Etre prêtres en l’an 2000. C’est possible. Et c’est bien... à une condition...


En complément à cette réflexion, nous vous proposons un texte de Mgr Georges Gilson, évêque du Mans, reprenant une conférence donnée lors de la retraite destinée aux prêtres, à Paray-le-Monial à l’automne dernier.

Récemment, j’ai découvert la Corée du Sud. J’ai participé à la célébration liturgique des ordinations sacerdotales du diocèse de Andong. J’ai visité le Grand Séminaire de Séoul, mégapole de treize millions d’habitants. La communauté catholique de Corée représente près de 5 % de la population. Quatre-cent séminaristes se préparent au sacerdoce ministériel, dans le Grand Séminaire de Séoul. Là-bas, les prêtres sont jeunes. Des missionnaires français sont encore présents. Peu nombreux. Ils sont les "grands témoins" de la génération des pionniers de la Foi qui, au siècle passé, ont inscrit l’Eglise sur le tissu historique de la Corée ancestrale. Là-bas, pour tous, être prêtre n’est pas un problème. C’est une vocation. C’est une chance. C’est une joie.

Revenons en France. Ils sont encore peu nombreux, les séminaristes nouveaux dans notre pays qui, lui aussi, doit avoir le courage de porter son Histoire religieuse et faire les choix ecclésiaux qui ouvrent l’avenir. Je constate que notre Eglise vit toujours un temps de tempête. Elle en reste profondément secouée : la crise de la Foi chrétienne dans un monde sécularisé où les comportements religieux et les conceptions philosophiques se croisent, tentent le dialogue, parfois se heurtent ; la crise de l’identité pastorale des prêtres dans une société qui est démocratique et sauvegarde la liberté individuelle, mais qui a bien du mal à reconnaître la mission, le statut des nécessaires institutions sociales ; la crise de l’éthique qui, devant l’extraordinaire mutation des sciences et des techniques, et du fait positif de l’éclatement des frontières, manifeste un embarras et une incertitude devant une morale qui s’est brisée en mille éclats, décomposée.

Qui s’étonnerait alors que notre Eglise catholique soit bousculée par la tempête en cette fin de millénaire ? L’Eglise est une portion d’humanité. Je pense que grâce à son Concile Vatican II et par la présence même du Christ ressuscité - comme dans l’épisode de la tempête apaisée que rapporte l’évangéliste saint Marc, au chapitre IVème - l’Eglise a la possibilité d’affronter le cap Horn ! La barque de Pierre a même dépassé ce cap difficile.

Aujourd’hui, il est nécessaire de préciser avec réalisme et simplicité l’agir pastoral. Dans une communauté croyante en Christ, tous les membres ont reçu le sacerdoce baptismal et doivent vivre l’Eglise comme signe et sacrement de la présence de Dieu, (cf. le document conciliaire Lumen gentium n°1). Tous sont responsables de tout l’Evangile. Mais différemment.

Ce sont ces différences qu’il faut toujours faire reconnaître. Plus encore, pour les ministres ordonnés - évêques, prêtres et diacres. Il faut toujours faire reconnaître la différence essentielle puisque celle-ci est voulue par le Christ lui-même. Le ministère presbytéral n’est pas un plus, que d’autres baptisés pourraient, peu à peu, assumer. Il est autre. Le prêtre reçoit de Dieu un dynamisme de l’Esprit qui lui est propre. Il est marqué par un sacrement. C’est une grâce d’état. Elle lui est donnée pour le service du peuple de Dieu et la mission évangélique des apôtres. Le prêtre est pasteur. Il est missionnaire. Il n’est ni un fonctionnaire ni un professeur. Il n’est ni un médecin ni un pharmacien. Il n’est ni un P.D.G. ni un entrepreneur. Il est encore moins un gourou... Il est prêtre. Il vit de cette charité pastorale qu’est l’amour trinitaire. Cet amour tout à fait spécifique, le lie aux chrétiens qui lui sont confiés comme est lié l’époux à l’épouse. Un amour "sponsal" (cf. Ep 4).

C’est pourquoi, je crois qu’il n’y a rien de plus urgent pour les évêques - en collaboration avec les prêtres et les diacres ainsi que dans l’éclairage des nombreux synodes diocésains - il n’y a rien de plus urgent que de déterminer les tâches prioritaires des prêtres diocésains en France. Et ce, dans les circonstances actuelles et pour le siècle qui vient.

