Choix et décision dans le MEJ


M.-Dominique Duhamel et Jean-Yves Hamon, de l’équipe nationale du MEJ, nous exposent comment la pédagogie de ce mouvement éducatif cherche à donner aux jeunes les moyens de bien choisir.

" On " nous a dit qu’il y a longtemps que nous n’avons pas parlé des vocations dans nos revues. Cela est vrai. "On" nous demande souvent si le MEJ donne des religieux(ses) et des prêtres à l’Eglise. Il nous arrive de répondre que le MEJ est - paraît-il - l’un des plus importants pourvoyeurs de vocations.
Régulièrement nous recevons les faire-part de ceux qui nous annoncent leur mariage, leur engagement dans la vie religieuse, leur ordination. Nous n’avons pas compté, non par peur, mais parce que, nous semble-t-il, la qualité n’est pas dans les chiffres.
Nous espérons que ces quelques lignes permettront au lecteur de comprendre comment le MEJ développe une pédagogie de l’écoute et de la réponse, à travers un attachement personnel à Jésus-Christ, une pédagogie toute tournée vers le service de Dieu et des frères.

Introduction

Quand on a de 9 à 19 ans, et au-delà, offrir sa vie avant même de l’avoir vécue,

c’est d’abord la recevoir. C’est-à-dire accueillir ce qui nous arrive, joies et peines, espérance et souffrance, non comme des choses à subir mais comme des événements qui nous transforment et transforment notre relation aux autres. Il est important de prendre le temps de regarder ce qui est touché en soi et chez l’autre. Cela permet de choisir plus librement de conserver ou de changer tel sentiment ou telle attitude. Offrir sa vie avant même de l’avoir vécue, c’est choisir de faire de sa vie quelque chose...

...c’est aussi remettre sa confiance à l’autre, à l’adulte d’abord, tout en apprenant peu à peu, à la remettre au Christ. C’est un moyen pour arriver à l’âge adulte avec un attachement à la personne de Jésus, dans le quotidien et dans la prière, à partir de la Parole de Dieu.

... pour entrer dans une vraie liberté. Les adultes ou accompagnateurs ont la responsabilité de conduire les jeunes à Jésus-Christ, pour que toute leur vie soit une vie avec Lui. Après, il appartient à Celui-ci d’appeler chacun à sa vocation de baptisé sous quelque forme que ce soit pour que chacun puisse choisir de vivre sa relation à Dieu en toute chose.

I - Une pédagogie

Etre accompagné

L’équipe
Le choix, tel que nous le proposons, s’inscrit dans une vie en équipe, dans une vie d’équipe. Faire partie d’un mouvement, c’est accepter de cheminer avec d’autres, c’est en quelque sorte être accompagné par une équipe. L’équipe est un lieu éducatif autre que la famille, la classe ou le club de loisirs, où chacun peut s’exprimer, se situer, trouver sa place, découvrir des repères pour orienter son action et sa vie. C’est aussi un lieu où l’on décide ensemble de l’activité que l’équipe va vivre : se mettre d’accord, cela s’apprend !
Très vite l’échange d’informations sur ce que l’on fait ou pense devient un partage dans la confiance : chacun raconte quelque chose de sa vie. Ce faisant, il se livre aux autres. Il se risque à dire ce qui est important pour lui, ce qui l’aide à avancer, ce qui est difficile à vivre, ce qui lui pose question... Le regard de l’autre, sa parole, son silence aussi, permettent d’avancer, personnellement et ensemble. On s’aide par le regard que l’on pose sur une situation ou un événement. On s’éclaire mutuellement dans la recherche d’une solution.

L’adulte
Dans cette équipe, l’adulte a une place particulière. Il est d’abord celui qui écoute, avec un a priori favorable ou bienveillant. Il est aussi celui qui prend du recul et qui aide à comprendre ce qui se passe. Il est enfin celui qui, par sa parole, permet au jeune de se prendre en main, d’avoir - ou de retrouver - confiance en soi. Pour ceux qui veulent aller plus loin dans le discernement, nous proposons l’accompagnement personnel, sur une durée plus ou moins longue, avec un adulte que le jeune choisit.

