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Le diaconat permanent nous a fait bouger
Jean-Charles Thomas
évêque émérite de Versailles
évêque émérite de Versailles
« Dans l’avenir, le diaconat pourra être rétabli (1). » C’est le 21 novembre 1964 que Paul VI « approuva dans le Saint Esprit » cette décision des évêques réunis en Concile. Tout restait à faire.
Nous observons, quanrante et un ans plus tard, l’importance d’une telle prise de position. L’ensemble de l’Eglise latine s’est mis au travail. Je peux en témoigner.
Devenu évêque en 1972, ayant écrit un livre sur les ministères, je n’avais encore rien fait de concret au service du diaconat lorsqu’un curé de Corse me demanda de m’investir dans l’appel, la formation et l’ordination diaconale d’un homme marié. En vingt-neuf ans d’épiscopat j’ai eu la joie d’ordonner quarante-cinq diacres, en Corse et en Yvelines (2). Ce qui me permet de souligner plusieurs originalités du diaconat.
Nous observons, quanrante et un ans plus tard, l’importance d’une telle prise de position. L’ensemble de l’Eglise latine s’est mis au travail. Je peux en témoigner.
Devenu évêque en 1972, ayant écrit un livre sur les ministères, je n’avais encore rien fait de concret au service du diaconat lorsqu’un curé de Corse me demanda de m’investir dans l’appel, la formation et l’ordination diaconale d’un homme marié. En vingt-neuf ans d’épiscopat j’ai eu la joie d’ordonner quarante-cinq diacres, en Corse et en Yvelines (2). Ce qui me permet de souligner plusieurs originalités du diaconat.
Les originalités du diaconat
La première invitation fut souvent formulée aux futurs diacres par des fidèles de leur communauté ou de leur entourage. Le discernement sur leur aptitude à l’ordination fut toujours confié à un groupe d’hommes et de femmes, l’appel décisif étant formulé par l’évêque. Dans le même temps, l’ordination presbytérale était conférée la plupart du temps à des hommes jeunes venus se présenter comme candidats volontaires (3). Notre Eglise retrouve ainsi une antique tradition de l’appel tel qu’on l’observe dans les textes du Nouveau Testament pour l’ensemble des « envoyés » du Seigneur et des « serviteurs » ou « ministres » du peuple de Dieu.
Le mot « vocation », quasi réservé durant le XXe siècle à ceux qui désiraient devenir prêtres ou religieux(ses), commence à perdre cette exclusivité. Il retrouve sa vraie racine : le latin vocatus, signifiant appelé, venant directement du mot grec dont est issu le mot Eglise, qui « désigne le peuple que Dieu convoque et rassemble de tous les confins de la terre, pour constituer l’assemblée de ceux qui, par la foi et par le baptême, deviennent fils de Dieu, membres du Christ et temples de l’Esprit Saint (4). » Nous retrouvons le langage de Pierre et de Paul, s’adressant aux élus de Dieu, aux fidèles qu’il appelle au salut et à la sainteté. Et l’affirmation du Christ reprend tout son sens : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne » (Jn 15, 16).
L’ordination diaconale est déconnectée de l’obligation du célibat : notre Eglise latine renoue avec la pratique du Christ, avec ses origines et avec la pratique des autres Eglises chrétiennes. Ce que disent les épîtres pastorales à Timothée comme à Tite reprend du sens (5). Et notre société, qui a tellement besoin de couples vivant d’un authentique amour chrétien, n’a jamais désapprouvé, tout au contraire, cette coexistence du mariage et du ministère ordonné, du « clerc » et de l’époux.
De façon significative, les diacres sont demeurés généralement dans leur lieu de vie, exerçant leur profession, ce qui leur permet de connaître les conditions de vie de leurs contemporains, de participer aux engagements sociaux, économiques, politiques, et d’être écoutés lorsqu’ils en parlent. Nul ne leur a jamais demandé de vivre dans un univers « à part », de porter un costume particulier tout au long de la journée. Ils représentent un nouveau type de « ministre ordonné » ; ils font partie de « la hiérarchie », mais autrement.
