VOCATION SACERDOTALE


Ce n’est pas la première fois que, dans son histoire, l’Eglise a eu à préciser l’identité du sacerdoce ministériel.

  • Dès le IVème siècle avec les Pères du désert, la question s’est posée : quand des prêtres veulent se joindre à eux, Pacôme et ses successeurs maintiennent la nature "diocésaine" du sacerdoce en refusant les prêtres dans la vie monastique.

    Ceux qui desservaient les "cités des moines" étaient donc désignés par l’évêque pour remplir cette charge. Mais rapidement les ordres rigoureux de Pacôme ne sont plus respectés et les prêtres commencent à être présents parmi les moines. Ce qui n’est encore qu’exceptionnel se généralise à partir du IXème siècle quand, avec St Benoît d’Aniane, on voit se répandre la demande faite aux moines de célébrer les messes pour les défunts. Qui dit nombreuses messes dit nécessité de nombreux prêtres, et les ordinations se multiplient alors chez les moines.

  • L’Eglise prend alors acte de cette lente évolution et avec les Conciles médiévaux, elle reconnaît de fait l’existence d’un double clergé : le clergé diocésain et le clergé monastique (bénédictin ou cistercien), chacun développant une spiritualité propre et ayant un rôle particulier dans l’Eglise. Les conflits sont relativement limités (même s’ils existent) la clôture monastique servant en quelque sorte de frontière délimitant la compétence des uns et des autres.

  • Mais aussitôt ce "modus vivendi" établi, l’Esprit Saint prend un malin plaisir à bouleverser les cartes avec l’apparition des "Ordres mendiants". Certes Dominique était déjà prêtre (chanoine régulier de St Augustin) mais l’institution canoniale plaçait le sacerdoce sous l’étroite dépendance de l’évêque et on pourrait presque dire que les chanoines réguliers étaient des prêtres diocésains ayant adopté une forme de vie religieuse.

    Les Franciscains et les Dominicains font voler en éclats la législation restrictive du quatrième Concile du Latran (1215) et l’on voit apparaître des religieux prêtres (mais religieux d’abord), non cloîtrés, ayant donc une activité pastorale, prêchant et célébrant les sacrements, qui échappent (un peu ou beaucoup) à la juridiction de l’évêque.

    Avec eux, c’est vraiment un "nouveau clergé", non pas nouveau, bien sûr, dans son essence théologique, mais nouveau dans sa spiritualité et sa place dans l’Eglise : le clergé régulier.

    Et même s’il est parfois vu uniquement comme un clergé d’appoint, il s’agit bien en fait d’une autre façon de vivre dans l’Eglise de Jésus-Christ le sacerdoce ministériel.

    Les rapports entre évêques et clercs réguliers,, s’appuyant sur une tradition plusieurs fois centenaire, étudiés par le Concile de Trente, par le Code de 1917, par le décret Christus Dominus de Vatican II, le motu proprio Ecclesiae Sanctae de 1966, sont définis, commentés et régulés par le document unanimement reconnu et admis qu’est Mutuae Relationes de 1978.

    Après des siècles de recherche, "en dépit d’inévitables bavures, les rapports entre évêques et clergé régulier sont donc harmonieux et servent le bien de l’Eglise universelle, comme celui des Eglises particulières" (P. DORTEL-CLAUDOT, s.j.) (1).

  • Cette question n’était pas encore réglée que l’Esprit Saint fait surgir un troisième type de clergé, ni diocésain, ni régulier, qui est celui des "prélatures personnelles" (comme celle de l’Opus Dei, qui représenterait aujourd’hui environ 1 500 prêtres dans le monde).

    Le nouveau Code de 1984 prend en compte cette possibilité et même si les rapports entre évêques diocésains et prélatures personnelles ne sont pas toujours simples, au moins notre esprit cartésien est satisfait puisque le cas est prévu et puisqu’on sait bien où le ranger.

Aujourd’hui, la question rebondit avec les Communautés nouvelles Charismatiques. Le Code ne prévoit en aucun cas qu’une Association de Fidèles, même publique, puisse "incardiner" des prêtres. Or, ces prêtres appartenant à des Communautés nouvelles existent. Canoniquement, certes, ils sont membres du clergé diocésain. Mais on n’a pas tout dit en disant cela.

Reconnaissant qu’il y a là sans doute quelque chose de nouveau, quelque chose d’important pour l’Eglise et quelque chose qui ne peut pas se réduire à une question canonique, "JEUNES ET VOCATIONS" donne la parole à un prêtre diocésain et à un prêtre d’une Communauté nouvelle pour que chacun nous livre ce qui le fait vivre aujourd’hui et aide les lecteurs à découvrir sa spiritualité propre. Chacun restant lui-même peut ainsi, en découvrant l’autre, approfondir ses propres richesses.

De plus, les acteurs de la pastorale des vocations sacerdotales auront là quelques instruments pour aider les jeunes dans leur recherche.

NOTES : --------------------------------------------

(1) Document de l’Episcopat n° 5 - avril 1991 [ Retour au Texte ]