Trouver sa place
L’équipe a aussi un rôle important pour permettre à chacun de se connaître, de trouver sa juste place, de découvrir ce dont il est capable en s’insérant dans un ensemble. Il expérimente fréquemment dans l’équipe que, seul, il ne peut tout faire et en même temps que, sans lui, il manquerait quelque chose. La réussite n’est pas dans l’action solitaire, qui souvent valorise l’un au détriment des autres. Elle est dans l’action solidaire où chacun, avec ses capacités et ses limites, contribue, avec d’autres, à une oeuvre commune.
Vivre cela en équipe, dans une action d’équipe, éduque à la complémentarité, dimension importante dans la société et l’Eglise : hommes et femmes, prêtres, laïcs et religieux, célibataires et mariés... C’est prendre conscience de la valeur de chacun et de sa place toujours relative, c’est-à-dire reliée à d’autres.

Recevoir la vie et nommer Dieu

Le projet du MEJ
L’expression "recevoir et donner" est une formule qui définit le projet du MEJ. Certes Jésus a dit : "Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir". Cependant, son attitude, dans ses relations avec son Père ou avec les hommes, a été aussi d’accepter de recevoir. Avant de donner, ne faut-il pas recevoir ? Recevoir sa vie comme un don, accueillir chaque jour par un oui total à ce qui va survenir, rendre grâce dès le matin pour tout ce qui remplit une journée, être disponible aux besoins et aux appels, d’où qu’ils viennent...

Rencontre de Dieu
Recevoir, c’est reconnaître une relation à autrui, à ceux qui m’entourent, à ceux qui m’ont donné la vie, à ceux qui m’accompagnent aujourd’hui. Recevoir, c’est surtout reconnaître la relation fondamentale à Dieu, source de toute vie. Cette démarche n’est pas naturelle car chacun veut se réaliser par lui-même sans dépendre de l’autre. Il faut donc du temps et tout un cheminement pour être conscient de cette relation et pour en vivre. C’est à cette condition que l’on peut trouver et nommer Dieu, reconnu dans la vie et lui dire oui en chacun des actes de la journée.
Parvenir à nommer Dieu, c’est découvrir que la vie a un sens : cette vie reçue est orientée par un idéal ou vers quelqu’un. Cette découverte modifie ou oriente le comportement quotidien, les relations aux autres, les choix et décisions. La réponse, le don de soi, l’action sont une conséquence, car ayant reçu gratuitement, chacun est appelé à donner gratuitement. La vie ne vaut que dans le don. Ce qui n’est pas donné est perdu.

Parole et Espérance

La Parole
Le choix s’exprime dans la parole. Il nous semble important de permettre aux enfants et aux jeunes de prendre la parole pour qu’ils puissent dire, avec leurs propres moyens, ce qu’ils vivent, ce qu’ils pensent, ce qu’ils croient, ce qui les bouscule, ce qu’ils voudraient bousculer... Les moyens ne manquent pas : réalisation d’un journal ou d’une émission radio, d’un panneau, d’une chanson ou d’un spectacle, etc... Ils prennent la parole pour se dire entre eux et pour dire aux autres.

Accueillir leur parole
Prendre la parole pour libérer ce que l’on porte en soi est une nécessité vitale : le jeune veut être écouté, il espère que quelqu’un l’écoutera. Des conditions sont indispensables, à commencer par la confiance : le jeune prend la parole parce qu’il sait que quelqu’un l’écoute et parce qu’il sait que ce qu’il dit au sein de son équipe n’en sortira pas. Il sait aussi que personne ne le jugera sur ce qu’il va dire. Lorsqu’ils s’expriment hors de l’équipe, les jeunes aiment se soutenir et trouver un moyen qui attire : spectacle, intervention sur une radio, etc...
Il est important pour nous adultes d’accueillir cette parole comme une parole en chemin, une parole située à un moment de son cheminement : elle ne dit pas tout de lui, elle marque une étape dans sa croissance et elle ouvre un avenir. Rien n’est figé par cette parole, tout reste encore possible. Et pourtant nous devons la prendre au sérieux car elle n’est pas une "parole en l’air", elle engage vraiment celui qui la dit même imparfaitement. En prenant le risque de la parole, le jeune accepte de se mettre en chemin, pour donner tout son poids à la parole qu’il vient de dire.

