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Souffle qui fait vivre
« Reprendre souffle ensemble pour partager ce qui nous fait vivre en nous laissant animer par le Souffle de Dieu. » Tel était le but de Pentecôte 2005 en Yvelines, une grande journée de partage et de fête organisée à "l’initiative de Mgr Éric Aumônier, évêque de Versailles. Ce rassemblement a commencé le samedi soir par une veillée avec les jeunes, invités à témoigner du souffle qui les habite et à exprimer leur foi.
Les mouvements et aumôneries avaient été invités à proposer cette veillée festive autour d’une réflexion commune contenue dans ce Fil Rouge.
responsable AEP
Fil rouge
Je suis aimé, je me donne aux autres, je rencontre le mystère du mal, je suis relevé, je suis accueilli par le Christ dans l’Église, communauté vivante fondée sur l’amour du Christ.
Je suis unique, je suis aimé : en quoi suis-je aimé et unique ? Comment puis-je le voir, quels sont les événements et personnes qui me le font voir ?
Je me donne aux autres, ce don me donne joie et me fait grandir : c’est dans ce don que le prochain trouve toute son épaisseur et sa profondeur : c’est par le don que je reconnais l’autre comme celui qui fait de moi un homme à part entière : le don me fait grandir dans mon humanité.
Je me heurte à la souffrance :
• celle que je subis : je me sens incompris, je ne me sens pas reconnu avec toute mes capacités, et mes actions ne sont pas efficaces comme je le souhaitais ;
• celle que je provoque : je ne vois pas l’autre tel qu’il est, je passe avant les autres ;
• celle que je ne peux ni contrôler ni stopper : guerres, famines, maladies.
Ce mal et cette souffrance restent un scandale et une injustice que je ne peux accepter.
Je me sens seul : les autres n’ont plus aucune consistance ; le mal me sépare, me coupe des autres. Dieu et son amour me paraissent loin et sans rapport avec ce que je vis.
Pourtant, dès le début, l’Église est là pour vivre et témoigner l’amour du Père. Le Christ est là pour nous accueillir en vérité.
L’Église m’accueille, me re-suscite, me reconstruit, me restaure pour le monde. Par les sacrements, c’est toute ma vie qui se décline alors dans l’amour de Dieu.
Pistes de réflexion pour les aumôneries
Monter une séance (ou plusieurs) à partir d’un ou de plusieurs de ces éléments. Le but est de familiariser les jeunes avec le thème de la veillée.
Le travail qui doit se faire en aumônerie est un travail de réflexion qui préparera les lycéens à recevoir pleinement le thème de la veillée. Il a été décidé de ne pas fournir de directives trop précises aux animateurs et responsables : la réflexion doit s’inspirer du Fil Rouge et consiste à repérer les exemples concrets qui se rapportent à ce Fil Rouge.
Le choix de circonstances assez universelles permet à chaque aumônerie de relire dans ses activités ce qui pourrait le mieux exprimer ces situations.
Moi
Le premier point évoqué est celui du sens même de toute existence et celle de chacun en particulier. Quels sont les lieux et les circonstances qui ont permis de prendre conscience de la valeur de la vie donnée et reçue ? Comment évoquer la certitude de la vie agissante de l’Esprit dans les événements d’une vie ? Cette première partie peut déboucher sur une lecture de Genèse 1 et 2, en insistant sur l’élan d’amour divin à l’origine de la vie. Comment rendre compte de la valeur de cette vie : l’attention au plus petit, au faible, la prise de conscience d’une responsabilité vis-à-vis de cette vie et de ses richesses.
Toute vie vaut-elle d’être vécue ?
Sommes-nous les seuls et exclusifs propriétaires de nos vies ?
Pour ne pas tomber dans des débats de société infinis, il faut veiller à re-situer la réflexion dans l’optique du mouvement créateur comme geste d’amour sans chercher à répondre à toutes les questions. Aider à poser les bonnes questions est souvent plus fécond.
Textes de référence : Gn 1 et 2 ; PS 139, 13-16 ; PS 148. (Rester près du texte, les psaumes par exemple sont un vrai trésor par leur justesse de ton et l’universalité des sentiments exprimés.)
