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Que faire quand un(e) jeune confie un projet de vocation ?
Ceci peut très bien arriver. Que faire alors pour ne pas être pris au dépourvu ? S’il n’existe pas de recette toute faite, on peut en revanche proposer quelques points de repère :
1- D’abord bien écouter le jeune : le laisser parler, lui permettre d’exprimer son projet. Accueillir sérieusement sa question, lui faire comprendre qu’elle n’est pas marginale, mais normale. Elle ne l’engage pas définitivement, elle ouvre une réflexion. Etre attentif aux autres moyens d’expression du jeune : la parole n’est sans doute pas le tout de son expression.
2 - Permettre un premier engagement : même si cela reste un niveau modeste, ce premier échange peut aider le jeune à respirer, à mieux porter sa question ; l’aider à découvrir que son projet s’enracine dans la vie quotidienne, dans son histoire personnelle riche de multiples dimensions : la vie familiale, les copains, les rencontres qu’il fait, la découverte de son milieu de vie, sa relation à Dieu. L’inviter à continuer à vivre pleinement, à être réellement acteur de de sa vie là où il est, avec les autres. l’aider à relire périodiquement cette histoire personnelle et sans doute l’interpeller sur sa recherche.
3 - Offrir un lieu de partage : l’animateur vérifie que ce jeune participe à un groupe où il peut partager, approfondir sa foi, prier avec d’autres. Sinon, il cherche avec lui dans quel groupe il pourrait trouver place. Selon le contexte et avec toute la discrétion nécessaire, cette équipe pourra accueillir le projet du jeune : occasion possible d’un partage, d’une discussion, d’une interpellation réciproque des jeunes entre eux.
N’enfermons pas le jeune dans son projet, dans une image de "futur curé" ou de" future bonne sœur". Rien ne serait plus dommageable pour sa liberté.
4 - Eveiller sa générosité : il est important aussi que le jeune découvre peu à peu que sa recherche doit s’incarner dans un service concret qui fasse grandir son sens des autres. Sans viser à faire du jeune un militant accompli, il faut sans doute l’aider à mettre en œuvre sa générosité à travers un service d’Eglise, même s’il est modeste, ; à travers des actions concrètes de solidarité, d’entr’aide autour de lui ; à travers le regard qu’il porte sur les autres, la manière dont il les situe dans sa propre prière, sans exaltation.
5 - Proposer des temps de prière : il est important d’inviter le jeune à partager sa question avec Dieu, à la confier dans la gratuité de la prière. C’est l’occasion de découvrir que le Dieu de Jésus-Christ l’aime en profondeur, qu’il donne à sa propre vocation une dimension personnelle et communautaire : il l’appelle à vivre sa vocation avec d’autres, en Eglise.
6 - Savoir le renvoyer à d’autres : Il n’est pas facile sans doute de poursuivre le premier accompagnement d’un jeune dans sa recherche. Il ne faut pas hésiter alors à le renvoyer à d’autres plus compétents, soit dans l’établissement, soit dans la paroisse ou le secteur pastoral (un prêtre, un(e) religieux(se), un laïc).
Eveiller aux vocations,
c’est possible
• C’est vrai qu’il existe des difficultés pour cet éveil : moins de prêtres, manque de culture religieuse chez les jeunes, sécularisation ambiante, peur de s’engager pour longtemps... Mais en même temps, on constate des possibilités prometteuses :
De plus en plus, les laïcs ont conscience de leur vocation de baptisés ; ils prennent leurs responsabilités dans la mission de l’Eglise et découvrent la valeur des vocations spécifiques. Ainsi ils s’engagent nombreux dans l’animation des aumôneries, mouvements, catéchèse, écoles...
Les jeunes, les enfants font preuve aussi de dynamismes porteurs, expriment une soif de vivre et de se réaliser. Beaucoup d’entre eux sont en recherche de foi, se préparent au baptême ou à la confirmation.
Ce contexte offre donc des éléments favorable pour oser aborder la question des vocations.
• Sans doute peut-on essayer d’abord de saisir ou créer certaines occasions. Les temps forts, récollections, enquêtes, camps, qui permettent une expression existentielle importante pour les jeunes. Une démarche sacramentelle qui engage un jeune : baptême, confirmation... C’est l’occasion d’un choix, mais aussi d’un appel à aller plus loin dans la vie chrétienne. La rencontre de témoins divers qui permet une identification. La Journée Mondiale de prière pour les Vocations, l’ordination d’un séminariste proche des jeunes, qui sont l’occasion d’une sensibilisation.
• Plus largement, ne serait-il pas possible de devenir attentifs à toutes les possibilités offertes par la vie quotidienne avec les jeunes ? Par exemple : apprendre à "lire" le monde et à déchiffrer les signes des temps ; apprendre à aimer ce monde comme Dieu l’aime et faire grandir en soi le désir de le servir au nom de Dieu ; s’éveiller au sens de la durée et à la valeur d’un engagement durable ; découvrir la relativité des biens matériels par rapport aux richesses de l’esprit et du cœur...
Eveiller, oui, mais à partir de ce que nous vivons déjà !
• Et puis, savons-nous qu’il existe des moyens d’animation adaptés à la question et proposant des pédagogies d’éveil ?
Oser appeler...Pourquoi pas ?
Pudeur, respect humain ou souci mal compris de la liberté des jeunes ? On n’ose guère aborder le sujet de la vocation, voire interpeller un jeune... Pourtant , cette possibilité existe. Certains ne se seraient jamais mis en route si, un jour, un témoin n’avait lancé une parole d’appel : "Pourquoi pas toi ?".
D’emblée, il faut redire qu’une telle parole n’est jamais souci de recrutement, volonté de faire une quelconque" retape". Elle exige tact, respect de la personne, discrétion.
Elle doit se situer dans un contexte d’éveil à la foi, dans un lieu déjà identifié : groupe de partage, accompagnement personnel, préparation sacramentelle...
Elle est toujours respect d’une double liberté : liberté du jeune qui se voit sollicité par l’Esprit de Dieu, à travers des médiations diverses. Il doit pouvoir répondre sans contrainte, s’interroger dans le calme, sans que cela préjuge de son avenir ; liberté de l’Esprit, qui souffle où il veut, et qui sait trouver les chemins pour se manifester dans la vie d’un jeune (sa recherche personnelle, son goût pour la prière ou le service des autres, son sens de l’Evangile...). Lancer une telle interpellation à un jeune nécessite donc équilibre, discernement, attention respectueuse.
Document CSMF - Février 1994