Attentes et demandes


Arpès un premier temps de travail en groupe sont exprimées les attentes de chacun des participants. Les divers intervenants précisent dans ce premier débat ce qu’il est possible d’attendre de cette session.

Eric Julien (SNV)  :
Nous avons fait un tour d’horizon de nos attentes et nous voyons des lignes communes entre ces diverses attentes exprimées. Il y a déjà quelque chose qui a trait à un désir de dialogue, de partage d’expériences en vue d’une collaboration entre les SDV et les monastères.
Ensuite, tout ce qui a trait aux jeunes : qui sont-ils ? essayer de se le dire, mieux les connaître, que veulent-ils ? mieux le savoir .
Comment leur répondre ? Quelles pistes pour accompagner, quelles pistes pour discerner, quels sont les préalables dans le dialogue ? préalables humains qui sont indispensables aujourd’hui avec certains jeunes en difficulté humaine, affective ou sociale, même sur le plan de la foi.
Quatrième chose que j’ai remarquée : tout ce qui a trait à l’identité réciproque dans ce dialogue entre nous et ces jeunes. Comment être soi-même, d’un côté comme de l’autre et comment respecter la liberté des uns et des autres ?
Dans ce temps qui nous est donné, il serait bon que nous passions en revue ces diverses attentes que vous venez d’exprimer et que les intervenants puissent dire de quelle manière ils essaieront d’y répondre au cours de cette session.

Père C. Digonnet (SNV) :
Je réagis simplement à partir de quelques remarques que j’ai soulignées en écoutant, cela ne veut pas dire que c’est forcément le plus important.
Quand on dit "pour mieux accueillir ce qui passionne les jeunes et les rejoindre dans leur langage" cela me semble très important. C’est cette fameuse question de l’évangélisation avec cet aspect d’inculturation. Manifestement on est entré dans une nouvelle culture, les jeunes sont de cette nouvelle culture. On n’est pas forcément, nous qui les accompagnons ou les accueillons, tout à fait de plein pied avec eux. Je crois que les monastères peuvent jouer un rôle important dans cet effort de l’inculturation de l’évangile. Aujourd’hui, par l’écoute, parce que je crois que vous pouvez nous aider beaucoup à écouter les jeunes, je crois que la façon dont vous vivez, le style de vie que vous avez adopté vous rend "spécialistes" de l’écoute.
J’ai souligné aussi, bien sûr, ce qui a été dit à propos du préalable humain, et j’ai souligné aussi l’importance "d’aider les jeunes à partir des repères qu’ils ont, tout en restant nous-mêmes". C’est vrai je crois de tous les contacts que nous pouvons avoir avec les jeunes où que nous soyons et quelle que soit, je dirais, notre vocation mais tout en restant nous-même. L’accueil, et c’est peut-être en partie l’Afrique qui m’a appris cela, c’est vraiment rester soi-même dans l’accueil. Je crois que chez nous on a dévié pour vouloir mieux accueillir ; souvent on change de visage et finalement cela complique l’accueil.

Eric Julien :
Accueillir veut donc dire garder son vrai visage pour que l’autre puisse montrer le sien. Sans dévoiler ce qui va être dit les jours prochains, le Père Paul Houix pourrait peut-être compléter à propos de ces jeunes vis-à-vis desquels on se sent quelquefois en grande distance, ne serait-ce que culturellement. N’est-ce pas justement aussi cette grande distance qui les attire dans les monastères ? Parce qu’ils sentent une telle distance, qu’ils sont intrigués par votre mode de vie, par votre vie communautaire, par votre choix si radical. Est-ce que cette distance n’est pas une forme de richesse, un appel qu’il faut savoir exploiter ?

