10 ans après le Congrès Mondial des Vocations


Dix ans après le Congrès mondial des vocations, un document romain fait le point. Qu’en est-il chez nous en France ?
Que devons-nous faire ? Le père Yves Le Clech, délégué régional des vocations pour l’Ouest de la France nous propose ici sa propre analyse.

"Que nous faut-il donc faire ?" demandaient les juifs à Jean le Baptiste sur les bords du Jourdain ... Ils sentaient bien qu’ils allaient vivre, eux, et tout le peuple, des jours décisifs pour leur histoire.
A la veille du 3ème millénaire de l’ère chrétienne, les relectures, les évaluations et prospectives vont bon train dans tous les domaines de l’activité humaine comme dans notre Eglise.

"Pastorale des Vocations, où en sommes-nous ?" C’était le titre d’une plaquette rédigée par le Service National des Vocations fin 1982. Ce texte, au sortir du Congrès d’Amiens, reprenait de façon très heureuse les grandes lignes de force de cette Pastorale menée en France depuis les quelques années précédentes, disons depuis 1975. Or, en 1981, venait justement de se tenir un Congrès mondial des vocations à Rome et le document final qui en est sorti (1) est venu confirmer de façon saisissante tous les efforts qui avaient été menés chez nous en ce domaine.

Où en sommes-nous dix ans après, en 1992 ? au moment où, précisément, nous parvient à nouveau un autre document romain, paru sous la responsabilité des Congrégations pour l’éducation catholique, pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, intitulé :
"Développements de la Pastorale des Vocations dans les Eglises particulières"

D’emblée, nous pouvons dire que nous nous retrouvons bien dans l’ensemble de l’analyse qui est faite

de la situation d’aujourd’hui
des efforts entrepris particulièrement depuis 1981
des difficultés rencontrées...

I’analyse de la situation

  • Parlant dernièrement du responsable des vocations dans son diocèse, un professeur de séminaire me disait : "Jamais, je crois, notre Service Diocésain des Vocations n’a mené une Pastorale plus intelligente, plus persévérante ni mieux enracinée ecclésialement, en lien étroit avec toutes les forces vives du diocèse, et pourtant jamais non plus il n’a eu de si maigres résultats !"

  • C’est vrai, la conjoncture actuelle n’est guère favorable à l’éveil, à l’éclosion et à la persévérance des vocations au ministère presbytéral comme à la vie consacrée. Et nous ne pouvons que reprendre les analyses faites à ce sujet dans la synthèse romaine :

    "Les anthropologies dominantes ont polarisé l’attention sur l’autonomie de la personne, avec ses possibilités, ses libertés, sa spontanéité, ses désirs, sa capacité d’auto-réalisation. Les jeunes, même inconsciemment, en subissent chaque jour l’attraction. Cette vision fait comprendre la vocation comme un élément extérieur et privé de signification..." (71) (2), et cela d’autant plus que l’image du prêtre, de la vie religieuse, véhiculée par les médias, se réfère à d’autres temps et apparaît souvent comme ridicule et irréelle aux jeunes d’aujourd’hui...

    Quand ce document dit que "la sécularisation, la permissivité, la société de consommation, la laïcisation de l’école, le contrôle des naissances... constituent entre autres, les facteurs sociaux connus de tous qui influent sur la pastorale des vocations", nous disons encore "oui".

  • Nous pouvons ajouter à cette liste la multiplication inquiétante des divorces et des familles éclatées qui frappent de plein fouet les enfants et les jeunes susceptibles de répondre à un appel. Et si, en plus, le nombre d’enfants par famille diminue, comme c’est le cas, les parents manifestent facilement à leur égard une attitude possessive ; bien souvent ils ont sur eux des projets auxquels ils n’entendent pas facilement renoncer. Nous rencontrons de plus en plus chez eux une peur panique de voir un des leurs exprimer un appel au don total de soi, dans la prêtrise comme dans la vie consacrée. Et les jeunes viennent fréquemment aux rencontres du S.D.V. à l’insu de leurs parents.

