Prêtre : un "métier" d’avenir ?


Parler de métiers en parlant de vocations est délicat, pas impossible. Le P. Hippolyte Simon, du diocèse de Coutances, nous aide à déjouer les pièges inhérents à ce langage pour mieux en (re)découvrir les subtilités.

Lorsque nous réfléchissons sur le ministère des prêtres, sur les vocations sacerdotales, sur la vie religieuse, nous insistons, à juste titre, sur le fait qu’il s’agit de répondre à un Appel particulier à suivre le Christ, pour la gloire de Dieu et le service des hommes. Mais il nous faut prendre garde, en même temps, à un risque auquel nous sommes en permanence exposés. En effet, nous risquons toujours de souligner de façon trop unilatérale le caractère un peu exceptionnel de ces vocations. Nous risquons même de tomber dans des perspectives qui n’auraient plus grand chose à voir avec le réalisme de l’Incarnation du Seigneur.

Humain quoique ou parce que prophétique ?

C’est vrai : il y a un aspect exceptionnel qui est commun à toutes ces vocations, du moins dans l’Eglise latine. C’est le fait qu’elles engagent ceux et celles qui y répondent dans un état de vie singulier : le célibat librement choisi "à cause du Royaume". Et dans une société comme celle où nous vivons, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le choix de cet état de vie fait problème. Plus exactement, ce n’est pas tant le célibat qui fait problème, que l’invitation à le choisir, et à le vivre dans la chasteté. Il n’y a, probablement, jamais eu autant de célibataires dans la société française. Ce n’est donc pas ce statut qui devrait poser question. Mais il est implicitement admis, dans l’opinion publique, que le célibat n’engage pas forcément à "se priver" d’une liaison ou d’une aventure avec un ou plusieurs partenaires. L’expérience chrétienne se situe donc, ici, en contradiction directe, non pas avec le statut social du célibat, avec les mœurs et les justifications du temps. C’est ce qui constitue l’un des aspects majeurs de sa portée prophétique.

Il ne faut pas trop s’étonner de ce que les chrétiens ne soient pas compris sur ce point. La plupart des gens ont une conception païenne de la vie affective et de la sexualité. Ils les vivent comme des réalités fatales, c’est-à-dire comme des réalités que l’on doit forcément subir, et qui sont plus fortes que notre liberté. Notre société retrouve les notions antiques du fatum, du destin aveugle et inéluctable. Nos contemporains - mais c’était déjà vrai dans les générations précédentes - ne comprennent pas que l’on puisse décider librement de sa vie dans les domaines de l’affectivité et de la sexualité. La contestation du célibat ne porte donc pas sur le fait lui-même. On admet bien que quelqu’un y soit contraint, de fait, par les circonstances de la vie. Ce qui est contesté, parce que ressenti comme une prétention abusive, c’est l’affirmation selon laquelle cet état de vie peut être librement et positivement choisi comme l’une des modalités de la réponse à un appel du Christ.

Il y aurait, sur ce point, beaucoup d’autres choses à dire. Je voulais seulement souligner le fait que, dans notre société, le choix du célibat paraît établir les prêtres, les religieux, les religieuses, mais aussi les laïcs qui l’ont décidé ou ratifié, dans une catégorie à part. Comme s’ils relevaient d’une expérience exceptionnelle. Et ce caractère exceptionnel retentit sur tous les aspects de leur existence, y compris sur l’aspect qui nous intéresse ici : leur responsabilité et leur activité sociale. C’est absurde, mais c’est ainsi. Il faut bien, naturellement, accepter de vivre paisiblement au milieu de cette contestation explicite ou larvée. Mais il ne faut pas, pour autant, tomber dans la justification inverse, mais symétrique, qui consisterait à dire que notre état de vie est "sur-humain", "surnaturel", ou je ne sais quoi du même ordre.

Il faut continuer de dire que, même si nos motivations sont explicitement chrétiennes, elles n’en répondent pas moins à certaines des aspirations les plus profondes de l’être humain. C’est même parce qu’elles sont chrétiennes qu’elles exaucent ces aspirations humaines. Il faut donc récuser avec la plus extrême rigueur d’analyse toute opposition du genre : au plan humain <=> au plan chrétien. Il faut continuer de dire que le célibat n’est pas la négation de la vie humaine. Il est une modalité humaine de la vie chrétienne. Et le mariage en est une autre. L’un et l’autre comportent des chances et des risques ; l’un et l’autre apportent des joies et des souffrances. L’un et l’autre permettent à des êtres humains de faire fructifier les talents reçus de notre Créateur. L’un et l’autre permettent à l’être humain de donner sa vie par amour, pour le service d’autrui. Mais l’un comme l’autre ne peuvent avoir de sens que s’ils sont vécus comme une vocation, c’est-à-dire comme une réponse libre à un Appel venu de plus loin que nous.

