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Bilan d’une enquête nationale
Le Père Jean -Pierre Penhouët du diocèse de Vannes, ainsi que M. et Mme Colmet-Daage du diocèse de Paris, sollicités par leurs évêques respectifs, ont effectué une enquête nationale sur les lieux d’éveils et de discernement en vue d’une vocation. Ayant, pour cette enquête, travaillé ensemble et en lien étroit avec le SNV, il nous est possible de publier ici la synthèse de leurs recherches.
I - Les expériences actuelles, quelle qu’en soit la forme, sont nées de l’objectif principal :
permettre aux jeunes de rencontrer tous types de vocation et trouver un soutien dans leur vie personnelle
Là où le projet a pris corps il est porté toujours par une équipe, presque toujours par l’évêque, le S.D.V. et/ou/en plus le conseil épiscopal, les paroisses, des laïcs. La mise en forme relève d’une équipe nommée ou créée par les instances précédemment citées.
II - En ce qui concerne l’âge, sur les réponses au questionnaire envoyé à chaque lieu de discernement, on relève deux collèges seulement, cinq lycées et huit Foyers avec étudiants et jeunes au travail.
Quatre pratiquent la mixité mais uniquement sous la formule week-end
Six, soit la moitié, possèdent un internat (uniquement pour garçons) mais voient leur population s’effriter.
Deux "maisons" (St Julien au Mans et St Augustin à Paris) qui ont de grandes similitudes présentent un caractère très spécifique.
Dans tous les cas il est essentiel d’insister sur :
la régularité des rencontres (week-ends ou autres...).
l’importance que ce soit un lieu de vie et d’accueil.
l’importance de rencontrer tous types de vocations.
la possibilité de pouvoir approfondir sa foi tout en restant en lien avec son lieu de vie naturel.
Une constante : le tout ne marche que si les jeunes sont motivés et réguliers - contrat moral avec eux- et si l’équipe de permanents soit "solide" et présente tout en sachant rester discrète.
III - Les locaux et leur disposition mettent en avant la nécessité de posséder
des chambres
un lieu de prière
un lieu de repas
des salles de carrefours/rencontres
Dans la grande majorité des cas, ces locaux appartiennent au diocèse.
Il apparaît indispensable qu’ils constituent pour le diocèse :
un lieu-signe (il est, du reste, souvent choisi pour le symbole qu’il représente déjà dans tel diocèse)
un lieu où l’on découvre la vie diocésaine.
IV - L’équipe : ils sont toujours pris en charge par une équipe, en général nommée par l’évêque sur proposition SDV, et comprennent toujours un prêtre et souvent, de plus, une religieuse et parfois des laïcs, assistés de permanent(s) pour la gestion quotidienne. L’animation repose fondamentalement sur l’équipe mais les jeunes sont systématiquement impliqués et dans la liturgie/prière (avec enthousiasme), et dans les menues tâches matérielles (non parfois sans réticences).
V - L’ entretien et l’administration sont assurés diversement, selon la nature du Foyer. La plupart du temps le diocèse finance l’essentiel mais, là aussi, les familles qui le peuvent ou d’autres organismes sont sollicités.
VI - L’origine des candidats correspond à la dominante rurale ou urbaine des diocèses.
Par contre la majorité des jeunes vient des classes moyennes ou de professions libérales (nous mettrons les agriculteurs dans cette catégorie) ou aussi de classes supérieures de grandes villes. Très peu sont d’origine ouvrière.
La diversité des jeunes et de leurs engagements spirituels apparaît comme une constante. Par contre il n’y a guère de critère valable concernant leurs familles, avec lesquelles sauf exception (internats de collèges) il n’y a guère de contacts.
La majorité, comme déjà dit, est constituée d’étudiants ou de jeunes au travail et éprouve le besoin personnel d’y voir plus clair, d’identifier sa vocation. Elle cherche l’enracinement et la formation de la foi, avec le désir de rencontrer d’autres portant le même souci.
L’appel se fait le plus souvent par le SDV, par les jeunes eux-mêmes, et dans une moindre mesure par tous autres lieux d’Eglise.
VII - Ce qu’il apprécient le plus :
l’expérience de vie commune
les offices, prières, partages de vie
...et aiment le moins : les tâches matérielles.
Les animateurs notent, quant à eux, dans les difficultés principales :
l’affrontement des caractères, des idées (les "discussions absolues"),
la baisse des candidats
Pour autant qu’on puisse tirer un enseignement de ces expériences - la plupart très récentes : deux ou trois ans, voire moins... - on recense, à partir de ces Foyers ; entre :
3 et 10 % de vocations au sacerdoce presbytéral,
1 et 2 % de vocations religieuses,
90 % continuent leurs études.
VIII - Pour être viable, un tel projet doit :
D’abord s’adresser à des jeunes désirant approfondir leur foi, échanger et vivre avec d’autres des préoccupations de même nature, et désirant voir plus clair dans leurs vocations propres.
Etre porté par tout le diocèse et ses différentes instances. Les jeunes doivent pouvoir rencontrer tous les types d’engagement d’Eglise.
Etre confié à une équipe solide d’encadrement.
Comporter la durée et la permanence. A défaut d’internat qu’il y ait au moins un certain nombre de week-ends en sus de réunions.
Il doit être précis pour le diocèse comme pour les jeunes qui vont venir. A ce titre il faut d’emblée lever les équivoques sur les motivations de ces derniers. Une bonne communication, tant au départ que tout au long de la vie du Foyer, doit se faire en permanence avec le diocèse.
Le lieu doit être un lieu "Signe" et d’"accueil" dans le diocèse, d’autant plus nécessaire qu’il n’y a pas de séminaire. Il doit permettre dans un "climat paisible" d’identifier une vocation spécifique. Il doit favoriser le cheminement et le discernement. Ce lieu doit être aussi très ouvert, notamment pour les jeunes, et en même temps très précis, notamment pour l’équipe.