  • Comment alors s’étonner d’une certaine fragilité chez ces jeunes, nés dans un temps de grandes mutations, sans racines et "en mal d’héritage" (3)  ?
    "Ils manifestent peu de capacité, dit encore le document, à prendre des décisions et sentent le besoin d’être confirmés par quelqu’un dans les engagements à assumer. Ils craignent de perdre leur propre liberté et veulent essayer, expérimenter concrètement le type de vie offert par une vocation spécifique, avant d’assumer les décisions importantes qu’elles requiert." (74)

    Nous les entendons souvent dire, surtout devant les jeunes qui s’engagent aujourd’hui dans la prêtrise ou la vie consacrée : "C’est très beau, c’est super ! mais moi, je n’en suis pas capable..."

    Assumer jusqu’au bout des engagements à long terme leur paraît insurmontable. "C’est pour cette raison qu’ils privilégient les expériences partielles, fixées pour un temps déterminé." (75). Il en est de même quand il s’agit de contracter un mariage ou de s’engager dans le célibat et de prononcer des voeux définitifs.

  • A ces facteurs sociaux, trop rapidement évoqués, s’ajoutent des réalités ecclésiales difficiles. Il suffit de rappeler chez nous la baisse considérable de la pratique religieuse particulièrement frappante dans le milieu rural alors que dans un passé encore tout récent ce monde a été un milieu très porteur chez nous, pour les vocations. Les baptêmes et les inscriptions au catéchisme sont en nette diminution aussi...

  • Et pendant ce temps, les prêtres, religieux, religieuses ne sont pas remplacés. Ils apparaissent aux jeunes qui fréquentent nos églises comme des gens admirables qui, malgré leur âge, continuent à se donner avec courage à leur mission, jusqu’au bout.
    Rares sont les jeunes qui ont la chance de les approcher d’assez près pour découvrir ce qui les anime, ce qui les fait vivre : un attachement indéfectible à la personne vivante de Jésus-Christ. Mais par pudeur, souvent, ils n’en disent rien... Le mystère de la vie religieuse comme le ministère presbytéral se cachent derrière le "faire" et "l’essentiel est invisible pour les yeux..."

    Seules quelques personnalités fortes crèvent l’écran et cachent la forêt de cette foule de témoins du quotidien...

  • Tous ceux qui ont répondu à l’enquête de Rome soulignent la gravité de la crise des vocations féminines. Elle est très profonde, chez nous en France, reconnaissons-le. Tous, nous pourrions citer des Congrégations religieuses qui n’ont pas eu d’entrée de jeunes depuis dix, vingt ans. Et si ce n’est pas le cas, ces novices se comptent par unités.

    Ce document romain estime que les filles, à la différence des garçons du même âge, vivent toujours une sorte "d’incertitude socio-culturelle et ecclésiale "très préjudiciable à la recherche et au choix d’une vocation... La question féminine n’a pas encore trouvé de vraies solutions, particulièrement dans le milieu ecclésial. Les femmes ne trouvent pas assez d’échos à leur soif d’indépendance, de réalisation de soi, mais aussi de simplicité et de fraternité dans les rapports entre les gens. Au fond, "la liberté retrouvée pour les femmes dans la société aujourd’hui, peut, dit encore ce document, les rendre plus vulnérables que les hommes aux pressions de notre société matérialiste et sécularisée" (82) et, il faudrait ajouter, les rendre aussi très réservées face à tout ce qui pourrait leur paraître de la récupération ou de l’embrigadement.

  • Il n’est presque rien dit des Instituts séculiers. Dans notre contexte français, avouons-le, les initiatives prises par les Services Diocésains des Vocations pour les faire connaître ne semblent pas légion. Serait-ce que l’enfouissement dans la pâte aurait cédé entièrement la place à une évangélisation plus explicite, dans un courant largement identitaire de la foi ? La question vaut d’être largement posée.
    Il faut tout de même faire justice au S.N.V. d’avoir consacré entièrement son numéro de Jeunes et Vocations"(juillet 1992), à cette question importante.