L’identité théologale du prêtre, nous savons. La signification du ministère des prêtres, nous savons. La grande Tradition et le Concile Vatican II, l’enseignement des papes et tout ce que les théologiens ont écrit depuis plus de vingt ans... nous disent, en ces domaines, des choses claires et dogmatiques, que d’ailleurs peu de personnes remettent en cause.

Ce qui manque aujourd’hui, c’est un consensus ecclésial sur les activités ministérielles et le travail pastoral. L’on écrit quelquefois : "Peu importe ce que l’on fait ; il importe surtout d’être". Et l’on oppose l’être au faire. Je crois que c’est une mauvaise philosophie. Ce n’est pas juste. Il est urgent, au contraire, de désigner, de dessiner les tâches ministérielles à privilégier et de mieux définir les responsabilités des pasteurs dans ce monde-ci. Dieu nous donne de vivre aujourd’hui et maintenant. L’identité de toute personne se dévoile dans l’action. Plus encore celle du prêtre qui trouve la consécration de son être personnel dans et par le sacrement, c’est-à-dire ce geste de Dieu que l’Eglise réalise.

Expliquons-nous. Hier, j’ai connu des prêtres jeunes, dynamiques, heureux. Certains étaient professeurs dans les collèges catholiques ou les petits séminaires. Ils étaient enseignants. Ils ne renonçaient pas à être prêtres pour autant. Ils se voulaient éducateurs de la Foi et leur présence fut souvent déterminante pour nombre d’adolescents. Etaient-ils prêtres de seconde zone ? Non pas. Comme ne l’était pas le prêtre instituteur dans une paroisse bretonne. J’ai connu des prêtres directeurs de colonies de vacances et fondateurs de patronages. Dans Paris et sa banlieue, ils étaient heureux et ne semblaient pas être secoués par une crise d’identité. J’ai connu des vicaires parisiens qui, souvent seuls, assumaient le ministère de la compassion auprès des familles en deuil et célébraient les sépultures. J’ai été aumônier d’équipes d’Action Catholique et j’ai eu une grande joie spirituelle et humaine à aider des hommes et des femmes à grandir dans la Foi chrétienne, au cœur de leur existence quotidienne. J’ai participé à des camps scouts. J’ai vécu avec des prêtres-ouvriers dans la banlieue parisienne, etc... Qui dira que ces activités diverses qui mobilisaient le temps et le savoir-faire de bien des prêtres, n’étaient pas sacerdotales ? Bien des engagements de séminaristes ont été pris au contact avec ces prêtres.

Le monde a changé. Les besoins sont autres. L’engagement du missionnaire de l’Eglise se cherche et s’oriente dans d’autres directions. Il n’est pas extraordinaire que des activités ministérielles ne soient plus les nôtres ou que nous devions les vivre autrement. Les appels viennent d’ailleurs. Les aspirations des jeunes générations ne sont pas identiques à celles de leurs aînés. Le sacerdoce catholique doit toujours s’incarner dans des temps nouveaux.

Certes, la spécificité dogmatique du presbytérat a sa source dans la volonté du Christ qu’a explicité l’Eglise apostolique. La Vérité, personne n’a le pouvoir de la changer : faire l’Eucharistie et présider, seul, la célébration de la consécration comme l’a voulu le Christ, donner le sacrement du pardon, exercer la "charge curiale", c’est-à-dire participer à la fonction épiscopale de bienveillance et de service du peuple de Dieu, (veiller au bien, veiller au grain)... personne ne peut remplacer les évêques et les prêtres pour ces tâches évangéliques. Mais ces pouvoirs propres et spécifiques donnés par Dieu pour le service, s’inscrivent dans un agir ministériel. Et cet agir, je dis qu’il est coloré, modifié, réinventé selon les temps historiques, les besoins et les circonstances. Pendant bien des décennies, les prêtres ne seront plus professeurs. Sans doute, bientôt, les prêtres n’assumeront plus par eux-mêmes, la célébration des obsèques. Y aura-t-il encore, demain, des prêtres-ouvriers ? Il revient à nos Eglises locales de préciser les contours, les objectifs, les charges et les tâches qui définissent le "proprium" des prêtres diocésains de notre pays.

Avant d’ouvrir quelques pistes concrètes et me risquer à énumérer des tâches pastorales, il me faut préciser trois points :

1 - Le prêtre est un homme de Dieu.

