Panorama des sept ateliers


Dimanche, 14 h 30.
Sept ateliers, débutant chacun par sept témoignages, essaient de faire le tour des questions majeures rencontrées par les participants.
Chaque témoignage est suivi d’un ensemble de convictions et de propositions formulées par le groupe.

A - Comment présenter aux jeunes une spiritualité particulière ?

Présentateurs :

  • Anne-Marie Jobard, franciscaine
  • Etienne Wolf, salésien

Comment est présentée la spiritualité franciscaine à des jeunes, aujourd’hui ?
Dans cette préparation, nous sommes parties de notre expérience de routes et de nos présences auprès des jeunes au niveau franciscain. Il nous a semblé bon de recueillir aussi quelques réflexions de jeunes et d’adultes engagés.
Tout d’abord, il convient de se rappeler que du temps de François d’Assise, des hommes et des femmes mariés sont venus le trouver, désireux de vivre comme lui la vie évangélique.
François les a invités à rester dans leur situation et a institué pour eux le Tiers-Ordre comme chemin évangélique.
Aujourd’hui encore, des couples, des familles et des jeunes, s’inspirant de la Règle de François, se retrouvent en fraternité selon le rythme qu’ils se donnent pour vivre la relation fraternelle dans le partage, la joie, l’accueil réciproque et pour approfondir les textes de François qui sont tissés de paroles d’évangile et qui appellent sans cesse à fraterniser.
Voyons comment les jeunes arrivent et les moyens que nous nous donnons en famille franciscaine pour leur permettre d’entrer peu à peu dans la spiritualité.

Ce peut être la connaissance d’un frère, d’une sœur, d’une fraternité de vie religieuse, d’un laïc franciscain, un tract, une affiche, des routes à Assise, d’autres routes préparées par les jeunes laïcs avec la participation de frères et de sœurs. Cet été par exemple, pour le 8ème centenaire de Ste Claire, une route a réuni 150 jeunes entre deux monastères de clarisses de Mur-de-Barrez à Millau, avec des choix de thèmes, par exemple : la place des exclus - Justice et Paix...
Des camps d’été en montagne au "Chalet Frère Soleil".

Dans le diocèse de Nantes, les instituts de la Famille Franciscaine, fraternité séculière, mettent en place une pastorale des jeunes de 18 à 25 ans, franciscaine, dans l’objectif de créer par une expérience de vie fraternelle un lieu d’accueil, d’écoute et de liberté, et proposer un lieu "d’initiation" à la relation à Dieu, selon la démarche franciscaine. Des thèmes sont prévus, mais la démarche doit partir en priorité des questions et attentes des jeunes.

Sur Paris, les "Soirées Sarrette" proposent une première formation sur des textes franciscains, écrits, biographies, prières de François, à des jeunes qui le plus souvent ont fait une route, afin de ressaisir les attentes qui sont en eux.

A l’issue des routes et de ces soirées, souvent des jeunes désirent poursuivre et il leur est proposé de rejoindre telle ou telle fraternité existante, ou bien selon les conditions de nombre ou de distance une nouvelle fraternité peut se constituer.

Chaque année, des week-ends inter-frat. réunissent les fraternités d’une région. Pour certains ayant suivi un parcours différent, ce sera leur première rencontre. En fin d’année il leur sera proposé également de rejoindre un groupe, s’ils le souhaitent.

Autres expériences : dans notre institut par exemple, nous vivons ce que la Tradition Franciscaine appelle "Chapitre des Nattes", rassemblement des sœurs pour un temps fort. Depuis un certain nombre d’années, nous l’ouvrons aux amis et aux jeunes en particulier.
A Chelles, dans la fraternité où je suis, il est proposé un accueil pour un temps déterminé à des filles qui, gardant leur travail, veulent approfondir leur foi dans le cadre d’une vie fraternelle, ceci avec un objectif de discernement pour certaines, ou simplement comme l’a exprimé une jeune "un temps pour Dieu dans ma vie".

Comment présenter la spiritualité salésienne aux jeunes ?
Pour introduire la réflexion sur ce sujet, on m’a proposé de dire quelques mots sur une expérience concrète que j’ai vécue avec des jeunes. Ce n’est rien d’extraordinaire, c’est simplement une expérience parmi d’autres.
Présenter une spiritualité de congrégation à des jeunes ne peut pas se faire de manière abstraite. Il faut des "travaux pratiques" ; il faut avant tout la vivre avec eux. Peut-être à plus forte raison, en ce qui concerne la spiritualité salésienne. Don Bosco n’a en effet jamais été un théoricien. Il s’est inspiré de St François de Sales pour quelques repères importants (optimisme, douceur, humour, rencontre du Christ dans l’action quotidienne...). Mais sa spiritualité est basée avant tout sur l’action éducative et sur cette phrase de l’évangile : "Celui qui accueille un enfant en mon nom c’est moi qu’il accueille" (Lc 9,48)
Pour Don Bosco la sainteté consistait à se laisser éduquer par Dieu pour mieux éduquer les jeunes sur les chemins de Dieu. Pour lui il s’agissait autant d’éduquer en évangélisant que d’évangéliser en éduquant : un va et vient indissociable.

Concrètement voici d’abord le programme de notre rencontre avec les jeunes puis quelques parallèles établis entre ce programme et la spiritualité salésienne.

    • Les invités : des jeunes de 16-22 ans.
    • Le lieu : Ferrette, un centre de vacances en Alsace.
    • Le thème : "Expérimenter la vie comme une fête et la foi comme un bonheur avec Don Bosco".

Nous étions une trentaine de jeunes et une dizaine de salésiens et salésiennes, essentiellement des jeunes.

Le 1er jour (samedi) trois grandes étapes :

- un temps pour bien se connaître les uns les autres

- un temps de réflexion sur le thème sous forme d’un exposé et d’échanges

- une soirée sous forme de veillée mariale.

Le 2ème jour (dimanche) :

- nous avons préparé et animé la messe paroissiale dans la petite ville de Ferrette

- table ronde avec cinq jeunes engagés de manières diverses dans l’église (aumônerie de lycée ou d’université, équipe paroissiale, groupe de prière, association d’anciens élèves, postulante...)

- en veillée chaque équipe illustrait à sa façon un ou plusieurs points importants des deux premiers jours.

Le 3ème jour (lundi) :

- matinée de marche silencieuse avec célébration du pardon dans la forêt

- dans l’après-midi un topo et un temps de méditation sur l’eucharistie puis célébration de ce sacrement

- en soirée, au retour, veillée de détente, dans la joie, chère à Don Bosco

Le 4ème jour (mardi matin) :
Célébration d’envoi avec comme geste symbolique la remise d’un sachet de graines à semer.

