Logo cef.fr Eglise catholique en France - Conférence des évêques de France Trouver les horaires de messes en France avec MessesInfo
ActualitésParoles d'EgliseGuide de l'EgliseEspace presseAgendaDiocèsesLiens
Vivre en ChrétienPrier   CélébrerArt Culture LoisirsSaint du jourGlossaireForumsRechercher
Actualité
Archives
Dossiers spéciaux
Chroniques
Nominations

En bref
Désolé le fichier n'est pas valide
 
Ecrivez-nous
les sites en .cef.fr
Ajoutez CEF à
   vos favoris
Ouvrez votre navigateur sur cef.fr
Plan du site
Mentions légales
Eglise Catholique
UADF © 1996-2006












 

Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Archives > 2001

Archives Retour à la liste
 

Indonésie : Violences et massacres au Kalimatan

 

 

Palangkaraya, 28 février 2001 (CIP)

L'Église locale a invité les Dayaks catholiques à ne pas prendre part aux violences interethniques qui secouent le Kalimantan-Central, dans l'île de Bornéo.
De nombreux Dayaks, qui habitent des régions isolées de l'île (la plus grande de l'archipel indonésien, avec 550.000 km² et 10.500.000 habitants) se déplacent vers le centre de Bornéo, à Sampit et à Palangkaraya, pour participer au " carnage des intrus Madurais ".

Des sources de l'Église locale contactées par l'agence vaticane Fides déclarent que les conflits n'ont en aucune manière des raisons religieuses : les églises et les édifices musulmans n'ont pas été attaqués. Dans un entretien avec Fides, le Père Subandi, du diocèse de Palangkaraya, au Kalimantan-Central, confirme qu'il a vu de nombreux cadavres décapités, abandonnés sur le fleuve, dans les régions de Sampit et de Palangkaraya. Des fonctionnaires civils les recueillent et les enterrent.

Les Dayaks ont déclenché leur fureur contre les immigrés Madurais, qu'ils veulent chasser de l'île. " Non seulement les Dayaks, mais aussi toutes les autres communautés indigènes refusent les Madurais ", explique le P. Subandi, missionnaire originaire de Java, de retour d'une visite à Sampit, à 200 km à l'ouest de Palangkaraya, la capitale de la province.

Les Dayaks ne représentent qu'un petit pourcentage de la population du Kalimantan-Central. Les indigènes accusent les Madurais, commerçants habiles et producteurs de tapis, de ne pas respecter la sensibilité et les règles sociales des gens du lieu. " À plusieurs reprises, les Madurais ont violé les accords passés avec les Dayaks sous le couvert du gouvernement local. Il manque toutefois quelqu'un pour faire respecter la loi : de nombreux crimes commis dans le passé par des Madurais sont restés impunis. Des transgressions fréquentes de la loi ne sont pas sanctionnées et, de la sorte, les Dayaks ont perdu leur patience ", déclare le P. Subandi. À son avis, la police et l'armée sont du côté des Madurais. " La discrimination a rendu furieux les Dayaks ", ajoute-t-il.

Le gouvernement central indonésien a décrété l'état d'urgence. La police a l'ordre de tirer à vue sur les rebelles. La fuite des Madurais se poursuit. Plus de 30.000 ont déjà quitté Bornéo pour se rendre à Madura et à Java, et 16.000 autre environ sont installés dans des camps de réfugiés à Sampit. L'Église catholique locale apporte l'assistance et les secours aux réfugiés.

Les affrontements ethniques ont commencé le 18 février et le nombre des morts recensés s'élève à plus de 300. D'après des sources non officielles, 500 Madurais au moins auraient été tués et décapités.

Dans les années 1960, 60.000 habitants de l'île de Madura, face à l'île de Java, se sont transférés dans l'île de Bornéo, selon des programmes d'immigration organisés par le gouvernement. Il y a, chez les Dayaks, une minorité catholique et protestante, de nombreux musulmans et fidèles des religions locales. Les Madurais sont musulmans. " Les officiers de la sécurité et le gouvernement n'ont pas été capables de désamorcer les conflits ethniques, qui sont toujours restés à l'état latent ", a confié à Fides M. Munir, un militant des droits de l'homme.
Depuis Djakarta, l'Association " Islam Defender Front " a lancé un appel. " Derrière les affrontements à Bornéo, il y a des non-croyants qui conspirent contre l'islam ", déclare-t-il. D'après les observateurs, la violence à Bornéo est un nouveau signe de la désintégration progressive de la nation indonésienne.

