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17 au 19 novembre 2000
Jubilé des militaires

 

 

 

 

À l’occasion du Jubilé pour les militaires, la police et les pompiers, SNOP et EGMIL (revue mensuelle de l’Église catholique dans le monde militaire) publient un article commun rédigé par Mgr Patrick Le Gal, évêque aux Armées françaises.

Une opération extérieure
très spéciale.
Les 17, 18 et 19 novembre prochains, tous les militaires et leurs familles, des Armées françaises et du monde entier, sont conviés à Rome pour le pèlerinage jubilaire des forces de l’ordre.
Comme tous les pèlerins de l’an 2000 aux tombeaux des apôtres, nous ferons cette démarche spirituelle pour accueillir et prendre davantage conscience de la puissance de la grâce du Christ, qui nous est offerte pour « administrer les choses temporelles en les ordonnant selon Dieu », chacun pour sa part et selon sa vocation.

Si le format des Armées diminue, les tâches « d’administration » et « d’ordonnancement » qui incombent aux militaires, elles, tendent à s’élargir et à se multiplier, dans un contexte de mutation rapide qui touche directement la vie des militaires et leur travail.
En venant à Rome en pèlerins, les militaires ne chercheront pas d’abord à vivre une parenthèse spirituelle toute paisible, ni des solutions toutes faites aux questions qui se posent à eux dans ce climat tendu, mais à réécouter le Christ qui nous parle et nous sauve, toujours le même et toujours actuel, comme nous l’avons tous chanté mille fois au cours de cette année :

Christ hier, Christ aujourd’hui,
Christ demain pour tous et toujours.
Tu es la Vie, tu es l’Amour,
Tu m’appelles, me voici.
Venez un moment à l’écart
et reposez-vous un peu (cf. Mc 6, 30)

Toute parole du Christ est porteuse de sens et de vie. Certaines prennent tout à coup une actualité et une pertinence prépondérante : comme à ses disciples, tout joyeux et quelque peu survoltés à leur retour de mission, le Christ avertit ses fidèles des dangers de la suractivité, quelle que soit la nécessité du moment et la générosité avec laquelle on cherche à y répondre sans murmurer. Il y a une vérité et un courage à venir à l’écart reconstruire les éléments de la paix intérieure. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur ce sujet où Jésus revient souvent, par exemple face à son amie Marthe : « Une seule chose est nécessaire » ; si on perd ce trésor, cet équilibre intérieur, il y a fort à parier que toute notre généreuse activité se trouvera privée de la fécondité qu’on en attend. Évidemment, il ne s’agit pas d’accuser ceux, nombreux, qui sont en opération plus de 220 jours par an, au risque même de ne plus pouvoir vivre un minimum de temps de formation ou d’entraînement (sans compter la vie de famille). C’est l’ensemble de l’institution qui est interrogée et, au-delà, la nation qui doit se redonner les moyens humains des missions qu’elle veut soutenir.

Homme et femme il les créa
(Gn 1, 27)
Sur un plan différent, le tissu des Armées françaises dans son ensemble connaît un autre challenge, celui de la féminisation des armées, davantage encore d’actualité que la question de la « surchauffe ». Les exceptions que l’on admet au principe de la féminisation, au moment même où on l’annonce, montrent bien qu’il s’agit bien d’un sujet délicat, on pourrait sans doute même dire douloureux. Certains pourraient être tentés de se raidir par rapport à cette « nouveauté », d’autres de jouer les apprentis-sorciers en mettant en oeuvre sans discernement cette directive...
Sans doute n’est-il pas inutile de prendre quelques jours de prière et de méditation pour laisser résonner la parole même de Dieu qui devrait apporter quelques lumières à ses fidèles sur ce vaste sujet.

Dieu ne nous révèle-t-il pas que dans sa généreuse providence Il a voulu créer la personne humaine homme et femme, unique distinction concernant sa créature, qu’il a cru bon de souligner, manifestant à la fois la différenciation et la complémentarité heureuse (soulignée par le cri de joie d’Adam : Gn 2, 23).
Si le sujet est d’importance aux yeux mêmes de Dieu, si l’insistance du texte biblique nous avertit d’être attentifs à ce don éminent mais fragile et subtile, sûrement est-il urgent que l’on puisse réécouter Dieu qui nous parle et, loin des raidissements idéologiques, discerner les chemins libérateurs où l’Esprit veut nous entraîner : sûrement aux antipodes d'une relation de domination ou de méfiance réciproque, sûrement bien loin des solutions indigentes de la discrimination ou de l’égalitarisme à tout crin.

Contentez-vous
de votre solde (Luc 3, 14)
L’externalisation de nombreuses tâches aux sein des Armées, accélérée par la fin toute prochaine du service national, modifie bien des aspects de la vie des militaires ; de même que l’augmentation rapide du nombre du personnel civil de la Défense.

Face à des changements qui peuvent, pour partie, s’analyser en terme de perte d’avantages ou d’identité, la tentation peut survenir, lancinante et délétère, d’établir des comparaisons ou de lever des interrogations sur le sens de la disponibilité et des astreintes de la vie militaire dans un pays qui met en place les 35 heures ; sur les rigueurs de la discipline ou sur l’opportunité d’un devoir strict de réserve, et encore sur l’inexistence des syndicats quand les civils de la Défense ont les leurs...

Aux militaires de son temps, tentés de compenser les insuffisances de leur statut en recourant à différents expédients, saint Jean-Baptiste disait : « Ne faites violence à personne et contentez-vous de votre solde », c’est-à-dire, ne vous laissez pas séduire par l’appât du gain et par d’autres convoitises ; ne vous laissez pas piéger par la volonté de puissance : le prophète ne voulait pas les enfermer dans une mentalité de gagne-petit sans envergure, mais les avertir de ne pas mettre leur ambition dans une stratégie d’accaparement, finalement très réductrice en matière de quête évangélique du bonheur. C’est au contraire en cherchant le bonheur par le don de soi, à la suite du Christ serviteur, que la vie prend sens et consistance ; alors, contentez-vous de votre solde, mais ne vous contentez pas d’un petit bonheur, ne laissez pas se mutiler votre liberté.

Le combat est d’abord en nous ; la puissance de l’Esprit Saint, son esprit de sagesse et de force, imploré et reçu avec la grâce jubilaire, nous seront des plus nécessaires pour accueillir les mutations actuelles et les conduire, chacun pour sa part avec une intelligence éclairée d’en haut.
Quelques minutes suffisent pour passer la Porte sainte, plusieurs jours ne seront pas de trop pour que nous entrions dans un véritable esprit de conversion, susceptible de nous faire écouter plus finement la parole de Dieu, au point d’y trouver une vraie lumière pour répondre aux défis du moment et d’inscrire dans nos vies ce que l’Esprit nous suggère.

+ Patrick Le Gal
Évêque aux Armées françaises