Rassemblement en JOC-JOCF et appel aux vocations


En monde ouvrier, les rassemblements sont une donnée importante de la vie des mouvements. S’ils aident à l’éveil des vocations, ils sont aussi relayés par le travail des équipes sur le terrain. Le témoignage de Joseph Renaud, Aumônier national de la JOC-JOCF.

Le 26 mai 1996, la JOC-JOCF se propose de réunir à nouveau des dizaines de milliers de jeunes du monde ouvrier, dans la région parisienne, autour du thème des "Solidarités".
Un rassemblement qui vient après de nombreux autres. Dès 1937, dix ans après sa fondation en France, la JOC regroupait environ quatre-vingt mille jeunes lors du Congrès du dixième anniversaire. C’est un ancien jociste, devenu prêtre, qui y célébra la messe.
Plus près de nous, il y eut "Villavenir" en 1986 et "Maniformation" en 1990. Dans les espaces prévus, un stand permettait aux jeunes qui le voulaient de répondre à une enquête posant la question d’être prêtre, religieux ou religieuse. En 1990 cette enquête avait pour titre : "Un avenir possible - Un service important.". Mille quatre cents jeunes y avaient répondu et il avait manqué des formulaires. "Manque d’audace dans nos prévisions ?" s’interrogeaient, après coup, ceux qui l’avaient préparée.
Il faut dire que, dans le cadre d’un tel rassemblement, "Il faut oser", quand on sait la diversité des participants. Mais peut-être faudrait-il essayer de comprendre ce que veut faire la JOC-JOCF lors d’un tel rassemblement.

1 - Un rassemblement national en JOC-JOCF

  • Tout d’abord un rassemblement pour les jeunes du monde ouvrier

- jeunes en équipe ou qui ont participé à quelque chose du mouvement avec leurs copains et copines,

- jeunes invités par des adultes ou venant de l’ACE et qui peut-être feront là leur première rencontre de la JOC.
Ils pourront se rencontrer, partager ce qu’ils font, y puiser des renseignements utiles pour eux et pour leurs actions.
Ils pourront rencontrer des associations et des adultes prêts à les aider.
Ils pourront s’ouvrir à une dimension internationale.
Bien sûr il y aura l’aspect fête : musique, danse.
Parmi tous ces jeunes, il y a des croyants chrétiens, des musulmans. Il y a ceux qui se posent des questions et qui ont des doutes, ceux qui cherchent et ceux que n’intéresse pas la foi en Dieu. Il y a ceux qui sont à la JOC pour l’amitié qu’on y trouve et qu’on y vit : "On nous écoute, on peut parler", et ceux qui y sont, avant tout, pour "agir" pour changer ce qui ne va pas autour d’eux.

  • Un rassemblement tourné vers l’extérieur

Il veut permettre de faire connaître le mouvement à la société et à l’Eglise.

- Donner la parole aux jeunes, leur permettre de se faire entendre, de dire leurs aspirations et ce qu’ils font avec d’autres.
Profiter de l’importance du rassemblement et de sa couverture médiatique pour faire avancer leurs revendications auprès de responsables politiques.

- Témoigner de ce que la rencontre de la JOC produit dans la vie des jeunes : confiance en eux-mêmes - ils deviennent acteurs de leur propre vie, responsables ; croyants au Dieu de Jésus-Christ - ils progressent dans une vie chrétienne.

- Témoigner de sa manière originale de faire Eglise. Ceux qui le souhaitent pourront accueillir et célébrer le Christ qui est à l’origine de l’existence du mouvement, en participant à une célébration eucharistique.
Car, tout en les respectant, la JOC-JOCF veut proposer aux jeunes l’ensemble de son projet avec son inspiration et sa dimension chrétiennes. Elle veut leur donner les moyens de progresser dans ce projet et dans la vie chrétienne jusqu’à leur proposer de faire leur vie avec le Christ, à sa suite, en étant prêtre, religieux ou religieuse.
Si le mouvement ose faire une telle proposition dans un tel rassemblement, c’est parce que cette question des vocations est portée habituellement dans des temps qu’il propose.
"C’est à tous les niveaux que cette question doit être posée par les responsables d’équipes, les fédéraux, les permanents. Nous devons continuer à communiquer l’information, susciter l’expression de jeunes tout en restant discrets, et conduire des temps de recherche" (extrait des orientations votées en novembre 1994 - p.34). Ce n’est pas une interpellation isolée.