En tout cela, et en bien d’autres choses encore comme les bases de leur formation doctrinale, le genre de prière quotidienne qu’ils pratiquent – souvent en couple –, leur relation au monde, la proximité avec leur environnement, leur habitat, les bases de leur rétribution et, souvent, de leur sécurité sociale, la façon dont ils sont couramment appelés… tout cela a nécessité des réflexions, brisé des habitudes, permis d’inventer des nouveautés que le peuple chrétien trouve « justes », autrement dit conformes à l’Eglise du Christ et à sa mission dans le monde.
La décision de 1964, apparemment timorée, n’a pas fini de porter des fruits et de transformer notre horizon latin. Nous pouvons constater que les initiatives sont fréquemment venues des fidèles, mais qu’elles ne se sont jamais développées en dehors d’une large communion impliquant nombre d’évêques et de prêtres. Nous reconnaissons là une pratique parfaitement ecclésiale.
Le mot « vocation », quasi réservé durant le XXe siècle à ceux qui désiraient devenir prêtres ou religieux(ses), commence à perdre cette exclusivité. Il retrouve sa vraie racine : le latin vocatus, signifiant appelé, venant directement du mot grec dont est issu le mot Eglise, qui « désigne le peuple que Dieu convoque et rassemble de tous les confins de la terre, pour constituer l’assemblée de ceux qui, par la foi et par le baptême, deviennent fils de Dieu, membres du Christ et temples de l’Esprit Saint (4). » Nous retrouvons le langage de Pierre et de Paul, s’adressant aux élus de Dieu, aux fidèles qu’il appelle au salut et à la sainteté. Et l’affirmation du Christ reprend tout son sens : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne » (Jn 15, 16).
L’ordination diaconale est déconnectée de l’obligation du célibat : notre Eglise latine renoue avec la pratique du Christ, avec ses origines et avec la pratique des autres Eglises chrétiennes. Ce que disent les épîtres pastorales à Timothée comme à Tite reprend du sens (5). Et notre société, qui a tellement besoin de couples vivant d’un authentique amour chrétien, n’a jamais désapprouvé, tout au contraire, cette coexistence du mariage et du ministère ordonné, du « clerc » et de l’époux.
De façon significative, les diacres sont demeurés généralement dans leur lieu de vie, exerçant leur profession, ce qui leur permet de connaître les conditions de vie de leurs contemporains, de participer aux engagements sociaux, économiques, politiques, et d’être écoutés lorsqu’ils en parlent. Nul ne leur a jamais demandé de vivre dans un univers « à part », de porter un costume particulier tout au long de la journée. Ils représentent un nouveau type de « ministre ordonné » ; ils font partie de « la hiérarchie », mais autrement.
En tout cela, et en bien d’autres choses encore comme les bases de leur formation doctrinale, le genre de prière quotidienne qu’ils pratiquent – souvent en couple –, leur relation au monde, la proximité avec leur environnement, leur habitat, les bases de leur rétribution et, souvent, de leur sécurité sociale, la façon dont ils sont couramment appelés… tout cela a nécessité des réflexions, brisé des habitudes, permis d’inventer des nouveautés que le peuple chrétien trouve « justes », autrement dit conformes à l’Eglise du Christ et à sa mission dans le monde.
La décision de 1964, apparemment timorée, n’a pas fini de porter des fruits et de transformer notre horizon latin. Nous pouvons constater que les initiatives sont fréquemment venues des fidèles, mais qu’elles ne se sont jamais développées en dehors d’une large communion impliquant nombre d’évêques et de prêtres. Nous reconnaissons là une pratique parfaitement ecclésiale.
Une initiative des diacres permanents
Il est une initiative venue du groupe des diacres permanents, que j’ai particulièrement appréciée lorsque j’étais évêque de Versailles. En voici un bref aperçu.
