Une grâce, un pas dans la foi


François Blondel
évêque de Viviers

Bilan

Ministre du sacrement de confirmation, je suis conscient de son enjeu pour l’évangélisation du diocèse et pour le progrès spirituel des baptisés. C’est avec joie et fierté que je célèbre la confirmation depuis trois ans en Ardèche. Je peux témoigner de la qualité d’engagement des équipes qui préparent les jeunes. Les adultes qui les composent livrent leur expérience de foi avec simplicité, clarté, et savent écouter et accompagner.

Je peux témoigner de la sincérité et du sérieux des jeunes qui reçoivent le sacrement, les lettres qu’ils m’adressent sont « justes ». Ce sont des jeunes d’aujourd’hui, avec leur vie familiale, scolaire, amicale, leurs souhaits, leurs peurs. Ce sont des jeunes pour qui la foi a une véritable importance ; je crois qu’ils désirent mener, avec d’autres, une vie chrétienne.

Les célébrations sont vivantes, belles, sérieuses. On peut seulement regretter que les paroissiens n’aient pas conscience qu’il serait bon et juste, et pour les jeunes et pour eux-mêmes, qu’ils viennent nombreux ce jour-là, et que les communautés ne soient pas toujours suffisamment associées à la préparation.

Je garde aussi en mémoire la préparation simple et riche, puis l’excellente célébration des confirmations d’adultes à la Pentecôte 2000 et 2002. Des chrétiens adultes, à l’occasion de leur mariage, ou de la catéchèse de leur enfant, ou après une interpellation reçue, ont vécu avec foi et joie ce sacrement. L’équipe du catéchuménat en porte le souci, et je le partage avec elle.

De même, une petite équipe de responsables d’aumônerie de l’enseignement public, de l’enseignement catholique, du service diocésain de la catéchèse, de l’accompagnement des adolescents et des jeunes, a pu faire un point sérieux sur la pastorale de la confirmation des adolescents et a proposé des rencontres aux animateurs de groupe avec un bon contenu liturgique, théologique, et une qualité d’échange. Enfin, l’équipe du service diocésain des vocations a su fournir aux animateurs de groupes une très bonne fiche de réflexion sur la question des vocations. Je les en remercie vivement et j’encourage ce travail qui doit continuer à se déployer.

Orientations

Une carte maîtresse de notre pastorale

L’accompagnement de la confirmation est une carte maîtresse de notre pastorale missionnaire pour l’avenir. Je crois qu’il nous faut garder les mêmes axes : celui qui est contenu dans le Projet pastoral (page 40, n° 49) : « La proposition, l’accompagnement, la préparation et la célébration de la confirmation à l’âge de l’adolescence (à partir de 14-15 ans) est un enjeu important pour l’évangélisation. Habituellement, la confirmation sera préparée et célébrée en paroisse sous la double responsabilité de l’équipe d’animation paroissiale et des services et mouvements accompagnant les jeunes. »

En y ajoutant qu’il nous faut être attentifs à continuer à proposer la confirmation à des grands jeunes et à des adultes qui ne l’auraient pas reçue pendant leur adolescence.

Quelques points importants

Je dois aussi souligner quelques points importants (spécialement à partir de l’expérience de la confirmation des adolescents, mais pas uniquement). La confirmation est une grâce. Nous avons à la proposer. Elle fait partie du trésor de l’Église. Ce sacrement de la confirmation doit être ouvert largement dans une invitation à y puiser en vérité et en liberté.

La confirmation est une grâce

C’est-à-dire une rencontre de Dieu au-delà de nos mérites : l’Esprit Saint est donné en plénitude (généreusement et sans réserve). Ce don plénier aide celui qui le reçoit, le rend plus solide (il ne l’est pas encore) : « Donne-leur l’Esprit de force. » Il faut nous interroger sur la pertinence de nos questions du type : sont-ils vraiment prêts, sont-ils assez mûrs, etc. Nous ne devons pas laisser croire que l’on mérite la confirmation au bout d’un certain nombre de vérifications.

C’est un pas dans la foi

C’est-à-dire une démarche, un engagement de liberté, une certaine volonté. Et cela ouvre aussi l’horizon. Ceci est absolument nécessaire aujourd’hui. Les jeunes en font l’expérience dans les questions que leur posent leurs amis, et parfois les moqueries dont ils sont l’objet parce qu’ils sont chrétiens.

Un pas dans la foi personnelle. L’attachement à Jésus-Christ est perçu plus vivement pendant les temps de prière, de retraite, de récollection, de célébration de la réconciliation qui ont lieu au cours de la préparation. Cette ouverture doit se continuer : « Emplis-les de l’Esprit d’adoration et d’affection filiale. »

Un pas dans la foi ecclésiale perçue par la vie d’équipe, par la rencontre de témoins pendant la préparation. Il est important que les jeunes aient eu cette ouverture, qu’ils sachent que des propositions leur seront faites dans les mois et les années qui suivront, soit à l’échelon paroissial, soit à l’échelon plus large d’un mouvement, d’un établissement catholique, d’une aumônerie de lycée ou d’étudiants (attention à ne pas les cantonner sur place, même si de bonnes propositions peuvent être faites). Un pas dans la foi comme don d’une foi plus vive grâce à la célébration et à la réception du sacrement.