A travers ces quatre jours de rencontre, différents aspects de la spiritualité salésienne ont été vécus sans qu’on y ait mis des "étiquettes". C’est ce que j’appelais au début les "travaux pratiques".

  • Spiritualité de la joie et de l’optimisme :
    Don Bosco aimait dire "la sainteté consiste à être toujours joyeux". Le thème même de la rencontre insistait sur cette notion de joie, mais aussi l’ambiance fraternelle vécue dans le groupe plus particulièrement dans les temps de détente et de veillée.
    Nous avons insisté dans les partages pour découvrir le positif dans ce qui se vit, et pas seulement le négatif, y compris dans la démarche pénitentielle.

  • Spiritualité basée sur la vie comme don de Dieu, une vie proposée comme chemin de sainteté :
    Chaque journée commençait par une demi-heure de prière préparée de longue date par un groupe de cinq filles sous forme de "son et lumière", de chorégraphies, de temps de silence, de chants...
    La journée de marche fut pour la plupart une occasion d’intérioriser la foi, de la vivre comme un chemin vers Dieu, un don de Dieu.

  • Spiritualité basée sur une communion ecclésiale :
    Don Bosco insistait beaucoup sur la fidélité à l’Eglise et au pape. Notre rencontre a débuté le premier jour par des références à la Journée de la Jeunesse de Denver et au message du pape à cette occasion. La table ronde des jeunes insistait sur les possibilités diverses d’engagements dans l’Eglise et pas seulement dans le cadre de la congrégation salésienne.
    Ce qui a marqué également les jeunes c’est la présence des religieux et des religieuses autant comme participants que comme animateurs, dans un esprit de famille. Don Bosco présentait les sacrements du pardon et de l’eucharistie comme les "deux piliers de son éducation". En réservant une journée entière à ces deux sacrements, les jeunes ont pu apprécier leur valeur dans la vie chrétienne.
    "Tout ce que j’ai fait c’est avec Marie que je l’ai fait" disait Don Bosco. Cette piété mariale nous avons essayé de la vivre à différents moments de notre prière mais plus particulièrement pendant toute une soirée sous des formes très variées : jeux à partir de l’évangile, partages, échanges, chants... le tout centré sur le "oui" de Marie.

  • Spiritualité du "service responsable" :
    Don Bosco voulait "que les jeunes soient les premiers apôtres des jeunes"
    Pour toute cette rencontre nous avons essayé d’insérer au maximum les jeunes dans l’animation selon leurs compétences. C’est une participation que l’on proposait et pas seulement une assistance passive.
    Cet appel à l’engagement et à la responsabilité personnelle de chacun fut aussi le thème principal de la dernière matinée lors de la célébration d’envoi.

Ce fut une petite expérience vocationnelle par laquelle nous avons voulu faire passer quelques éléments de notre spiritualité. Cette rencontre s’est voulue une semence comme nous l’avons symbolisé par les graines de la célébration finale. Quant à la croissance de ces semences, laissons faire le Saint-Esprit

Questions

- Comment faire durer les effets de ces temps forts ?

- Comment partager cette spiritualité dans le quotidien avec les jeunes ?

- Comment concilier notre spiritualité avec les préoccupations des jeunes d’aujourd’hui ?

- Comment éviter le danger de "l’élitisme" ?

- Comment faire pour intéresser un plus grand nombre, sans diluer le message ?

- Comment concilier spiritualité particulière et ouverture sur l’Eglise ?

Convictions :

- Importance de permettre à des jeunes de rencontrer des témoins qui aiment Jésus-Christ, qui vivent la vie religieuse. Ils découvrent une spiritualité particulière bien plus tard.

- Importance du "vivre avec" mais aussi du "faire avec", des relations personnelles et communautaires avec les jeunes.
Il faut un suivi d’accompagnement après les temps forts. Faire attention à ce qui se vit entre jeunes. Nos charismes permettent une démarche de vie chrétienne. Vie baptismale.

- Importance du vécu avec des jeunes, première étape indispensable. Nos vies de communautés interrogent, accrochent des jeunes aujourd’hui.

- Importance de mettre les jeunes rencontrés en contact avec la source : Jésus-Christ, chaque charisme étant une facette du visage de Jésus-Christ.

- Pour qu’un jeune se structure dans la foi, il a besoin de moyens qui lui permettent de se faire un chemin dans la durée. Ces moyens proposés peuvent l’être à travers ce que nous vivons dans notre spiritualité spécifique. D’où l’importance de partager avec eux les moyens que nous nous donnons, le chemin qu’on essaie de vivre (ex. prière apostolique et non monastique).
Proposer ne veut pas dire imposer. On n’est pas les seuls partenaires, envoyer à d’autres lieux, d’autres relais.

Propositions :

- Accompagner les jeunes pour "aller voir" (camp itinérant, bus diocésain...) pour rencontrer des communautés.

- Améliorer la connaissance entre congrégations dans un diocèse.
Profiter des relations S.D.V. et ateliers "Vie religieuse". Que les S.D.V. s’informent sur la vie religieuse.

- Se communiquer nos propositions"jeunes" et nos préparations pour bénéficier du travail et des recherches des uns et des autres

- Trouver des outils. Mettre en œuvre une pédagogie

Questions :
Tous nous sommes témoins de jeunes qui rejoignent des groupes avec des projets, une vie ensemble, une formation... Ils y trouvent la réponse à leur attente spirituelle du moment, tout en gardant leur indépendance.
Pour ces jeunes, quelle résonance peut avoir aujourd’hui une vie religieuse apostolique ?
Dans nos diocèses, nos instituts, que chercher ensemble, pour laisser monter les possibles appels d’une vie religieuse ou sacerdotale ? A quelle créativité sommes-nous appelées ?