Mgr Sutrisnoatmoko :
"L'Église, même si elle est une minorité, ne peut rester à regarder les massacres du Kalimantan : elle doit s'efforcer d'aider le dialogue. Le nombre des morts pourrait s'élever à 2.000. " Dans une interview accordée à Fides, Mgr Aloysius Sutrisnoatmoko, nouvel évêque de Palangkaraya, au Kalimantan-Central, expose les urgences de son futur travail pastoral. La priorité des priorités : la paix à Bornéo.
L'évêque, un Javanais de 47 ans qui est membre des Missionnaires de la Sainte famille, sera ordonné au mois d'avril prochain pour prendre en charge une communauté de 51.000 catholiques. Il explique les pas nécessaires pour ramener la paix à Bornéo : réunir les dirigeants des deux camps en des rencontres non officielles, et, comme solution provisoire, séparer les deux ethnies des Madurais et des Dayaks ; assurer l'intégration des Dayaks dans le cadre socio-économique, partager avec les indigènes l'administration locale des Provinces, qui sont l'apanage des Javanais et des Madurais.

- Quelles priorités avez-vous fixées pour votre travail pastoral à Palangkaraya
Mgr Sutrisnoatmoko : Il est urgent de travailler en vue du dialogue et de la réconciliation entre Madurais et Dayaks, qui sont la majorité dans le pays. Cette violence est tragique et surprenante. L'administrateur diocésain de Palangkaraya m'a dit que le nombre des morts pourrait s'élever à 2.000. L'Église mettra à disposition toutes les ressources dont elle dispose pour permettre le dialogue. Je parlerai avec les dirigeants des factions. D'autres aspects du travail pastoral touchent l'amélioration des conditions économiques des tribus indigènes, et l'oeuvre sociale et éducative des gens.

- Quels sont les pas nécessaires à accomplir pour ramener la paix ?
Il faut réunir les dirigeants des deux factions en conflit dans des rencontres non officielles, en trouvant des solutions tampon : avant tout, la séparation ethnique de la population. Un deuxième pas, consiste à promouvoir le travail pour les Dayaks et l'intégration des indigènes dans le cadre socio-économique. En troisième lieu, il faut partager l'administration locale des provinces, apanage des Javanais et des Madurais. L'Église, même si elle est une minorité, doit déployer des efforts de médiation, pour encourager le dialogue et la réconciliation. La tâche est difficile, mais, en tant qu'homme de foi, j'ai confiance dans la paix et je suis optimiste.

- Vous ne craignez pas d'être refusé, étant donné votre ethnie javanaise ?
Je n'ai pas peur : la communauté catholique Dayak est douce, les indigènes ont un coeur tendre, et ils acceptent les immigrés. Je chercherai à aider le clergé local et les catéchistes dans les domaines théologique et pastoral, et de me procurer des aides économiques à l'étranger. Avec les autres évêques de Bornéo, dont deux appartiennent à ma congrégation, nous travaillerons ensemble pour la paix au Kalimantan

- Quelles sont les racines du conflit ?
La raison principale est le contraste entre la richesse des Madurais et la pauvreté des Dayaks. Les premiers sont travailleurs et actifs dans le commerce, les indigènes ont comme seules ressources la nature et la terre. Parfois, les immigrés Madurais ne respectent pas la culture des tribus indigènes. C'est ce qui a suscité la haine que le gouvernement n'est pas parvenu à contrôler.

- Comment va l'évangélisation à Bornéo ?
Les transports se font par voie fluviale ; il n'y a pas de téléphone ni de lignes électriques ans les villages. L'évangélisation est très difficile, et est faite par les contacts humains. Les catéchistes et les missionnaires visitent les villages et parlent avec les chefs des tribus. Leur rôle est très important : les gens les écoutent. Ces quatre dernières années, il y a eu plus de 10.000 nouveaux baptisés dans le diocèse de Palangkaraya.

- Comment jugez-vous la situation politique de l'Indonésie ?
L'Indonésie est en proie à des luttes politiques qui engendrent l'incertitude et la crainte d'une fragmentation du pays. L'unité est un grand bien : dans le pays, il y a plus de 300 tribus qui peuvent vivre ensemble dans la liberté et la démocratie, non pas par l'oppression, comme dans le passé. (CIP-FS)