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Les Pentecôtismes. Y a-t-il des signes évidents de la grâce ?
Hervé O’MAHONY,
prêtre, professeur au séminaire inter-diocésain d’ORLEANS
La spiritualité pentecôtiste se caractérise par l’affirmation qu’il y a des signes visibles, physiquement évidents, de la grâce. Entendons-nous bien : non pas des signes évidents pour l’incroyant. Personne n’a nié la nécessité de la foi pour un discernement spirituel. Mais la théologie pentecôtiste affirme qu’il y a des signes sensibles, extérieurs, évidents pour le croyant et visibles pour l’incroyant, de l’action de l’Esprit.Après avoir examiné les diverses formes de cette spiritualité, en présentant les "quatre vagues" pentecôtistes qui ont marqué le christianisme au XXème siècle, nous réfléchirons en théologiens sur ce qu’impliqué l’évidence de la grâce chez les pentecôtistes.
L’EVIDENCE DES CHARISMES DANS LE PENTECOTISME
I. Définition théologique du Pentecôtisme
THEOLOGIQUEMENT, le Pentecôtisme est un mouvement de Réveil évangélique qui croit que les charismes qui existaient dans l’Eglise primitive, loin d’être extraordinaires, peuvent être attendus et demandés par tout croyant qui a reçu la puissance de l’Esprit Saint par une effusion de l’Esprit Saint. Cette effusion, immédiate, brusque et perceptible par les sens, est appelée Baptême dans l’Esprit.
La glossolalie était considérée par les premiers pentecôtistes comme le signe physique initial et évident du Baptême dans l’Esprit Saint. Tous les pentecôtistes continuent à lui accorder une importance particulière. Tous, même lorsqu’ils ne font pas de la glossolalie le signe initial de tout baptême dans l’Esprit, attachent beaucoup d’importance aux signes sensibles de la grâce.
Les premiers pentecôtistes étaient pour la plupart d’origine méthodiste. Il y avait aussi parmi eux des calvinistes et des baptistes. Ils gardèrent 1’ecclésiologie et la doctrine de la grâce de leur confession d’origine. Il n’y a donc jamais eu d’unité du Pentecôtisme.
Ils furent généralement exclus de leurs Eglises d’origine, et ils constituèrent des Eglises pentecôtistes qui avaient la même théologie que leurs Eglises d’origine sauf sur le point du baptême dans l’Esprit et de ses signes physiques évidents.
II – Description historique
HISTORIQUEMENT, le Pentecôtisme est le mouvement spirituel et théologique issu de l’expérience de la Bethel Bible School de Topeka en 1900 et de l’expérience de la chapelle d’Azuza Street à LOS ANGELES en 1906. Le mouvement eut une extension très rapide. Dès 1907, l’Europe et l’Australie connurent des groupes pentecôtistes. Il y a aujourd’hui plusieurs centaines de millions de pentecôtistes. On distingue "quatre vagues" dans la diffusion du Pentecôtisme.
A - PENTECOTISME CLASSIQUE
La première vague est constituée par les héritiers directs de la Topeka Bible School (1900) et de la chapelle d’Azuza Street (LOS ANGELES, 1906).
Le Pentecôtisme classique a été marqué :
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par la pratique des Réveils évangéliques américains.
Il en a gardé les méthodes d’évangélisation par de grands rassemblements. Il en a gardé aussi les formes orales et chantées d’expressions : spirituals et negro-spirituals, longues prédications rythmées et chantées selon des techniques très anciennes, manifestations physiques spectaculaires : sommeil dans l’Esprit, danse dans 1’Esprit,parler en langues, visions, etc. Il en a gardé les "procédés" (le mot est d’Henri BOIS) pour maintenir un haut degré d’émotion et provoquer la conversion.
Ces "procédés" ont toujours été abondamment utilisés par les prédicateurs - plus ou moins conscients de ce qu’ils faisaient - et abondamment contestés : la frontière est délicate entre l’animation d’une foule pour réveiller sa sensibilité religieuse et la manipulation de cette foule.
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par les mouvements de "Sainteté" du XIXème siècle.
