Vous avez été invité par les évêques de France à Lourdes. Quel est le sens de votre présence ?

Ma présence ici est le signe éloquent de la communion des évêques de France à l’Eglise universelle et plus précisément, aujourd’hui, à L’Eglise du Québec et du Canada. Nos liens sont inscrits dans l’histoire : notre Eglise a bénéficié de la générosité et de la vitalité missionnaire française. J’ai exprimé, au cours de l’homélie et de mon intervention dans l’hémicycle, la reconnaissance et la gratitude de mon pays vis-à-vis de l’Eglise de France.

Concernant la situation de l’Eglise au Canada, vous avez évoqué la crise de mémoire et de la transmission. Qu’est-ce que cela recoupe ?

La société canadienne a connu, ces 40 dernières années, un mouvement de sécularisation très rapide. Bon nombre de personnes de plus de 50 ans, surtout au Québec, jugent négativement tout leur passé de foi et le rôle que les responsables d’Eglise y ont joué. Nous vivons ainsi une crise de mémoire, faite d’oubli du rôle central de la foi catholique dans notre histoire. Par contraste, les jeunes adultes n’éprouvent pas cette aigreur par rapport au passé ; souvent ignorants de la tradition chrétienne, ils vivent un sentiment de vide spirituel et demeurent ouverts à une présentation de la foi qui les dynamise et leur donne le goût de vivre.

Quelle est la réponse de l’Eglise canadienne ?

Mouvements de prière et d’apostolat, communautés nouvelles, nouvelles formes de responsabilités proposées aux laïcs en paroisse, engagements dans la lutte contre la pauvreté, la violence, les inégalités, nouvel effort catéchétique… témoignent du renouveau spirituel et missionnaire de l’Eglise canadienne. L’expérience des JMJ à Toronto et Cologne a marqué de façon positive plusieurs diocèses. Ce réveil permet d’espérer de nouveaux développements auprès de la jeunesse, qui prend son envol vers le Congrès eucharistique de juin 2008. Une nouvelle évangélisation, centrée sur la figure trinitaire du Christ et sur les perspectives d’humanisation et de salut qu’il apporte, commence à pénétrer l’activité de l’Eglise et son dialogue avec la culture contemporaine.



Le Congrès eucharistique s’inscrit-il dans cette dynamique ?

Ce Congrès sera en effet, notamment, l’occasion de faire mémoire sur tout ce que les chrétiens et chrétiennes ont vécu ici au nom de leur foi et leur apport essentiel à la vie de notre société. Malgré la conscience de sa faiblesse et de ses difficultés présentes, l’Eglise au Québec et au Canada a une histoire de sainteté à promouvoir, qui couvre 400 ans d’histoire et de nombreux exemples de sainteté ! Savez-vous que le nom du 1er bateau de Samuel de Champlain s’appelait « Don de Dieu », que la devise de la ville de Québec est « Don de dieu feray valoir » et celle de la province « Je me souviens » ? Ce sera aussi l’occasion de proclamer sur la place publique les éléments vitaux de notre foi et de mettre l’accent sur le don que Dieu fait de lui-même dans le sacrement et le lien essentiel entre l’Eucharistie et l’Eglise.

49e Congrès eucharistique international Québec, Canada 2008