Ceci étant posé, il devient possible de réfléchir au problème annoncé par le titre de cet article. Je m’en tiendrai maintenant à la vie et au ministère des prêtres. mais il serait possible d’élargir le propos, toutes circonstances égales par ailleurs, à la vie religieuse.

Une activité utile et sensée

Après avoir - trop rapidement, je le concède -, essayé de rapatrier notre état de vie au milieu des états de vie de notre commune humanité, je voudrais attirer l’attention sur un autre risque de nos discours habituels en matière de vocation. Il nous arrive de dire que les prêtres n’ont pas de "métier", mais qu’ils exercent un "ministère". D’ailleurs, dans le vocabulaire le plus courant, si l’on parle d’un "prêtre au travail", on ne désigne pas un prêtre en paroisse, mais un prêtre qui exerce une profession "ordinaire", dans un secteur d’activités ne dépendant pas de l’Eglise. Et l’on se souvient que l’une des trois revendications des "prêtres contestataires" des années 1970, portait justement sur l’exercice d’une profession salariée, à côté du "droit" au mariage et à l’engagement politique (1).

Mais voici qu’il nous arrive une surprise. Et j’y verrais volontiers un signe de l’humour de l’Esprit. Voici en effet que des laïcs, de plus en plus nombreux, se mettent au service de l’Eglise. Et, pour eux, ce service constitue leur vie professionnelle. Ils en font, au moins pour un temps, leur métier. Il est donc assez logique de dire que si un laïc qui devient aumônier de lycée exerce un métier, j’avais, moi aussi, un métier quand j’étais aumônier de lycée ! Et je me réjouis que le bon sens nous soit ainsi restitué par l’évolution actuelle de notre Eglise.

Bien évidemment, tous les aspects de notre existence presbytérale ne sauraient être ramenés à l’exercice d’un métier. L’exercice de la charité pastorale déborde sans doute les limites d’une profession particulière. Et l’on a sans doute raison d’insister sur le fait que notre vocation ne devrait pas s’enfermer dans les limites d’une existence de "fonctionnaire du sacré". Mais il faut se défaire d’une vision "courtelinesque" des choses et ne pas assimiler tout le monde à ces trop fameux "ronds de cuir". Je pense que le mot "fonctionnaire" n’est pas forcément péjoratif, et l’on devrait cesser d’en faire une injure, si l’on en juge par le sens du bien commun qui anime heureusement beaucoup de ceux qui œuvrent dans la fonction publique.

Il est donc permis de dire que, si le fait de devenir prêtre est notre réponse à une Vocation, peut-être perçue de façon subjective au départ, mais toujours authentifiée par l’Eglise, les modalités concrètes de l’exercice de cette vocation, notre ministère, ne sont pas sans affinités avec l’exercice d’un métier. D’ailleurs, comme on peut en juger par le tableau joint, le mot métier et le mot ministère ont même origine étymologique. Le "Dictionnaire historique de la Langue française" (Rey) écrit : "métier = vient de ménestier, équivalent populaire de ministère..." Si l’on admet qu’un métier est une activité qui doit être, à la fois, => utile à la société => et sensée pour celui qui l’exerce, il est plutôt intéressant de dire que notre ministère peut être considéré, sous son angle social, comme un métier. Et si l’on ajoute qu’un métier doit être exercé en toute conscience professionnelle, avec ce qu’il faut de compétence, de rigueur, de continuité et de formation continue, il est clair que ces exigences doivent être aussi les nôtres.

Des métiers variés pour un unique ministère

A fortiori, si nous considérons de façon encore plus précise les diverses fonctions qu’un prêtre peut être amené à remplir tout au long de sa vie sacerdotale, on peut dire qu’il aura l’occasion d’exercer plusieurs "métiers" : aumônier de jeunes, curé de paroisse, conseiller spirituel, aumônier de mouvement, etc... A chaque fois, il lui faudra prendre du temps pour se former, acquérir de nouvelles compétences, découvrir de nouveaux modes d’exercice de la responsabilité. Rien de tout ceci ne peut s’improviser complètement. Il est vrai que l’essentiel s’apprend "sur le tas", comme on dit familièrement, mais il n’en reste pas moins qu’un peu de méthode peut faciliter l’apprentissage.