Ces mouvements proposent aux chrétiens, comme une expérience normale, une vie libérée du péché - avec d’ailleurs quelques divergences entre eux sur la définition de 1’impeccabilité -.
Concrètement des petits groupes de prière se réunissent régulièrement pour s’aider dans le maintien de la vie de prière et l’obéissance aux commandements de Dieu et du Christ. On insiste beaucoup sur l’aspect éthique de la vie chrétienne. L’idée, qui remonte au baptisme et au puritanisme, est que les "sauvés" forment un peuple dont le genre de vie montre extérieurement la différence chrétienne.
Certains, très minoritaires il est vrai, penseront qu’une communauté peut n’être composée que de saints, qu’il y a une évidence dans le discernement des "saints visibles". Les "visibles saints" seront les signes extérieurs de l’œuvre de la grâce.
Le chrétien se distinguera par son genre de vie, ses loisirs, ses vêtements même. La visibilité de la sainteté est de la nature de l’Eglise chrétienne. Elle est le fruit de la sanctification par l’Esprit.
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par les mouvements de guérison
Au XIXème siècle, dans le cadre des Réveils, s’est répandue très largement la conviction que le "plein Evangile" était une bonne nouvelle pour l’homme tout entier, corps et âme. Un réveil qui n’aurait eu que des conséquences intérieures, spirituelles, sans conséquences corporelles et extérieures, n’aurait pas été "pleinement évangélique".
De façon analogue, la "Christian Science" et l’adventisme avaient insisté sur le fait que l’Evangile apporte la guérison physique. Ces miracles sont des signes extérieurs évidents de la grâce. Une dérive possible serait de conclure que celui qui ne guérit pas n’a pas la foi.
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par le méthodisme et par le baptisme du Sud des Etats-Unis
Méthodistes et Baptistes ont été les grands prédicateurs de la "Frontière" et des Noirs. Dans leurs Eglises, l’Evangile a été annoncé aux pauvres qui ont découvert qu’eux aussi pouvaient recevoir l’Esprit. Que les dons de l’Esprit soient donnés à tous, voilà encore un signe évident de la puissance de l’Esprit.
- les wesleyens (WESLEY fut au XVIIIème siècle le fondateur du méthodisme), pour qui le baptême dans l’Esprit est une troisième "crisis expérience" après la conversion (première expérience) et la sanctification (deuxième expérience),
- les calvinistes et les baptistes, pour qui le baptême dans l’Esprit est une "deuxième expérience","la sanctification n’étant que le déploiement dans le temps des virtualités de la conversion,
- les unitariens qui ne reprennent pas la doctrine trinitaire orthodoxe.
B - LE RENOUVEAU CHARISMATIQUE
En 1961, le pasteur luthérien américain Larry CKRISTENSON fondait le courant charismatique luthérien.
A partir de 1973, des entretiens théologiques tenus à MALINES sous l’impulsion du cardinal SUENENS ont coordonné les réflexions théologiques sur le Renouveau. Le premier document de MALINES, en 1974, précise que le Renouveau catholique est unanime pour ne pas établir de lier obligatoire entre glossolalie et baptême dans l’Esprit Saint.
Certaine insistent sur le fait qu’il n’est pas indépendant des sacrements : ce baptême dans l’Esprit est la prise de conscience de la grâce reçue et restée jusqu’alors inaccessible à la conscience claire.
D’autres, plus proches en cela des pentecôtistes, affirment une certaine indépendance du baptême dans l’Esprit par rapport aux sacrements. Ils retiennent que St Thomas d’Aquin considérait comme possibles des missions spéciales de l’Esprit dans l’âme du baptisé à des tournants importants de sa vie chrétienne. Le baptême dans l’Esprit serait une de ces missions. Dans les deux cas, la doctrine pentecôtiste est corrigée pour devenir compatible avec la doctrine sacramentaire catholique.
A la suite de cette consultation, un colloque tenu à BOSSEY en 1980 permit de faire le point sur la situation des charismatiques dans le monde. Il en ressort que le courant est mondial, et qu’il intéresse presque toutes les Eglises membres du C.O.E. On a noté que le mouvement charismatique catholique s’était mieux que d’autres inséré dans son Eglise : la structure épiscopale et l’existence ancienne de communautés religieuses ont facilité l’intégration dans l’Eglise de groupes non paroissiaux rassemblés autour d’une expérience spirituelle particulière.