Père Paul. Houix (Abbaye de Timadeuc) :
Demain j’essaierai de répondre à la question, j’essaierai, je dis bien ! Mais, au préalable, je voudrais dire une chose qui me paraît importante. A chaque fois que l’on parle des jeunes, j’ai envie de dire : de quels jeunes parle-t-on ? C’est la grosse question parce que "les jeunes" cela n’existe pas. Il y a des gens qui arrivent devant nous et dans les monastères j’ai l’impression que nous avons des situations très différentes. Demain nous en parlerons, une carmélite et moi.
A Timadeuc on reçoit 10 000 jeunes par an, peut-être plus, qui viennent pour la confirmation, pour des tas de choses. Quand on n’accueille que quelques jeunes par petits groupes ou bien par unité, il me semble que l’approche est différente. C’est pour cela que j’attends beaucoup du P. Lescanne qui nous parlera du monde des jeunes. Quels sont les jeunes qui viennent dans nos monastères ? Est-ce que ces jeunes sont différents des jeunes qui ne viennent pas dans les monastères ? Car il y a ce phénomène quand même très particulier. Nous sommes au cœur de la Bretagne et on nous dit : "Timadeuc accueille beaucoup de jeunes ! ", je dis toujours "tu parles !". Supposez qu’on en accueille 10 000, il y en a encore 500 000 qu’on ne voit jamais ! Je crois qu’il faut d’abord se dire que nous voyons vraiment le petit nombre et quand Claude parlait de l’évangélisation, je crois que nous sommes dans un monde où l’Eglise n’atteint pas les jeunes. Cette année, j’ai animé une retraite pour les diacres de Caen qui allaient être ordonnés prêtres, donc des jeunes diacres, qui me disaient : "Les jeunes, on ne les voit pas". Eux étaient pourtant des jeunes. Si eux disent cela, a fortiori les prêtres de Bretagne qui disent que nous sommes des grands pères !
Je crois qu’il faut qu’on ait le courage au début de cette session de se poser cette question : d’une part, quels jeunes accueillons-nous ? quel est le nombre de ceux qu’on accueille ? Après on pourra peut-être essayer de répondre à la question : comment on les accueille ? Demain, nous essaierons, Sœur Françoise et moi, d’y répondre.
On nous a demandé de parler des jeunes qui passent dans les monastères, il y a le jeune qui passe 24 heures et il y a le jeune qui frappe à la porte pour entrer. Nous sommes, je pense, devant un monde immense et je crois que nous devons être très humbles. J’inviterais à beaucoup d’humilité quand nous allons parler des jeunes durant ces deux jours.

Eric Julien :
Il serait peut-être bon de préciser aussi ce qui a motivé le choix au sujet du titre : les jeunes" passent" dans les monastères.

Père P. Houix :
Les jeunes qui passent il y en a trois sortes. Il y a ceux qui viennent en passant, un jour, deux jours, trois jours. Il y a ceux qui viennent et qui fréquentent - demain je parlerai plus longuement des jeunes qu’on voit et qui reviennent. Personnellement, j’accompagne des jeunes depuis dix ans, j’ai commencé à les voir à 11-12 ans. Aujourd’hui, ils ont 20-22 ans et je continue à les accompagner. Donc eux ils fréquentent le monastère, c’est passionnant cela. Et enfin, il y a ceux qui, grâce à Dieu, frappent à la porte. Voilà les trois catégories : ceux qui viennent en passant, ceux qui viennent en fréquentant et ceux qui viennent en frappant à la porte.

Sœur D. Sadoux (SNV) :
En écoutant les comptes-rendus et en entendant les remarques "On ne rencontre que peu de jeunes" et aussi "Comment rejoindre le langage des jeunes ?", je souhaitais dire que, d’après ma petite expérience d’accompagnement en direct auprès de jeunes ou de communautés de jeunes, c’est vrai qu’on rencontre très peu de jeunes. Mais si c’est pour un accompagnement suivi, c’est très sérieux et ceux qui viennent ce sont vraiment des chrétiens qui, eux, vont évangéliser des milieux de jeunes non-chrétiens.
Je me souviens d’une fille qui était venue après le pèlerinage de St Ignace de Loyola en 1991, la route de St Ignace, et qui a dit : "Je suis en fac et je suis vraiment seule chrétienne. Dans les sujets qu’on aborde entre étudiants, je n’ai pas le courage d’ouvrir la bouche parce que je suis toute différente : je n’ai pas de petit ami, je ne vis pas avec quelqu’un, je pratique, etc..." Elle ajoutait : "Moi, je viens pour pouvoir me fortifier dans ma foi et être aussi ’missionnaire’." Les demandes d’accompagnement me mettent dans l’émerveillement.