Trouver sa manière d’être présent

Habiter le monde
Apprendre à choisir, c’est, pour tout jeune, trouver sa manière originale d’être présent à ce monde qu’il habite et aux personnes qui vivent avec lui. Tout ce qui se passe autour de lui le concerne, mais il est essentiel qu’il apprenne qu’il ne peut ni ne doit tout faire. Il a pris le temps de se connaître et de discerner ce qui convient le mieux dans la situation qui se présente à lui. Et maintenant, il accepte tout simplement de s’engager, de poser des actes concrets et limités, au risque de se tromper. D’autres jeunes agiront différemment et la diversité est tout à fait saine.

Se connaître
Ceci est valable quel que soit l’âge et se vit bien sûr en fonction de l’âge et de la maturité. En même temps, nous pouvons dire que ces choix, aussi simples soient-ils, contribuent à une meilleure connaissance de soi et donc à une croissance humaine et spirituelle qui n’est jamais achevée.
Il y a des étapes à respecter mais il n’y a pas d’âge pour être "apostolique", pour enraciner sa liberté dans un agir ou un servir, à la suite du Christ dont l’appel a plus ou moins clairement retenti dans la banalité du quotidien ou dans un moment privilégié. C’est pourquoi nous proposons dans chacune des cinq branches (tranches d’âge) du Mouvement une démarche de "choix apostolique" particulière.

II - Démarches

Le "choix apostolique" n’est ni une promesse, ni un engagement. Il est l’occasion, pour des enfants et des jeunes en pleine croissance d’exprimer leur foi et leur attachement au Christ et à l’Eglise. Pour cela, la démarche se vit en deux temps. D’une part, la préparation du choix, et d’autre part la célébration par une prise de parole personnelle.

Préparer un choix

Cette préparation représente 95 % de la démarche. Elle est une appropriation par le jeune de son passé, de son histoire, éclairée par la Parole de Dieu et l’échange en équipe.

En équipe
L’équipe a une place privilégiée dans la démarche. Elle est le lieu d’échange entre les jeunes. Elle leur permet d’élaborer leur parole, et de la rendre cohérente quand elle ne donne pas tout simplement la possibilité de se dire.
L’équipe peut être aussi le support de cette parole. En équipe Espérance, les 15-17 ans sont invités à relire la vie et l’action de leur équipe. Ils découvrent ainsi la place particulière qu’ils ont prise dans les décisions, la préparation et l’action.
Des pistes les aident pour cette découverte :
Qu’est-ce qui a été découvert en équipe (possibilités, sensibilités) ?
Quelle place chacun a-t-il prise ?
Sur quel terrain l’équipe a-t-elle agi (environnement proche, société, monde...) ?
Quelle Parole de Dieu invite à agir sur ce terrain ?

Personnellement
La relecture en équipe ne remplace pas la démarche personnelle de chacun. Elle vient souvent susciter et soutenir une mise en route qui est déjà un premier pas dans le choix : accepter de relire sa vie et de se laisser accompagner dans cette démarche.
Dans le mouvement, cette démarche personnelle est proposée à chacun quel que soit son âge. Mais la durée, l’accompagnement et la dimension apostolique dans le choix s’adaptent à la tranche d’âge concernée.

Présentation des branches :
Feu Nouveau, 9-11 ans, FNOU.
Jeunes Témoins, 11-13 ans, JT
Témoins Aujourd’hui, 13-15 ans, TA
Equipe Espérance, 15-17 ans, ES
Equipes Apostoliques, 17-19 ans, EA.

La démarche est présentée dans les revues de chaque branche. Sa lecture en équipe facilite sa compréhension et la rend accessible à tous.
Commence, alors, une relecture essentiellement basée sur la vie d’équipe. Les Feu Nouveau s’arrêtent à ce niveau. La parole exprimée est tournée sur l’ouverture à l’équipe et le choix "personnel" d’être Feu Nouveau.
Le responsable d’équipe (JT - TA) ou un adulte choisi par le jeune (TA - ES. - EA.) accompagne alors la relecture personnelle du jeune. Il lui permet ainsi d’exprimer une parole pour dire l’aujourd’hui de sa vie et de sa foi, avec Dieu.
Cette parole est proclamée lors de la célébration du choix où le jeune reçoit un signe qui symbolise cette étape qu’il vient de vivre.