Le 27 mars 1993, je publiais le compte rendu de ce que nous appelions alors un « synode-éclair » : environ soixante personnes des villes confrontées à des difficultés sociales caractéristiques travaillaient sur un thème et donnaient avis ou suggestions pour améliorer la pastorale de ces villes. Le tout pendant la durée d’une veillée. La publication des travaux de ces synodes-éclair sous la plume de l’évêque, qui y participait attentivement, donnait un certain cachet officiel aux propositions énoncées.
Le compte rendu du synode-éclair tenu le 15 mars 1993, lu par un groupe de diacres, incita ce groupe à lancer une réflexion de tous les diacres autour de ce qu’ils appelèrent d’emblée des « diaconies ». Lisons quelques lignes de leur texte, répercuté une seconde fois le 13 mai 1995, le travail étant donc en cours depuis deux ans dans le groupe des diacres, de leurs épouses et de quelques prêtres.
« Notre réflexion n’a rien de désincarné. Au synode-éclair, les chrétiens, dans certains lieux, ont repéré une présence d’Eglise insuffisante, principalement au niveau :
Dans ces diaconies, il y a des chrétiens engagés qui s’épuisent, d’autres qui ont besoin de formation, de soutien : les acteurs pastoraux poussent un cri angoissé. On a besoin de responsables stables, peut-être salariés. Dans le cadre de chaque diaconie, la réflexion ci-dessous essaie de mieux cerner la place d’un diacre…
Les agglomérations concernées par le synode-éclair sont pauvres en acteurs pastoraux. D’autres, très riches. Cette disparité est presque insupportable... Comment solliciter les chrétiens, tous azimuts, pour qu’ils répondent aux appels qui jaillissent des zones en difficulté ? Prier et faire appel général aux vocations de façon vague, c’est bien. Prier et faire appel pour une zone bien définie, c’est beaucoup mieux : pour des missions de permanents laïcs rémunérés, de diacres, de prêtres, de sœurs apostoliques, voilà qui serait neuf et tellement plus “parlant” et tellement plus motivant qu’un appel flou ! A partir du cri du synode-éclair, nous essayons de penser les choses à la suite de la réflexion déjà élaborée, et de façon plus systématique. »
Le 27 mars 1993, je publiais le compte rendu de ce que nous appelions alors un « synode-éclair » : environ soixante personnes des villes confrontées à des difficultés sociales caractéristiques travaillaient sur un thème et donnaient avis ou suggestions pour améliorer la pastorale de ces villes. Le tout pendant la durée d’une veillée. La publication des travaux de ces synodes-éclair sous la plume de l’évêque, qui y participait attentivement, donnait un certain cachet officiel aux propositions énoncées.
Le compte rendu du synode-éclair tenu le 15 mars 1993, lu par un groupe de diacres, incita ce groupe à lancer une réflexion de tous les diacres autour de ce qu’ils appelèrent d’emblée des « diaconies ». Lisons quelques lignes de leur texte, répercuté une seconde fois le 13 mai 1995, le travail étant donc en cours depuis deux ans dans le groupe des diacres, de leurs épouses et de quelques prêtres.
« Notre réflexion n’a rien de désincarné. Au synode-éclair, les chrétiens, dans certains lieux, ont repéré une présence d’Eglise insuffisante, principalement au niveau :
- des migrants,
- du dialogue avec les musulmans,
- des jeunes,
- des précarités,
- de l’accueil des “gens du seuil” pour mariages, baptêmes et catéchèse d’enfants, obsèques…
- des personnes affrontées à des problèmes de santé, maladie, handicaps, de grand âge.
