennent les décisions concernant le développement. » Ce premier ancrage de l’appel au diaconat peut encore se confirmer chez nous. L’actualité, les analyses démographiques, les observations du Secours Catholique et du CCFD montrent que l’Eure-et-Loir connaît de vastes secteurs de précarité : quartiers sensibles, chômage récurrent, secteurs classés en zone prioritaire d’éducation, jeunes en établissements professionnels, précarité en monde ouvrier, secteurs d’agriculture en récession, centres de détention, monde du handicap… Des hommes situés professionnellement dans des organismes de solidarité et de développement devraient pouvoir être appelés. Dans la triple diaconie de la liturgie, de la Parole et de la charité, « c’est le service de l’Agapé qui est l’aspect unificateur et dynamisant du diaconat » (Points de repère de l’épiscopat, Lourdes 1996).
De nouveaux champs de mission sont à considérer, ceux que désigne la Lettre aux catholiques de France, « Proposer la foi dans la société actuelle » : demandeurs de baptême et de mariage avec parfois peu de référence chrétienne, augmentation du nombre des catéchumènes et des recommençants. La pastorale sacramentelle ordinaire – baptême, mariage, deuil – est devenue une pastorale missionnaire de première grandeur. Les diacres qui y participent manifestent le lien entre le seuil et le chœur de l’Eglise, entre ceux qui sont en marge de l’Eglise et l’Eglise déjà rassemblée.
Par leur situation familiale et professionnelle, des diacres devraient pouvoir remplir des missions au service de la pastorale familiale (fragilisation des couples, recompositions familiales), et de la pastorale de la santé : établissements hospitaliers, coordination du service évangélique des malades au niveau d’un doyenné ou du diocèse, formation des laïcs.
Même s’il convient d’éviter, dans un contexte de pénurie de prêtres, le glissement du diaconat vers un ministère de suppléance, des diacres pourraient trouver un lieu de mission sur le terrain de la responsabilisation des communautés sans prêtre résident. Ils peuvent participer, au sein d’une équipe d’animation pastorale, à l’exercice de la charge pastorale en lien avec un prêtre modérateur (canon 517, 2). La mise en place des pôles et des communautés locales appellera beaucoup d’énergie dans cette direction (Orientations synodales, p. 31-38).



Qui appeler ? Et selon quels critères ?

Des hommes mûrs, inscrits dans la vie locale.

Des hommes mariés ou célibataires reconnus par leur entourage pour leurs qualités et leur maturité humaine. L’équilibre de leur vie familiale et la qualité de leur vie professionnelle sont des critères importants. On sera particulièrement attentif à discerner des hommes vivant en solidarité avec les délaissés, les exclus, les jeunes, les familles, ainsi que les hommes vivant dans des lieux où se prennent des décisions concernant le développement. L’ordination ne pourra intervenir avant l’âge de vingt-cinq ans pour les célibataires et trente-cinq ans accomplis pour ceux qui sont mariés. Pour ces derniers, il est précisé d’attendre dix ans de mariage.


Des chrétiens éveillés, disposés à répondre de leur foi.

Leur vie chrétienne et spirituelle doit être attestée par les chrétiens qui les connaissent.


• Des chrétiens responsables,

impliqués dans la vie de leur communauté locale et dans la communion de l’Eglise.
Leur sens de l’Eglise et leur lien avec leur communauté locale doit se vérifier dans tel ou tel engagement apostolique, ainsi que leur capacité au travail en équipe. L’humilité et le sens de la réconciliation leur seront nécessaires dans bien des situations.



La fonction du comité diocésain du diaconat

Le comité diocésain du diaconat est composé de membres nommés par l’évêque autour du délégué diocésain. L’évêque confie au comité la charge du discernement et le soin de veiller à l’orientation du diaconat dans le diocèse. C’est donc...
  • un lieu de discernement pour l’accueil des personnes interpellées, le suivi des cheminants et l’appel au ministère ;
  • un lieu de vigilance quant à l’évolution de la réalité diaconale dans notre Eglise diocésaine et de sa réception par les prêtres, les laïcs et les communautés chrétiennes ;
  • une équipe de travail pour l’animation des cheminants, des candidats et des diacres, en particulier dans la formation, les rencontres, les rassemblements et les célébrations ;
  • une équipe de réflexion pour contribuer à l’élaboration des orientations diocésaines, sous l’autorité de l’évêque et de son conseil.


Devenir diacre, selon quel parcours ?


L’interpellation

A l’initiative du délégué diocésain, une réflexion est menée en équipe de doyenné ou avec les équipes diocésaines de mouvements et services, afin de définir les besoins et les attentes du doyenné ou du diocèse et de rechercher dans quels domaines il serait significatif d’appeler des diacres. Dans un deuxième temps, on choisira quelques noms de personnes à interpeller. Le curé ou le doyen est ensuite chargé d’interpeller. Il ne s’agit à ce stade que d’accueillir la question d’un éventuel ministère diaconal et d’entrer dans un temps de discernement préalable à toute décision. C’est le curé qui met la personne interpellée en contact avec le délégué diocésain du diaconat.
Le délégué diocésain s’entourera d’avis divers et autorisés, particulièrement auprès du doyen, des prêtres et des diacres qui connaissent l’intéressé, ceci afin de pouvoir formuler un premier jugement d’aptitude. Il le fera dans la plus grande discrétion et dans le respect du for interne. Une grande prudence est nécessaire.