Célébrer un choix

Relecture
A travers la pédagogie du Mouvement, nous aidons les enfants et les jeunes à garder une trace de leur histoire. Une histoire qui à la lumière de l’Evangile sous le regard d’un témoin, prend visage d’homme, visage de Dieu... Un Dieu qui appelle et envoie en Mission.
Le carnet personnel est l’outil privilégié du Mouvement pour recueillir ces parcelles de vie qui constituent l’histoire de chacun. La relecture s’appuie sur cet outil pour aider les jeunes à mettre des mots sur leur vie et à oser l’exprimer. Ces mots facilitent une prise de distance et laissent aussi place à celui qui vient éclairer la vie et lui donner sens.
La relecture peut aussi se vivre grâce au support concret mis en oeuvre dans la vie d’équipe. Chez les Jeunes Témoins, une fresque est souvent constituée tout au long des temps forts de la branche. Chaque élément venant s’y poser représente un événement vécu dans le groupe. Les mots qui s’y ajoutent sont l’expression personnelle de chacun face à l’événement.
Enfin ces éléments s’inscrivent dans une progression et des étapes qui apparaissent peu à peu à travers les symboles utilisés. La relecture de cette fresque permet aux jeunes d’inscrire leur vie dans un cheminement spirituel et de découvrir la trace de Dieu au coeur des événements de ce temps fort.

Célébration du choix
La célébration du choix marque une étape dans la démarche du choix apostolique. Le nom que chaque branche lui attribue correspond bien souvent à la dimension qu’elle prendra dans la vie du jeune et de l’équipe.
Les FNOU. la vivent dans le cadre de la "fête du jour J" au bout de quelques mois de vie d’équipe.
Les JT, lors de la fête d’équipe de fin d’année, célèbrent leur "Choix d’être témoin".
Quant aux TA, ils expriment en fin d’année une "Parole en chemin".
Pour les ES et les EA c’est, respectivement, la célébration du "Projet Personnel" et pour les EA., l’Envoi Apostolique".

Fixée en équipe ou par le jeune lui-même, la célébration du choix est le temps de l’expression publique de cette parole. Aboutissement de la relecture et de reconnaissance de la présence active de Dieu, cette parole se termine sur une réponse : une réponse pour une vie apostolique.
Le FNOU. vit sa réponse avec l’équipe et dans le Mouvement.
Pour le JT, elle se situe au-delà de l’équipe, en vivant comme un témoin (selon ce qu’il a découvert de ce mot "être témoin").
Le TA, lui, prend la parole pour dire pourquoi et comment il veut continuer cette histoire (dans l’Eglise).
En ES le jeune exprime son projet personnel de se mettre au service d’autres, en réponse à des besoins.
En EA, il dit en Eglise ce qu’il a reçu du Mouvement dans son histoire (sainte) et par quels moyens il veut continuer sa route.
Cette parole s’exprime dans le cadre d’une célébration car elle s’enracine dans la Parole de Dieu qui y trouve donc toute sa place. Elle est aussi l’occasion d’une fête et d’une action de grâce pour le chemin parcouru. Elle est l’expression d’une offrande de la vie du jeune à la suite du Christ. Dans cette célébration, il y a aussi la parole de l’équipe ou de l’accompagnateur personnel du jeune qui présente le bout de chemin parcouru ensemble et "confirme" ainsi l’expression de celui qui prononce son choix.
A la suite de la parole du jeune, un signe lui est remis par son responsable ou accompagnateur. De l’insigne au petit livre, en passant par le support mural, chaque signe porte la croix du MEJ Mouvement dans lequel cette parole a pu être exprimée. Cette croix est aussi la croix du Christ vers qui cette expression est tournée pour un chemin apostolique.

