La synthèse de l’enquête


Samedi, 14 h 45.
Christine Zeller et Michel Marie rendent compte, en paroles, en dessins et en musique, de l’enquête envoyée auprès des Instituts de vie consacrée.

Avec Sœur Christine, j’ai le plaisir de vous renvoyer un panoramique de vos réponses à l’enquête qui vous fut adressée par le Service National des Vocations, en préparation à cette rencontre de Paray-le-Monial.
Merci pour les 140 réponses reçues : 20 réponses provenant d’instituts masculins et 120 signées par des Sœurs.
Nous ne pouvons rendre compte de tout. Nous avons choisi de vous restituer l’ensemble des réponses en montrant les traits majoritaires ou marquants.

1ère question

Comment présentez-vous le charisme de votre Institut à des jeunes ?

Concrètement, comment faisons-nous ?
Des acteurs réfléchissent et élaborent, soit au niveau du conseil de gouvernement de l’Institut, ou une commission créée par l’Institut, soit dans une équipe d’animation, ou encore par une personne nommée responsable de la pastorale des vocations.
La mise en œuvre se réalise dans des communautés d’accueil (29 réponses), ou par les propositions d’une équipe d’animation ou d’une commission (22) soit dans une maison organisée pour l’accueil et souvent par des Sœurs, Frères ou Pères envoyés par leur Institut ou interpellés par des groupes de jeunes ou d’adultes.
Une conscientisation est faite auprès de communautés (13) des sessions de formation sont organisées pour l’Institut (9), une collaboration est établie avec des laïcs et associés (8). Quelques-uns déclarent ne pas se poser la question ou ne voient pas comment y répondre.

A qui nous adressons-nous ?
La tranche d’âge 16-25 ans est majoritairement citée, mais compte des groupes assez peu nombreux dans l’ensemble. Ensuite viennent les enfants rencontrés souvent en nombre plus important.
Ces jeunes et ces enfants appartiennent à des groupes dénommés souvent "groupes de jeunes", dans le cadre de l’Institut, ou groupes de confirmation, réflexion, mouvements... Ensuite, viennent par ordre décroissant, les groupes de catéchèse, les aumôneries, les paroisses.

Que proposons-nous concrètement ?
Les événements importants de l’Institut sont, en majorité (44), l’occasion d’inviter les jeunes, les laïcs à découvrir l’esprit et le charisme de notre Institut : profession religieuse, anniversaire du fondateur, canonisation, envoi en mission, porte ouverte, journée des vocations, etc.
Puis des week-end de partage, réflexion, prière et détente (36)
Ensuite (28) des soirées de partage et de prière dont le thème peut être à l’occasion vocationnel.
Cités 9 à 16 fois :

- une vie "avec" (partage au quotidien, participation des jeunes aux activités apostoliques de l’Institut)

- des camps ou des séjours spirituels

- des routes et des pèlerinages

- des camps service

- des grands rassemblements plutôt internationaux

- des séjours communautaires (jeunes et communauté religieuse)

- expérience communautaire pour partager la mission (pour une durée de un mois à une année)

- retraites et temps forts spirituels.
En fin de peloton, sont mentionnées des sessions d’éveil ou des temps forts vocationnels, des écoles de prière ou d’oraison, des gospel ou spectacles, des chantiers en monastère, des chaînes de prière.
L’accompagnement se pratique surtout par des rencontres régulières (18), en groupe de recherche (8), par un courrier régulier (7), au cours de retraites (4), en équipes d’accompagnement (3) ou en groupes spécifiques jeunes/institut.
Parmi les productions diffusées nous privilégions les dépliants, feuilles régulières, journaux, revues (36), les vidéo-cassettes (17), les montages audio-visuels (16). Nous publions aussi des approches pédagogiques de textes fondateurs et faisons circuler des albums photos des communautés.

La question 1 comportait un "B" :
Vous présentez ce que vous avez écrit à un groupe de votre choix. Vous notez les réactions, les interpellations et les questions du groupe consulté.