Un sacrement proposé largement

Si je tiens à ce que nous gardions la proposition de la confirmation à l’âge de l’adolescence, c’est que nous avons effectivement quelque chose de bon à proposer aux jeunes à cet âge de changements, d’inquiétudes et d’ouvertures. Dieu les aime, il s’intéresse à eux dans leur présent et leur fragilité. Sans vouloir dire quelque chose de définitif au point de vue théologique, il me semble que c’est un bon âge pour recevoir ce sacrement de l’initiation chrétienne.

C’est aussi très important que l’Église dise, par cette confirmation à l’âge de l’adolescence : « Je sais et j’accepte les conditions actuelles de la foi, dans notre société et notre culture. » Tout n’est pas donné dès la petite enfance pour fructifier ensuite dans une ambiance protégée. Il y a donc un aspect d’adhésion volontaire, de responsabilité d’Église à envisager de porter ensemble.

Cette adhésion ne s’adresse pas à une élite, à un petit groupe. Le Christ, dont nous témoignons, appelle largement la foule. Une adhésion libre, cela veut dire sérieuse, mais aussi libérante et aisée, en réponse à une invitation gratuite, attirante.

Pour cette invitation, nous ne sommes pas démunis

Prenons bien conscience de tous les moyens dont notre Église dispose pour cet appel auprès des adolescents.

• Les propositions directement paroissiales aux enfants et adolescents, depuis la catéchèse, les équipes de servants d’autel...

• Les propositions des mouvements d’enfants et de jeunes : mouvements éducatifs, mouvements d’action catholique...

• Les propositions des établissements catholiques d’enseignement, les équipes d’aumônerie d’enseignement public.

Ce sont tous ces jeunes qui doivent entendre parler de la confirmation, et qui doivent être interpellés au sein de ces différents lieux pour participer à un groupe plus spécial de préparation à la confirmation, qui ne remplacera pas ceux dont ils font déjà partie, même si quelques jeunes viendront les rejoindre à ce moment-là.

Cette invitation peut se faire : soit en fin de 4e, début de 3e, pour une confirmation fin de 3e, début de 2nde ; soit en fin de 3e, début de 2nde, pour une confirmation fin de 2nde, début de 1ère.

L’expérience montre que les deux sont possibles, que dans chaque cas, il y a une véritable capacité des jeunes, une véritable richesse. Il faut choisir celle qui convient le mieux à la paroisse après en avoir débattu avec les différents partenaires. Et il ne faut pas avoir peur de remettre en cause notre pratique de temps en temps.

Les groupes de préparation doivent faire des propositions précises, simples, claires. Le service diocésain de catéchèse peut fournir des documents et des points d’attention. Les animateurs de ces groupes doivent continuer à les rendre bien vivants, et que les jeunes soient heureux de continuer à s’y rendre. Cette proposition est complémentaire de celles que les jeunes trouvent déjà comme soutien dans leur vie chrétienne. Habituellement, elle ne doit pas être trop longue.

De même, en paroisse, il faut régulièrement poser la question de la confirmation aux plus grands, aux premières et Terminales et ceux que nous rencontrons dans le cadre de la pastorale des jeunes. On peut envisager de leur proposer un temps fort diocésain de préparation.

Les dimensions nouvelles de la paroisse nous offrent une belle possibilité : célébrer la confirmation non pas du petit groupe de rescapés que l’on félicite, mais accueillir chaque année ou tous les deux ans un vrai groupe de grands adolescents, différents certes les uns des autres, mais pour lesquels la foi a une véritable importance, parce qu’ils ont du prix aux yeux du Seigneur et dont nous sommes heureux qu’ils avancent un peu dans l’Église.

La petite équipe qui a animé la réflexion diocésaine étudiera l’hypothèse d’une rencontre des confirmés tous les deux ans.

Soyons également attentifs aux « recommençants », aux jeunes parents, à des personnes qui se posent des questions et qui voudraient avancer dans l’Église... Il est important qu’ils découvrent les mouvements, qu’ils soient inclus dans un groupe biblique, qu’ils entrent dans une équipe liturgique, ou qu’ils fassent partie d’une équipe paroissiale. Oui, mille fois oui ! Mais un jour, simplement, facilement, au cours d’un échange sur la foi, sur ses richesses, sur ses difficultés, sur la présence du Seigneur en nous, savoir dire : « Et la confirmation ? » Quelle joie et quel bon passage dans la vie, en toute simplicité, de la recevoir, car la grâce de Dieu, sa présence, son appel se reçoivent et se célèbrent comme un don.

Orientations de l’évêque de Viviers
parues en mars 2003 dans le bulletin diocésain