A lui est confiée une portion d’humanité ; celle-ci est le peuple de Dieu rassemblé par son ministère, en communauté ecclésiale. L’Eglise, ce sont des gens ! Et non pas des structures ou des organisations. Et ces gens veulent "voir Dieu" ! Dieu est premier. Il est la source. Il est mystère. Dans l’Evangile de saint Luc, il nous est montré qu’avant de donner à ses disciples la prière par excellence qu’est le Notre Père, Jésus prie lui-même ; il exulte devant la mission accomplie par les disciples ; il raconte la parabole du Bon Samaritain. La mission apostolique et le service pastoral puisent leur vigueur et leur enthousiasme dans la contemplation et la prière (cf. Lc 10). Ils conduisent à l’Eucharistie et au Pater.

Le prêtre est un homme de prière et il doit le signifier avec clarté. Le sacrement de l’ordination sacerdotale vécu dans le quotidien devient, par l’agir pastoral, le signe et la manifestation de l’Invisible. Tout acte liturgique dans lequel s’investit le prêtre, doit dévoiler la rencontre du croyant évangélique qu’il est, avec son Dieu reconnu en Christ, dans la lumière de l’Esprit. C’est dire que le prêtre n’est pas un acteur comme au théâtre. Il doit être perçu pour ce qu’il est en Vérité, un quêteur de l’Invisible, un "accueillant la gloire de Dieu". La gloire est la révélation de l’identité propre de Dieu : le Mystère Trinitaire. D’ailleurs, les chrétiens le savent bien, c’est "au nom du Père, du Fils et de l’Esprit" que le prêtre ouvre toute action liturgique et réalise tout engagement apostolique.

Le prêtre est un "trinitaire". Ceci est capital. Si le prêtre ne veut pas devenir un philosophe du divin, un gourou d’une pensée universelle, ésotérique, il doit vraiment être "le croyant par excellence" en le Mystère Trinitaire. Dieu n’est pas n’importe qui ! Pour les temps qui sont les nôtres et pour demain, l’identité de Dieu révélée en Jésus-Christ, doit se voir, se percevoir dans l’agir pastoral du prêtre. Dans toutes activités... et plus particulièrement lorsqu’il prie. Cette tâche pastorale doit occuper deux heures par jour.

2 - Le prêtre n’agit jamais seul.

S’il a une situation originale dans la communauté chrétienne qui lui est confiée, il n’est pas le propriétaire ou le fondateur de cette petite Eglise.

Il la préside au nom de Dieu-Trinité. Il est dans l’assemblée, comme tout chrétien, et il est vis-à-vis d’elle, comme tout pasteur. Il se reconnaît frère parmi des frères. Il est appelé "Père" par les fidèles. Situation paradoxale qui demande une purification du cœur, une attention à toutes les personnes, pour ne jamais mettre la main dessus... et aussi le courage de tenir sa place. Il n’est pas l’époux dans la famille de Dieu. Il est l’ami de l’Epoux. Il est l’ambassadeur des Mystères de Dieu. Il tient la place de Dieu. Non à la manière d’un correspondant extérieur ou d’un délégué du peuple assemblé ; mais il est saisi par la puissance spirituelle de Celui qui l’habite : "Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi". Le Mystère est grand. Je pense que cette originalité de la position quelquefois inconfortable qu’a décrit saint Augustin lui-même, est le "proprium" de l’évêque et des prêtres. Il y a là un champ très vaste d’expériences spirituelles et humaines qui donne au prêtre de réussir sa vocation et d’avoir une réelle liberté d’action.

Cependant, il faut dire plus. Dans la communauté chrétienne, le prêtre n’est pas le seul responsable. Tous les baptisés-confirmés par l’Esprit le sont. Ils ont à répondre devant Dieu de la tâche évangélique qui leur est confiée. Et certains le sont plus que d’autres. Chacun selon son charisme et avec la mission... Il revient au prêtre de présider à la mission communautaire des membres de l’ecclesia. Il ne peut se soustraire à cette tâche. Elle est complexe. Parfois lourde. Le prêtre doit se former pour exercer la mission paternelle auprès de toutes et de tous. Par exemple, dans son Equipe d’animation pastorale, avec les membres du Conseil des affaires économiques, avec le groupe de catéchistes, etc... Ma génération a connu une certaine manière d’exercer la fonction curiale et les tâches de vicaire paroissial. Elle a inventé l’exercice sacerdotal de l’aumônier. Elle a voulu être missionnaire et vivre la présence presbytérale au milieu du monde ouvrier, etc... Il faut, aujourd’hui, trouver la manière de vivre et d’agir d’un pasteur de la communauté chrétienne. Notamment, celui-ci doit conforter la vocation de chacun et coordonner les diverses et nombreuses activités. Exercer l’autorité paternelle, comme un frère. Sur ce chemin, il existe bien des embûches et des difficultés. Mais c’est le bon chemin.

