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Moniales en CRV - SDV - AVC, qu’en pensent les Régionaux ?
Voici le résultat d’une petite enquête menée auprès des Régionaux, sur la nature des liens qui existent avec les monastères et ce qu’ils attendent des moniales. Sur les neuf régions contactées, six ont répondu.
1 - La présence des moniales dans les différentes instances est généralement jugée utile et même nécessaire, en tant que signe de leur vocation originale, du rappel de la place de la prière et aussi pour une meilleure compréhension de la complémentarité des vocations spécifiques.
Quelques "bémols" la souhaite plutôt ponctuelle que systématique par respect de la vocation monastique.
"La présence des moniales dans ces instances ne me paraît pas utile. A dire vrai,je suis souvent gêné pour le délégué des moines : j’ai le sentiment qu’il vient par devoir et que nous lui faisons perdre son temps. Je ne crois pas à l’intérêt d’une présence systématique des moines et des moniales dans nos réunions. Cela me semble en contradiction avec leur vocation.
En revanche, de manière ponctuelle et pour aborder spécifiquement la question de la vie monastique, cela aurait de l’intérêt."
"...J’avoue que j’aurais quelques réticences à exiger des moines et des moniales une présence à toutes les instances des SDV. Ce n’est pas leur vocation de courir les réunions et puis nous passons beaucoup de temps à traiter de sujets qui ne les concernent pas directement. Nous avons pour notre région un délégué moine. Il reçoit toutes les invitations à la CRV mais vient rarement... Il s’est excusé auprès de nous tout en ajoutant : "Si vous, les Services des Vocations, vous ne comprenez pas mes réticences, qui les comprendra ?..."
Cette présence est cependant utile aux moniales elles-mêmes comme lieu d’information et de formation. Elle est d’autant plus appréciée que la moniale se situe bien comme déléguée des autres monastères de la région.
2 - Les liens entre SDV et monastères sont généralement bons. La confiance, une franche collaboration existent de plus en plus. Les uns et les autres s’affrontent aux même questions dans l’accueil et l’accompagnement des jeunes et éprouvent le besoin de se concerter.
Une pointe de méfiance, un reste de réserve est signalé ici ou là : le monastère n’est intéressé par le SDV que s’il "rapporte" des vocations. Le SDV craint que la jeune soit trop vite "accaparée"...
"Dans le passé, deux jeunes filles fréquentaient le monastère et envisageaient une entrée. Pour les aider dans leur discernement, la mère abbesse les a envoyées au SDV du diocèse. Et puis, pendant des mois, plus aucune nouvelle alors que jusque-là elles venaient très régulièrement. Longtemps après, une fille est revenue. Elle a confié à la mère abbesse qu’au SDV on lui avait conseillé de prendre du recul, de vivre une coupure radicale avec le monastère, de retrouver sa liberté..." On comprend les dégâts que peut opérer ce genre d’expérience.
... Je reconnais que le travail de communication ne se fait pas toujours entre un SDV et tel monastère : parfois, un manque d’information a eu des conséquences regrettables pour tel ou tel jeune à plus ou moins long terme. Plus précisément, il est important qu’un SDV et un monastère se disent très simplement si tel jeune, par exemple, est assez mûr pour entrer dans la vie contemplative."
"Pour la pastorale des vocations, lorsque les moniales sont en contact avec des jeunes précis, mais en respectant la discrétion qui s’impose, il serait bon qu’elles signalent ces jeunes au SDV s’ils manifestent une recherche de vocation".
On signale un problème d’information : il y a une telle diversité de vies monastiques, surtout dans la façon de se situer face à la clôture, qu’on ne sait pas toujours ce qu’on peut demander comme rencontre ou participation affective. Mais on souhaite une collaboration de plus en plus étroite au service des jeunes en s’informant mutuellement quand une vocation se précise et surtout en posant les mêmes exigences de part et d’autre.
Les monastères sont appréciés comme lieux-sources et lieux-signes dans l’accueil :
"Là peut se vivre la communion dans la différence. On est heureusement sorti de l’esprit ’boutique’ et, à quelques exceptions près, les moniales manifestent un véritable sens ecclésial et un grand amour de l’Eglise."
"...L’accueil est si fraternel que nous nous y sentons ’chez nous’. D’autre part les animateurs des sessions ont toujours été unanimes à constater que la présence de la communauté de prière qui nous accueille joue un rôle très important dans chacune de ces sessions. Ce ne serait pas la même chose si elles avaient lieu dans un autre type de maison d’accueil."
Le témoignage d’une moniale est souvent demandé, et même au dire de certaines, un "topo structuré" dont la préparation demande un temps important.
3 - Ce que les SDV attendent des moniales : avant tout la prière
"Personnellement j’attends des moniales qu’elles vivent pleinement ce pour quoi elles sont faites : le témoignage d’une prière joyeuse et fervente, le témoignage d’une vie fraternelle qui ’dit Dieu’, le témoignage de la radicalité évangélique partagée avec tous les chercheurs d’absolu..."
On attend aussi "un apport pour un discernement de qualité plus grande quand nous accueillons des jeunes en recherche et que nous les aidons à cheminer dans un choix de vie à faire".
la possibilité de permettre aux jeunes une véritable expérience spirituelle, soit en groupe, soit pour une journée de réco individuelle, choisie librement.
-"Etant des lieux très fréquentés par des jeunes, les monastères doivent pouvoir informer, donner une adresse ou un tract, proposer un premier accompagnement, faire le lien avec l’Eglise diocésaine et - pourquoi pas - oser l’interpellation directe : ’Et toi, que veux-tu faire de ta vie ?’"
Et que les responsables SDV et les monastères se relancent la balle fraternellement "S’il y a bien un domaine où nous avons à faire œuvre d’Eglise ensemble, c’est bien au niveau de ce travail vocationnel dont nous ne sommes pas maîtres, propriétaires, mais serviteurs, gérants".
Nous pourrions terminer par deux questions posées aux moniales :
"Beaucoup de jeunes passent dans vos monastères. Y a-t-il dans votre communauté une sœur qui a suivi une session d’accompagnement ?...
Vous donnez-vous les moyens de mieux connaître les jeunes d’aujourd’hui avec leurs richesses mais aussi leurs pauvretés, leurs angoisses ?..."
Et un souhait appuyé sur une expérience positive :
"Permettre à une jeune qui est en lien avec le monastère de vivre l’étape du groupe de recherche est une richesse pour la fille qui est appelée à préciser son choix face aux autres jeunes du groupe. la fille y gagne et le monastère aussi."
"Nous pouvons donc continuer la route ensemble..." "Chacun donne, chacun reçoit, construit et enrichit le corps du Christ en vivant son charisme et sa mission propre".
Sœur Françoise Marguerite,
visitandine, Saint Héand,
déléguée du SDM au SNV