Le temps du discernement

La personne interpellée est invitée à participer avec son épouse à un groupe de recherche. Sur deux années, il s’agit de rencontres de prière, d’information, de moments de réflexion et de confrontation favorisant le discernement en vue du ministère. La participation au groupe de recherche ne comporte aucun engagement. L’expérience montre la nécessité de respecter la discrétion sur l’appartenance au groupe de recherche.
Au terme de ces deux années de discernement, le délégué diocésain, après l’avis du doyen et du curé, rencontre la personne interpellée. La commission diocésaine de discernement est consultée avant que l’évêque ne rencontre le futur candidat et son épouse. Enfin, le candidat adresse à l’évêque une demande écrite d’entrée en formation en vue du diaconat. Un accord de l’évêque vient conclure cette étape. Si la personne interpellée n’est pas appelée à poursuivre la route vers le diaconat, le délégué diocésain en parlera avec son curé pour que celui-ci l’aide à accepter la décision et lui assure son soutien.


La formation fondamentale

La formation fondamentale comporte une dimension de vie fraternelle et doit permettre un partage des expériences spirituelles. C’est pourquoi le groupe de formation, auquel sont associées les épouses, constitue une communauté ecclésiale spécifique dont le rôle est primordial. La formation s’échelonne normalement sur six années.
  • Trois années, au moins, avant l’ordination : la formation initiale fait suite à l’étape de recherche.
  • Trois années après l’ordination : la formation complémentaire doit permettre la mise en œuvre et l’approfondissement de la pratique ministérielle.
Ces six années doivent se prolonger par une formation permanente.

Le temps de formation est un temps de croissance humaine, spirituelle et ecclésiale. Ces trois dimensions sont à prendre en compte tout au long de la formation. Une équipe d’accompagnement sera constituée autour de chaque candidat.

Pour progresser humainement, on proposera une formation qui manifeste et développe une série de qualités humaines leur permettant de bénéficier de la confiance de la communauté, de s’engager avec sérénité dans le service pastoral, de vivre plus facilement la rencontre et le dialogue.

Pour progresser spirituellement.
La formation spirituelle constitue le cœur et le centre unificateur de toute formation chrétienne. Elle nourrit les différentes dimensions de l’expérience spirituelle : foi en l’action de l’Esprit, vie sacramentelle, écoute et méditation de la Parole de Dieu, goût de la prière, engagement au service des frères, sens de l’Eglise, esprit missionnaire.

Pour progresser dans l’intelligence de la foi.
Cet approfondissement du contenu de la foi offre au diacre un aliment substantiel pour sa vie spirituelle et un précieux apport pour son ministère. La formation théologique est, en profondeur, l’étude de l’Evangile même que le diacre aura à prêcher. Elle doit permettre aux diacres de répondre aux requêtes de la culture contemporaine et de répondre de la foi dans le pluralisme culturel et religieux qui marque l’époque actuelle.
Pour développer des compétence pastorales et liturgiques. Le diacre reçoit une formation pastorale et liturgique. Une insertion s’inscrit progressivement dans le parcours, elle est pensée et relue avec l’équipe pastorale locale et avec un responsable appelé référent pastoral. Une attention particulière sera portée à l’analyse des situations de pauvreté et à l’approche psychologique des plus démunis.


Les étapes liturgiques du cheminement vers le diaconat

L’admission
Elle se situe au cours de la deuxième année de la formation initiale, à la demande écrite du cheminant. Elle est précédée par l’enquête canonique et par un conseil d’appel.

Les ministères institués
Avant l’ordination, le candidat au diaconat doit recevoir les ministères de lecteur et d’acolyte.

L’ordination diaconale
La déclaration et demande d’ordination. A la fin du parcours de formation, le candidat qui le souhaite peut, en accord avec le responsable de la formation et après un discernement au for interne, adresser à l’évêque une demande écrite et signée, par laquelle il atteste qu’il entend recevoir librement et pour toujours le sacrement de l’ordre.
L’appel à l’ordination. L’évêque, après avoir recueilli l’avis du conseil d’appel et s’être assuré que le candidat est conscient des nouvelles obligations qu’il assume, l’appelle à entrer dans l’ordre des diacres.
L’ordination. Elle sera célébrée au cours de la messe solennelle, de préférence le dimanche ou un jour de fête de précepte et généralement dans l’église cathédrale.


Accompagner le diaconat

Les diacres sont sous l’autorité de l’évêque, ils reçoivent de sa part leur lettre de mission. Le plus souvent, leur référent principal est le doyen.
Chaque diacre s’engage à bénéficier d’un accompagnement spirituel. Les vicaires généraux ont la charge de rencontrer une fois par an les diacres pour un temps d’évaluation de ce qu’ils vivent. Les diacres avec leurs épouses se retrouvent plusieurs fois par an en petites équipes dites de fraternité diaconale. Elles sont des lieux de partage et de soutien.
Une fois par an, au moment de la Saint Gilduin, les diacres se font mieux connaître sur le diocèse et se réunissent avec leurs épouses et leurs enfants pour fêter leur ministère.
Le diaconat est un ministère encore neuf, ne soyons pas surpris qu’il évolue sans cesse. Laissons plutôt l’Esprit Saint nous conduire sur ce chemin d’une Eglise diaconale.