Flashes et impressions


le témoignage d’un Evêque à ses frères Evêques

Jean HERMIL,
évêque de VIVIERS et accompagnateur des Services des Vocations pour la région CENTRE-EST

Ce Congrès réunissait autour de la Commission du Clergé et des Séminaires 1 100 personnes. Plus de 700 délégués laïcs (entre autres 125 couples), 150 prêtres et diacres, 150 religieux et religieuses.

C’est à partir des délégations du Service de la Pastorale des Vocations de chaque diocèse que ce type de représentation avait été volontairement constitué.

Le Peuple de Dieu qui est en France s’éveille et se "responsabilise" au niveau des vocations. C’est encore souvent à faire à la base ; mais dans beaucoup de secteurs pastoraux, le signe est donné d’une Eglise qui appelle.

Significative alors en ce sens, la présence de Mme Lucienne SALLE, invitée comme déléguée du Conseil Pontifical des Laïcs ; elle affirmera d’ailleurs "Plus les laïcs auront conscience de l’enjeu de leur vocation de laïcs, plus ils reconnaîtront et appelleront les vocations aux ministères et à la vie consacrée."

Au Congrès de LOURDES 87 : "Prêtres diocésains, qui appellera ?", les mouvements apostoliques et les grands Services avaient déjà tenu une place importante au niveau de la présence, des témoignages et des animations.

Après les pèlerinages de 1991 qui ont rappelé avec force "pour l’Eglise, pour la mission, des prêtres", l’apport original de ce nouveau Congrès peut se préciser ainsi :

- il s’adresse à tous les baptisés et en priorité aux laïcs engagés en pastorale des vocations ;

- il s’intéresse à toutes les vocations au ministère ordonné, à la vie consacrée et au service missionnaire.

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La préparation de ce Congrès s’est faite à travers une enquête largement travaillée. Des synthèses, objectivement et théologiquement concoctées, il ressortait une richesse certaine : des laïcs sont appelés à parler des vocations spécifiques non pour renforcer une "Eglise cléricale", mais pour découvrir, à partir de leurs vocations de laïcs nettement affirmées le service de la "complémentarité des vocations dans les Communautés de croyants" ; celles-ci sont renvoyées au cœur même du Mystère de l’Eglise d’où le Christ appelle aux vocations spécifiques ; il veut signifier son mode de consécration au Père et son envoi dans le monde comme Prêtre-Pasteur.

Il ressortait notamment trois thèmes de motivations profondes :

  • Appeler les jeunes, c’est être au service de leur liberté ;
  • Servir l’Eglise, là où l’on est appelé, mais pas comme consommateur ;
  • Redécouvrir sa vocation de baptisé.

A travers les réponses à cette enquête, on peut relever trois types de réactions par rapport à une Pastorale des Vocations :

- les enthousiastes

- les hésitants

- les sceptiques

Ressortaient aussi quelques points qui freinent les appels aux ministères :

  • le climat :
    - la crise de la Foi qui durcit les contrastes Foi et Monde et range l’appel aux ministères et à la vie consacrée au rayon des sujets tabous ;
    - la pastorale de la pénurie, de la panique... qui prédit abusivement des lendemains "sans prêtres".
  • le manque de qualité des relations en Eglise, entre autres avec des "prêtres peu nombreux qui passent comme un courant d’air.."
  • le peu de visibilité et d’affirmation du ministère ordonné quand on ne voit plus que les laïcs pour répondre aux besoins de catéchèse, de sacrements, etc. Seul le prêtre peut remplacer le prêtre
  • et demeurent aussi des complexes pour l’Appel.

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L’intervention du Père MARTELET était proposée sur le thème :

"Pourquoi les baptisés doivent-ils participer à l’éveil des vocations particulières ?"

A-t-il tenu son contrat face à tous ces laïcs engagés dans le monde et responsables en Eglise ?

En situant sa méditation au cœur même de la Vie Trinitaire, l’itinéraire était peut-être d’ordre plus charismatique à travers la chaleur de la conviction et du témoignage ; mais il s’agissait d’une sorte de fugue en contre-points et variations sur fond de préface en l’honneur de l’Esprit Saint..."qui conduit l’Eglise à son unité par la richesse de ses dons les plus divers", dons créateurs d’altérité entre autres...

Notre confrère Mgr Jean-Charles THOMAS a tenu la confiance faite à la commande :

"Ce qu’un évêque attend de l’engagement des laïcs dans la Pastorale des Vocations".

Le sous-titre allait merveilleusement au conférencier : "Propos théologique et Pastoral".

Ces deux apports, riches en calories (!) pourront nourrir, par cassettes audio interposées, plus d’une course apostolique épiscopale.

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Mais les laïcs d’origine, de formations et de situations ecclésiales différentes ne baissaient pas l’attention et l’ardeur au travail dans le jeu remarquablement organisé et arbitré des carrefours, des forums, des mini-assemblées, des célébrations. Ils n’ont rien de consommateurs désarçonnés, même au pied d’une échelle un peu mystique ; mais ils se sont donnés - et non prêtés - au dynamisme de ce Congrès en acteurs responsables et sérieux de la Mission diocésaine reçue et vécue.

Les chants d’un Congrès sont souvent "des lieux significatifs et révélateurs". Ne sont-ils pas comme des clignotants qui "chantent et disent" telle étape franchie ou en cours d’être franchie par notre Eglise ? J’ai cru saisir une certaine différence d’accents non négative mais complémentaire. A Lourdes 87, un des chants qui "marchait" le mieux était construit comme une sorte de porche aux trois nervures admirablement conciliaires : "Si le Père t’appelle... Si le Monde t’appelle... Si l’Eglise t’appelle...".

Le « cru » Lourdes 91, à l’avis de mon vieil homme peinant à structurer l’homme intérieur, se révélait dans ses chants, plus christocentrique : avec l’Eglise on va au monde certes, mais à partir de l’expérience d’une rencontre avec Jésus qui parle au cœur pour mûrir et nourrir les vocations spécifiques : "Qui annoncera les merveilles de l’Esprit ?... Qui se lèvera pour servir la Vérité ?... Qui se lèvera pour vivre la Sainteté ?...".
"Marqués par le nom de Jésus-Christ, serviteurs de la Bonne Nouvelle, vous êtes choisis pour les oeuvres de l’Esprit, Serviteurs du Père qui appelle..."
"Tant qu’il fait jour il nous faut "annoncer l’Amour... Il est le Maître. Il est le Seigneur...".

Contraste aussi des chants en canon lancés pour "délasser" l’assemblée. En 1991 : "Chante, ô mon âme la louange du Seigneur...",
En 1987 : "Dans l’Eglise en fête, tous les peuples sont appelés, l’Esprit de Dieu a pu nous rassembler, l’Esprit de Dieu saura nous disperser..."

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On ne peut tout dire d’un Congrès quand il est vrai dans son projet, sa préparation, sa célébration. Il me semble finalement qu’à travers la Pastorale des Vocations, sa longue marche dans l’épreuve de la Foi et de l’Espérance, on peut saisir que le Concile "passe" dans la pratique ecclésiale. Il se reçoit et il se fait en ce point comme en d’autres une Eglise où les "paroles et les décrets d’il y a 25 ans deviennent « Actes » d’aujourd’hui ?".

Lumen Gentium serait-il enfin vécu dans le tout des harmoniques inséparables de ses huit chapitres ? Pourquoi pas un peu d’optimisme raisonnable à partir du temps fort de ce Congrès de Lourdes ?