B - Les étapes de l’accompagnement

Présentatrice :

  • Jeannette Larue , Auxiliaire du Sacerdoce

Sœur Jeannette Larue : J’ai voulu montrer plutôt comment différents types d’acteurs doivent jouer un rôle et pas seulement la Congrégation. Je ne raconte pas l’histoire présentée à l’atelier car il y a de trop grands risques d’indiscrétion, je note seulement les différents acteurs qui sont intervenus dans le cheminement de Béatrice.
La famille. Les parents, à qui elle a parlé de son projet de vocation, lui disent : "travaille d’abord, après tu verras". Ce qu’elle fait.
Les grands-parents. La grand mère qui avait une foi simple : Béatrice récitait le chapelet avec elle. Un garçon qu’elle a fréquenté un moment.
Elle est venue de la province en région parisienne pour trouver du travail. Ce travail lui permet une ouverture aux autres par les relations nombreuses qu’elle y a.
Elle rencontre aussi la paroisse. Elle parle de relations chaleureuses. Occasion pour elle d’exprimer sa foi avec d’autres. Elle rencontre une communauté voisine de son appartement, elle va y prier régulièrement le soir, quand elle est chez elle.
Le curé de la paroisse à qui elle parle de vocation lui donne l’adresse du Service des Vocations Féminines (SVF). Elle prend un rendez-vous. Elle accepte les moyens de discernement proposés par ce service, notamment un week-end à thème intitulé : "Femme et célibat" où intervient une conseillère conjugale du C.L.E.R. Elle cherche aussi un accompagnement spirituel.
Elle revient faire le point avec la responsable du Service des Vocations Féminines.
Au cours de l’été elle participe à une assemblée d’amis de la congrégation où elle va prier, elle en est très heureuse.
L’année suivante, elle participe aux équipes de recherche du S.V.F. ; cela dure un an. En juin elle passe des vacances à l’étranger, elle est hébergée dans une communauté de la congrégation connue, qui habite près de chez elle, elle y découvre un aspect de leur mission. Elle participe à la retraite du S.V.F. A ce moment-là, elle se découvre prête à choisir une congrégation.
Les responsables du service des vocations lui donnent un avis favorable pour ce choix.

Ceci est le chemin personnel d’une fille. On n’est pas tous obligés de passer par cet itinéraire-là.

Convictions :

- Même si une forme de vie ou une congrégation précise est attirante pour une jeune, il est très souhaitable de lui donner l’occasion de rencontrer et de découvrir différentes vocations chrétiennes, différentes manières de suivre le Christ.

- Que le jeune ne se sente ni la propriété de quelqu’un (ou d’une communauté)... ni renvoyé constamment comme une balle d’une personne à l’autre ou d’une communauté à l’autre.

- Pour que la recherche du jeune débouche, nécessité qu’il ait un accompagnateur personnel vraiment libre et ouvert. Danger de laisser le jeune aller voir partout sans suivi.

- Il est important que les jeunes en recherche puissent en rencontrer d’autres et qu’ils s’interpellent mutuellement.

- Que chaque congrégation veille à bien se situer en Eglise dans cette démarche d’accompagnement.

Question :

- N’y a-t-il pas encore trop de congrégations qui monopolisent la démarche de recherche de jeunes ?

 

C - Pratique vocationnelle dans une communauté nouvelle

Présentatrice : Marina Perrot, communauté "Verbe de Vie"
Pratique vocationnelle au Verbe de Vie

1- Présentation de la communauté
La communauté a été fondée en 1986 à l’abbaye St Etienne d’Aubazine (Corrèze) par deux couples et une célibataire, ayant quitté leur profession pour répondre à l’appel du Christ et servir l’Eglise. Elle a été accueillie par Mgr Froment (évêque de Tulle). Elle fait partie des communautés nouvelles dans l’Eglise catholique. C’est une communauté qui regroupe en son sein différents états de vie (célibataires, couples, familles, consacrés, clercs).
Aujourd’hui, la communauté compte une soixantaine de membres s’occupant de l’animation de quatre maisons du Verbe de Vie en France et en Suisse.

2-Vocation et Mission
C’est de la première épître de St Jean que la communauté tire son nom et sa vocation, à la fois contemplative et missionnaire. "Ce que nous avons entendu...vu, contemplé... touché du Verbe de Vie, nous vous l’annonçons" (1 Jn 1, 1-13)
La communauté essaie de répondre à sa manière à un besoin essentiel de la nouvelle évangélisation :

- par son témoignage de vie chrétienne : "venez et voyez". La communauté vit de la Parole de Dieu, à la fois célébrée, enseignée, partagée.

- par la formation de disciples et témoins du Seigneur ressuscité. Le Verbe de Vie anime une école de vie spirituelle qui accueille tous ceux qui désirent se former et grandir dans leur vie humaine et spirituelle, soit pour un temps court de ressourcement (session et récollection), soit pour une formation de longue durée (année sabbatique).

3 - Les consacrés dans la communauté
Le Seigneur appelle au milieu de nous certains frères et sœurs à vivre la virginité pour le Royaume des cieux. Ceux-ci s’engagent à suivre le Christ par la profession des conseils évangéliques de pauvreté, chasteté, obéissance, selon l’esprit de la communauté.

- L’appel à la communauté du Verbe de Vie :
Pour être accueilli parmi les consacrés, le candidat doit avoir vérifié son appel à la communauté (année sabbatique de formation suivie de six mois de stage), et avoir prononcé un engagement d’une année.

- La demande :
Le candidat fait la demande écrite auprès du berger de sa maison et du responsable des consacrés.

- Le discernement :
Sa demande doit être accueillie par le berger et le responsable des consacrés. La communauté va éprouver cette vocation et encourager le candidat à se donner à Dieu totalement.

- L’accompagnement :
Par des entretiens personnels, réguliers, le candidat vit l’accompagnement spirituel avec le responsable des consacrés ou son délégué. Il fait régulièrement le point avec le berger de sa maison. Il peut avoir recours à une prière de guérison intérieure.

- La formation :
Pendant la première étape, la formation est centrée sur le baptême dans lequel est intimement enracinée la consécration. Il s’agit de faire découvrir au candidat, avec joie, la richesse qui est déjà en lui par son baptême. Le candidat est amené pendant cette étape à dire un oui délibéré à son baptême et à sa confirmation, à ses engagements pour vivre pleinement de son appartenance au Christ et à l’Eglise.
Ensuite, sont abordés des points concernant la vie consacrée dans la spiritualité du Verbe de Vie, sa vocation, sa mission... La vie de prière personnelle et communautaire, la vie dans l’Esprit. Puis des enseignements plus spécifiques. Par exemple : relation aux autres, vie affective, sexuelle. Et encore : l’Eglise, l’eschatologie, etc.