45 d’entre nous ont "osé" respecter la consigne.
15 se sont adressés à des membres de leur Institut.
Plusieurs déclarent : "Je n’ai pas pu le faire, étant tout neuf dans ma fonction, ou n’ayant pas rencontré de groupes..." Certains ont apporté un commentaire personnel à des expressions entendues avant la réponse à l’enquête. Les deux tiers d’entre nous avons laissé un B tout blanc. Souvent la consigne n’a pas été comprise.

Relevons des réactions de Frères ou de Sœurs de nos Instituts :
On découvre que le charisme se situe à la jonction de notre aventure spirituelle en réponse à un appel personnel et de l’aventure du monde travaillé par Dieu.
C’est l’exemple dans la proximité qui révèle l’esprit de l’Institut.
L’accueil des jeunes provoque une réelle conversion.
C’est la spiritualité qui l’a attiré, c’est la communauté qui l’a séduit.
Les jeunes attirent les jeunes, mais ils entrent difficilement dans une démarche d’engagement durable. Ces jeunes ne sont pas toujours dans nos relations. Nous craignons de paraître "vieilles filles".

Ecoutons aussi des réactions du "dehors".
La communauté est un lieu ouvert sur le monde, elle soutient par sa prière et permet de prendre du recul.
Une communauté fraternelle de partage et d’écoute est une chance. C’est l’Eglise en mouvement.
Nous avons besoin de la vie religieuse pour nourrir notre engagement dans l’ Eglise.
La vie religieuse est d’abord une vocation baptismale.
Vous êtes des repères pour ceux qui paraissent loin des structures ecclésiales.
C’est intéressant de situer la vie religieuse face à la vocation au mariage.
C’est étonnant de voir religieux et laïcs vivre une même spiritualité dans des vocations différentes.
Votre ouverture internationale fait votre ouverture d’esprit.
Avec vous, nous sentons la complémentarité des services dans l’Eglise. L’Eglise n’est pas une vieille dame, c’est un corps vivant.
On comprend mieux pourquoi vous avez changé depuis vingt ans.

  • Les questions que nous nous posons nous-mêmes vont défiler trop vite pour qu’elles rendent compte de nos interrogations profondes et diverses.
  • Le charisme peut-il être actif dans une congrégation vieillissante ? Comment vivre la mission "en grand âge" ? Est-ce raisonnable de chercher à accueillir les jeunes ?
  • Comment changer notre façon de vivre pour répondre aux besoins urgents de l’Eglise et des jeunes ? Pourquoi changer et nous remettre en question en vue d’hypothétiques vocations ?
  • On n’ose pas appeler. Quelle est notre peur profonde ?
  • Comment présenter la mission : le témoignage ne suffit plus...
  • Nos vœux et notre sécurité dans un monde de précarité ?

Un papa dit : "Si un de nos enfants voulait devenir prêtre ou religieuse, nous ne verrions pas d’obstacle. Mais nous nous interrogeons : leur manière de vivre leur ministère est-elle une réponse aux attentes de la société d’aujourd’hui ?"

Cette question rejoint un certain nombre d’interpellations que vous citez et qui proviennent en majorité d’adultes :

-  Vous faites la même chose que les chrétiens engagés. On ne voit pas bien la différence. On connaît des religieuses, mais on ne sent pas bien ce qui vous anime.

- Votre esprit correspond bien aux besoins d’aujourd’hui, mais vous êtes trop âgées. Je n’oserais pas vous envoyer des jeunes.

- Soyez plus présentes à l’Eglise du diocèse. Vous vous adressez à des minorités de jeunes. En fait, peu de personnes viennent aux retraites ou sont accompagnées.

- Les jeunes veulent savoir comment vous vivez concrètement et partager votre quotidien.

- Vous ne dites pas assez votre charisme. Parlez du bonheur de suivre Jésus-Christ.

- Nous attendons un soutien spirituel et une connaissance de votre spiritualité.

- Croyez-vous en l’avenir de la vie religieuse ?

Question 2

Comment le charisme de votre Institut rencontre-t-il aujourd’hui les appels du monde et de l’Eglise ?