3 - Enfin, le prêtre reçoit le sacerdoce ministériel en étant introduit dans l’ordre presbytéral par l’unique sacrement qui fait les évêques, les prêtres et les diacres.

Il faut toujours revenir au sacrement. Lors de la liturgie de l’ordination, l’évêque et les prêtres font l’expérience concrète, puissante, qu’ils ne sont pas toute l’Eglise, mais qu’ils permettent à l’Esprit de construire l’Eglise du Christ. Sans eux, rien ne se passe...

Le 26 juin dernier, j’ai ordonné trois jeunes prêtres. La cathédrale du Mans - magnifique - rassemblait une grande foule. Il n’est pas rien pour l’évêque de présider ce peuple de Dieu qui manifeste publiquement qu’il est : ecclesia, Eglise du Christ. Les chants, les applaudissements, la participation à la liturgie... Deux moments, cependant, sont des temps forts : d’une part, la prostration, où les futurs prêtres sont allongés sur le sol et se laissent envahir par la prière litanique de ceux qui sont au ciel et de ceux qui n’y sont pas encore ; les uns et les autres sont unis dans l’Esprit Saint avec les jeunes hommes. Oui, c’est une œuvre du Saint-Esprit. D’autre part, à la conclusion des rites et avec l’accord d’une foule qui, par ses applaudissements, ratifiait en quelque sorte ce que je venais de faire, quand les trois jeunes nouveaux prêtres sont allés dans le chœur de l’église rejoindre leurs frères prêtres, entrer définitivement dans le presbyterium j’ai été saisi par la grandeur de ce que nous vivions à cette heure. Jamais seul, le prêtre. Il est membre du presbyterium.

Et aujourd’hui, il y a plus : la présence des diacres permanents. Heureuse nouveauté. Nous n’avons pas fini d’explorer cette richesse du compagnonnage du prêtre avec le diacre. Il n’y a pas de diacres sans prêtres. Il n’y aura pas, demain, de prêtres sans diacres. Plus que nous le pensons, la présence du diacre dans une communauté croyante modifiera la fonction presbytérale. Je ne peux m’étendre sur ce point.

Ainsi la prière trinitaire, l’exercice de la coresponsabilité, la vie en presbyterium et avec des diacres... voilà trois champs d’action dans lesquels nous pouvons définir ce que j’appelle le "proprium" du ministère presbytéral. Cela s’inscrit sur un agenda et dans le temps consacré.

Tentons un projet

Tentons un projet. Favorisons un débat. C’est une hypothèse de travail. Essayons de décrire quelques tâches prioritaires réservées aux prêtres de l’an 2000.

  1. Convoquer le peuple de Dieu et présider la communauté
    Ceci est le premier engagement du pasteur. Il doit connaître les personnes et les familles. Le pasteur connaît ses brebis. La règle nous est donnée par l’Evangile lui-même. C’est une obligation. Et pour l’évêque, c’est un devoir de confier à un prêtre une communauté dont il peut connaître tous ses membres. Une centaine de foyers, tel doit être le noyau communautaire de demain.

  2. Faire l’homélie
    Les ministres ordonnés ont cette mission de proclamer l’Evangile et d’en donner le commentaire autorisé. Je crois qu’en ce domaine, un gros effort est à réaliser. Beaucoup rejoindraient l’assemblée dominicale si la prédication de la Parole de Dieu était mieux développée, sans doute mieux préparée, précisément mieux à la portée des gens...

    Mais il n’y a pas que cette action ministérielle du prêtre au cœur de la liturgie. De cette source, se déploie le service de la parole : le prêtre a une tâche de prophète propre à sa situation. Il fait autorité et référence.