Il nous faudrait aussi sortir de notre strict point de vue ecclésial et nous rendre compte que nous ne sommes pas les seuls à exercer des métiers un peu particuliers. A la limite, on peut dire que tout métier a ses particularités. C’est d’ailleurs pour cela qu’il vaut mieux être "du métier" quand on entreprend quelque chose. Ne soyons donc pas surpris de notre particularité. Elle est plutôt saine. Elle est le signe que nous répondons à une attente particulière de nos concitoyens. Pour autant nous avons aussi à apprendre de tous ceux et celles qui exercent des métiers un peu analogues au nôtre. Pensons, par exemple, à tous les permanents d’associations, aux secrétaires de syndicats, aux élus, aux attachés parlementaires,... dont l’essentiel des activités consiste à animer des réunions, prévoir des manifestations, élaborer des textes, (sans oublier de les photocopier !...), etc. En d’autres termes, il peut nous être utile de voir autour de nous comment font tous ceux qui ont à remplir des tâches avec lesquelles nos activités, vues de l’extérieur, ne sont pas complètement sans analogie.

Sacraliser ou... sanctifier ?

Il faudrait encore réfléchir à un autre point. Dans l’expression "fonctionnaire du sacré", que l’on utilise parfois, il est facile de déceler comme une intention de discréditer notre ministère sacramentel (2). Mais il faut rappeler ici que la dynamique chrétienne, à l’opposé de la logique païenne, ne vise pas à la sacralisation d’objets, de lieux ou de temps, mais à la sanctification du tout de notre existence. Le vocabulaire du sacré est demeuré présent dans l’Eglise catholique, mais en situation seconde par rapport au vocabulaire de la sanctification : la sacristie existe, mais à côté du sanctuaire... (3). Et notre sacrifice consiste à offrir la personne, la vie et le don total de Celui qui a pris chair en note humanité, et à faire de notre personne et du tout de notre vie une offrande agréable au Père... Il existe des temps, des lieux, des actes liturgiques qui sont des moments privilégiés, mais ils s’inscrivent dans notre expérience spirituelle tout autrement que selon l’opposition païenne du profane et du sacré. Il est intéressant, à cet égard, de noter que les premiers chrétiens ont choisi des mots du vocabulaire "profane" pour désigner les responsabilités ministérielles au sein de leurs communautés. C’est dire que les fonctions des ministres ordonnés, chez les chrétiens, correspondent à autre chose que les fonctions "sacrées" des païens. Il nous faut donc être attentifs à ce que notre présence de ministres du Christ ne soit pas purement et simplement une reprise ou une continuation des attitudes des sacrificateurs, voire des sorciers ou des devins "antérieurs" à la révélation chrétienne.

Mais il faut toujours éviter de tomber d’un excès dans l’autre. Nous avons connu une époque, encore récente, où l’impératif semblait être de tout désacraliser, justement pour éviter toute contamination païenne. Mais à force de dire que notre "ministère" est sans équivalent et sans références, nous avons peut-être accrédité l’idée qu’il n’était pas "humain". Ce qui serait, pour le moins, une hérésie pour les ministres de Celui qui a voulu partager la condition humaine.

Pour sortir de toutes ces fausses oppositions il me paraît intéressant de réfléchir sur notre ministère de la même façon que le Concile a réfléchi sur l’Eglise. En nous proposant la catégorie de "sacrement du Salut", et sans oublier le : "en quelque sorte..." qui oblige à nuancer le propos, le Concile Vatican II nous donne un bon outil pour rendre compte de ce que nous avons à faire. Et sur le point précis qui nous occupe ici, on pourrait dire que notre charge pastorale s’exerce "sous les espèces d’un métier", dont les contours visibles et repérables font penser à bien d’autres métiers de la Société Civile, même si nous avons conscience, en le réalisant, de répondre à une vocation très particulière.

"Dessine-moi une aumônerie de lycée..."

A l’heure où la réflexion sur le Travail devient si importante dans notre société, il me paraît plutôt sain de poser la question : "Prêtre... un métier ?". Notre époque sait, par l’évidence du chômage, à quel point il devient dramatique de n’avoir pas de métier. Il est donc normal que des jeunes tiennent à vérifier que les chemins que nous leur proposons sont des chemins d’avenir. Je comprends qu’ils soient sensibles à l’aspect professionnel de ces chemins : tout le monde les incite à se montrer exigeants sur ce point. Il est important, et sans doute urgent, de les aider à comprendre comment le ministère presbytéral, au-delà ou en deçà, comme on voudra, de toute sa singularité, est aussi une activité sociale, utile à l’ensemble des citoyens d’un pays, et parfaitement sensée pour celui qui l’exerce. A ce titre, devenir prêtre, c’est aussi choisir un métier, avec ses joies et ses servitudes ; mais c’est un métier où l’on peut très bien se réaliser soi-même tout en mettant ses talents au service d’autrui.