Dans ces diaconies, il y a des chrétiens engagés qui s’épuisent, d’autres qui ont besoin de formation, de soutien : les acteurs pastoraux poussent un cri angoissé. On a besoin de responsables stables, peut-être salariés. Dans le cadre de chaque diaconie, la réflexion ci-dessous essaie de mieux cerner la place d’un diacre…
Les agglomérations concernées par le synode-éclair sont pauvres en acteurs pastoraux. D’autres, très riches. Cette disparité est presque insupportable... Comment solliciter les chrétiens, tous azimuts, pour qu’ils répondent aux appels qui jaillissent des zones en difficulté ? Prier et faire appel général aux vocations de façon vague, c’est bien. Prier et faire appel pour une zone bien définie, c’est beaucoup mieux : pour des missions de permanents laïcs rémunérés, de diacres, de prêtres, de sœurs apostoliques, voilà qui serait neuf et tellement plus “parlant” et tellement plus motivant qu’un appel flou ! A partir du cri du synode-éclair, nous essayons de penser les choses à la suite de la réflexion déjà élaborée, et de façon plus systématique. »
Les diaconies
« L’Eglise tout entière est envoyée par le Christ “annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres”, en paroles et en actes. C’est le souci et l’œuvre de tous, clercs et laïcs. Il s’agit pour l’Eglise de se rendre présente aux diverses pauvretés au sens large pour un service qui est une composante essentielle de l’annonce de l’Evangile à la suite du Christ qui guérit, libère, pardonne. Cette présence est celle de chrétiens vivant sur place, qui annoncent par leurs actes, leur vie et leur parole un Royaume de solidarité et de justice, celui que le Christ a inauguré. Cette présence dans l’amour devient Parole et peut être célébrée liturgiquement. Ce service assumé par l’Eglise est le service que le Christ lui-même veut assumer vis-à-vis de l’humanité souffrante : “Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.”
Une diaconie est assumée par des chrétiens, au nom du Christ et de l’Eglise. Dans le cadre d’une diaconie, le ministère diaconal se comprend de la façon suivante : le diacre est le signe que le Christ est la source du service assumé par les chrétiens, le diacre soutient avec dynamisme la diaconie au nom du Christ, il est garant du caractère ecclésial du service accompli. Mais il n’est pas nécessairement l’animateur ou le responsable.
Dans le cadre de la diaconie, le diacre est aussi soucieux du lien de la diaconie avec le reste de l’Eglise, veillant à lutter contre tout esprit de “ghetto”, à sensibiliser toute l’Eglise aux diaconies à assumer.
En particulier, le diacre n’est pas un homme isolé ; s’il a parfois à “lancer” la prise en charge d’une diaconie, son ministère doit toujours finir par se situer au cœur d’un groupe de chrétiens. En particulier, le diacre ne doit jamais être perçu comme un “super-chrétien”, le sacrement de l’ordre n’étant pas d’abord pour la sanctification personnelle mais pour la structuration et l’authentification de l’Eglise dans sa mission au cœur du monde. Le diacre doit promouvoir la pleine responsabilité du témoignage des baptisés et confirmés.
Selon le Code de Droit canonique, tous les ministres sacrés, évêques, prêtres et diacres sont “consacrés et députés pour être pasteurs du peuple de Dieu, chacun selon son degré, en remplissant en la personne du Christ Chef les fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement” (canon 1008). Il convient donc d’articuler la spécificité du ministère presbytéral avec celle du ministère diaconal, la spécificité du ministère diaconal étant de veiller à ce que l’Eglise soit au service des réalités humaines définies plus haut. Cette articulation, nouvelle pour tous, doit être créée, travaillée, affinée sous la mouvance de l’Esprit Saint. La célébration liturgique en est un lieu privilégié… »
Rappelée à plusieurs reprises, cette « feuille de route » guida nombre de réflexions, fut connue largement dans le diocèse, permit une recherche aboutissant à délimiter l’urgence de pourvoir à six « diaconies ».
Les diacres et leur « équipe diaconies et interpellation » envoyèrent un rappel pour que beaucoup se mettent au travail : c’était en août 1995. Ils sollicitaient une réponse pour la fin de décembre 1995.
Une diaconie est assumée par des chrétiens, au nom du Christ et de l’Eglise. Dans le cadre d’une diaconie, le ministère diaconal se comprend de la façon suivante : le diacre est le signe que le Christ est la source du service assumé par les chrétiens, le diacre soutient avec dynamisme la diaconie au nom du Christ, il est garant du caractère ecclésial du service accompli. Mais il n’est pas nécessairement l’animateur ou le responsable.