Trois remarques :
1 - Les rencontres du charisme avec les appels se situent au niveau des appels du monde et majoritairement, dans l’expression, des pauvres, malades, exclus , toutes les détresses... On sent une conscience (pas forcément dite) que les réponses sont dans la mission de l’Eglise, ou en lien avec.
2 - Un décalage apparaît entre le vieillissement des congrégations et l’urgence de la mission. Mais ce décalage met rarement en cause le charisme qu’on veut actualiser et vivifier. Parfois un doute ou au moins une question douloureuse.
La conscience réfléchie, méditée et priée des appels du monde et de l’Eglise est très forte. Elle pousse à redéfinir le charisme, trouver une parole et un sens pour aujourd’hui.
3 - Le charisme est très souvent présenté dans ses caractéristiques d’origine (avec des développements historiques). Convictions et espérance dans les racines !

Appels du monde :

- Les pauvres (défavorisés, démunis, fragiles, chômeurs, en précarité, quart-monde , nouvelles pauvretés...) 29 % des réponses.

- Les malades, personnes âgées, les handicapés, les victimes de la drogue, du sida...19 %
Et vous dites : Amour fraternel, service et disponibilité avec des moyens pauvres, en solidarité avec les plus démunis, par une présence de longue durée.
Nous mettons l’accent sur le "domicile" pour ceux qui ne savent pas où ils habitent.

- Monde du travail, quartiers, cités de banlieues, vie associative ...5 %
Et vous dites : Rejoindre Dieu dans les réalités humaines et œuvrer avec Lui dans la proximité et la vie partagée.

- Monde scolaire et étudiant, élèves en difficulté, enfants...21 %

- Les familles éclatées, les divorcés...5 %
Et vous dites : Evangéliser en éduquant, éduquer en évangélisant...

- Alphabétisation...4 %

- Pays en voie de développement... 6 %

- Victimes de discrimination, femmes en détresse, marginaux, exclus, SDF, gitans, immigrés...12,5 %
Et vous dites : Dire l’amour de Dieu là où la dignité de l’homme est méconnue. Manifester la miséricorde et l’amour du Père.

- Quête de spiritualité et d’amour...1,5 %
Et vous dites : Présence évangélique dans l’accueil et le partage et dans une attitude de proximité et de solidarité, en offrant la tendresse dont le monde a besoin.
(Comme il y a des cumuls, le total dépasse 100 %)

Appels de l’Eglise :
(ceux qui sont explicitement exprimés comme tels dans les textes)

- Jeunes Eglises, ouverture à l’universel, œcuménisme, autres croyances...8 %

- Besoins spirituels de prière, adoration, Parole de Dieu, intériorité...8 %
Et vous dites : Vivre une communauté de destin avec un peuple. Partager la tendresse du Père dans la contemplation et l’accueil.

- Service des prêtres, formation et accompagnement des laïcs ...4 %

- Catéchèse, éducation de la foi...7 %

- Accompagnement des jeunes en Eglise et discernement...2 %
Et vous dites : La proximité rend attentif aux réalités, révèle les besoins cachés et permet de tisser un maillage au quotidien.

- Présence de l’Eglise dans les médias...2 %

- Communautés chrétiennes en cités, villes nouvelles, banlieues, rural désertifié...2,5 %
Et vous dites : Partenaires pour construire un peuple. Créer des lieux de Parole dans un monde si rude pour faire émerger un sens. S’aventurer dans des pastorales nouvelles jusqu’aux postes à essence auprès des routiers.

- Monde de la santé, évangélisation des incroyants...3 %

- Pastorale paroissiale, diocésaine, besoins exprimés par les évêques...4,5 %
Et vous dites : Vivre l’incarnation du Christ, ici et maintenant. Etre signe d’un amour fraternel possible qui vient du Père et y conduit.

- Monde du travail et Action catholique... 3 %
Et vous dites : De sensibilité action catholique, nous avons la tripe missionnaire, mais nous sommes passés à côté de la vague Renouveau.
(Le total ne fait pas 100 %, des réponses n’ayant pas explicité les appels de l’Eglise).

En conclusion :

Chaque jour nous découvrons que notre charisme se situe à la jonction de notre aventure spirituelle en réponse à un appel personnel et communautaire et de l’aventure de l’Eglise et du monde travaillés par Dieu.

Sœur Christine Zeller et Frère Michel Marie