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Etre de l’Eglise et du monde
Pourquoi ai-je répondu un jour à l’appel du Seigneur " Viens, suis-moi" ? A cause du désir de Lui consacrer ma vie dans le célibat mais sans être coupée du monde dans lequel je vivais déjà ma consécration baptismale.
Isabelle L.
Le propre des laïcs, insérés qu’ils sont par le Baptême dans le Corps mystique du Christ, est de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes et d’exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien." (Apost. des laïcs - n°2)
Quelle est la spécificité de cette vocation de laïque consacrée, en Institut séculier ? Comment est-ce que je vis ma consécration à Dieu dans la laïcité ? En étant pleinement d’Eglise et pleinement du monde. Pour être plus concrète : extérieurement rien de changé. Au lendemain de ma consécration totale et définitive à Dieu, j’habite le même logement, fréquente la même paroisse, exerce sur le même lieu de travail, gère le même budget...
Mais maintenant je me dois d’aimer ce monde laïc dans lequel je suis restée, comme Jésus a aimé les siens qui étaient dans le monde... jusqu’au bout. Par la présence, l’écoute et la disponibilité à ceux qui m’entourent : malades et collègues dans le monde du travail, relations familiales, de voisinage ou amicales.
Par exemple, en permettant à des collègues mariées de vivre leur vie familiale lorsqu’il s’agit d’organiser un planning de travail.
En m’engageant sur le terrain, en suggérant ce qui peut améliorer la vie des personnes âgées de l’établissement.
En améliorant toujours ma formation professionnelle.
En réfléchissant et partageant avec d’autres personnes exerçant dans le même secteur professionnel que moi (syndicat, Action catholique..)
En étant attentive aux plus délaissés et aux plus démunis tant affectivement que matériellement, de la société ; en m’engageant à leurs côtés et en assumant mes responsabilités dans la vie politique et sociale. C’est ici une des dimensions de la chasteté.
Et la pauvreté séculière ? Car je garde mon salaire, les biens que je possédais ou dont j’ai pu hériter. Mais ce que je possède je dois le mettre au service des autres. Il peut s’agir de biens matériels, mais aussi d’autres biens comme mes facultés intellectuelles ou physiques, le temps, et autres dons personnels. La pauvreté je la vivrai donc par la façon de gérer ce que je possède, "possédant comme ne possédant pas", et dans la solidarité et le partage avec les plus démunis. La pauvreté, c’est aussi partager comme tout laïc, l’insécurité du travail, chômage, problèmes de santé, retraite, assurances. C’est aussi dans ce même sens, prévoir de façon responsable, afin de n’être pas un jour à la charge des autres ou de la société. La pauvreté, c’est aussi assumer une certaine solitude dans les décisions. Lorsqu’une urgence se présente et que je ne peux avoir le conseil de la Responsable ou des autres membres, il me faut prendre des risques, en toute humilité... avec celui parfois de se tromper.
être membre de ce corps qu’est l’Eglise
A la manière d’abord de tout autre chrétien engagé : dans la Paroisse et les mouvements divers qui ne manquent pas... et je ne m’y attarderai pas. Mais je me sens aussi appelée à faire mieux connaître et mieux aimer l’Eglise à toute cette partie de la société qui la connaît mal, l’ignore, la rejette, ne la fréquente plus ou peu. Je me sens appelée aussi à interpeller l’Eglise et à la rendre attentive à tous ces hommes et femmes qui lui sont extérieurs.
Membre également par la prière et les sacrements, je dois réussir à me ménager à l’intérieur de ma journée de travail, loisirs, etc.. les temps de prière et de ressourcement nécessaires, de contemplation, de méditation de l’évangile, de participation à l’Eucharistie, comme le demande la Règle de vie de sainte Angèle. Temps où je fais remonter vers Dieu mes joies, peines, soucis... et ceux du monde qui m’entoure.
cette consécration séculière je ne la vis pas seule
Malgré et grâce à la vie en diaspora, je vis avec les autres membres de l’Institut une communion d’esprit et de coeur. Ste Angèle, notre fondatrice, le rappelle constamment dans ses écrits :
"Soyez liées les unes aux autres par les liens de la charité, vous estimant, vous aidant en Jésus-Christ... Vivant dans cette communion de coeur vous serez comme un château-fort bâti sur le roc."
Les rencontres locales, nationales, internationales sont des temps forts, d’autant plus appréciés qu’il est souvent difficile de se retrouver toutes ensemble, tant à cause de la dispersion géographique que des problèmes de santé ou des contraintes séculières, professionnelles, familiales... Mais sont d’égale importance les rencontres ou entraides interpersonnelles, visites, téléphone, courrier... qui alimentent la vie fraternelle. Je me dois d’aider, de visiter, d’avoir le souci des autres qui peuvent être malades, isolées, âgées. Mais donner c’est aussi apprendre à recevoir en toute humilité. Les rencontres sont aussi des moments de révision de vie, de partage, de prière, d’approfondissement où l’autre m’aide, me remet en cause par le regard qu’elle porte sur ma façon de vivre, par ses conseils, ses encouragements, son soutien dans la prière.
Etre consacrée séculière ce n’est donc pas comme je l’entends souvent dire : "être plus libre de faire ce que je veux", mais c’est agir de façon responsable, transparente, face à Dieu et face aux autres. Toute décision importante sera auparavant soumise à ma responsable et discernée avec elle dans le dialogue et la prière. Voilà le sens de l’obéissance.
Ainsi la consécration séculière me permet de développer mon charisme personnel pour le mettre au service du monde, de Jésus-Christ et de son Eglise.
"Je ne te prie pas de les enlever du monde mais de les garder du mauvais." "Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde" "Qu’ils soient parfaits dans l’unité et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé." (St Jean).