- La communauté :
La communauté joue un rôle primordial dans la formation, dans la mesure où elle permet à chacun de ses membres de croître dans la fidélité au Seigneur. A l’exemple de la première communauté chrétienne, elle s’efforce d’être fidèle à la communion fraternelle, à la prière, à l’enseignement des apôtres, à l’Eucharistie.
Dans la communauté, les membres mariés, célibataires ou consacrés, vivant dans la même maison et partageant la même règle de vie, s’exhortent mutuellement à grandir chacun dans sa vocation propre.
Les consacrés ont quelque chose à apprendre de ceux qui sont mariés. Ils apprennent d’eux la générosité, l’oubli de soi, le service de la vie, le sacrifice... Et réciproquement : les membres mariés sont rappelés par les consacrés à la primauté de l’Amour de Dieu et à la radicalité pour le Royaume.
C’est l’originalité des communautés nouvelles de faire mener la vie commune sous le même toit aux célibataires, aux couples et familles, et aux consacrés. Autrement dit, de réunir ensemble dans la même vocation une portion du peuple de Dieu : c’est une grande grâce ecclésiale et en même temps une réelle exigence.

4 - Etapes d’intégration dans le groupe de vie consacrée.
Entrée dans le cheminement de consécration (durée un an et demi) discernée par le berger et le responsable des consacrés.
Prise d’habit discernée par le berger, le Modérateur général et le responsable des consacrés
Vœux temporaires (un an) renouvelables trois fois, devant le Modérateur général
Vœux définitifs devant le Modérateur général en présence de l’évêque.

Convictions

- Les communautés nouvelles nous appellent à renouveler la spontanéité de notre foi, à vivre l’abandon.
Nous leur rappelons la prudence du discernement
Equilibre entre élan de la jeunesse et sagesse de l’âge mûr.

- Importance de la solidarité ecclésiale au service de la vocation de quelqu’un. Place de différents acteurs dans l’accompagnement.
Jouer le jeu de la proximité sans oublier la distance nécessaire à la liberté.

- Garder ce qu’il y a de meilleur dans les traditions tout en inventant du neuf. La fidélité au réel peut nous aider dans cette démarche.

- Les communautés nouvelles sont, pour nous, un rappel de tout ce que nos fondateurs ont vécu : mémoire de nos fondations.

 

D - Pratique vocationnelle dans une congrégation nouvelle

Présentateur : Christian-Marie Gallois, maître des novices de La Cotellerie

Congrégation nouvelle, mais "forme" ancienne.
1970 : regroupement des premiers Frères ;
1971 : installation à La Cotellerie
1er novembre 1986 : Mgr Billé érige notre communauté en congrégation de droit diocésain
25 décembre 1986 : agrégation à la confédération des Chanoines Réguliers de St Augustin (C.R. : mener à la fois la vie commune et le ministère apostolique)

Aujourd’hui 29 religieux dont 9 prêtres :

5 prêtres ont des activités pastorales en paroisse, mouvement, aumôneries.
1 de nos frères curés a été élu au conseil presbytéral
1 autre est à la commission diocésaine "jeunes"
1 frère prêtre est au S.D.V. (il est hôtelier)

En ce qui me concerne je suis responsable des novices, cette année sans novice, je ne suis pas le plus impliqué dans "l’avant" même si je suis évidemment très en lien avec les deux frères prêtres chargés de l’accueil.
Chiffres de 1992 : Nous avons reçu 245 jeunes de 18-25 ans, moitié individuels, moitié groupes.
Par quelles filières ?

- ils en ont entendu parler, le bouche à oreille, le Bulletin

- par proposition d’animateurs

- ils cherchaient un lieu pratique (nous avons une réelle structure d’accueil)

Points d’éveil :

- La visibilité du lieu : nous sommes en pleine campagne, les bâtiments se voient, il y a un clocher, on construit une église.

- Visibilité des personnes : à l’intérieur nous sommes en habit blanc. On voit les frères dans la journée, en particulier à l’Office avec la communauté, à l’extérieur repérés comme religieux.

- Visibilité de la vie commune : j’ai pu constater que cette réalité de la vie religieuse communautaire éveille au moins des questions.

- Dans cette ligne un montage diapo sur la vie à la Cotellerie, réalisé par un professionnel fait habituellement venir cette question : "Et vous, comment êtes-vous arrivé ici ?" etc...

Difficultés :

- Congrégation récente ; peu de prêtres ; grosse maison à faire tourner ; nous ne présentons pas un visage achevé ; existence d’un décalage entre le maintenant et ce vers quoi nous tendons (réflexions sur le ministère des Frères non prêtres).

- La pastorale des vocations dans notre institut s’enracine dans le témoignage d’une vie communautaire canoniale et mariale au cours de week-ends, sessions, approfondissement de la foi. Par le ministère auprès des jeunes dans les aumôneries. Par la participation à des journées "vocation" en lien avec le S.D.V.

Accueil :
Nous ne sommes pas encore insérés dans un accueil spécifique de jeunes en voie de discernement, aussi notre sensibilisation se veut-elle la plus large possible.
Un souci : revenir à la vie baptismale, point source de toute vocation.

Autres points d’attention :

- Essayer d’éveiller le sens de l’Eglise. On, constate un "flou" dans l’appartenance à l’Eglise.

- Nous essayons de faire en sorte qu’il soit "facile" de rencontrer un Frère. Une difficulté : le temps pour créer la confiance, permettre d’aller profond.

- La vie commune est souvent perçue comme très motivante mais souvent les jeunes ne perçoivent pas ce que cela requiert.

- Gros décalage entre ce qu’ils vivent et ce que nous vivons, la dimension eschatologique est très absente. Demain c’est déjà tellement loin.

- Nous avons conscience de travailler pour tous, dans une démarche d’Eglise.

- Nous avons retenu ce que disait Mgr Gilson dans une homélie aux SDV de l’Ouest sur l’Eucharistie et la Réconciliation comme lieux de discernement.

- Dans les mouvements, notre ministère est perçu comme moins circonscrit à un territoire.

En bref, communauté nouvelle ou pas, les difficultés sont terriblement classiques ; ce sont les mêmes jeunes que nous rencontrons.
Une insistance ou plutôt une vigilance : le discernement passe par un cheminement au contact du quotidien de la vie commune auquel nous sommes très sensibles.

Questions :

- Pratiques nouvelles du jeune avec une vie religieuse personnelle et communautaire authentique. Dans le processus d’éveil et d’accompagnement donne-t-on toute sa place à l’éloquence du "Je sais en qui j’ai mis ma foi".