Père D. Marion (SDV Dijon) :
Nous avons autour de nous trois monastères : La Pierre-qui-Vire, Acey, Citeaux. Un peu plus loin on a Vénières. Ce sont des monastères bénédictins. Je parle de ce que j’ai eu l’occasion de vivre. Je me félicite d’une collaboration qui a été très féconde : je pense à un garçon que j’ai accompagné pendant sept ou huit ans, d’abord voulant être prêtre. Il avait 15-16 ans. Peu à peu j’ai discerné qu’au fond, j’ai entendu le mot prière tout le temps. Je lui ai dit : "Pour toi c’est le monastère", et peu à peu je l’ai mis en lien, il y a eu une espèce de fondu-enchaîné qui a été formidable. Au début il allait faire de petites incursions au monastère et revenait vers moi et peu à peu il s’est lié avec le monastère. J’avais juste quelques comptes-rendus mais on se concertait avec le maître des novices. Jusqu’au bout, jusqu’à son entrée et même après, quelquefois, on en reparlait, comme on reparle dans un conseil de séminaire : qu’est-ce que tu penses, comment on pourrait l’aider ? J’ai trouvé cela très positif. Avec Vénières, on est en train de vivre quelque chose d’analogue. Beaucoup de monastères ont compris cela.

Sœur Brigitte, clarisse (Besançon) :
Je voudrais apporter un léger bémol à cette collaboration monastères-SDV parce que j’appartiens aux deux. Autant je me félicite d’une vraie collaboration, autant je suis quand même obligée de constater que les monastères sont moins bien connus au sein des SDV que les Instituts de vie apostolique et non seulement sont moins connus mais moins représentés. J’ai deux, trois expériences où des jeunes sont entrés dans des monastères et pas poussées par les SDV.

Père J.-M. Launay (SDV Cambrai) :
Dans la liste il y a 49 moniales et 7 moines, alors est-ce que cela représente la proportion au niveau moines, moniales en France ? Si non, comment se fait-il qu’il y ait si peu de monastères masculins qui soient représentés ici ?

Mère Marie-Jean :
Je ne sais pas si ma réponse est bonne, mais l’initiative de l’invitation est venue des moniales et nous avons invité les moines par le canal de la Conférence Monastique de France. Je ne sais pas comment s’est faite la répercussion, il semble que les moines n’étaient pas tellement partie prenante, sauf les quelques-uns qui sont là. De toute manière il faut bien remarquer qu’en ce qui concerne les moniales nous sommes moins nombreuses en proportion qu’en 1986. En France il y a environ 314 monastères féminins plus quelques fraternités. Pour 46 monastères d’hommes.

Père P. Houix :
En tant qu’abbé j’ai reçu aussi l’invitation avant d’avoir été invité à intervenir. Alors ce qu’il faut savoir c’est que, de fait, quand on reçoit la feuille, c’est marqué SNV et Service des Moniales. Alors nous, moines, on se sent... Vous avez compris !

Père C. Digonnet :
Je ne sais pas si je réponds bien. Il y a aussi une question de structure, comme quoi les structures, cela a de l’influence. Il me semble que du côté des religieux il y a une structure CSMF qui vraiment coiffe l’ensemble et dans laquelle les moines sont une des six catégories de religieux masculins. Tandis que du côté des religieuses, les moniales ont une existence, une structure nationale un peu plus indépendante.

Mère Marie-Jean :
Jusqu’à maintenant on a une structure nationale, c’est vrai. Le SDM existe en tant que tel. Mais nous faisons partie de la CSM malgré tout. On n’a pas une structure vraiment à part.

Père P. Agneray (SDV. Arras) :
Je voudrais dire que ceux qui ont le plus besoin du travail que nous faisons ici, c’est ceux des monastères masculins et féminins et des SDV qui ne sont pas là. On ne va pas pleurer et se renvoyer la balle ou chercher des explications au fait que certains ne soient pas là, mais je crois qu’il faut se donner rendez-vous à la fin de cette session et nous dire comment nous allons leur faire profiter de notre travail et développer le partenariat avec ceux qui sont de notre ressort et qui sont quand même plus faciles à atteindre que les jeunes !