On estime que cette "deuxième vague" regroupe actuellement 140 millions de personnes, dont 60 millions de catholiques.
C - LE PENTECOTISME "INDEPENLANT"
Avec le temps, les "pentecôtistes classiques" avaient abandonné un certain nombre des pratiques les plus contestées du pentecôtisme primitif, ou leur avait accordé moins d’importance. Par exemple, les Assemblées de Dieu étaient très réticentes devant le "sommeil dans l’Esprit" ou la "danse dans l’Esprit". Beaucoup avaient aussi abandonné les plus contestables des "procédés" des anciens pentecôtistes. Le courant charismatique avait redonné une nouvelle vie à ces pratiques un peu oubliées. Mais, au sein des grandes Eglises, une régulation analogue se produisit vite, qui marginalisa les pratiques les plus contestées.
Il s’agit donc d’un courant qui va dans le sens inverse de celui du Renouveau : tandis que le Renouveau souligne que le pentecôtisme peut être vécu dans le cadre des grandes confessions chrétiennes, ces nouvelles Eglises soulignent l’originalité du pentecôtisme par rapport à toutes les autres traditions, et son irréductible différence. On peut citer le Rhema Bible Collège, affilié à un courant appelé "The Word of Faith Theology",le Network of Christian Ministries, les John Winber’s Vineyard Churches, Maranatha Christian Churches, et Kenneth Copeland Ministries.
- Le "Faith Movement", auquel appartient la Rhema Church.
Ce courant insiste sur la puissance de parole, qui peut donner le bonheur spirituel, mais aussi la santé et la prospérité. Le danger est de mettre l’Esprit à notre disposition pour réaliser des rêves narcissiques ou matérialistes.
- Le courant "restaurationiste", qui insiste plus sur les relations interpersonnelles que sur les structures. Il veut "restaurer" l’Eglise primitive en restaurant les ministères décrits en Ephésiens 4.
- Le "Dominion Movement" presque théocratique, qui veut rétablir le Royaume dans toutes les sphères de la vie
- Le "Power Encounter Movement" qui insiste sur les guérisons et les signes extraordinaires.
D - LES "EGLISES AUTOCHTONES"
Certaines Eglises africaines anciennes avaient un caractère charismatique marqué, comme l’Eglise Kimbangui au ZAÏRE. De très nombreuses Eglises indépendantes se sont développées ces dernières années en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Numériquement, ces Eglises "indigènes" représenteront au XXIème siècle un des plus importants courants du christianisme mondial.
Je m’appuierai ici sur le livre de Margaret MOLOMA, une sociologue américaine, engagée dans le Renouveau catholique : "THE ASSEMBLIEZ OF GOD AT THE CROSSROAD" (Knoxville, 1989). Selon elle, le Pentecôtisme est une "protestation contre la modernité".
Ceci explique l’émergence de nouveaux courants religieux, et le succès des Eglises les plus conservatrices. En effet, ces Eglises conservatrices proposent une voie de rupture exigeante par rapport à une société moderne qui paraît à beaucoup décevante.
Le mouvement pentecôtiste s’inscrit donc dans un courant plus vaste de protestation contre le primat dans notre vie sociale d’une rationalité froide, indifférente ou étrangère aux questions du sens. Appartiennent aussi à ce courant de protestation les mouvements religieux du New Age et 1’Evangélisme conservateur. Ce sont des groupes religieux qui ont actuellement le vent en poupe, et qui connaissent une forte croissance, tandis que les Eglises mieux insérées dans la société et mieux intégrées à la modernité reculent.
En fait, le refus par le Pentecôtisme de la rationalité instrumentale et "unidimensionnelle" de la modernité n’est pas total.
Il ne s’agit pas tant d’un refus de cette modernité que d’une intégration de la rationalité instrumentale, pragmatique, dans une autre vision du monde, dominée par l’affectivité et les valeurs absolues.