  • Au Congrès des Vocations à Lourdes, en novembre 1991, force a été de constater que la Vocation Missionnaire "ad extra", malgré l’excellente encyclique Redemptoris Missio en 1990, était bien absente de nos enquêtes diocésaines. Elle reste très largement à redécouvrir et à honorer dans notre Eglise de France qui, pourtant, a donné à notre monde tant de ses filles et de ses fils !

    La session nationale qui, en ce mois d’octobre 1992, a lieu à Francheville (Rhône) pour tous les responsables diocésains des vocations vient bien à propos pour nous réveiller là-dessus.

II points d’appui pour une pastorale renouvelée des vocations

A la lumière de ce que nous disent ces témoins du monde entier, regardons un peu maintenant les points d’appui choisis par l’Eglise de France durant ces dix dernières années pour sa pastorale des vocations. On peut, semble-t-il, dégager deux lignes de force :
A : restituer à tout le peuple de Dieu l’initiative des appels
B : et passer d’une Pastorale sectorielle à une Pastorale intégrée.

A Restituer à tout le peuple de Dieu l’initiative des appels

C’était autrefois une tâche réservée aux clercs ou aux "recruteurs" dans les différents Instituts religieux et missionnaires... Comment expliquer ou justifier ce changement de méthode ? Pas en tout cas par la baisse des effectifs des prêtres, religieux, reigieuses, missionnaires, même s’il existe un lien entre les deux. La raison profonde il faut la chercher dans un retour à une théologie plus juste de l’Eglise.

Le texte romain souligne bien en ce sens que "fréquemment les difficultés quant aux vocations sont dues à une connaissance insuffisante de l’Eglise. En effet, dit-il, l’Eglise n’est presque jamais présente comme ’Corps du Christ’, ’Peuple de Dieu’ ou ’Communion’, dans la vie de nombreux chrétiens, dans l’expérience explicite de la foi et dans le langage religieux. Cela s’enracine dans le contexte d’une culture occidentale individualiste, qui parle plus volontiers de la réalisation de la personne que de la vocation de l’Eglise." (31)

Tout au long de ces dernières années, l’équipe du S.N.V. n’a eu de cesse de nous rappeler que le premier sujet de la vocation c’est l’Eglise, "appelée à vivre du Christ et à proclamer son Evangile". Elle est tout entière appelée et, parce que tout entière envoyée, elle doit être un peuple d’appelants. Tous appelés et tous appelants pour être envoyés en mission.

• Le Père Yves Boivineau, professeur de théologie à Angers, disait en mars dernier à la région Ouest : "Une communauté d’Eglise ne peut avoir l’audace d’appeler que si elle a conscience d’être envoyée".

Le Père Yvon Bodin, supérieur du séminaire des Carmes et ancien responsable national des vocations, écrivait tout récemment en ce sens :
"La Pastorale des vocations doit s’inscrire au coeur d’une Pastorale orientée vers la mission. Elle n’existe, dans un diocèse, qu’au sein d’une Pastorale soucieuse d’évangélisation. Elle en est une dimension. Elle n’est pas un gadget ; elle fait corps avec la mission. Il existe un lien qui unit la foi, le salut du monde et la question des vocations. La fondation, la croissance et la mission de l’Eglise sont les ressorts de la Pastorale des vocations."
On ne peut être plus clair !

Vivons donc ensemble la dynamique de la mission : évêques, prêtres, diacres, laïcs, religieux, religieuses, laïcs consacrés, missionnaires, comme de vrais partenaires, en nous épaulant les uns les autres. La relance de l’appel se réalisera...

Il est tout aussi vrai d’ailleurs de dire : "Quand des gens pratiquent une vraie Pastorale des vocations, ils redécouvrent le mystère de l’Eglise et de leur baptême"... Tout se tient. Les congressistes laïcs nous l’on dit fortement au retour de Lourdes, en novembre dernier : "Nous revenons avec une foi renouvelée en l’Eglise ; nous avons redécouvert notre baptême et notre vocation propre."

Le texte de Jean Paul II pour la Journée Mondiale des Vocations de 1986 a été et restera un repère lumineux pour notre réflexion et notre Pastorale :
"Soyez une communauté vivante.
Les vocations sont le signe irréfutable de la vitalité d’une communauté ecclésiale.

