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"Nous prenons au sérieux la vie des réfugiés"

1er Mars 2001

 

 

Les 908 Kurdes qui ont été jetés sur la côte Sud de notre pays, dans les conditions dramatiques que l'on sait, ont suscité un large courant de sympathie.
Alors que beaucoup d'études d'opinion ont pu attribuer à nos concitoyens des attitudes de rejet ou de xénophobie, ce courant manifeste que peuvent prévaloir chez eux des sentiments de compassion, fondés sur une éthique de solidarité avec tout être humain dans la détresse.
Nous souhaitons que cette saine réaction, où le cœur et la raison parlent plus fort que l'intérêt ou les réflexes stéréotypés, se manifeste à l'avenir envers tous les demandeurs d'asile, même ceux dont l'arrivée sur notre sol, moins massive et moins dramatique, n'attire pas l'attention des médias.

Ces événements, ainsi que les violences à Sangatte (Pas de Calais) dans le Centre de la Croix Rouge où sont hébergées les 800 à 900 personnes qui, nuit après nuit, souvent au péril de leur vie, tentent de pénétrer clandestinement au Royaume Uni, rappellent à nos consciences de citoyens français et européens la nécessité, à propos du droit d'asile, de clarifier nos choix juridiques, politiques, sociaux, éthiques.

Nous nous trouvons face à un débat qu'il faut mener désormais à l'échelon européen, puisque le traité d'Amsterdam a décidé de transférer à l'Union européenne les compétences des Etats membres en matière d'asile et d'immigration ; un débat dans lequel les chrétiens sont invités à faire entendre avec vigueur les convictions qu'ils puisent dans la tradition biblique et dans la fidélité au Christ, qui nous dit : "J'étais un étranger et vous m'avez accueilli" (Mt 25,35). Ces convictions inspirent ces récentes paroles du pape Jean-Paul II : "Dans le contexte d'une mobilité humaine qui croît partout, l'invitation à l'hospitalité devient actuelle et urgente. Comment les baptisés pourront-ils prétendre accueillir le Christ, s'ils ferment leur porte à l'étranger qui se présente à eux ?" (Message pour la Journée des Migrants - 2000).
Les drames de Saint-Raphael et de Sangatte offrent l'occasion de nous poser ensemble quelques questions, sans attendre que les grandes options sur le long terme soient définies : La transparence dans les critères d'attribution du droit d'asile.

Pour accorder ou refuser à un demandeur d'asile la qualité de réfugié dans notre pays, l'OFPRA (office de protection des réfugiés et apatrides) se réfère au texte de la convention de Genève de 1951. Mais ses critères d'interprétation ne sont pas explicités. N'est-ce pas une occasion pour que l'opinion publique découvre les raisons pour lesquelles certaines demandes sont acceptées, d'autres refusées ?

L'asile territorial.
La loi Chevènement de 1998 donne la possibilité d'accueillir, au titre d'un "asile territorial", des personnes menacées dans leur vie ou leur liberté, même si elles ne peuvent être reconnues "réfugiés politiques" par une interprétation restrictive de la Convention de Genève. Mais cette possibilité, dont dispose le seul Ministre de l'Intérieur, sans avoir à fournir aucune justification, a été très peu utilisée jusqu'ici. Ne serait-il pas souhaitable qu'il y soit fait davantage recours, non seulement pour les Kurdes de Saint Raphaël (au cas où ils seraient déboutés de leur demande d'asile politique), mais aussi pour d'autres personnes arrivant individuellement ou en petits groupes ?

La situation des "sans papiers".
Si certains de ces exilés Kurdes n'obtenaient ni l'asile politique ni l'asile territorial, il est peu probable qu'ils soient reconduits à la frontière : il restera toujours un doute sur les risques réels qui pèseraient sur leur vie en cas de retour dans leur pays. On les versera donc, de facto, dans une catégorie dont la loi de 1998 visait précisément la disparition, celle des personnes "non-régularisables, non-expulsables". La situation de ces réfugiés kurdes ne doit-elle pas être mise à profit pour regarder la situation des milliers de sans-papiers - ni régularisables ni expulsables - qui vivent cachés dans notre pays ? Le moment est sans doute arrivé de chercher comment faire disparaître cette catégorie, pas seulement en droit mais aussi en fait. Le bon sens comme l'éthique ne voudraient-ils pas que toute personne reconnue non-expulsable soit régularisable et régularisée ?

En prenant la parole, nous souhaitons que les événements douloureux qui touchent ainsi nos consciences de citoyens soient pris au sérieux et deviennent une occasion de sortir du silence et de l'anonymat toutes ces vies détruites par la misère ou la violence. "Dans cette perspective, comme le disait en 1996 le Pape Jean-Paul II, il est très important que l'opinion publique soit bien informée sur la condition réelle dans laquelle se trouvent les pays d'origine des migrants, sur les drames dans lesquels ils sont impliqués et sur les risques encourus en cas de retour dans leur pays".

Cet accueil de l'étranger, nous le devons à l'homme en qui les chrétiens voient le Christ souffrant, le Christ cheminant vers la Croix. Nous le devons à notre foi au Christ ressuscité sorti du tombeau de la mort. Nous joignons ainsi notre voix à la voix de tous ceux et celles qui, chaque jour, s'engagent dans l'accueil, l'accompagnement et la protection des exilés.

Le président du Comité épiscopal des migrations
Mgr Daniel LABILLE, évêque de Créteil

Les évêques de la Commission sociale
Mgr Olivier de BERRANGER, Président, évêque de Saint-Denis
Mgr Philippe BARBARIN, évêque de Moulins
Mgr Georges PONTIER, évêque de La Rochelle
Mgr Jean BONFILS, évêque de Nice
Mgr Michel POLLIEN, évêque auxiliaire de Paris
Mgr Jacques NOYER, évêque d'Amiens

Mgr Lucien DALOZ, président de Justice et Paix-France,
archevêque de Besançon