Synthèse des réponses aux questions 3 et 4 de l’enquête

Eric JULIEN

REMARQUE PRELIMINAIRE :

J’ai lu les réponses données par chaque diocèse. J’ai regroupé entre eux les thèmes qui revenaient le plus souvent, puis les ai classés en diverses catégories.

Ce que je vous propose là, c’est une synthèse illustrée de quelques citations que j’ai reprises in extenso, que certains pourront donc reconnaître. Vu l’homogénéité des réponses, je ne pense pas avoir trahi ou oublié l’expression des uns ou des autres.

En fonction de la nature de vos réponses, j’ai formulé et classé les questions de façon légèrement différente par rapport à celles auxquelles vous avez eu à répondre. Les voici.

• Par la PRIERE
  
• Par le TEMOIGNAGE :
  - de la qualité de vie
  - de la qualité de foi, une foi profonde
  
• Par 1’EDUCATION :
  - transmettre l’attachement au Christ, le faire connaître à l’Eglise
  - transmettre des valeurs :
  • l’ouverture aux autres
    
  • le don de soi
    
  • le sens du partage et de la gratuité
    
  • la vie de foi, vie intérieure, prière
    
  - donner des moyens :
  
  • participation à la vie ecclésiale : solliciter les jeunes pour un service d’Eglise, une responsabilité ; oser leur proposer de prendre les choses en mains pour qu’ils ne soient pas des consommateurs mais aient accès à un certain exercice des responsabilités dans leur communauté.
    
  • apprendre aux jeunes à choisir, grâce à nos propres choix, nos priorités, qui peuvent être un témoignage de l’importance que nous donnons au Christ, à l’Eglise.

• Par des PRATIQUES :
  - Accueil des copains dans la famille : c’est important pour l’impact de ce qu’on cherche à transmettre, d’associer les amis de nos enfants. Cela évite une dichotomie entre leur vie de foi et d’Eglise et leur vie quotidienne, relationnelle et affective.
  - Accueil de prêtres et religieux à la maison, pour dîner, pour se connaître. Pour que les enfants les voient "de près", plus longuement qu’en coup de vent, apprennent à les apprécier et comprendre qui ils sont.

• LES.ENTHOUSIASTES

• LES HESITANTS

• LES SCEPTIQUES

• LE CLIMAT
  - des familles
  - des communautés paroissiales ("atmosphère", "ambiance" etc.)
  - quand les prêtres sont disponibles (!) et pas trop pressés, cela aide énormément
  
• LES RELATIONS positives avec les prêtres, les personnes consacrées :
  - les inviter à notre table
  - en parler de façon bienveillante, tout comme des évêques de l’Eglise en général...
  - montrer la qualité de leur travail, mettre en évidence la grandeur de leur mission.
  
• LA RESPONSABILISATION des laïcs, et plus encore, des jeunes, favorise l’éveil aux vocations.
  Si les jeunes sentent leurs parents concernés, passionnés par l’Evangile, ils le seront aussi : c’est contagieux !
  Si l’on sollicite les jeunes dans la vie de l’Eglise (paroisse, liturgie, mouvements, etc.) en leur confiant des responsabilités, cela leur apprend que l’Eglise est la leur, qu’ils y ont leur place et leur mission propre. Dans cette façon de voir, l’idée d’une vocation n’est plus saugrenue.

• LES TEMPS FORTS
  - Week-ends spirituels, dès la 5ème, avec la découverte d’une communauté monastique, le silence, la prière, le recul par rapport aux événements. Profiter de la préparation à la confirmation.
  - La Journée Mondiale des Vocations
  - La prière. Prier chaque premier dimanche du mois dans les paroisses pour les vocations (avec l’image du S.N.V. par exemple). Mettre dans chaque prière universelle dominicale une intention pour les vocations.
  - La célébration des événements importants : le jubilé d’un prêtre, fêter le départ ou la venue d’une nouvelle religieuse, d’une communauté quelquefois. Mettre ces moments en valeur ; que cela soit un témoignage joyeux et explicite.
  - La mise en valeur des baptêmes de scolaires et surtout d’adultes, très marquants pour les jeunes. Il y a ici le rappel du Baptême comme sacrement de la vocation chrétienne, origine de toute vocation particulière.
  - L’utilisation de la presse (journaux chrétiens, reportages..) comme point de départ d’une discussion.

• LE CLIMAT
  - Crise de la foi dans les familles ("Je n’ai pas encouragé mon fils ; j’ai manqué de confiance"), beaucoup parlent d’un "sujet-tabou" encore aujourd’hui.
  - Ambiance morne et triste des eucharisties. "Si la paroisse n’attire pas, ils iront ailleurs..."
  - Crise de la foi chez les prêtres, les mouvements qui "ne croient plus aux vocations".
  "Pour beaucoup de mouvements de jeunes, la vocation est un sujet-tabou. Est-ce dû à la génération à laquelle appartiennent les responsables ?"
  - La "pastorale de la panique" : "à force de parler de crise des vocations, du manque de prêtres, à force d’employer des termes négatifs qui pourraient faire croire que le bateau coule, on n’aide pas les jeunes à répondre de façon positive et joyeuse aux appels du Christ."
  