Soyez une communauté priante.
Les vocations sont le don inestimable de Dieu à une communauté .

Soyez une communauté qui appelle.
Etant donné leur originalité, ces vocations (spécifiques) exigent un appel explicite et personnel.

Soyez une communauté missionnaire.
L’Evangile de Jésus doit conquérir le monde."

• Si des fidèles laïcs reprennent vraiment conscience de leur identité de baptisés, de leur responsabilité dans la mission de l’Eglise dont ils sont membres, ils reprennent conscience de la nécessité de la vie religieuse, des missionnaires au loin, des diacres, des prêtres, des laïcs consacrés.

• Depuis 1985 tout particulièrement, de gros efforts ont été faits, partout en France, pour susciter des Antennes-relais, équipes de laïcs accompagnés par tel ou tel prêtre, religieux ou religieuse qui portent le souci de l’éveil, d’un premier appel, d’un début d’accompagnement, là où ils sont en paroisses, mouvements, aumôneries, services... Et les Conseils pastoraux, les équipes d’animation paroissiales qui se mettent en place partout devront bien s’approprier cette question capitale des vocations.
Oui, le dernier Congrès des vocations à Lourdes a bien montré que c’est tout le peuple de Dieu, le peuple des baptisés qui désormais commence à être engagé dans cette pastorale. Voilà un élément majeur du nouveau paysage ecclésial français en Pastorale des vocations, depuis ces dix dernières années.

Mais une fois mobilisé l’ensemble du peuple de Dieu, il ne s’agit pas d’appeler dans n’importe quelle direction, indistinctement. Et c’est là qu’une bonne théologie de l’Eglise s’avère encore bien nécessaire.

• Au Congrès de Lourdes 1987 nous avons entendu le Père Marcus, évêque de Nantes, nous rappeler que "seul le prêtre remplace le prêtre". S’agissait-il donc d’un retour à une Eglise cléricale, un virage "salutaire" amorcé après de longues années de mise en valeur d’un laïcat responsable ? Non pas. Chaque vocation est unique, irremplaçable ; et elle ne doit en aucun cas entrer en concurrence avec les autres, mais trouver avec elles une bonne articulation. La vocation au ministère presbytéral n’est pas la vocation à la vie religieuse ; elle a une signification particulière dans le Corps sacramentel de l’Eglise.

"C’est dans le décret sur les prêtres (4), rappelait encore tout récemment le Père Marcus aux S.D.V. de l’Ouest, que le caractère indispensable du presbytérat trouve une de ses expressions les plus fortes". Ecoutons plutôt : "La fonction des prêtres en tant qu’elle est unie à l’ordre épiscopal participe à l’autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps." Et l’évêque de Nantes commentait : "L’Eglise reçoit ses prérogatives de peuple royal, sacerdotal et prophétique pour participer à la fonction sacerdotale du Christ lui-même de la médiation sacramentelle de ses ministres ordonnés, c’est-à-dire les évêques et leurs coopérateurs prêtres - On ne peut mieux faire sentir combien la vocation presbytérale tient une place particulière en tant qu’elle concerne la structure apostolique de l’Eglise."

• Ce document romain que nous commentons consacre une large place à la vocation religieuse très souvent méconnue par le peuple de Dieu, par les catéchistes (spécialement les plus jeunes) et même par les pasteurs (40 - 41) :
"Il est plus que jamais nécessaire de rencontrer, former, animer les jeunes pour une meilleure compréhension de la vocation religieuse féminine. Ceci n’est possible qu’à partir d’un projet pédagogique basé sur la compréhension de la mission et de l’être de la femme. Pour ce service, il est indispensable d’être en étroite relation avec les jeunes, de connaître leurs aspirations, leur langage, leur univers, leur manière de comprendre le sens de la vie et leur vie de foi." (85).
Vaste chantier à travailler en atelier Vie Religieuse et en S.D.V., dans la ligne de la session nationale d’Issy-les-Moulineaux en juillet 1984 !

