Donner du sens à l'image
Que retenir des médias ?
La journée du 11 septembre a été caractérisée
par un afflux important d'images parfois sources de confusions
émotionnelles : certaines séquences concernant
l'impact des avions sont passées de manière
répétitive. Les enfants, notamment, ont vu
des images de fiction qui étaient de l'actualité
: " Ils ont explosé la tour pour exploser la
terre " (Antoine, 6 ans), " Il y avait un monsieur
riche qui tuait dans la ville ". Commenter les reportages
est important pour permettre aux enfants d'évoquer
ce qu'ils ont vu et situer des repères : expliquer
les événements, préciser où
étaient les caméras qui filmaient et pourquoi.
Le pouvoir de filmer est différent de celui de diffuser.
Globalement, les grandes chaînes ont fait preuve de
retenue. Sans doute aussi parce que, sous prétexte
de sécurité, une censure s'exerçait,
gênant le travail des journalistes et augmentant par
moment l'inquiétude de l'opinion : par exemple les
journalistes n'ont pas été informés,
pendant plusieurs minutes, du lieu où se trouvait
le président Bush. Le rédacteur en chef d'Herald
Tribune a révélé qu'il n'était
pas question de mettre des photos de cadavres à la
Une du journal. La manière de traiter l'information
peut être différente d'un pays à l'autre.
Radio, presse écrite et télévisée
ont enrichi l'actualité avec des reportages bien
documentés. Les médias radio et TV se sont
concentrés et continuent de se concentrer sur l'activité
internationale. En ce dimanche 16 septembre, deux informations
nationales ont été traitées : l'incendie
de 2000 ha de forêt au Castellet dans le Var et la
fête de l'humanité en Seine-Saint-Denis.
Journalistes : devoirs et responsabilités
Les journalistes n'ont pas le devoir facile. Ils ont rempli
leur tâche : donner les faits, montrer, comprendre.
La difficulté du journaliste, face à un événement
aussi brutal, était de ne pas se contenter du libre
arbitre de l'émotion au risque de laisser s'accréditer
des rumeurs. La presse française, qui apparaît
souvent comme étant une presse de commentaires et
d'analyses, s'est attachée aux faits. Le direct a
montré que la tâche n'était pas aussi
simple. Chaque mot compte et peut avoir des répercussions.
Pour un même fait, les mots arabes, musulmans, terroristes,
Islam prennent un ton différent dans le commentaire
journalistique selon qu'on se trouve à New-York,
à Jérusalem ou à Islamabad. Le devoir
d'informer est aussi celui de ne pas créer d'amalgames,
de réflexes de violences qui susciteraient la haine
dans un camp ou dans l'autre. En ciblant tout de suite la
responsabilité d'un homme pour trouver un coupable,
on oublie ce qu'il y a autour : d'autres leaders, des populations,
une histoire, des relations. Le journaliste est donc appelé
à être un observateur informé et éclairé.
Devant une situation internationale aussi complexe, sa tâche
s'avère bien difficile pour un avenir rempli d'obstacles
et pour lequel il lui faudra du recul et de l'audace.
Dimanche 16 septembre 2001
Jacques Carton
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