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La confirmation, un art de vivre
Dans le diocèse de Lille, le cheminement vers la confirmation est proposé aux jeunes lycéens et se vit dans un secteur pastoral, regroupant plusieurs lieux (Enseignement Catholique, Aumônerie d’Enseignement Public, mouvements, paroisse...) Cette première dimension de la proposition est importante car les jeunes peuvent alors expérimenter une vie en Église diversifiée. D’autre part, selon les lieux et les moments, le cheminement vers la confirmation peut être l’occasion d’une découverte d’un mouvement d’Église, d’un lieu qui deviendra pour certains jeunes le lieu où ils vivent et vivront leur foi.
(SDC)
(Service Liturgie)
L’appel
C’est par le secteur pastoral que passe l’appel, en lien avec tous les lieux de proximité des jeunes. Il convient de soigner cet appel afin qu’il soit relayé largement pour ne pas laisser croire que la confirmation est réservée à une élite. D’autre part, nous avons pu remarquer qu’une invitation personnalisée provoque une réelle interpellation à risquer le cheminement, bien plus que le souci ou la crainte de s’engager. Dans cette première étape qu’est l’appel, il est intéressant de laisser aux jeunes la possibilité d’imaginer eux-mêmes le mode d’appel, de leur donner toutes les possibilités de s’interpeller mutuellement, en particulier avec l’aide des anciens confirmés qui ont alors un rôle important à jouer. Par l’invitation, les jeunes entrent dans un cheminement qui fait vivre ; ce n’est pas un « parcours qui donne droit à la célébration » ; en effet, la célébration vient au cours du cheminement, et non pas comme l’aboutissement du parcours. Le sacrement est alors plus perçu comme une force, une porte ouverte sur un a-venir, et non pas un aboutissement.
Aujourd’hui, nous pouvons noter que, pour beaucoup de jeunes, la confirmation est un choix personnel, parfois difficile à poser face aux autres. Le cheminement vers la confirmation est accueilli comme un temps qui leur est donné pour un vivre ensemble, et non plus comme un passage obligé afin d’être reconnu chrétien, ou un passage obligé vers l’âge adulte. La confirmation n’est plus perçue comme le sacrement en vue d’un engagement, mais comme une proposition de cheminement qui permet un approfondissement de la foi dans un « vivre, croire et célébrer » ensemble. Il devient de plus en plus fréquent de proposer la confirmation à des jeunes qui vivent déjà un engagement dans l’Église, en tant qu’accompagnateurs de plus jeunes, responsables de mouvement de jeunes...
Cependant, il est aussi courant de rencontrer des jeunes qui partagent leur peur de ne pas être à la hauteur par rapport aux exigences du cheminement vers la confirmation. Ils arrêtent alors la préparation, certains restant en lien avec leur accompagnateurs, d’autres rompant tout lien avec le lieu d’Église où ils étaient. Pour ne pas entretenir cette peur de ne pas être à la hauteur, il est nécessaire de bien choisir les témoins qui seront invités pendant le cheminement. Leur partage doit permettre de se dire qu’une vie de disciple est possible sans nécessairement réaliser de grandes choses ou avoir de grandes dispositions spirituelles. Le disciple vit aussi de Jésus Christ dans un quotidien fait de temps ordinaires.
C’est bien pendant le cheminement que les jeunes sont déjà invités à vivre de l’Esprit Saint qu’ils reçoivent à la confirmation, de mettre en pratique cet art de vivre ensemble. En effet, lorsqu’ils font mémoire de ce cheminement, ce sont, le plus souvent, les temps vécus ensemble, les discussions, les partages autour du repas qu’ils racontent ; cet art de vivre en disciples de Jésus Christ est déjà expérimenté pendant le cheminement.
Les accompagnateurs, des compagnons de route
Nous insistons beaucoup sur l’accompagnement du groupe et des personnes. Avec le groupe qui chemine, il est important de proposer quelque chose à vivre, de créer une histoire avec ce groupe particulier et unique. Les qualités d’accueil et de convivialité sont bien souvent un critère qui donnera aux jeunes envie de continuer le chemin.