Il peut sembler provocateur de dire : devenir prêtre c’est choisir un métier d’avenir. Tout paraît démentir cette prévision. A vues humaines, c’est vrai. Je pourrais répondre, en ayant l’air de jouer sur les mots, que c’est pourtant bien un métier d’avenir, puisque nous sommes, en quelque sorte, préposés à l’annonce de Celui dont nous attendons le retour, Lui qui est l’Avenir de toute humanité. Mais, sans nier cet aspect auquel j’adhère profondément, je dirai aussi ma conviction que ce métier a, tout simplement, de l’avenir. Il serait tout de même étonnant, et je m’obstine à ne pas comprendre pourquoi on ne le dit pas davantage, qu’à l’heure où tout le monde parle de chercher l’avenir du travail du côté des métiers de service et de proximité, on ne finisse pas par s’apercevoir à quel point notre ministère demeure et peut redevenir essentiel à la respiration d’une société. J’ai été frappé, par exemple, de voir comment, dans les réponses au récent questionnaire gouvernemental, les jeunes revendiquaient comme une de leurs priorités des lieux de partage avec des adultes. A condition que ces adultes soient situés autrement que des professeurs ou des parents. On pourrait presque résumer leur demande de cette façon : "dessine-moi une aumônerie de lycée...".

Je pense qu’il serait utile pour tout le monde, et d’abord pour les jeunes eux-mêmes, que ceci soit rappelé et proposé comme une perspective d’engagement, à côté et au même titre que d’autres engagements professionnels. A charge pour eux, ensuite, d’approfondir sérieusement, dans la prière, la méditation et l’étude, les raisons et les motivations de leur choix. Jusqu’à y découvrir, pourquoi pas, qu’il y a là, pour leur liberté, le chemin d’une vocation.

Si Jésus a tenu à exercer son métier de charpentier avant de se faire prédicateur à plein temps, nous n’avons pas à nous excuser de vouloir exercer notre ministère avec tout le sérieux et toute la passion qui conviennent à un métier dont l’expérience me montre qu’il est à la fois très varié, très riche de rencontres les plus diverses, et dont l’espérance me dit aussi qu’il peut devenir, et en prime, si j’ose dire !,... sanctifiant. (4)

P. Hippolyte Simon Diocèse de Coutances

 

Originalité du vocabulaire chrétien

Le langage du service :

* Mots grecs de la langue courante

  • Douleia : esclavage, servitude
  • Leitourgia : financement bénévole d’une réalisation publique, bénévolat pour le peuple
  • Diakonia : service de table
      • Doulos : esclave
      • Leitourgos : citoyen finançant une réalisation publique
      • Pais : enfant, garçon
      • Diakonos : servant de table

* Mots latins de la langue courante

  • Servitus : esclavage, servitude
  • Ministerium : fonction inférieure (minus) en opposition avec la fonction de direction (magisterium).
    (En forme contractée, a donné : ministerium => métier. A partir du 16e siècle, ce mot a été doublé par ministère)
  • Servus : esclave
  • Minister : celui qui exerce une fonction subalterne
  • Puer : enfant, garçon. Les titres des responsables de la société :

* Mots grecs de la langue courante :

  • Hiereus : sacrificateur, spécialiste du sacré
  • Presbuteroi : anciens
  • Episkopos : inspecteur, chef de chantier

* Mots latins de la langue courante :

Sacerdos : sacrificateur

Pontifex, summus pontifex : chef de la religion romaine

Seniores : anciens.

P. Michel Cancouët, Eudiste
professeur au séminaire de Rennes

Notes ----------------------------------------------------

(1) J’ai déjà eu l’occasion d’écrire, et je me permets de renvoyer à ce texte, que cette façon de poser le problème ne pouvait être le fait que de gens nés à l’intérieur de la Chrétienté, mais qu’elle ne résistait ni à l’analyse ni à l’évolution de la société française. La question n’est pas de savoir si j’ai ces trois droits. Car il est évident que ce sont trois droits inhérents à la citoyenneté, et comme je demeure un citoyen français, j’ai toujours ces droits. Il ne dépend donc que de moi de les exercer (... à condition, bien sûr, que je trouve où les exercer, mais ceci est une autre affaire...). La seule question valide que l’on peut me poser est celle-ci : au nom de quoi, ou au nom de qui avez-vous librement renoncé à exercer ces droits ... ? (cf. H. Simon "Chrétiens dans l’Etat moderne" Cerf, Paris 1984 - p. 163). [ Retour au Texte ]

(2) Il est étonnant, à cet égard, que le titre allemand "Kleriker", du livre d’Eugen Drewermann soit devenu en français "les fonctionnaires de Dieu", alors même que la thèse de l’auteur voudrait en finir avec les engagements à vie au bénéfice d’une vision plus "fonctionnelle" du service presbytéral. [ Retour au Texte ]

(3) Sur ce point on peut se reporter à "Le sacré et le profane", Cahiers du C.E. Th. n° 2, 1988. Disponible sur demande au Secrétariat du Séminaire - B.P. 6087 - 14063 Caen cedex. [ Retour au Texte ]

(4) Cf. Vatican II "Vie et ministère des prêtres". En particulier n°13. [ Retour au Texte ]