Pour déceler un appel vers un Institut séculier


Pour quelqu’un qui sent un appel et regarde vers un Institut Séculier, les principaux points de repère sont ceux de toute vocation : la maturité, l’équilibre, le désir de prière et d’union à Dieu. En effet, un membre d’Institut séculier doit assumer un célibat en plein monde, prier et vivre le plus souvent dans la solitude.
Mais à ces critères essentiels s’ajoutent des paramètres que nous dirons plus spécifiques.

CONNAISSANCE ET AMOUR DU MONDE

Un Institut séculier n’envoie pas en mission dans le monde. Il tient sa vocation particulière de l’enracinement de chacun de ses membres, là où il est venu au monde : "germe où tu es semé" ! La volonté de s’enraciner, là où se déroule sa vie, constitue donc déjà un premier indice d’un appel vers un Institut séculier. De plus, on s’attardera sur l’expérience déjà vécue pour y déceler une certaine manière de reconnaître la volonté de Dieu sur soi.

  • A-t-on l’intuition que ce vouloir de Dieu invite non pas à rompre mais, au contraire, à renforcer les liens déjà tissés dans la vie courante ?
  • A-t-on déjà expérimenté que Dieu s’exprime dans l’espoir et les cris des hommes dont on partage la vie ?
  • Aime-t-on suffisamment le monde pour y rester, y travailler afin que de l’intérieur, et à partir de ces mêmes réalités, Dieu soit révélé et puisse toucher l’homme ?

SOUCI DU DEVELOPPEMENT HUMAIN ET RESPECT DE LA CREATION

Les membres d’un Institut séculier expérimentent le développement d’une humanité sans référence à Dieu. Au sein de l’Eglise, ils ont à rappeler les valeurs contenues dans ce monde tel qu’il est. Ils soutiennent l’effort de communication Eglise-Monde en constante évolution.

  • Quelles réactions peut-on repérer devant les échecs de la vie ?
  • La révolte, l’amertume, le découragement sont-ils insurmontables ?
  • Quelles traces ont pu laisser les "bons moments" de la vie : les gestes de partage, les rencontres gratifiantes, les dépassements de soi ?...
  • Peut-on y déceler un appel vers "un plus", une invitation à la recherche d’un absolu ?
  • La vision positive du monde et de la création, le goût de la vie, l’espérance, l’action de grâce remportent-ils en définitive sur une considération notoirement pessimiste, le dégoût, la désespérance ?
  • Le dynamisme de la vie a-t-il des chances de se développer dans l’optique d’une action qui s’exerce "à la manière d’un ferment". Demeurer dans la pâte requiert en effet un certain réalisme, un enthousiasme devant tout développement de la vie, la confiance dans les "recommencements". On ne baisse pas les bras !

CAPACITE A FAIRE CONFIANCE ET A ETABLIR DES RELATIONS

  • Dispersés géographiquement et divers par leur milieu de vie, les membres des Instituts séculiers n’ont pas de vie fraternelle communautaire. L’Institut séculier est cependant un lieu d’Eglise qui renvoie chacun à son milieu d’insertion, là où la véritable fraternité doit pouvoir prendre pied. De ce fait, les capacités relationnelles seront marquées par l’ouverture à l’autre et la faculté d’écoute.
    Le désir d’absolu doit s’accompagner d’une bonne compréhension de soi-même et des autres.

  • Le souci de vérité. Un effort d’adéquation doit pouvoir être mesuré entre le "dire" et les actes, les comportements réels et les projets évoqués.

  • Si possible, on s’attachera à observer des gestes simples de partage. La satisfaction découle-t-elle seulement du fait que l’on apporte soi-même quelque chose ou bien seulement du fait de recevoir ?
    Le vrai partage demanderait que l’on soit aussi satisfait, dans un cas comme dans l’autre. C’est un premier pas vers la confiance réciproque.

FACULTE DE DISCERNEMENT

Choisir un Institut séculier n’altère en rien la liberté dans sa vie professionnelle et sociale. Chacun se détermine en fonction de ses convictions.
L’apport de l’Institut séculier s’exerce dans le soutien de l’engagement, la clarification constante de son charisme, pour que les choix personnels soient toujours plus judicieux et conformes à la volonté de Dieu.

  • Dans l’expérience d’une action, peut-on repérer déjà une certaine faculté d’analyse ? A-t-on relevé des éléments d’appréciation capables d’éclairer les mobiles de cette action ?

  • Peut-on déceler une possibilité de décision et d’engagement. Les occasions même mineures, peuvent fournir des éléments de réponse.
      • Comment s’est-on décidé ?
      • Pourquoi a-t-on agi ainsi ?
      • Comment a-t-on assumé les conséquences de cette décision ou de ce choix ?

APTITUDE A LA PRISE EN CHARGE DE LA VIE QUOTIDIENNE

La raison d’être d’un Institut séculier est de signifier que l’appel de Dieu peut être perçu en toute condition de vie.

"Même la plus ordinaire, toute condition de vie intéresse Dieu".

Quelques regards

  • sur la discrétion :
  • Vouloir s’attacher à Dieu, dans et par la vie quotidienne, c’est pouvoir accepter de travailler souvent sans éclat. C’est poursuivre, dans la durée, une tâche parfois ingrate, répétitive. Il s’agit donc de montrer "de la suite dans ses idées" ! Dans l’obligation d’assurer sa propre subsistance, on devra être capable de se ménager des temps de ressourcement.

  • sur la solitude :
  • Elle n’est pas foncièrement différente de celle que peut éprouver tout être humain. En Institut séculier, il faut être capable de la partager pour qu’elle contribue à promouvoir la confiance en Dieu, à affiner toutes nos relations à l’autre.

  • sur les solidarités :

    Au cours des entretiens, il ne sera pas superflu d’essayer de voir quels moyens, quelles médiations aident à rencontrer Dieu.
    Par ailleurs comment porte-t-on les problèmes et des espoirs de son propre milieu ?

Madeleine Manceau
Commission médias de la C.N.I.S.