Pour ce faire, il faut que l’équipe des accompagnateurs vive pour elle-même cette même qualité d’accueil et de convivialité ; ce sera un appel à venir rejoindre le groupe, tant pour les jeunes qui chemineront vers la confirmation, que pour d’autres adultes qui accepteront alors de donner un peu d’eux-mêmes dans ce compagnonnage avec les jeunes.
De la part des accompagnateurs, cette dimension de vivre ensemble demande un certain état d’esprit : on propose un cheminement, un temps de vie ensemble. Bien plus que de proposer d’entrer dans des connaissances, le cheminement vers la confirmation se situe dans une proposition de vie, même s’il faut maintenir la dimension de connaissances, avec des exigences qui soient tenables pour les jeunes, et qui doivent alors être perpétuellement réévaluées par les accompagnateurs.
Parmi les difficultés que rencontrent les accompagnateurs, nous pouvons tout d’abord noter le fait que le groupe de jeunes est rarement au complet à chacune des rencontres. Comme beaucoup de contemporains, les jeunes ont de multiples activités et il leur est parfois difficile d’être présents aux rencontres de confirmation, retenus qu’ils sont par des engagements au sein d’autres associations. Se posent alors pour les accompagnateurs plusieurs questions : comment donner à vivre un cheminement quand le groupe n’est pas toujours le même au niveau de sa constitution ? Comment prendre en compte les engagements des jeunes sur du long terme, sans pour autant minimiser l’importance des temps de rencontres ? De plus, le temps de cheminement étant d’environ deux ans pour ces groupes, nous avons bien conscience que ce temps est long pour des jeunes qui, par ailleurs, ne restent que trois ans dans le même lieu d’études (au lycée). Une réflexion devrait être menée pour envisager de revoir à la baisse la durée de cheminement, mais de revoir alors à la hausse la qualité des rencontres. En effet, les jeunes qui cheminent vers la confirmation sont exigeants pour eux-mêmes et vis-à-vis des propositions qui leur sont faites.
Parmi d’autres difficultés, il y a celle des accompagnateurs qui doivent accepter de prendre du temps pour cheminer avec les jeunes, temps de préparation, mais aussi de relecture, temps de rencontre et de compagnonnage avec les jeunes. Il est aussi nécessaire que les accompagnateurs prennent pleinement la mesure du témoignage qu’ils donnent aux jeunes, pas seulement dans ce qu’ils disent, mais aussi dans la manière dont ils vivent ensemble, en équipe. Une équipe heureuse de se retrouver, heureuse de vivre ensemble, soudée, sera signe pour les jeunes qui, en la voyant, pourront avoir envie de rejoindre d’autres en équipes, en Église.
L’après confirmation : un rêve qui se pense avant et pendant le cheminement
L’après confirmation doit se réfléchir avant et pendant le cheminement. En effet, pendant ces temps de rencontres, les jeunes font connaissance avec l’Église et sont aussi repérés par l’Église ; cela peut alors être l’occasion de leur proposer quelque chose à vivre en Église. Il est tout aussi important, pour les accompagnateurs, d’apprendre à regarder ce que les jeunes sont devenus après le cheminement, non seulement dans l’Église, mais aussi dans la société . Cela demande de valoriser, pendant le cheminement vers la confirmation, la dimension sociale de la vie chrétienne. Enfin, cet après la confirmation doit vraiment être autre. Il n’est pas forcement bon que le groupe conserve le même type de rencontre, avec les mêmes accompagnateurs. Proposer de continuer à vivre cet art de vivre, mais avec d’autres personnes, dans un autre cadre. Ce qui est à proposer pour un après, ce n’est pas tant un engagement à prendre, mais bien plutôt un terrain de vie qui permettra aux jeunes de poursuivre leur route de disciples. C’est dans cet esprit que les rencontres proposées tout au long du cheminement devraient provoquer des envies d’aller ailleurs, de vivre sa foi avec d’autres.