Monique Maréchal (équipe SDV Le Mans) :
Tout à l’heure la sœur disait que la vie religieuse apostolique était peut-être mieux connue et plus représentée, c’est évident, dans le SDV que les monastères. Dans mon esprit, on réservait plutôt une place aux moniales dans les Ateliers vie consacrée et avec cette insistance : ne pas demander trop leur participation et éventuellement vivre le temps de l’atelier dans le monastère d’où venait la déléguée, ce que nous faisons dans la Sarthe. Le moine, lui, a la possibilité de ne pas avoir de clôture papale et peut sortir plus que la moniale. Dans mon SDV, actuellement, certains laïcs disent (on a depuis presque un an le Père Maître de Solesmes dans l’équipe) "Pourquoi n’a-t-on pas une moniale ? " J’ai toujours défendu leur cause de cette manière-là et je voudrais savoir si j’ai raison ?

Sœur D. Sadoux :
De plus en plus les moniales des ateliers demandent à ne pas se déplacer trop souvent mais qu’on se retrouve dans leurs communautés. Par exemple en Provence-Méditerranée on "tourne". Dans le diocèse, il y a plusieurs monastères et la rencontre de l’atelier "vocation-vie consacrée" se déplace chaque fois dans un monastère différent. Je crois que c’est normal que dans des équipes SDV, à part des exceptions très fructueuses, il n’y ait pas de moniales dans le noyau dur, parce que vous n’avez pas la possibilité d’aller à des soirées de jeunes. Mais moi je pense, peut-être je me trompe, que ce n’est pas pour cela que votre vocation n’est pas représentée dans les SDV. Il me semble au contraire qu’il y a une grande estime de la vie monastique et que beaucoup de SDV vont dans les monastères, que ce soit les animateurs ou les jeunes. Le dernier point que je voudrais dire, c’est que quand on est formé à l’accompagnement, la vie monastique - cela fait partie de l’honnêteté de l’accompagnement - est extrêmement privilégiée comme une vocation.

Sœur Brigitte :
Je crois que je me suis mal exprimée. Ce que je voulais dire c’est que la vie monastique était moins bien connue, et on le sent bien dans les relations, dans les dialogues, lorsque vous le demandez à des personnes du SDV. On a un SDV qui est composé de 30 personnes à peu près, laïcs, religieux, religieuses, prêtres, etc. donc c’est un SDV conséquent. Si vous essayez de les faire parler sur ce qu’est la vie contemplative, ils auront beaucoup moins de facilité et de connaissance que pour parler de la vie religieuse apostolique.
Il est normal que cela n’aille pas plus loin, on ne va pas parler de ce qu’on ne connaît pas. Je ne voulais pas dire qu’on va restreindre la vie monastique, loin de là, mais simplement on n’a peut-être pas les moyens au sein de certains SDV d’en parler de manière complète.

Père D. Marion :
J’admire le respect qu’on a pour les institutions, les rencontres, les équipes diocésaines, les bureaux... J’admire la foi qu’on a en leur efficacité. J’y crois, c’est une efficacité de coordination, d’information. Mais de grâce, le véritable travail au SDV ne se fait pas dans ces équipes-là, il se fait précisément lorsqu’on conduit des jeunes dans un monastère, lorsqu’on amène des confirmands dans un monastère, dans la façon dont on en reparle après. Au sein du groupe de recherche, presque toutes les rencontres se font dans des monastères : trois dans un monastère et une dans une communauté apostolique. Alors, effectivement, il n’y a peut-être pas une représentation au niveau des instances, mais encore une fois, ce n’est pas là que se fait le travail et moi je crois que si il y a une vie religieuse qui est méconnue c’est la vie religieuse apostolique actuellement, parce que justement on ne voit pas son utilité : il y a tant de moyens de s’engager ! Alors qu’avec sa radicalité et sa visibilité, le monastère est visible pour quelqu’un qui a perdu contact avec l’Eglise. Je suis frappé du nombre de jeunes qui reprennent contact avec l’Eglise à cause d’un monastère.