Dans le cadre de la diaconie, le diacre est aussi soucieux du lien de la diaconie avec le reste de l’Eglise, veillant à lutter contre tout esprit de “ghetto”, à sensibiliser toute l’Eglise aux diaconies à assumer.
En particulier, le diacre n’est pas un homme isolé ; s’il a parfois à “lancer” la prise en charge d’une diaconie, son ministère doit toujours finir par se situer au cœur d’un groupe de chrétiens. En particulier, le diacre ne doit jamais être perçu comme un “super-chrétien”, le sacrement de l’ordre n’étant pas d’abord pour la sanctification personnelle mais pour la structuration et l’authentification de l’Eglise dans sa mission au cœur du monde. Le diacre doit promouvoir la pleine responsabilité du témoignage des baptisés et confirmés.
Selon le Code de Droit canonique, tous les ministres sacrés, évêques, prêtres et diacres sont “consacrés et députés pour être pasteurs du peuple de Dieu, chacun selon son degré, en remplissant en la personne du Christ Chef les fonctions d’enseignement, de sanctification et de gouvernement” (canon 1008). Il convient donc d’articuler la spécificité du ministère presbytéral avec celle du ministère diaconal, la spécificité du ministère diaconal étant de veiller à ce que l’Eglise soit au service des réalités humaines définies plus haut. Cette articulation, nouvelle pour tous, doit être créée, travaillée, affinée sous la mouvance de l’Esprit Saint. La célébration liturgique en est un lieu privilégié… »
Rappelée à plusieurs reprises, cette « feuille de route » guida nombre de réflexions, fut connue largement dans le diocèse, permit une recherche aboutissant à délimiter l’urgence de pourvoir à six « diaconies ».
Les diacres et leur « équipe diaconies et interpellation » envoyèrent un rappel pour que beaucoup se mettent au travail : c’était en août 1995. Ils sollicitaient une réponse pour la fin de décembre 1995.
Ce rappel disait, entre autres :
« Votre commission est l’une des six créées pour étudier chacune un des types de diaconies suivants : monde des migrants et dialogue interreligieux, pastorale de la santé, monde des jeunes, précarités, gens du seuil, monde économique…
« Votre commission est l’une des six créées pour étudier chacune un des types de diaconies suivants : monde des migrants et dialogue interreligieux, pastorale de la santé, monde des jeunes, précarités, gens du seuil, monde économique…
Canevas de travail proposé
- A partir du document Rappels et propositions du 13 mai 1995, reçu le 2 juin 1995 par l’évêque et le Conseil épiscopal, chacun se familiarise avec cette notion de “diaconie” et la place envisagée pour le diacre dans la prise en charge de la diaconie.
- Dans un deuxième temps, les diacres présents exposent leur façon concrète de vivre leur ministère dans le cadre du type de diaconie étudié, en particulier le lien avec les chrétiens laïcs et les prêtres. Confronter cette expérience avec le document Rappels et propositions.
- Prêtres et autres acteurs pastoraux exposent comment ils se situent dans la prise en charge d’une diaconie, et comment ils pressentent la place qu’un diacre pourrait prendre dans cette prise en charge. Ne pas perdre de vue la spécificité du ministère diaconal, ministère ordonné mais non presbytéral.
- Faire des propositions larges sur la place souhaitée des diacres dans la prise en charge des diaconies du type étudié (diaconies de l’Eglise, diaconies de tout le peuple des baptisés !) Ces propositions doivent prendre en compte ce qui est déjà vécu, localement et de façon plus large.
Le groupe des diacres voulut encore affiner. Il rédigea des questions à se poser.
Pour tous les types de services
- Quelle(s) équipe(s), quelle(s) structure(s) assume(nt) le service, le cas échéant ?
- Qui est responsable ? Qui accompagne au nom du Christ (prêtre, diacre) ?
- Quel lien avec les instances paroissiales, ou du secteur, ou du doyenné ; avec le diocèse ?
- Quel concours extérieur, de type associatif ou de la part des pouvoirs publics ?
- De quelle façon Jésus-Christ y est-il annoncé, comment l’amour de Dieu y est-il célébré ?