2 - Une interpellation à situer dans un ensemble de pratiques

Ce souci de l’appel aux vocations est réel en JOC-JOCF :
"Jocistes nous sommes laïcs dans l’Eglise. Mais l’Eglise aura aussi toujours besoin de prêtres, de religieux, de religieuses. Nous avons la responsabilité de bâtir cette Eglise, nous avons une responsabilité dans l’avenir de cette Eglise. Nous devons conduire l’éveil aux vocations et informer les militants des moyens mis en place par le mouvement pour soutenir le projet de gars et de filles de devenir prêtres, religieux ou religieuses. Pour cela le mouvement se donne <Appel à la vie consacrée et au ministère ordonné" (op. cit. - pp. 33 et 34).
Cette structure "Appel à la vie consacrée et au ministère ordonné" a pour but que se vivent des choses dans le mouvement par rapport à cette question. Pour un jeune venu à un rassemblement et qui aura rempli le questionnaire cela pourra rester un acte isolé, mais pour peu qu’il dure en équipe ou en JOC, il aura des chances de la retrouver et de la prolonger :

- Là où il habite, sur sa fédération, il sera invité à participer à des soirées "Projet de vie" au cours desquelles il rencontrera des prêtres, des religieux, des religieuses ou des couples mariés. Parfois la soirée sera ciblée : "Etre prêtre ou être religieuse"

- S’il participe à un week-end de formation ou à une retraite, un questionnaire pourra lui être proposé qui l’interpellera plus directement : y as-tu pensé ?

- S’il est responsable ou trésorier et qu’il participe à une session de formation, il pourra à nouveau croiser l’interrogation.

- S’il accepte d’en parler avec d’autres, une rencontre sur sa région lui sera proposée. Dans certains lieux, elle se fera en lien avec le Service Diocésain de Vocations.

- S’il veut approfondir son projet et pour l’aider à se donner des étapes vers une éventuelle entrée en formation, il sera invité à participer à deux week-ends nationaux.

    • Lors du premier, il partagera avec d’autres l’origine de son projet, comment celui-ci mûrit par la vie en mouvement. Il sera invité à choisir un accompagne- ment personnel, s’il n’en a pas.
    • Le second lui fera rencontrer des témoins des différentes vocations ; particulièrement des jeunes en formation. A la fin de celui-ci, il pourra décider de continuer sa recherche ou d’entrer lui aussi en formation.
      (Cette année six filles et douze gars y ont participé).

Quelques remarques :

- Des temps pourront avoir lieu à l’occasion d’ordination ou de profession religieuse.

- Nous constatons que les prêtres, les religieuses et maintenant des laïcs, accompagnateurs de JOC-JOCF, osent poser la question à des jeunes. La rencontre annuelle des accompagnateurs de jeunes en recherche, qui a eu lieu le 14 mars dernier, n’était pas du tout morose.

- L’alignement de tout ce qui est proposé peut sembler beaucoup pour un seul jeune. Il faut bien dire qu’il ne vivra pas tout et sans doute pas sur une seule année.

3 - L’impact d’une interpellation lors d’un rassemblement

C’est bien sûr difficile à dire. Il faudrait pouvoir partir de l’expression de jeunes qui le diraient si nous en avions.
Un certain nombre disent avoir pensé à la question d’être prêtre, religieux ou religieuse, très jeunes. Alors une telle enquête peut jouer pour eux comme un réveil de la question que, parfois, ils ont enfouie.
Pour d’autres, ce sera la découverte que ça existe et que ça peut être pour eux. Pour tous, il y aura l’importance de prendre la parole sur une question qu’ils portent ou qu’ils reçoivent.
Mais il faut aussi que la parole soit échangée, pour qu’elle soit libératrice. C’est pourquoi il est important de proposer des temps où ceux qui acceptent la question puissent en parler avec d’autres qui, comme eux, y pensent. Ils pourront se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls.
Il faut donc qu’après un rassemblement, il y ait des relais pour que cette parole puisse être échangée.
A Maniformation, un camp avait été prévu. Beaucoup étaient d’accord mais il y eut ensuite peu d’inscriptions ce qui entraîna son annulation. Cependant, les jeunes ont été signalés sur les fédérations ou les régions pour que quelque chose leur soit proposé.
Il est important de proposer comme un parcours aux jeunes pour les aider à progresser, non seulement pour avoir des résultats (et il y en a puisque neuf gars sont entrés en GFO (1) en octobre), mais surtout pour permettre aux jeunes d’exprimer ce qu’ils veulent vivre, ne pas rester avec une question jamais exprimée, leur permettre de choisir en toute liberté.
Des jeunes du monde ouvrier croient que devenir prêtre, religieux, religieuse peut être une réponse à l’appel du Christ qui leur propose un choix de bonheur : "Si tu veux."

Joseph Renaud
Aumônier National JOC-JOCF

Note :

(1) GFO : Groupe de Formation en monde Ouvrier. Premier cycle de formation qui se fait en trois étapes sur quatre années : six week-ends dans l’année et une semaine de session au mois d’août. [ Retour au Texte ]