Expression du Conseil Pontifical pour les Laïcs


Mme Lucienne SALLE,
depuis 1977, travaille à ROME au Secrétariat du Conseil Pontifical pour les Laïcs.
Elle y est plus spécialement chargée des relations avec les organisations internationales catholiques.

Vous avez souhaité ma venue à ce Congrès et je vous en remercie.
Je dois avouer que, quelque temps avant, je ne savais pas très bien pourquoi j’étais invitée. C’est maintenant que j’en vois toute la portée et toute l’importance.

Vous êtes ici deux tiers de laïcs et justement, en 1987, il y a eu un Synode qui a redéfini et la vocation des laïcs et la part de chaque vocation dans l’Eglise : "dans 1’Eglise-communion, les états de vie sont si unis entre eux qu’ils sont ordonnés les uns aux autres". On rejoint bien la réflexion de tous ces jours-ci et le thème de votre Congrès.

Un évêque ici présent me disait : "Il faudrait trouver à Rome quelque chose entre les différents Conseils qui puisse se faire l’écho d’une telle initiative". J’ai bien retenu.

Pour sa part - mais il n’est que l’un des organismes à Rome qui s’occupe de l’ensemble de la vie universelle de l’Eglise - pour sa part, le Conseil Pontifical pour les Laïcs soutient cette pastorale des vocations. Dans ce soutien, j’ai retenu deux aspects.

1er aspect : LE CONSEIL AIDE LES LAÏCS, ET LES JEUNES EN PARTICULIER, A DECOUVRIR L’APPEL A LA SAINTETE ET A Y REPONDRE.

Le mot "sainteté" n’est pas celui qui est revenu le plus souvent au cours de ces trois jours, bien qu’il ait été employé par Mgr THOMAS. Chez nous, il devient de plus en plus courant. D’ailleurs l’exhortation apostolique post-synodale "Christifideles" consacre tout son n° 16 à la sainteté des laïcs. Cet appel du Seigneur à la sainteté s’adresse à tous : "Allez vous aussi à ma vigne". Aussi, au Conseil, nous prenons au sérieux cet appel à la sainteté. Nous avons, par exemple, invité les jeunes à parcourir vers la sainteté les chemins de COMPOSTELLE et celui de CZESTOCHOWA. Parmi vous, plusieurs l’ont fait.

Là, nous leur disons : "Venez tous, tous vous êtes appelés à la sainteté". Nous constatons même que, parfois, les premiers sont les derniers, que les places qui étaient réservées ne le sont plus et que, malgré tout, les jeunes repartent en chantant, contents. Je considère que c’est même un miracle, une certaine folie, mais que les jeunes, à travers cette folie-là, s’initient à la sainteté. C’est un temps fort. Certains parlent de feu de paille. Mais c’est un feu de paille qui allume quelque chose. Nous prenons au sérieux cet appel de Jean-Paul II : "N’ayez pas peur". Il y a des occasions où l’on côtoie la sainteté car au cours de ces temps forts, les jeunes partagent très concrètement la pain, la peine, les espoirs.

Aussi nous essayons de créer les occasions. Je dois avouer qu’au début, quand le pape a voulu ces journées mondiales, le Conseil Pontifical était hésitant. Mais on ne peut pas freiner une telle aspiration des jeunes à se mettre en marche.

Ce qui nous stimule, c’est la certitude que cette marche vers la sainteté est l’humus de toute vocation (et non pas l’inverse). De cette manière-là, nous pensons participer à l’éclosion des vocations par l’éveil à la sainteté.

"Très Saint Père, nous n’avons pas peur d’essayer d’être saints", disait un des jeunes cet été à Czestochowa. Essayer d’être saint, c’est un bon démarrage. C’est la réalité merveilleuse que peuvent partager les fidèles insérés dans divers états de vie : découverte et expression des formes de sainteté dans le monde d’aujourd’hui. Et je retiendrai en particulier le mot "partage". Dans ce monde d’aujourd’hui, il faut apprendre avant tout à partager et c’est le début de beaucoup de démarches.

2ème aspect : LE CONSEIL AIDE LES LAÏCS A EXPRIMER JOYEUSEMENT sans jalousie ni rivalité, dirait le Père Martelet, L’ALTERITE.

C’est tout un programme !

Au Conseil, nous nous trouvons en relation avec un grand nombre de communautés où se joue cette relation : prêtres, religieux, laïcs. A propos des questions concernant les structures ecclésiales, les conseils paroissiaux, les aumôneries de mouvements, la pastorale universitaire, le monde ouvrier, les jeunes..., nous développons deux convictions :

- Plus les laïcs auront conscience de l’enjeu de leur propre vocation, mieux ils sauront demander aux prêtres, aux consacrés, le meilleur de leur vocation.

- Il n’y a pas dichotomie prêtres-laïcs / Eglise-Monde. C’est toute l’Eglise qui est sacrement du monde en Jésus-Christ.
Les sacrements, le culte, ne sont pas au service de notre seul salut personnel, individuel, mais au service du salut du monde, de l’humanité, de toute la création.
Ce n’est donc pas : "les laïcs au monde" et "les prêtres à l’Eglise". Le synode a bien aidé à clarifier les questions et, dans ce sens, nous pouvons nous aider les uns les autres à nous décléricaliser.

Pour terminer, je voudrais vous faire une proposition, ce n’est qu’une proposition mais elle m’est venue en vous écoutant et en partageant avec vous.

Vous avez souhaité un témoin de l’Eglise universelle à cette assemblée. Et c’est certainement parce que votre Service, vos Services Diocésains, savent, veulent vivre cette dimension universelle. Alors je me permets cette suggestion : baptisés, serviteurs de l’appel, oui, chacun chez soi pour son propre diocèse c’est déjà pas si mal, mais s’il y avait des échanges, des accueils, des jumelages entre des diocèses français et d’autres diocèses, d’autres pays sur cette question des vocations ?

Il y-a des pays qui ne manquent pas de vocations, mais qui ont besoin d’aide pour le discernement ou pour la formation. Il y a aussi des pays qui ont encore moins de prêtres que la France. Et il y a des façons différentes de vivre l’Eglise d’un pays à l’autre.

Alors s’il y avait ces échanges (les évêques les vivent souvent, en particulier à l’occasion des synodes) au niveau des diocèses sur cette question des vocations..., je suis convaincue que la dimension universelle de l’Eglise est une immense richesse, parce qu’elle nous aide à retrouver l’essentiel du message, en le débarrassant de tout ce que le temps lui imprime, et en l’enrichissant des diversités qui lui apportent la vie, les cultures, les expériences différentes.

Ensemble nous sommes l’Eglise, une Eglise universelle. Je vous remercie beaucoup de m’avoir montré au cours de ces trois journées un visage joyeux et accueillant de cette Eglise.