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Familles et vocations
Echos du week-end régional des S.D.V. de l’Ouest, les 27-28 mars 1993 à Ploërmel.
Autour du thème "Familles et Vocations" 120 personnes, en très grande majorité laïcs, pères et mères de famille (dont 37 couples) ont eu vraiment conscience de vivre, avec leurs délégués diocésains aux vocations, un temps très fort en Eglise, dans la réflexion et la prière.
La plupart étaient délégués de leur mouvement ou service (SDV, Equipe Notre Dame, catéchèse de la petite enfance, APEL...) : tous étaient des gens bien engagés dans l’Eglise (CLER, MCC, ACI...)
M. Jacques Auvillain, père de famille, médecin récemment en retraite et théologien de formation, Président du Centre pour l’Intelligence de la Foi (CIF) de la région parisienne, était notre principal intervenant... Il l’avait été au Congrès national des vocations à Lourdes en novembre 1991 ; voilà pourquoi nous avions pensé l’inviter.
Il a longuement analysé devant nous les mutations de la famille au terme de notre XXe siècle :
. fin de la famille comme unité de production, comme lieu privilégié de l’information.
. Révolution du statut de la femme, au plan psychologique, économique, sexuel...
. Grande mobilité de la famille, sa fragilité, son éclatement souvent...
Il a parlé de son rôle dans l’éducation de l’enfant et du jeune mais aussi de l’éveil de la vocation de chacun. Et là il a pris soin de dire qu’à son sens "c’est peut-être plus dans la crise des familles et dans l’évolution de la société que dans celle de l’Eglise qu’il faut chercher les origines de la diminution des vocations particulières".
Et la famille n’est pas seule à devoir porter la responsabilité de ces vocations. "C’est toute la communauté chrétienne qui doit s’en préoccuper, à des titres divers mais équivalents".
Pourtant, si toute vocation est un mystère, si c’est Dieu qui appelle, il appartient bien à la famille de favoriser les conditions de son éveil et de son accueil. "Cela demande du jugement, du temps, de la compétence parfois et toujours beaucoup de désintéressement et d’amour vrai de la part des parents", a-t-il ajouté. Il s’est, en passant, interrogé devant nous sur le refus fréquent des vocations particulières dans les familles, même les plus chrétiennes, par crainte de l’avenir, d’un engagement irrévocable, d’une décision prématurée du jeune qui ignore les difficultés qu’il va rencontrer."Je suis étonné, nous a-t-il confié, que les mêmes familles ne fassent pas le même raisonnement vis-à-vis d’un mariage souvent décidé rapidement, où il n’y a pas de noviciat, ni formation longue préalable... Il faudrait peut-être sensibiliser les chrétiens à l’étrangeté de ces attitudes..."...
Le Père Gilson évêque du Mans, accompagnateur des Services Diocésains des Vocations de l’Ouest, nous a invités à toujours être plus attentifs aux germes qui poussent qu’aux murs qui croulent dans notre Eglise comme dans notre monde... Il a rappelé, citant longuement le Père Marty, dont il fut l’Auxiliaire à Paris, puis des textes du Concile, qu’une bonne pastorale des Vocations commence par un amour profond pour le Christ et son Eglise. Celle-ci est signe, sacrement de la tendresse de Dieu... "Pour faire corps, elle a besoin d’être convoquée par le Christ ; les ministres ordonnés sont ses convocateurs. Ils sont indispensables..."
Puis il a invité les laïcs présents à creuser le lien entre les sacrements de Confirmation, du Mariage et de l’Ordre. Une piste à explorer !
Il a pris enfin l’image de l’enfant qui apprend à marcher,entre l’un des parents qui accepte de le lâcher et l’autre qui l’appelle ; et il a posé la question : "Avez-vous assez de confiance pour refuser de garder l’enfant que vous avez mis au monde, à l’exemple de Marie à Cana ? Aurez-vous assez d’amour pour appeler ? Tout parent désire le bonheur de son enfant ; alors il doit lui permettre de risquer sa vie dans une vocation, puisque la vocation c’est ce que Dieu a inscrit dans son coeur pour être heureux ! "
Yves Le Clech