Convictions :

- Les jeunes sont sensibles à l’universel, à l’aspect fraternité, vécue lors de pélé, à des propositions comme "brancardiers" à Lourdes ou autres services. Ils sont sensibles à la pauvreté et à la "vie avec" (ex. camp, voyage partage dans le tiers-monde).
Ils sont attirés par l’aspect "adoration" des communautés nouvelles (Le Christ premier dans une vie) par la dimension écoute, vie avec les pauvres.
A partir de là, il y a des propositions possibles de la vie religieuse aux jeunes.

- Ce que les jeunes cherchent c’est l’air dans les communautés. Ils sont attirés par la force des origines (fondations)
Quand les choses sont mal vécues dans la communauté, ce n’est pas appelant.
Les jeunes sont sensibles à la visibilité (l’âge, le signe extérieur, l’adoration...)

Propositions :

- Etre visible ("Viens et vois"), dans le quotidien, dans la durée.
Importance de la prière, du silence, de l’intériorité que les communautés leur proposent.

- Evangéliser. Besoin de"sacré" qui se présente souvent comme un point de départ pour le jeune.

- Etre témoin d’un Dieu qui s’intéresse à la vie des hommes.

 

E - Accueil de jeunes en communauté religieuse ou en groupe accompagné par des religieux(ses)

Présentateurs :

  • Robert Dumont, prêtre de l’Oratoire
  • Dominique Sadoux, r.s.c.j.

Accueil des jeunes en communauté de l’Oratoire
Pour plus de détails, on pourra se reporter à l’article d’Avril 91 de Jeunes et Vocations : "Un essai de discernement en vie communautaire".

Un besoin :
banalité : la difficile maturation psychologique des jeunes aujourd’hui, avec répercussion sur la vie spirituelle et la capacité d’un engagement cohérent.
De notre part, souci d’une aide "en amont de la décision" par une vie communautaire "multi-faces"

Une pédagogie :
Succinctement : cinq années d’expérience.

- Prise en charge de toutes les tâches matérielles sans rompre pour autant avec le sérieux des études ou de la vie professionnelle. Pas de fuite !

- Expérience de la prière communautaire et personnelle

- En lien avec un lieu d’Eglise. Pas de gyrovague !

- Insistance sur "la vocation baptismale" comme étant en soi de "plein exercice". Avec sa double dimension : contemplative et apostolique. Tout engagement (religieux ou autre) est présenté comme une "spécificité" de cette vocation baptismale.

- D’où mixité dans la communauté. Très important pour la maturation affective.

- Durée minimum et limitée à une année : du début octobre à fin juin. Le temps d’un travail sur soi. Principe de réalité : il faut qu’il soit suffisamment amorcé pour être capable du "plein vent" à la fin de l’année.

- etc.

Quelques arêtes de cette pédagogie :

- Gratuité de notre part. Si nous ne sommes pas "désolidarisés" des lieux d’Eglise qui nous adressent les jeunes, nous sommes distancés. Nous ne roulons pas pour nous mais pour les jeunes.

- Présentation d’une Eglise à multi-visages. Autant qu’il y a de lieux d’origine d’où vient chaque jeune. Cela "érode" l’absolutisation de "ma" vocation. Celle-ci est d’Eglise, elle n’est pas l’Eglise.

- Diversification des intervenants : nous, animateurs de la Maison, mais aussi : l’accompagnateur spirituel (obligation d’en avoir un extérieur à la maison) : le SDV, la congrégation, tout autre lieu d’Eglise d’origine : le cas échéant, le psychothérapeute. Faire sauter l’absolutisation du gourou, du berger, etc...

Déplacement de la "clientèle"
Les difficultés sont multiples et inhérentes au genre. La plus grave :

- Il s’avère que nombre de jeunes refusent de prendre cette année de recul et le risque de l’affrontement à soi-même qu’elle représente. Face à la proposition qui leur en est faite, beaucoup frappent à la porte et sont accueillis par des séminaires ou des communautés "moins regardantes" sur cette exigence préalable de maturation psychologique.

- Inversement, et en voie de conséquence, nous recevons de plus en plus de jeunes ou de moins jeunes qui se retrouvent en échec de vie religieuse après plusieurs années de présence en monastère ou simplement à la fin du noviciat. Démonstration... a posteriori... de l’importance du "travail en amont"...

Présentation d’un projet "accueil de jeunes vivant ensemble, à proximité d’une communauté religieuse" :

Le sœurs vivent au 5ème étage, les jeunes au 7ème d’un même immeuble. Voici des extraits du projet écrit sur lequel les jeunes s’engagent en y répondant par une lettre personnelle où elles exposent leurs motivations.

Objectif :
Permettre à trois (quatre serait un meilleur chiffre si la place le permettait) jeunes étudiantes ou jeunes femmes en début de vie professionnelle de partager un même appartement, dans un esprit de convivialité, le désir d’échanger et de se soutenir mutuellement.
Bien qu’elles ne se connaissent pas nécessairement entre elles au départ, elles ont envie de faire l’expérience d’une certaine vie communautaire dont elles décideront elles-mêmes des modalités.
Elles désirent ainsi approfondir leur foi dans le respect mutuel et chacune suivant le point où elle en est.

Moyens :
Etre animées d’un désir de vivre ensemble, de grandir dans la Foi, suppose un cadre de vie. Les jeunes s’engagent à prendre au moins un repas ensemble par semaine, à vivre un temps de prière communautaire hebdomadaire et à se rencontrer pour une réunion à trois, régulièrement.
Une sœur de la communauté est chargée d’aider les jeunes à trouver leur propre rythme de vie ensemble et à l’évaluer en fonction des objectifs et des moyens qu’elles se seront fixés. ce qui suppose des temps de rencontre avec la sœur. Le rythme de ces rencontres sera à fixer ensemble et à évaluer. On fera les modifications qui s’imposeront au fur et à mesure si cela s’avère nécessaire.
La proximité de la communauté des religieuses du Sacré Cœur de Jésus peut être l’occasion de quelques rencontres entre les jeunes et la communauté selon les occasions. On ne vise pas à des rencontres régulières. Les jeunes du 7ème sont totalement indépendantes de la communauté, l’objectif étant d’abord que les jeunes vivent quelque chose entre elles.
Les jeunes peuvent librement participer, quand elles le souhaitent, à la prière du soir de la communauté et aux eucharisties bi-mensuelles.
Les jeunes s’engagent à mener cette vie ensemble pour une année scolaire.

Organisation matérielle :

- Chacune dispose d’une chambre et d’un cabinet de toilette personnels.

- La douche est commune à toutes.

- La salle commune sert de lieu de rencontre et de salle à manger pour toutes.