III - Illustrations

Des paroles de jeunes du MEJ

"Le MEJ m’a servi à mieux connaître, écouter et respecter les autres, me concentrer sur la prière, et mettre en pratique ce qu’on apprend au caté.
Je me suis fait de nouvelles amies et j’ai connu Claire, qui nous consacre quand même beaucoup de temps, alors qu’elle prépare ses études d’orthophoniste.
Je voudrais la croix du MEJ car elle représente une chose très importante, car on fait un pas vers autre chose, et c’est un signe qui montre que j’appartiens au MEJ
Elle va me servir à tenir un engagement envers mon équipe et moi-même."

Anne-Céline et Marine (JT)

"Il y a un moment où la foi, il faut qu’elle devienne la nôtre, et c’est de ça qu’on vit, et c’est ça qu’il faut transmettre aux autres. (...) Il y a un moment où ça ne devient pas une histoire de religion. Ca devient une histoire de foi, et la foi c’est une histoire personnelle. On ne peut pas faire faire aux gens la même chose que nous. C’est là où il faut peut-être se décharger un peu de sa responsabilité. On peut attirer les gens vers la foi et leur montrer ce que c’est. Mais il y a un moment où soit on se rabat vers un prêtre, soit on prie. C’est pour cela que l’apostolat, il faut toujours le faire en priant parce que c’est une relation à Dieu, ce n’est pas une relation à nous."
Un ES (avril 1993)

Des paroles d’anciens du MEJ

Une étudiante
"L’année dernière (1991-92), j’ai été amenée à faire un choix déterminant en ce qui concernait mes études et mon avenir professionnel. J’étais alors en 2ème année de médecine ; je termine cette année un DEUG de musicologie. J’ai donc vécu un changement radical d’orientation.
Tout ne s’est pas fait en un jour. Quand j’ai pris ma décision en juin, cela faisait déjà plusieurs mois que je sentais que ce que je faisais ne correspondait plus (ou pas ?) avec ce que j’étais.
J’ai commencé à me poser des questions quand j’ai préparé mon choix apostolique. Je me suis en effet aperçu que mes principaux centres d’intérêt se trouvaient dans les activités extra-scolaires, en particulier dans la musique. Mais sur le moment je n’ai pas voulu y faire trop attention car je sentais comme un "danger" à me pencher sur le problème.
L’année universitaire a repris en octobre et je me suis rendu compte que je supportais mal le rythme de vie qu’il fallait mener. Quand j’en parlais à mon accompagnatrice, elle me disait d’en parler à Dieu mais je n’étais pas tellement avancée car la réponse se faisait longue à arriver. Un jour la solution m’est apparue comme une évidence : il fallait que je m’arrête là et que je reprenne du côté de la musique. Il m’a fallu un certain temps avant que j’accepte moi-même cette idée. D’un côté je sentais que ma place était sûrement mieux là, mais d’un autre côté je trouvais complètement fou de prendre une décision aussi radicale ; en plus je ne savais pas trop si j’en étais capable et j’avais peur du jugement des ’autres’.
Quand cette solution m’a paru réalisable, j’ai commencé à en parler à mes parents et à des amis, musiciens ou non, qui me connaissaient depuis plusieurs années. Le rassemblement EA. m’a également permis de réfléchir au problème.
Mais j’avais encore une foule de questions qui barrèrent le passage (on sait ce qu’on quitte mais on ne sait pas ce qui nous attend). J’ai d’abord accepté la politique de l’autruche mais ce n’est pas la bonne solution. Je savais très bien que si je relevais la tête du sable, Dieu allait me faire comprendre qu’il fallait que j’aille jusqu’au bout de mes idées. Mais comme il est difficile de faire la sourde oreille à longueur de temps, j’ai fini par me rendre à l’évidence qui si tout n’était sûrement pas simple, c’était surmontable.
Pour résumer les points qui m’ont paru les plus importants dans ce choix, j’insisterai d’abord sur le temps : je n’ai pas cherché à précipiter les choses dans un sens ou dans l’autre, je ne voulais pas que ma décision se fasse sur un coup de tête. Ensuite, je placerai les discussions que j’ai pu avoir avec des personnes très diverses, et la prière ; et enfin, la réflexion que j’ai menée personnellement en essayant de faire le tri dans tout ce qu’on me disait, de peser le pour et le contre des deux situations."