Comme la raison unidimensionnelle n’a rien à dire ni sur l’affectivité ni sur les valeurs absolues, elle est d’une certaine façon une aide pour le développement des "théologies conservatrices" auxquelles appartient le Pentecôtisme. Et les pentecôtistes, tout en critiquant la modernité, sont très à l’aise dans l’usage des instruments qu’elle fournit.
Voilà comment Margaret POLOMA résume sa thèse :
En d’autres termes, ce qui est rejeté par le Pentecôtisme, ce n’est pas la raison instrumentale de la modernité, c’est la prétention de la modernité à rendre cette raison instrumentale auto-suffisante.
Le postulat implicite est que l’échec des Lumières trouve son remède dans une affirmation forte de la foi. Je ne poserai à ce propos qu’une question : la conception pentecôtiste de l’évidence de la foi et de la grâce n’est-elle pas un produit de la raison instrumentale, devenue incapable de reconnaître la validité de connaissances non évidentes ? (évidence inductive de l’expérience, évidence déductive du raisonnement : le pentecôtisme ne nous fait pas sortir de cette problématique post-cartésienne).
La réalité de l’action de l’Esprit s’impose dans le Pentecôtisme, avec la force d’une quadruple évidence : l’évidence intérieure de la grâce, l’évidence extérieure des signes sensibles de cette grâce, l’évidence de l’Ecriture, l’évidence de la communauté des "visible saints"
I - LE PRIMAT DE L’EXPERIENCE AUX ORIGINES DE LA REFORME
La Réforme de LUTHER était née de l’affirmation suivante de Luther : la foi, c’est-à-dire la certitude que Dieu me sauve, me libère de mon angoisse. La foi me donne la certitude de mon salut. La foi est l’espérance confiante née de cette promesse.
L’insistance des pentecôtistes sur une expérience évidente de l’Esprit les situe donc dans la lignée des Réformateurs. LUTHER et CALVIN n’hésitent pas à décrire la foi avec un vocabulaire qui relève de l’expérience sensible. En cela ils n’innovent pas : Luther invoque à juste titre le précédent de St Bernard.
S’il est vrai que le protestantisme tout entier hérite de la conception luthérienne de la foi comme expérience personnelle et fondatrice, cet héritage sera reçu de façon diversifiée.
Dans la même ligne, les luthériens vont insister sur le "sola gratia" au point qu’il pourra parfois absorber le "sola fide". Cela était le cas dans l’orthodoxie luthérienne des XVIIème et XVIIIème siècles. Cette orthodoxie développa la théologie luthérienne de la Parole dans une perspective rationaliste.
Par suite de l’influence de 1’évangélisme fondamentaliste, ne distinguant pas, comme LUTHER, la Parole de la lettre, le Pentecôtisme classique vérifie dans l’Ecriture lue de façon fondamentaliste l’authenticité des inspirations personnelles. Plus que de LUTHER, il est proche de CALVIN : il y a harmonie entre témoignage intérieur et témoignage extérieur de l’Esprit.
CALVIN REHABILITE L’EXPERIENCE PERSONNELLE
CALVIN appelait cette évidence intérieure "le témoignage intérieur de l’Esprit Saint". Elle authentifie avec certitude l’Ecriture comme la Parole ; et elle donne l’assurance certaine du salut. La réalité de l’irruption de la grâce produit des effets au niveau de la conscience claire.
Dans la théologie pentecôtiste, l’Esprit Saint ne nous baptise pas sans nous le faire savoir. Cette connaissance certaine à TOPEKA avait été préparée par le témoignage extérieur de l’Ecriture et confirmée par l’expérience personnelle. Ecriture et expérience se confirment mutuellement.
IV - MEFIANCE CATHOLIQUE ENVERS L’EXPERIENCE
Le fait que l’Esprit puisse se manifester de façon sensible n’a pas été nié, certes. On peut même dire que le catholicisme de la Contre-Réforme a laissé plus d’espace pour les manifestations "charismatiques" (visions, miracles, etc.) dans la piété populaire que ne l’ont fait les orthodoxies luthériennes et calvinistes qui sont restées très méfiantes devant tout danger d’illuminisme ou d’"enthousiasme". D’une certaine façon, le catholicisme a mieux toléré les "expériences religieuses" que les orthodoxies protestantes.