- Les jeunes auront à décider entre elles de la manière dont elles s’organisent pour les repas et l’entretien des lieux communs. Chacune entretient sa chambre et son cabinet de toilette.

- Le montant du loyer varie suivant les possibilités de chacune, charges d’électricité et de chauffage comprise.

- les frais de téléphone et l’abonnement sont à la charge des jeunes qui s’entendent entre elles sur la manière de le gérer.

- Les jeunes peuvent recevoir leurs amis dans l’appartement à condition de respecter les voisins (bruit).
On n’acceptera pas de loger une quatrième personne sauf exceptionnellement, et seulement pour un soir, afin de respecter la vie communautaire et le rythme de chacune.
Ce point sera évalué mais il repose surtout sur la confiance mutuelle entre les jeunes et vis-à-vis des religieuses.

Ce projet présente l’avantage à la fois de la proximité et de la distance par rapport aux sœurs de la communauté r.s.c.j.. Il favorise la souplesse, la liberté intérieure, la simplicité des liens d’amitié. Par ailleurs, la présence régulière et discrète d’une sœur accompagnant le groupe permet un suivi et une rigueur qui aident les jeunes à former une communauté, à se connaître, à discerner sur leur vie, à grandir dans leur Foi et leurs engagements professionnels et ecclésiaux.
Ce projet se réalise pour la troisième année consécutive.

Convictions :

- Nécessité, aujourd’hui, de prévoir des lieux d’accueil qui permettent aux jeunes de structurer leur foi. Ces lieux doivent être lieux de gratuité mais porteurs d’un projet qui structure. C’est l’affaire d’une communauté et non pas d’une personne.

- Respect de la personne accueillie. Elle ne doit pas se sentir captée par la communauté.
Les jeunes ont besoin de rencontrer d’autres jeunes pour partager leurs questions, leur vie de foi, dans l’accueil des autres. Ils ont besoin de rencontrer des adultes équilibrés, heureux de leur vie (pastorale de la Joie).

- Importance du premier accueil du jeune qui s’adresse à nous. Savoir entendre sa demande, son appel.
Importance de la prise en charge des jeunes par eux-mêmes, le fait qu’ils se donnent des structures.

Propositions :
Que les ateliers "Vocations" se saisissent de cette question de l’accueil des jeunes. peut-être aller jusqu’à créer cet accueil dans un petit Foyer, etc...

 

F - Mixité et appel à la vie religieuse

Présentatrice : Cécile Oblin, Communauté "Réjouis-toi"

La communauté "Réjouis-toi" à Coutances dans la Manche est une communauté nouvelle qui regroupe des prêtres, des séminaristes, des familles, des célibataires, des consacrées. C’est ce qu’on appelle une communauté "Peuple de Dieu". Elle est à l’image du monde, puisqu’elle rassemble des personnes de tous âges (enfants, jeunes et moins jeunes), des personnes de toutes conditions et situations sociales. Mais un même amour de Dieu et de son Eglise nous unit dans la grâce du Renouveau dont elle est issue.
Les membres de la communauté se réunissent un week-end par mois. Quatre membres seulement forment une petite fraternité de vie, dont je fais partie, à Coutances. Nous sommes quatre femmes consacrées. Très souvent des prêtres de la communauté viennent célébrer et partager le repas avec nous. La communauté accueille fréquemment des jeunes de passage, ou des frères et sœurs de la communauté.
Dans les locaux de la communauté de Coutances réside l’Ecole de la Foi. Environ une vingtaine de garçons et de filles viennent y passer une année de leur vie. La mixité est donc vécue au sein de la communauté mais aussi dans notre travail, puisque nous avons une profession à l’extérieur.
A la fraternité, nous avons réfléchi, en nous demandant si la mixité était pour nous une difficulté ou une richesse pour vivre notre vocation de consacrées. Nous sommes unanimes : la mixité est de toute évidence une richesse, car elle permet de découvrir la complémentarité de chaque vocation.

Voici quelques témoignages : "La rencontre et le partage avec des frères et sœurs appelés à une vocation différente me renvoie à la mienne et m’oblige à l’approfondir. j’ai conscience qu’une attention est nécessaire pour que les relations restent des relations fraternelles. Le fait de vivre dans la communauté avec des personnes des deux sexes m’a certainement aidée à vivre des relations plus simples, plus vraies dans mon travail et dans le monde. Le fait de pouvoir vivre des échanges en profondeur dans la communauté avec des personnes du sexe opposé sans avoir d’ambiguïté dans la relation mais en toute fraternité rejaillit dans mes autres relations et m’a certainement permis d’y être plus à l’aise. Cela m’aide à demeurer vigilante mais sans pour autant vivre dans la crainte ou le soupçon des intentions de l’autre."

"La mixité m’a permis de donner un sens particulier à ma consécration qui est de me donner particulièrement pour les prêtres. le fait de vivre au milieu des jeunes, des prêtres, des séminaristes me renforce dans ce désir de prier pour eux, de m’offrir pour eux."

"Etant appelées à vivre notre consécration au cœur du monde, cela me semble important de ne pas nous couper de ce qui fait le monde. La mixité fait donc partie de ce qui fait notre vie. Cela nous entraîne à vivre une certaine vigilance, car nous ne sommes pas à l’abri des tentations. Mais si, parfois, j’ai à vivre certains combats, ceux-ci me provoquent à me recentrer sur ce qui fait l’essentiel de ma vocation : choisir le Christ et le préférer."

Je vais essayer de vous partager maintenant ce que vivent les jeunes de l’Ecole de la Foi. Ces jeunes viennent à Coutances pour un temps de formation :

- formation par les cours qu’ils reçoivent.