Sophie

Un jeune couple
"C’est avec joie que nous avons essayé de répondre à la question : "qu’est-ce que le MEJ nous donne pour nous aider à vivre notre vocation chrétienne, notre vocation de couple ?"
Le MEJ est avant tout le lieu où nous nous sommes connus. Investis dans le Mouvement, nous avons peu à peu appris à vivre différents temps ensemble : rythme quotidien, temps forts, temps de joie, de stress, d’énervement. Nous y avons découvert nos caractères mais aussi nos convictions.
Par le Mouvement, nous avons été habitués à prendre la parole,. Cela nous a aidés à nous dévoiler, à exprimer notre amour, à partager ce que nous vivions, ce que nous ressentions et à décider d’aller plus loin ensemble.
Dans notre cheminement, nous avons été attentifs à :

- accueillir la parole de ceux qui nous entourent, vivre la rencontre et entendre, à travers eux, des appels pour notre vie,

- partager la Parole de Dieu, en parler ensemble et en vivre

- repérer des témoins, des couples, des amis qui soient guides sur notre chemin.
Avec tous ces appels, nous avons aussi vécu des temps de question, d’inquiétude et de joie. C’est grâce à toutes ces convictions que nous avons choisi de dire OUI à une vie à deux et de nous donner quelques points précis pour ce chemin.
Nous savons que le Christ nous accompagne sur cette route et que ce ne sera pas forcément facile tous les jours. Nous savons que nos caractères seront quelquefois en frottement, c’est pourquoi nous affirmons l’importance du pardon à deux et devant Dieu.
Avec l’expérience du MEJ nous décidons aussi de prendre le temps de choisir de répondre aux appels qui nous seront lancés personnellement ou en couple. Là encore, nous redisons l’importance de la relecture. Nous voulons permettre une parole entre nous, éclairée par celle de Dieu (l’Evangile du dimanche nous semble un bon appui) et de la prière.
Nous souhaitons aussi être témoins pour d’autres et pour cela, trouver notre place dans notre profession, nos engagements. Il sera alors important de trouver un lieu pour en parler avec d’autres.
Ces quelques points sont des balises pour notre vie mais la première attitude que nous voulons vivre c’est celle que le MEJ nous a donnée, l’attitude d’offrande. Nous ne connaissons pas complètement le chemin que nous allons emprunter mais nous faisons confiance au Christ et d’avance nous lui disons OUI pour tout ce que nous allons vivre."

Hélène et Patrice.

Conclusion

Etre chrétien
Par cette pédagogie du Choix, dont le fondement est la spiritualité ignatienne, nous voulons ouvrir les jeunes du Mouvement à une vie chrétienne qui prenne en compte toute leur humanité. Ils apprendront :

- à tenir ensemble les deux entrées : la vie et la foi (la foi et la prière renvoient au monde et aux frères, et vice-versa)

- à découvrir leur place - ou leur mission - dans la vie

- à vivre une relation personnelle avec le Christ.
C’est pourquoi une de nos plus grandes joies nous est donnée lorsqu’un responsable d’aumônerie ou un prêtre de paroisse vient nous dire que son aumônerie ou tel groupe fonctionne bien grâce à ceux du MEJ qui, malgré d’autres limites, savent animer, organiser, parler... Ou bien lorsqu’ils constatent qu’ils ont une intelligence de la foi et une capacité à lire leur vie.

Nous savons que nous formons des chrétiens qui portent l’Eglise de l’intérieur, qui la feront grandir. Ils seront peut-être des témoins et des serviteurs de la foi. Ce constat peut aussi expliquer que certains entrent dans la vie religieuse ou se mettent au service de l’Eglise dans le ministère. Mais la plupart se mettent au service de leurs frères, dans la solidarité et la charité.
Il nous semble aujourd’hui très important de préparer de cette manière ces chrétiens à prendre leurs responsabilités de baptisés. Ils auront à le faire au sein d’une Eglise transformée par l’ecclésiologie de Vatican II, et dans le contexte de l’Eglise de France. Cet enjeu de la place des laïcs et des prêtres dans l’Eglise se prépare aussi à ce niveau. Nous espérons que les jeunes du Mouvement sauront participer, dans tous les états de vie, à l’édification de l’Eglise du Christ dans et pour le monde de ce temps.

M.-Dominique Duhamel
Jean-Yves Hamon