• Une autre caractéristique de l’effort en Pastorale des vocations, ces dix dernières années c’est l’audace, nouvelle, d’appeler. Après le temps du recrutement parfois intempestif, chacun pour sa chapelle, après des années de silence embarrassé, on ose plus sereinement, aujourd’hui, appeler. Avec discernement, dans une meilleure concertation, mais sans complexe. Et le Père Hippolyte Simon avec la vigueur que nous lui connaissons nous a rappelé un jour dans la région Ouest : "Appeler c’est servir une liberté" - Le message a indéniablement passé (5).

B d’une Pastorale sectorielle à une Pastorale intégrée

En regardant ce qui se vit dans toutes les régions apostoliques de France, nous ne pouvons qu’admirer tous les efforts intelligents qui sont faits, toutes ces dernières années, pour que cet éveil et ce premier appel vocationnel habitent les lieux et parcours catéchétiques, la pastorale de la famille, la pédagogie des mouvements, écoles catholiques et aumôneries scolaires, services... "Tous les catéchismes pour les enfants comme pour les adultes devraient, nous dit le Document romain, être explicitement imprégnés par cette dimension et constituer un véritable itinéraire, à la découverte d’une vocation." (52).

Il déplore que certains regardent encore cette Pastorale des vocations comme "sectorielle" et non pas comme une dimension de toute action pastorale...(44). Il reste beaucoup à faire afin d’obtenir que toute la Pastorale soit ouverte aux vocations et que toutes les activités pastorales pour les vocations s’intègrent pleinement dans le plan global de la Pastorale du diocèse" (44). C’est bien pour la France une tâche majeure dans les années à venir. Tout le chapitre V du Document est consacré au lien très étroit qui doit en particulier unir la Pastorale des jeunes et celle des vocations :

"Les vocations surgissent, y lit-on, là où existe une pastorale des jeunes bien organisée et bien articulée avec la Pastorale des vocations spécifiques" (70).

Il nous faut donner aux jeunes l’occasion de vivre de vraies expériences spirituelles (personnelles et communautaires), ecclésiales, sans lesquelles il ne peut y avoir d’appel, de vocation... Imaginons avec eux aussi des missions mobilisatrices qui tiennent compte de leur sensibilité d’aujourd’hui et des grands besoins de l’heure.

III les difficultés de la tâche

Nous voyons donc bien ce qu’il reste à faire, mais nous mesurons aussi les difficultés de l’entreprise. Relevons-en quelques-unes :

• Si des antennes-relais naissent et travaillent un peu partout désormais en France, que de fois n’entendons-nous pas de la bouche des responsables S.D.V. : "Le plus délicat c’est de les faire tenir, au-delà d’un Congrès national ou diocésain, d’une ordination, d’une profession religieuse ou d’un envoi en mission vécus dans l’enthousiasme !"
Oui, il faut sans cesse relancer, encourager, suggérer des actions possibles. Rien n’est définitivement gagné ! La tâche est là, devant nous, immense, pour les mois et les années à venir !

Les prêtres, religieux, religieuses restent bien les appelants potentiels privilégiés. Mais ils vieillissent et se sentent de moins en moins en prise avec le monde des jeunes qu’ils ne rencontrent plus guère. Le texte de Rome le dit sans ambages : "La crise des vocations dépend en grande partie des consacrés eux-mêmes, de leur indifférence et de leur passivité." Et s’ils sont soucieux de cet éveil et de cet appel vocationnels, ils sont bien souvent accaparés par de multiples tâches qui ne leur laissent guère de disponibilité... Même à l’intérieur de nos S.D.V., il nous est souvent arrivé de le déplorer.
Pourtant dit le document : "Rien ne remplacera le rapport étroit des jeunes avec les prêtres et autres personnes consacrées, heureux de leur vocation et de leur état". Et il ajoute que "l’impact des séminaristes et jeunes qui se préparent à une vie de consacrés est tout à fait déterminant." (86).