L’évidence intérieure née de l’expérience se trouve dès lors grandement relativisée : elle ne donne qu’"une connaissance probable" soumise au jugement de l’Eglise. Les pentecôtistes "classiques" sont loin de nier la nécessité du discernement ecclésial : c’est dans l’Assemblée que sont prononcées les paroles de prophétie, d’interprétation et de discernement.
V - LA PAROLE ATTEINT L’HOMME AUSSI DANS SA SENSIBILITE (PIETISME)
Le piétisme présentera un "type de conversion" qui reste le modèle des conversions des mouvements de Réveil et du Pentecôtisme.
C’est à cette conversion piétiste que les mouvements de Réveil appelleront les foules. Dans le piétisme et dans les mouvements de réveil, cette expérience intérieure qui se traduit extérieurement par un comportement très émotif est le signe, tant intérieur qu’extérieur, de la conversion. Le baptême dans l’Esprit pentecôtiste a été dès le début du Pentecôtisme pensé sur le modèle de la conversion piétiste, - bien qu’il corresponde à une étape ultérieure de la vie chrétienne.
Alors que la tentation luthérienne serait de privilégier le "sola gratia" au risque d’oublier le "sola fide" et les oeuvres de la foi, la tentation baptiste sera inverse. Leur insistance sera sur le"sola fide"plus que sur le "sola gratia" ; et dans le sola fide baptiste, la foi sera vue autant dans ses manifestations extérieures que dans son aspect d’expérience intérieure. La foi n’est plus - plus seulement - l’assurance du salut. Elle est aussi et surtout une vie chrétienne. Il n’y a pas de foi qui ne s’exprime dans une vie.
Certes, la grâce ne dépend pas des oeuvres. Mais les oeuvres sont le fruit évident de la grâce. La glossolalie, les guérisons pentecôtistes, sont elles aussi des fruits de la grâce. Si tu es chrétien, cela doit se voir dans tes oeuvres. Apparaît ici la notion de "visible saints", qui sera ensuite empruntée aux baptistes par les puritains, et qui deviendra le bien commun de tous les chrétiens "born egain" américains. Dans cette perspective, l’Eglise est composée de chrétiens "nés à nouveau", dont la sainteté (pur don de la grâce) se manifeste visiblement par leur vie. Cette position conduit logiquement au refus du baptême des enfants et à l’importance attachée aux expériences de conversion des adultes.
VII - JUSTIFICATION, SANCTIFICATION, BAPTEME DANS l’ESPRIT
La doctrine de la sanctification, empruntée par WESLEY à CALVIN, permet, de remettre en valeur la Loi et l’éthique. La sanctification est, pour CALVIN, en quelque sorte le déploiement dans le temps des fruits de la justification. (Il y a donc, pour CALVIN comme pour WESLEY, deux étapes dans l’expérience chrétienne : la justification et la sanctification. LUTHER, lui, avait concentré sa réflexion sur la justification). Alors que les oeuvres ne jouent aucun rôle dans la justification, elles en jouent un dans la sanctification. WESLEY, anglican, lecteur de François de Sales, était d’ailleurs plus disposé que CALVIN à accorder aux oeuvres un rôle actif dans la sanctification.
En fait, il n’est pas certain que WESLEY ait envisagé la sanctification comme étant nécessairement une expérience brusque. Mais c’est l’interprétation qui a été donnée de son oeuvre dans une partie du méthodisme américain. A partir de 1860, il y eut d’âpres discussions dans le méthodisme américain pour savoir si la sanctification se produisait en un instant ou bien si elle se déployait dans la durée.
EN GUISE DE CONCLUSION
Comment rendre compte de notre foi dans un monde dominé par la raison instrumentale et la conception moderne de l’expérience, excluant a priori le surnaturel ?
L’évidence de la foi n’est ni l’évidence rationaliste et mathématicienne du cartésianisme, ni l’évidence matérialiste et terre-à-terre de l’empirisme, mais la foi n’est cependant pas condamnée au silence devant l’inaccessible ineffable.
1) Henry I. LEDERLE, The Spirit of Unity, Discomforting Comforter, in "THE, CECUMENIAL REVIEW", Genève, 42-3/4, Juillet-octobre 1990 [ Retour au Texte ]