Le choix du mariage


Plus que jamais, à l’heure où un couple marié sur trois divorce, le choix du mariage est considéré par beaucoup domme une véritable vocation. Ce dont témoigne Marie-Pascale et Laurent Grimout, mariés depuis quatre ans. Une vocation qui implique des choix très quotidiens et constants.

I - une vocation à part entière

Vers vingt ans, à l’âge où l’on regarde l’avenir et où l’on se demande ce que l’on va faire de sa vie, quelle direction prendre, chacun de nous deux (nous ne nous connaissions pas encore) avait accepté de se poser la question de la vie religieuse, parce que nous étions chrétiens et avions le désir de suivre le Christ, de le laisser guider notre vie. Cependant, pour l’un comme pour l’autre, le désir de fonder une famille était bien présent au fond de nos coeurs depuis l’adolescence.

Mais nous n’étions pas fermés à un autre appel de vie, nous ne considérions pas le mariage comme le seul chemin possible pour réussir sa vie : que l’on reste célibataire, que l’on soit religieux, religieuse, prêtre, etc... l’important, nous le savions, est d’aimer, de se donner, en puisant à la source de l’Amour de Dieu, car "au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour"...

Après donc cette démarche de disponibilité intérieure à "toute vocation" pendant quelques années, le désir de fonder une famille est clairement redevenu le plus fort, mais en considérant vraiment le mariage comme une vocation à part entière, toute aussi exigeante que les autres, comportant un égal appel à la sainteté. Cet état de vie, nous ne l’avons jamais compris comme un chemin de facilité, de confort affectif, un chemin toujours pavé de roses.

Se préparer à un choix pour toujours

Après avoir appris à nous connaître, sûrs de nous aimer profondément, nous avons décidé de cheminer vers le mariage, c’est-à-dire de vivre une période de fiançailles, sans vivre ensemble, ce qui est loin d’être à la mode aujourd’hui ! Cette période, qui a duré quelques mois, a été une étape très importante pour nous car les fiançailles sont déjà un engagement sérieux de deux personnes, non définitif, mais pour se préparer profondément à celui définitif du mariage.

Pour la première fois, nous avons vécu une relation en complète vérité, c’est-à-dire en acceptant de se laisser regarder par l’autre dans tout ce que nous sommes : avec nos qualités mais aussi nos blessures, nos pauvretés, nos faiblesses... Avec notre histoire depuis l’enfance, sans tricher, sans peur du regard de l’autre. Quelle joie, quel émerveillement de se découvrir aimé pour ce que l’on est. On quitte alors l’esprit de séduction qui fait que si souvent on ne veut montrer que le meilleur de soi-même, parce qu’on a peur de perdre l’autre, de cesser de lui plaire. Comme on doit tomber de haut lorsqu’on a porté des masques, lorsqu’on a idéalisé l’autre ou que l’on n’a révélé de soi-même que ce qui nous semblait bon !

Pourquoi se marier si on s’aime ?

Se marier c’est quand même une sacrée décision, un acte un peu fou quand on y pense ! Dire à quelqu’un un jour : "Je me donne à toi pour t’aimer fidèlement tout au long de notre vie...", "je te reçois tel que tu es aujourd’hui, tel que tu seras demain, dans vingt ans, cinquante ans, peut-être plus, parce que je t’aime."

Ce don mutuel total, dans la confiance est très beau, c’est vraiment un acte d’abord d’amour mais aussi de volonté et on pourrait dire... de foi ! Chacun de nous s’engage à tout faire pour que cet amour grandisse et tienne bon si un jour survient la difficulté, l’épreuve, la tentation peut-être...

Ce choix du mariage, loin d’être une conclusion - "voilà une bonne chose de faite !" - est une étape, le départ d’un chemin qui n’est pas tout tracé d’avance mais sera à inventer à deux, jour après jour. A deux ou plutôt à trois : car en choisissant le mariage chrétien, nous croyons profondément que Dieu s’engage avec nous dans ce sacrement, pour la construction de cet amour, et que l’Eglise nous éduque, nous propose des moyens concrets d’aider cet amour à grandir, à évoluer et à s’ouvrir aux autres.

II - les choix dans le mariage

Se marier c’est unir deux cœurs, deux libertés, deux personnalités, deux volontés. Il faut donc apprendre à décider à deux de certaines options.

La communication dans le couple et la famille

Prendre du temps chaque jour pour se parler, s’écouter, s’accueillir, s’intéresser à la journée de l’autre, des enfants, ne pas allumer la télévision à table... ce sont des choix, une détermination qui paraissent peut-être évidents mais sont loin d’être vécus dans toutes les familles.
Accueillir son conjoint et ses enfants comme son prochain, avec le désir de les servir, de leur faire plaisir même quand on est fatigué... Accepter de renoncer parfois à sa volonté propre par souci d’unité, c’est un choix pas toujours facile !

Etre chrétiens en famille

C’est un choix, un engagement qui suppose de prendre du temps pour prier ensemble, participer à l’Eucharistie, parler de la foi. Décider de n’être pas chrétiens tout seuls dans son coin, cela veut dire rejoindre d’autres personnes pour partager sur la Parole de Dieu, s’aider à la mettre en pratique dans nos vies. C’est aussi prendre les moyens de connaître l’enseignement de l’Eglise en matière de pastorale familiale.

Et puisque "la foi sans les oeuvres est morte" il nous apparaît vital d’avoir un apostolat, un service dans l’Eglis, si petit soit-il, chaque couple donnant du temps selon sa situation particulière, sa disponibilité.

Pourquoi est-ce un choix ? Parce que tout engagement suppose la fidélité, la persévérance, que cela prend du temps et que quand il faut conjuguer vie familiale et vie professionnelle, le temps libre est précieux. C’est donc accepter de renoncer à certains loisirs. Mais quand on donne, on reçoit aussi beaucoup.

Garder sa porte ouverte

Quand on est heureux en couple et avec ses enfants, garder sa porte ouverte aux autres, c’est un choix. L’ouvrir aux amis, bien sûr - ce n’est pas difficile ! - mais aussi à ceux qui sont un peu seuls, qui souffrent, qui ont besoin d’être accueillis et écoutés. Mais savoir se laisser déranger est souvent difficile.

L’éducation des enfants

Dans ce domaine, il est souhaitable qu’au départ un homme et une femme soient profondément unis dans le choix de l’éducation qu’ils souhaitent donner à leurs enfants et qu’ils s’accordent sur les valeurs à transmettre. De plus, il est indispensable d’être cohérent : ne pas demander aux enfants de vivre des exigences dont on se dispense soi-même. Par exemple vivre dans la vérité est un choix parfois exigeant mais en réalité tellement plus simple que de s’empêtrer dans des mensonges sans fin. Et si l’on veut établir une confiance solide entre les membres de la famille, il n’y a pas d’autre chemin. Accepter de ne pas se faire passer aux yeux de notre progéniture pour des êtres infaillibles.

Vivre la réconciliation en couple et avec les enfants : la demande de pardon, quand elle est formulée et accueillie est chaque fois un nouveau départ qui resserre les liens de l’amour et évite d’accumuler des rancoeurs.

Accorder beaucoup de temps aux enfants pour jouer, parler, rire c’est aussi un choix, une détermination, parfois difficiles à assumer quand on a derrière soi une bonne journée de travail.

Marie-Pascale et Laurent Grimout