• Il est urgent de "prendre soin de la préparation spécifique des directeurs spirituels et des autres responsables de l’accompagnement. Beaucoup de vocations n’arrivent pas à maturation faute d’animateurs et formateurs idoines qui puissent les aider" (38). "La direction spirituelle et l’accompagnement (surtout personnel) sont la condition de la pastorale des vocations". Là aussi en France, nous avons eu la chance de vivre à Vichy en mai 1989, une session très dense sur le sujet... Effort donc à poursuivre.

• Aujourd’hui, devant la fragilité psychologique croissante des jeunes, souvent relevée (à Vichy précisément), devant le contexte social et même ecclésial peu porteur, beaucoup de responsables pastoraux mettent -ou remettent- en place des structures de soutien : Foyers-séminaires - écoles presbytérales - propédeutiques, lieux d’accueil divers où on puisse dire à des jeunes "Venez et voyez" ! (87)

• Enfin le document souligne très fort la nécessité d’une collaboration étroite entre clergé diocésain et religieux.
"La co-existence et la collaboration du clergé diocésain et des religieux ne nuisent pas aux diocèses mais plutôt les enrichissent de nouveaux trésors spirituels et en accroissent notablement la vitalité apostolique" (96). Et il termine en disant : "C’est un point sur lequel il y a encore beaucoup à faire".

Là encore, "au-delà de bons ez loyaux services dûs à des initiatives privées, il importe d’obéir à un impératif théologique et ecclésial" (97). C’est dans la co-responsabilité vécue entre prêtres, religieux, religieuses, laïcs, que les vocations diverses se valorisent mutuellement. Nous l’expérimentons bien dans nos équipes S.D.V. qui donnent place, dans la plupart des cas, à toutes les formes de vocations chrétiennes. C’est dans une bonne articulation des ministères, des états de vie et des services que la nécessité des diverses vocations particulières éclate au grand jour.

il est temps de conclure

Cette enquête au niveau de l’Eglise universelle n’a pas, dans l’état actuel des choses, de valeur normative pour nous, mais elle nous fait découvrir très largement, bien au-delà de nos frontières "les développements de la Pastorale des Vocations dans les Eglises particulières, aujourd’hui".

Rien ne nous a étonnés, encore moins choqués. Tous les chantiers ouverts dans le dossier ont été et restent toujours les nôtres, en France. Voilà, au moins, une confirmation très nette que nous sommes sur la bonne voie même si le chemin est encore bien long et les résultats attendus e le succès de tes entreprises dépendait tout de toi, rien de Dieu ! Cependant, mets en oeuvre tous les moyens comme si tu n’avais rien à faire et Dieu, tout ! "

Au fond, il nous faut donc prier comme si tout dépendait de nous, agir comme si tout dépendait de Dieu.

PRIER
C’est la seule consigne que le Seigneur ait laissé à ses Apôtres et aux Services des vocations à venir ! "Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson."
Il ne s’agit pas de prier pour que Dieu choisisse, appelle et envoie...les autres en mission. - Prier s’est s’exposer à répondre comme Isaïe : "Seigneur, envoie-moi ! avec d’autres".
Prier Dieu de susciter des ouvriers pour sa vigne en acceptant qu’il commence par moi, avec toute mon intelligence, ma volonté et ma force d’aimer, et travailler pour que beaucoup d’autres s’attellent aussi à cette tâche...

AGIR
Sans panique - sans tension - dans la plus grande confiance en un Dieu sans cesse présent à son Eglise, qui suscite nos dynamismes et travaille au coeur des hommes, au coeur des jeunes appelés à bâtir l’Eglise pour le monde d’aujourd’hui et de demain.


Yves Le Clech
Délégué régional de l’Ouest

notes

1 "Les Eglises diocésaines au Service des Vocations" - Document d’Eglise - Centurion [ Retour au Texte ]

2 Les chiffres entre parenthèses indiquent les n° des § du document analysé [ Retour au Texte ]

3 cf. "Génération en mal d’héritage" Luc Pareydt - Supplément au Cahiers pour croire aujourd’hui [ Retour au Texte ]

4 Vatican II - Presbyterorum ordinis [ Retour au Texte ]

5 Jeunes et Vocations n° 58 - juillet 1990 [ Retour au Texte ]