- formation à la prière, à la vie communautaire, au service, à l’évangélisation.
Pour beaucoup, cette année est aussi un temps de discernement d’une vocation. Certains ont déjà un projet quand ils arrivent et l’année les aide à fortifier l’appel reçu. D’autres découvrent leur place dans l’Eglise au cours de l’année de l’Ecole de la Foi. Pour d’autres encore, la recherche n’est pas terminée quand ils quittent l’Ecole, mais ils repartent renouvelés dans leur foi.
Je me suis adressée à plusieurs jeunes ayant déjà vécu l’Ecole de la Foi en leur demandant si la mixité avait été pour eux une richesse ou un obstacle à une éventuelle vocation spécifique, et s’ils avaient l’impression qu’ils avaient grandi dans une plus grande liberté affective. Voici ce qu’a répondu un jeune :
"Je songeais à une vie consacrée avant d’arriver à l’Ecole de la Foi, sans toutefois en avoir d’idée précise. Le fait que l’Ecole soit mixte m’a sans doute aussi poussée à vivre cette année communautaire, pour mieux connaître mes mouvements intérieurs en présence de personnes du sexe masculin et donc d’avancer dans mon discernement vocationnel. Les combats intérieurs n’ont pas été absents lors de cette année, mais les sentiments amoureux éprouvés à deux reprises n’ont été que passagers. A chaque fois je m’en suis ouverte à mon accompagnateur et pour moi, il n’était pas question de m’en ouvrir aux personnes intéressées : je ne voulais surtout pas les troubler dans leur cheminement, étant moi-même complètement incertaine de la vérité profonde de ces sentiments.
Cette expérience m’a fait grandir dans la liberté affective, je crois. Aujourd’hui, j’ai plaisir à travailler, retrouver des amis, en étant totalement moi-même.
Etant amenée à travailler avec des hommes laïcs, prêtres, séminaristes, je perçois toujours mieux la richesse de leur engagement et de leur vocation ; cela m’aide, m’encourage, moi aussi, à continuer d’approfondir mon éventuel choix de vie consacrée."

Une autre jeune :
"En ce qui me concerne, la mixité vécue au sein de l’Ecole de la Foi a été une source totale d’épanouissement. j’ai découvert, au contact quotidien, de "l’autre sexe" que je n’étais qu’une femme, ni plus ni moins, une femme qui n’est pas faite de bois !...
C’est grâce à la mixité que j’ai pu découvrir l’existence de mon moi affectif. Aussi, les prises de conscience successives des affections de ma chair ont été favorisées par des cours sur l’affectivité. Je pense que la mixité aurait du mal à être vécue en toute simplicité et vérité dans une communauté sans qu’une personne ou un groupe n’ait à charge d’éclairer la conscience des individus sur leurs relations affectives d’hommes et de femmes.
Enfin le fait de m’être découverte "femme de chair" m’a permis de faire un choix de vocation particulière, un choix libre."

Un jeune homme et une jeune fille se sont rencontrés à l’Ecole de la Foi. Ils se sont mariés et ont maintenant un petit garçon.
Elle : "Avant d’intégrer l’Ecole, c’était pour moi un aspect positif que de la savoir mixte : parallèle avec la vie dans la société et portes ouvertes sur toutes vocations. Durant l’année, cela s’est confirmé. Le désir d’être respectueux du cheminement de chacun de nous a aidé à vivre notre rencontre dans la patience et la discrétion."
Lui : "La mixité a permis d’être ouverts à tout type de vocation, cela permet d’y voir plus clair. Une fois qu’on s’est senti appelés l’un vers l’autre, nous n’avons pas éprouvé de pression ni de gêne. C’était beau de voir, parallèlement à la naissance de notre couple, grandir l’amour fraternel entre nous et avec les autres écoliers de la Foi."

Un jeune homme vient tout juste d’entrer dans une communauté religieuse. Voici sa réflexion :
"Pour moi, la mixité à l’Ecole de la Foi a été davantage une richesse qu’un obstacle pour ma vocation. Je pense que le fait de vivre la mixité en profondeur a accéléré ma décision : car à travers les cours de théologie et ce que je voyais en mes frères et sœurs de l’Ecole, le Saint-Esprit m’a fait comprendre qu’aucune personne humaine n’est parfaite, alors que Dieu, lui, est parfait. Il m’a fait comprendre que Dieu seul pouvait véritablement combler ma vie, et c’est pourquoi j’ai choisi de me consacrer à lui. Aujourd’hui, je suis comblé à un point inimaginable. Mais j’insiste pour dire que c’est la mixité avec les cours qui a été une richesse. Sans les cours pour éclairer la mixité, celle-ci aurait sans doute été un obstacle.
Ce qui a favorisé une croissance dans la liberté affective, c’est l’oraison et l’adoration. C’est fondamental, car c’est l’offrande de tout mon être à Dieu qui m’a rendu libre. C’est aussi l’attitude de respect et de vérité que nous avions entre nous dès le premier jour de l’Ecole."

Un autre jeune homme est entré au séminaire cette année après l’Ecole de la Foi :
"Personnellement, la mixité a été une richesse car cela m’a permis de voir si j’étais capable de gérer mon rapport avec chacune des filles pendant une année. D’ailleurs, si l’Ecole de la Foi n’avait pas été mixte, je ne sais pas si j’aurais fait le choix de tenter l’aventure. Je pense que j’ai grandi dans la liberté affective grâce au fait de côtoyer, travailler, manger... avec des femmes et des filles, autrement dit, le fait de vivre en communauté est une aide. Côtoyer des femmes me paraît indispensable, car si je vais jusqu’au sacerdoce, je serai amené à rencontrer des femmes car elles occupent une place importante dans l’Eglise."

En conclusion :

- Dans le cheminement d’une démarche vocationnelle, la mixité est une chance, mais elle doit être "réfléchie" par l’accompagnement et un enseignement sur tout ce qu’elle implique.

- Elle nécessite une vigilance des communautaires, une prudence des "responsables".

Questions :

- Comment, dans l’accompagnement des jeunes, prenons-nous en compte leur formation au plan affectif ?

- Notre collaboration (travail ensemble) hommes et femmes, fréquente dans nos responsabilités, tient-elle compte des aptitudes, goûts, sensibilités de chacun :
Comment les favorise-t-elle ? Comment est-elle un obstacle ?

Convictions :

- Veiller à proposer des lieux de parole au niveau de l’âge collége ou lycée, garçons et filles séparément afin qu’ils puissent aller au fond de leurs questions. Lieu qui aide à prendre de la distance par rapport à la mixité qu’ils vivent à l’école.
C’est une donnée qui nous préoccupe tous mais osons-nous donner des repères sur ce plan. La mixité on la vit, mais comment la relit-on pour y discerner les différents mouvements ?

- Nécessité d’une formation et d’une réflexion sur l’affectivité.
Pour les groupes occasionnels, week-end de préparation traitant du problème (ex. des pélerinages)
Pour les groupes appelés à vivre la mixité sur un temps plus long, réelle formation.

Conclusion :

- Prendre les moyens d’articuler affectivité, réflexion et spiritualité.
Tenir compte des blessures, prendre les jeunes là où ils sont et cheminer à leur rythme.