Moi et les autres
L’homme est une créature de don : aucune vie humaine ne peut grandir sans la relation à l’autre. Une vraie relation est un rapport d’ouverture : accepter de courir le risque de l’amour, de l’amitié. C’est un risque mais aussi une richesse : c’est en se donnant que l’on se trouve ; la joie du cadeau donné, la joie du service rendu, le sentiment d’avoir été utile à l’autre, sont des expériences vécues ou connues de tous. Toute relation à l’autre fragilise dans le sens ou il faut sortir de soi-même et accepter de ne pas être sa propre mesure pour la joie et le bonheur auquel on aspire.
Quelle définition du bonheur paraît la plus plausible ?
C’est l’autre qui me permet de vivre le bonheur humain dans toute sa profondeur : quelles relations peuvent illustrer cette évidence : amitié, amour, prière, action de solidarité ?
Les illustrations scripturaires sont nombreuses : Gn 2, 21-24 ; Je 2, 14-18 ; Jn 13, 14-17 ; Le 23, 34. Des films comme Les Choristes, ou Le Seigneur des Anneaux peuvent être un point de départ pour la discussion.
Et le mal ?
Le mystère du mal heurte de front « l’air du temps » qui voudrait un homme « bien dans sa peau », efficace, productif et rentable. Le mal n’en est pas moins présent :
• Le mal que je subis : la souffrance physique ou morale, l’impression d’avoir une vie sans aucun sens, le fait de voir souffrir ceux que j’aime.
• Le mal que je provoque : par mes égoïsmes, mes réactions de possession « moi d’abord, les autres après » ; l’infidélité en amitié, le mal fait à mes parents, à ma famille...
• Le mal que je vois dans le monde : les catastrophes, les scandales contre les enfants, les exploitations (esclavage, économie inhumaine...)
Comment me situer face à ce que je ne peux contrôler ?
Pourquoi me sentirais-je responsable ?
Faut-il forcement tout contrôler et comprendre pour agir sur le monde ? Exemples de Sœur Emmanuelle ou Mère Térésa : en arrivant dans leurs bidonvilles, elles n’avaient qu’une certitude, le devoir de changer les choses.
Il s’agit de réfléchir à la solidarité humaine et de pointer pourquoi elle est importante.
Tout ce qui appartient au mal se repère par les cassures qu’il provoque : c’est d’abord en chacun de nous que s’exprime la blessure du mal.
Le mal me coupe des autres : il modifie tous les rapports humains en les transformant en occasions de domination et d’agression.
Textes de référence : Jn 9 ; Le 6, 20 ; Le 9 ; etc.
L’Église et moi
Que fait pour moi l’Église ?
Si elle n’est qu’une organisation, une institution qui se contente d’organiser, elle ne peut rien pour moi. Si par contre elle est un lieu de vie divine, un Corps où tous et chacun sont invités quoi qu’il arrive à venir prendre leur place, alors l’Église peut m’intéresser. Les sacrements qu’elle propose ne sont plus des gestes vides de sens mais la communication de la vie du Christ lui-même.
Dans la vie du chrétien, l’Église n’est pas annexe mais elle est au centre de sa vie de foi : c’est par elle que passe la miséricorde de Dieu, c’est elle qui nous fait enfants de Dieu, c’est elle qui nous annonce la Bonne Nouvelle. La vie de l’Esprit la rend féconde et missionnaire. Par ses prêtres, ses diacres et religieux mais aussi par chacun des hommes et des femmes qui la constituent, elle manifeste au monde la réalité du Salut reçu du Père, par le Fils, dans l’Esprit.
Corps du Christ donné pour le Salut du monde, l’Église naît et renaît dans l’Eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne. En cette année de l’Eucharistie, le sens de l’Église comme manifestation du Corps du Christ peut être particulièrement mis en relief.
Textes proposés : Jn 17 ; Mt 16, 13 ; Mt 19, 20 ; Me 15, 39.
Chaque aumônerie choisissait de s’exprimer sur l’un des quatre thèmes par la musique ou le théâtre. Il est révélateur de noter qu’aucun groupe n’a choisi le thème de l’Église. Et la soirée s’acheva sur une veillée méditative, avec des chants et témoignages de jeunes, croyants ou en recherche. Ceux qui le souhaitaient pouvaient, à cette occasion, écrire une « lettre à Dieu ». Ces lettres furent apportées en offrande lors de la messe de Pentecôte.