• LES RELATIONS
  - indisponibilité des prêtres. "Prêtres courant d’air". Prêtres étranglés par leur agenda... "Ne demande-t-on pas trop au prêtre ?" Une vie écartelée est-elle appelante ?
  Mais de leur côté, les laïcs sont-ils plus disponibles ? Ne sont-ils pas aussi écartelés entre leur travail (quelquefois 50 ou 60 heures par semaine pour un cadre) leurs relations, leur famille ?
  - Age des prêtres : "Pourquoi les prêtres sont-ils si vieux ?", demande un enfant de 6ème. Décalage de génération.
  - Langage de l’Eglise : "langue de bois", "langage clérical"
  ... décalage de culture, difficultés dans le dialogue entre la génération des consacrés et celle des jeunes.
  - Peu de visibilité des vocations : "dans les mouvements, les aumôneries il n’y a quelquefois que des laïcs. Comment rendre visibles les autres choix de vie ?"
  - A l’inverse, certains parlent de lieux d’Eglise trop cléricaux, d’où les laïcs sont écartés.
  Quand ils ne portent pas leur part de responsabilité dans l’Eglise, les fidèles ne s’intéressent pas non plus à la question des vocations. Si eux s’en désintéressent, leurs enfants feront de même...
  - Le peu de visibilité de la vie communautaire chez les religieux, chez les prêtres.
  - Les critiques stériles envers l’Eglise, les prêtres, les évêques. Critiques entre mouvements... Quelqu’un cite même "les rosseries de prêtres entre eux" qui n’ont rien de très engageant.
  
• LE MONDE
  Il n’est ni porteur ni bienveillant devant l’idée d’une vocation. Vous (parents, éducateurs) dites être très souvent bien seuls pour la mettre en valeur.
  (« Avant de parler de vocations à nos enfants, il faudrait déjà pouvoir être écoutés quand on leur parle de la foi ! »)
  - La vocation est dévalorisée face aux métiers "sérieux", aux "métiers d’avenir". Elle est considérée comme une marginalisation.
  - Le choix d’une vocation est à l’opposé des valeurs qui s’expriment dans le monde : confort, facilité, tout tout de suite, tout engagement est provisoire, jamais définitif, course à l’argent, réussite "palpable" au niveau de vie, au pouvoir acquis, etc.
  - Le célibat : paradoxalement, dans un monde qui génère de plus en plus de célibataires, la question du célibat consacré est quelquefois citée comme étant un obstacle. Mais le mariage est-il une vocation moins difficile ?

• LES COMPLEXES
  - La crainte d’influer sur la liberté en proposant, en appelant ("c’est une affaire personnelle").
  Mais sommes-nous les seuls à proposer, à appeler les jeunes ?
  L’appel n’est-il pas une condition de l’exercice de la liberté ?
  Devons-nous taire et ne pas proposer ce qui est essentiel ?
  - La résignation de laïcs et de prêtres sur les vocations. Leur peur d’appeler des jeunes sur ces chemins.
  - Peur ou sentiment d’incompétence pour aborder le sujet :
  "dans le scoutisme, les chefs ne sont pas préparés à aborder cette question ; souvent, ils n’en voient pas l’utilité."
  "dans l’aumônerie de mon fils, on parle de tout sauf de la foi. Elle n’est pas un soutien pour sa foi."
  Certains posent la question de la formation des animateurs d’aumôneries (public et privé), de leur sens de l’Eglise et de la prière.
  - Certains notent le silence total des parcours de catéchèse sur la question.

• SUR LES JEUNES ET LES GRANDS
  - Comment apprendre aux jeunes à faire des choix ?
  - Comment aborder la question avec des jeunes et des adolescents sans faire de récupération ou de retape ?
  - Quel équilibre tenir entre l’interpellation et la discrétion à conserver comme parents ? D’autres doivent relayer l’appel.
  
• LES JEUNES ET LE LOOK DE l’EGLISE
  - Quelle vie communautaire pour les consacrés ? Quelle visibilité ?
  - Comment lutter contre le défaitisme à l’intérieur de l’Eglise, surtout le plus négatif : celui des prêtres ? Comment communiquer notre souci des vocations aux autres adultes ?
  - Qu’est-ce qui rend une communauté (religieuse, paroissiale, etc.) appelante ? Sa spiritualité ? Son ambiance ? La qualité des relations humaines ?...
  

• LES JEUNES DANS L’EGLISE
  - Comment donner place et responsabilité aux jeunes dans la vie de l’Eglise, sans les rendre débordés comme nous, et sans qu’ils se sentent utilisés ?
  - L’ecclésiologie - c’est à dire la conception de l’Eglise - vient de l’expérience qu’on en a, surtout chez les jeunes.
  Comment dépasser les défauts de nos lieux d’Eglise, qui induisent une ecclésiologie limitée, pour appeler au service d’une Eglise universelle ?

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