Les prochaines rencontres des Semaines sociales de France se dérouleront au Palais des arts et des congrès, à Issy-les-Moulineaux, du 17 au 19 novembre prochain. M. Jean Boissonnat, président des Semaines sociales de France, nous propose une réflexion sur le thème du congrès « Travailler et vivre ».

Du nouveau pour le travailleur

Depuis un quart de siècle, le travail est revenu au coeur des préoccupations de chacun, de la politique et de la société. Pour deux raisons : d’abord parce qu’il a beaucoup manqué ; nous avons vu revenir un chômage de masse que nous pensions avoir éradiqué.
Ensuite, le travail change dans la perception que nous en avons sous l’effet de la transformation conjointe des techniques et des mentalités.

Certes, le nouveau siècle semble commencer sous de meilleurs auspices ; le chômage recule en Occident. Mais il reste important dans de nombreux pays " notamment en France " et il a profondément marqué les esprits. Le risque dans l’entreprise s’étend à toutes les parties prenantes " qui n’en ont d’ailleurs jamais été totalement exonérées " depuis l’actionnaire jusqu’au salarié.
Parallèlement, la nouvelle révolution industrielle, à base d’informatique et de télécommunication, bouleverse les conditions de travail. Elle fait passer massivement la population active d’un face à face avec la matière et avec la machine à un face à face avec les collègues et avec les clients. Une grande partie de la population doit brutalement s’habituer à de nouveaux comportements : la peine physique est moins lourde, mais la pression psychologique et sociale peut l’être davantage. Il faut se tenir régulièrement au courant de l’évolution, non seulement des techniques mais aussi des mentalités. Les diplômes de fin de scolarité ne sont plus des passeports durables pour trouver des emplois. La formation s’étend sur toute la durée de la vie.
Du coup, la place du travail dans la vie change imperceptiblement, mais profondément. C’est pourquoi la 75e session des Semaines sociales de France sera consacrée au thème : « Travailler et vivre ». Avec la participation des meilleurs connaisseurs : des universitaires comme Claude Thélot, Françoise Piotet, Bernard Ibal, Alain Supiot ; des militants engagés sur le terrain comme Jean Kaspar, Christiane Lambert, Annie Dreuille ; des chefs d’entreprise comme Laurent Degroote ; des hauts fonctionnaires nationaux et internationaux comme Jean-Baptiste de Foucauld et Michel Hansenne ; des théologiens comme le père Debergé ; des hommes politiques comme Jacques Delors et Jacques Barrot.

Il s’agit de redéfinir la place du travail dans la vie. Certains n’y voient qu’un « sacrifice social » (pour reprendre une formule de Paul Ricoeur) pour se procurer des loisirs qui seraient le lieu de la « vraie vie ». D’autres entendent y former et y exprimer leur personnalité.
Plus personne, dans nos pays, n’est disposé à faire n’importe quoi pour n’importe quel prix.
Ce n’est pas seulement le travail qui change, le travailleur aussi.

Jean BOISSONNAT
Président des Semaines sociales de France