  3. Le catéchuménat
    C’est là une activité missionnaire heureuse. Je crois qu’il revient au prêtre - agissant au nom de son évêque - de faire en sorte que, dans sa communauté, la dynamique et la démarche catéchuménales soient au centre des préoccupations. Par excellence, le prêtre répond de l’appel. Il reçoit la charge de baptiser. Il prépare à la confirmation de l’Esprit. Il donne le corps et le sang du Christ. Il a, en ses mains consacrées, les sacrements d’initiation.

  4. Assumer le don des sacrements et les célébrer en présidant la liturgie.
    Qui décide de donner les sacrements ? L’ultime acquiescement est donné par le prêtre. Certes, le prêtre n’est jamais seul dans la préparation, le cheminement et la célébration. Mais c’est lui qui dit, au nom de Dieu : "Je te baptise... je te pardonne..." c’est pourquoi il lui est réservé de présider toutes les célébrations sacramentelles (1). Je dis toutes... Je me refuse à croire que, demain en France, des laïcs présideront à la célébration des baptêmes ou des mariages !

  5. Donner la réconciliation et accompagner celles et ceux qui sollicitent son ministère de guide spirituel. "Soyez saints comme Je suis saint", dit Dieu. Cette tâche pastorale est fondamentale.

  6. Développer et soutenir la démarche œcuménique.
    Le choix du Concile Vatican II est clair. L’option du Saint Père, également. Il n’y a pas d’évangélisation qui ne passe par un travail quotidien au service de l’Unité et dans le combat pour la paix entre les chrétiens. "Père, Qu’ils soient un pour que le monde croie...", dit Jésus.

  7. Donner du temps à l’écoute et au dialogue avec celles et ceux qui vivent d’autres valeurs et ont d’autres croyances dans une société traversée par divers courants et qui veut vivre la pluralité des comportements spirituels ou religieux. Le prêtre est un homme de tolérance et de compréhension mutuelle. Notamment en France, aujourd’hui et demain, il doit ne pas être étranger au monde complexe et divers de l’Islam.

  8. Vivre la coresponsabilité en Eglise. C’est capital.
    Le prêtre travaille avec de nombreux catholiques. Il est l’éducateur de cette nouvelle collaboration dans la communauté chrétienne. Il apprend le chemin du consensus. "Regardez comme ils s’aiment".

  9. Soutenir une pastorale renouvelée auprès des jeunes générations. C’est évident.

  10. Développer des mouvements, des équipes, des cellules évangélisatrices.
    L’Eglise n’est pas une armée conquérante des croisés de la Foi. Ses membres sont le levain dans la pâte humaine. Dieu les envoie pour être comme le sel de la terre. Ils témoignent des Béatitudes. Leur Foi se respire comme l’oxygène et se partage comme le bon pain.

Je reviens à l’exemple coréen. En Corée, les catholiques sont minoritaires. Ils n’ont pas le complexe du désenchantement ni la peur de la faillite ! Ils vivent en communautés paroissiales. Mais chaque semaine ils se retrouvent entre eux, en quartier - sans la présence du prêtre - pour se connaître, prier, lire la Bible, partager la vie... et inviter les "autres". Ce sont des petites cellules de Foi qui évangélisent.

Conclusion

Evidemment chaque prêtre ne peut pas faire tout cela. Je le sais. Mais il est membre d’un presbyterium ; il n’est jamais seul. Dans l’Eglise, tous sont responsables de tout l’Evangile, mais différemment.

Et puis, n’oublions pas que Dieu est libre de donner des charismes et des vocations à qui Il veut. Il le fait d’ailleurs, parfois, avec humour ! Dans les Actes des Apôtres, nous voyons ceux-ci débordés par le travail apostolique et se trouvant dans l’impossibilité de répondre à toutes les situations. Il en résulte des conflits et des disputes dans la communauté. Alors ils décident de "se consacrer à la prière et à la Parole" ; ils choisissent sept chrétiens et les ordonnent au service des "tables et des pauvres", (les diacres). Parmi eux, Etienne. Etienne devient tout de suite un vigoureux prédicateur de l’Evangile, il exerce le ministère apostolique de la Parole ! (cf. Ac. 6)

Le vent souffle où il veut !

Mgr Georges Gilson
évêque du Mans

Note ---------------------------------------------

(1) ... ou l’évêque et, pour certains sacrements, le diacre. [ Retour au Texte ]