Père J. Anelli (SDV Nanterre) :
Comme délégué des vocations, je ne peux que me réjouir de rencontrer un maximum de vocations, y compris de vocations féminines . Et quelqu’un l’autre jour me demandait si je voyais beaucoup de filles qui se posaient la question de la vie religieuse ou de la vie monastique. Et j’ai répondu :" Quelques-unes. Mais d’une certaine manière, si je n’en voyais aucune je serais très heureux parce que cela voudrait dire qu’elles auraient rencontré des communautés où elles seraient entrées." Quand on voit la diversité de vos vêtements, on se rend compte qu’il y a une diversité de propositions et que peut-on rêver ? C’est qu’effectivement, on entre dans la vie religieuse ou dans la vie monastique par rencontre d’un lieu, par rencontre d’un charisme, par rencontre d’une histoire qui se noue avec une autre histoire. Je pense à une jeune femme que je sais entrée durant les vacances dans une congrégation de vie religieuse apostolique diocésaine de l’ouest de la France. Elle a participé à une marche pascale organisée par le diocèse, au FRAT - et je l’y ai rencontrée, elle participe à une année de réflexion et de travail diocésain pour les laïcs en responsabilité. C’est par la bande que je sais qu’elle entre dans cette congrégation religieuse. Je m’en réjouis pour elle parce que cela prouve qu’elle a trouvé son chemin d’elle-même. Mais c’est vrai que ni la congrégation ni la jeune fille en question n’ont éprouvé le besoin de venir me voir puisqu’elle savait où elle voulait aller. Tant mieux pour elle, dommage pour moi... Je crois que c’est le paradoxe d’un service des vocations qui est à la fois celui qui oriente, qui peut aiguiller, qui peut aider à découvrir mais qui heureusement, comme pour l’Eglise, n’est pas l’unique canal des grâces du Seigneur.

Sœur D. Sadoux :
Bien sûr, dans les réunions d’équipe, comme le disait Denis Marion, tout ne se fait pas, le secret des choses se fait ailleurs. Il reste que ce que Sœur Brigitte a dit est une interpellation aux instances monastiques des CRV (Commissions Régionales des Vocations). Si chaque fois qu’une région se rassemble il y a, comme cela existe - je pourrais nommer des régions - un moine ou une moniale dynamique, leur influence peut être énorme sur les SDV et sur leur équipe. Je reviens de Provence-Méditerranée où un moine de Ganagobie vient à la CRV. Il y est tellement participant que cette vocation monastique y est hyper présente. Si vous y êtes, prenez la parole, affirmez-vous, et je crois que votre vocation y sera présente.

Mère Marie-Jean :
Bien souvent, dans certains diocèses - je parle pour le mien pour l’instant - c’est toujours le même monastère qui est obligé de "fournir" la moniale. Là aussi, on dira : "On ne connaît que les clarisses", comme par hasard. C’est pas pour autant que les jeunes entrent chez les clarisses. Je ne veux pas aller contre ce qu’a dit Sœur Brigitte, loin de là. Dans une certaine mesure je suis d’accord avec ce qu’elle a dit, mais je crois que la responsabilité est largement partagée. S’il y a une méconnaissance des différents charismes de vie religieuse c’est que, bien souvent, certains monastères ne veulent à aucun prix prendre leur tour pour participer. Je sais que je passe mon temps au niveau de mon diocèse à me bagarrer en disant : "Non je ne veux plus que ce soit une clarisse qui y aille, trouvez quelqu’un d’autre." C’est une occasion ici de le dire, mais vous êtes convaincus puisque vous êtes là !
Il faudrait que vous puissiez dire que nous, moniales, nous prenions conscience que nous ne serons connues que dans la mesure où, chacune à notre tour, nous prendrons notre place dans ces ateliers de vie religieuse. Il faut que les ateliers tournent dans les différents monastères, que ce ne soit pas toujours dans le même. Je crois que ce n’est pas le seul cas et je tiens à le dire fermement ce soir pour nous réveiller un peu, côté moniales.

Eric Julien :
Nous sommes tout à fait dans le vif du sujet. Nous continuerons cet échange, et nous l’approfondirons puisqu’un dialogue est prévu entre les SDV et les monastères.
Nous avons noté dans les attentes exprimées par les carrefours celle d’une meilleure connaissance des jeunes : qui sont-ils, comment mieux les connaître ? Il y a une dernière attente en ce qui concerne l’accompagnement, le discernement et les préalables humains. Nous essaierons de mieux y répondre demain.