Pour le service du monde des migrants
- Quel lien, quels projets communs entre les migrants et les chrétiens français locaux ?
- Quelle promotion de la culture propre des migrants et quel souci de leur intégration ?
- Quel dialogue inter-religieux peut-on fonder ou développer ?
Pour la pastorale de la santé
- Un suivi particulier ne pourrait-il pas être effectué par un diacre, issu soit des visiteurs de malades, soit des professionnels de la santé ?
- Le poste d’aumônier d’hôpital ne conviendrait-il pas à un diacre, sans exclusive bien sûr ?
Pour la pastorale des jeunes
- Pourrait-on définir un ministère de diacre au service des jeunes d’un territoire donné, respectueux des structures déjà existantes et allant au devant des jeunes qui ne sont accueillis nulle part, le diacre étant pôle de stabilité ?
- Le poste d’aumônier de jeunes (collège, lycée…) ne conviendrait-il pas à un diacre, sans exclusive bien sûr ?
Pour le service des personnes dans la précarité
- Les isolés en monde rural, les sortants de prison, les mal-logés, qui d’autre chez vous ?
- Y a-t-il une structure capable de repérer ces personnes ?
- Y a-t-il communication entre les diverses équipes chargées de servir ces personnes ?
- Y a-t-il dialogue avec les associations non confessionnelles ou/et les décideurs politiques ?
- Y a-t-il éducation des chrétiens à leur responsabilité de citoyens, de consommateurs, de professionnels, invitation à publier localement une parole d’Eglise sur tel ou tel problème ?
Pour le service des « gens du seuil de l’Eglise »
- Y a-t-il dialogue entre équipes de préparation au mariage, au baptême des petits enfants, responsables de la catéchèse, catéchuménat des adultes, équipes de « recommençants » ?
- Pourrait-on appeler un diacre ayant le souci des « gens du seuil » dans un territoire donné ?
- Pourrait-on donner à un diacre, dans le cadre du « souci des gens du seuil », le ministère suivant : suivi de la préparation de mariages et de baptêmes de petits enfants et célébration ?
- Question analogue pour les obsèques et l’accompagnement des familles en deuil.
Grâce à cette réflexion, le diocèse n’a pas fait de miracle, certes, les diacres ne sont pas apparus pour répondre à toutes les diaconies répertoriées comme nécessaires. Mais j’en ai la conviction :
Les rapport des fidèles et des prêtres avec les diacres deviennent de plus en plus sereins quand ils sont conçus et vécus comme rapports entre fidèles du Christ, associés dans le service de l’Eglise et du monde, chacun à sa façon, selon sa mission propre, tous étant foncièrement égaux en dignité, tous étant appelés à la sainteté, tous constituant un « peuple sacerdotal » selon l’expression de saint Pierre reprise dans une préface eucharistique.
Nous ne sommes certainement pas encore arrivés à l’équilibre des théologies du ministère. Mais les quarante et une années vécues dans notre Eglise depuis la restauration du diaconat permanent et la pratique des diacres dans cette fonction représentent un ferment qui a déplacé quelques montagnes idéologiques et qui porte en germe de nouveaux progrès pour une plus réelle fidélité à l’Evangile du Christ, aux textes du Nouveau Testament et à la grande Tradition de l’Eglise indivise du Christ. L’Esprit Saint ne manquera pas de s’en charger en temps voulu. - L’idée d’interpellation en vue du diaconat a fait son chemin et des diacres ont été choisis et ordonnés pour répondre à des missions auxquelles nous n’aurions pas pensé auparavant. Certains sont devenus diacres grâce à ces prises de conscience qui peuvent nous sembler banales en 2005. La hiérarchie des besoins en ministres ordonnés a évolué.
- Beaucoup de chrétiens se sont impliqués dans l’effort de tout le diocèse en faveur des « vocations », sans se contenter de prier et d’attendre. Et les ordinations diaconales ont continué à un bon rythme.