- La confrontation entre une mixité quotidienne vécue à l’école et une mixité vécue dans un cadre d’approfondissement de la foi chrétienne peut être riche. Ne pas avoir peur d’aborder avec les jeunes des thèmes comme virginité, fidélité dans un langage adapté

- Tension entre la nécessité de se comprendre soi-même (ex. petit garçon ou petite fille attiré par ses semblables) et celle de s’ouvrir à la différence. (Ménager des temps mixtes et non mixtes dans les groupes).

- Dans le témoignage de Cécile Oblin, nous avons été frappés par le parallélisme : richesse de la mixité/difficulté qui demande vigilance et combat.
Nous nous sommes demandé si cela tenait à l’expérience propre des jeunes ou au type de formation qu’ils reçoivent !... Nous avons rapproché cette expérience de la recherche que vivent certains week-ends Scouts et Guides par exemple.

- Tous nous sommes convaincus de l’importance d’une formation au plan affectif qui donne des points de repère psychologiques et où alternent temps propres aux garçons et aux filles et interpellation réciproque,

  • qui permette une maturation à des jeunes blessés par la vie
  • qui aide chacun à nommer ce qu’il vit, et à trouver son chemin en toute liberté.
    Nous essayons plus ou moins de la faire, cette formation, à différents niveaux : collèges, lycées, inter-noviciats… Nous sommes provoqués à travailler davantage la question pour mieux nous adapter à un contexte en évolution.

-Nous sommes interrogés par la demande des filles à participer aux groupes de rencontre des F.E.C., et elles disent leur désir d’être frères ! La difficulté à faire admettre que la semaine communautaire qui précède la décision d’entrée des jeunes au noviciat soit non mixte.
Parallèlement nous notons qu’un garçon a eu le déclic à partir de la vie d’une communauté de carmélites et qu’il souhaitait être carmélite, mais pas carme... Il est désormais prêtre diocésain ! Une communauté de l’autre sexe peut-être au départ plus parlante, attirante ...
Cela nous provoque à creuser la pertinence de la différenciation de nos propositions hommes-femmes ; notre manière de la présenter : langage, etc...

 

G - Presbytérat et vie religieuse

Présentateur : Marcel Lebourg, prêtre, eudiste

Selon Lumen Gentium 43, la vie religieuse est "un don gratuit que l’Eglise a reçu de son Seigneur, et que, par sa grâce, elle conserve fidèlement". Don gratuit : il pourrait ne pas exister ; d’ailleurs la vie religieuse n’est apparue qu’à partir du IVème siècle, et, pour la vie religieuse apostolique, après le Xème siècle. Elle est essentiellement un signe du monde à venir en gestation dans le monde présent ; à ce titre, "elle ne concerne pas la structure hiérarchique de l’Eglise", mais "appartient inséparablement à sa vie et à sa sainteté" (L.G.44)
Il existe des religieux laïcs (surtout des religieuses) et des religieux-prêtres. Pour ces derniers, la distinction entre presbytérat et vie religieuse est claire dans son principe : le ministère presbytéral est conféré à un religieux par l’ordination, et non par la Profession.
Pour les religieux laïcs, la distinction avec les ministères confiés et institués ne l’est pas moins : le ministère est de l’ordre de la charge confiée, la vie religieuse est un état de vie permanent.
Dans la pratique, les choses se compliquent. Les religieux-prêtres semblent appréciés surtout lorsqu’ils entrent dans les cadres de la pastorale diocésaine. Leur charisme spécifique n’est pas spontanément reconnu, ni la marge d’initiative de l’Institut auquel ils appartiennent.

L’ordination presbytérale oblige-t-elle le religieux à s’aligner en tous points sur la pastorale diocésaine, et sur elle seule ?
Il n’est pas question pour autant de jouer les francs-tireurs ni de s’installer à son compte ; inséré dans une Eglise locale, le religieux-prêtre est un collaborateur loyal de l’évêque ; l’évêque, de son côté, a dans sa mission la protection du charisme du religieux. Sachant cela, on pourrait distinguer entre la "famille diocésaine" regroupant les prêtres séculiers incardinés, et le "presbyterium" qui comprend, outre ceux de la famille diocésaine, tous les autres prêtres (religieux et séculiers venus d’ailleurs).

Quel est l’intérêt de cette distinction ? Permet-elle d’assurer la reconnaissance du caractère propre du religieux-prêtre au double plan de la consécration et de la mission ?
Les religieux laïcs sont généralement oubliés parmi les membres du peuple de Dieu ; on parlera des prêtes, des religieuses, des laïcs (éventuellement des diacres) mais pas d’eux... Si on en parle, les chrétiens, les prêtres, voire les évêques, pensent facilement que le religieux laïc est un homme qui n’a pas pu, faute de capacités, devenir prêtre. Comme si le presbytérat devait obligatoirement s’accoler à l’état religieux masculin. Il peut arriver qu’un évêque ne comprenne pas qu’un supérieur majeur ne présente pas systématiquement à l’ordination chacun de ses religieux. C’est pourtant le cas dans certains monastères ; mais là, on admet plus facilement que le monastère n’ordonne prêtres que ceux dont il a besoin pour sa vie sacramentelle et pour l’accueil. En revanche, pour les congrégations actives, le sentiment commun regarde le caractère presbytéral comme indispensable à l’apostolat du religieux.

Que faire pour mettre en valeur la vie religieuse laïque ? Peut-on espérer que le développement des ministères laïcs aura pour effet secondaire une meilleure compréhension de la vie religieuse laïque ?
Ajoutons que dans les congrégations cléricales comptant des religieux laïcs, ceux-ci sont systématiquement soumis aux "clercs" et ne peuvent exercer l’autorité (sauf rares exceptions). Quelle est la cohérence de cette restriction avec l’affirmation selon laquelle la vie religieuse ne concerne pas la structure hiérarchique ?

Convictions :

- Il y a toujours problème quant à l’appartenance du religieux-prêtre (diocèse - congrégation).
Qu’est-ce qui est premier, le "faire" ou "l’être" ? le ministère ou l’état de vie religieuse ?
Les religieux-prêtres ont besoin de prendre conscience qu’ils font partie du presbyterium auquel ils apportent une dimension plus universelle.
La tradition canoniale (sorte de règle de vie monastique dans la vie apostolique) réapparaît avec le désir d’unir vie contemplative et vie apostolique.

- Au niveau des S.D.V. :
l éviter que la vie religieuse soit présentée comme plus sécurisante que la vie des prêtres diocésains
l il est important de faire rencontrer aux jeunes des religieux-prêtres et des religieux laïcs.