- A progressé l’idée de diaconie 6 comme caractérisant l’œuvre que doit accomplir l’Eglise du Christ par l’ensemble de ses membres. Le diacre en constitue le signe, le rappel, une des expressions. S’il existe, il n’occupe pas toute la place. S’il n’existe pas, la communauté doit chercher, interpeller, proposer, sans se contenter d’attendre en poussant des soupirs de découragement. Je souhaite que l’ensemble des fidèles de notre Eglise latine progresse de la même manière dans son rapport au ministère presbytéral. La route sera beaucoup plus longue sur ce point, en raison des mentalités incrustées dans les pensées et les pratiques et justifiées par des théologies encore trop éloignées de la pratique néo-testamentaire.
Les rapport des fidèles et des prêtres avec les diacres deviennent de plus en plus sereins quand ils sont conçus et vécus comme rapports entre fidèles du Christ, associés dans le service de l’Eglise et du monde, chacun à sa façon, selon sa mission propre, tous étant foncièrement égaux en dignité, tous étant appelés à la sainteté, tous constituant un « peuple sacerdotal » selon l’expression de saint Pierre reprise dans une préface eucharistique.
Notes :
(1) Lumen gentium n° 29.
(2) Et plus de soixante hommes au presbytérat…
(3) Certains se présentant parfois au nom d’un droit à l’ordination. Heureusement, le récent Abrégé du catéchisme de l’Eglise catholique (ACEC) affirme : « Personne ne peut exiger de recevoir le sacrement de l’ordre » (n° 333). Je ne connais pas d’évêques qui se soient présentés d’eux-mêmes à l’ordination épiscopale, ni de diacres pour leur ordination.
(4) ACEC n° 147 et, pour la « vocation », tout ce qui constitue la troisième partie, n° 147 à 168, concernant l’ensemble des fidèles.
(5) 1 Tm 3, 1-14 ; Tite 1, 5-9.
(6) Le Catéchisme pour adultes des évêques de France situe bien la diaconie par rapport à l’Eglise entière. « Les fonctions et les formes d’activité de l’Eglise, à l’intérieur d’elle-même et au service du monde, peuvent être présentes… (sous les termes suivants) : la koinônia est la fonction ou le service de “communion” qu’assure l’Eglise et qui peut finir par la désigner tout entière. La diacônia désigne le service de charité, également constitutif de l’Eglise. La marturia désigne la fonction de témoignage de la foi et de l’amour de Dieu, fonction que l’Eglise est appelée à exercer dans le monde. La leiturgia est le service du culte public que l’Eglise doit rendre à son Dieu en célébrant les grandes œuvres accomplies par lui en faveur des hommes » (n° 335).
(2) Et plus de soixante hommes au presbytérat…
(3) Certains se présentant parfois au nom d’un droit à l’ordination. Heureusement, le récent Abrégé du catéchisme de l’Eglise catholique (ACEC) affirme : « Personne ne peut exiger de recevoir le sacrement de l’ordre » (n° 333). Je ne connais pas d’évêques qui se soient présentés d’eux-mêmes à l’ordination épiscopale, ni de diacres pour leur ordination.
(4) ACEC n° 147 et, pour la « vocation », tout ce qui constitue la troisième partie, n° 147 à 168, concernant l’ensemble des fidèles.
(5) 1 Tm 3, 1-14 ; Tite 1, 5-9.
(6) Le Catéchisme pour adultes des évêques de France situe bien la diaconie par rapport à l’Eglise entière. « Les fonctions et les formes d’activité de l’Eglise, à l’intérieur d’elle-même et au service du monde, peuvent être présentes… (sous les termes suivants) : la koinônia est la fonction ou le service de “communion” qu’assure l’Eglise et qui peut finir par la désigner tout entière. La diacônia désigne le service de charité, également constitutif de l’Eglise. La marturia désigne la fonction de témoignage de la foi et de l’amour de Dieu, fonction que l’Eglise est appelée à exercer dans le monde. La leiturgia est le service du culte public que l’Eglise doit rendre à son Dieu en célébrant les grandes œuvres accomplies par lui en faveur des hommes » (n° 335).